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dimanche 30 décembre 2018

AI - TRAZAGAN - NEUVIEME PARTIE


CHRONIQUE D'UNE GOUVERNANCE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - NEUVIEME PARTIE

Seul dans son salon, bien câlé dans un fauteuil intelligent   qui s'adaptait pour bien mouler son corps et soutenir ses articulations comme un masseur doublé de la connaissance d'un spécialiste de l'acuponcture, Krazik écoutait une musique douce accompagnée de bruits de vagues en sourdine et d'une symphonie orchestrée par des oiseaux plus variés que dans la jungle amazonienne. Une lumière tamisée filtrait comme à travers les murs. Il n'y avait aucune lampe suspendue quelque part. En effet la technique de construction avait produit ce miracle : encastré dans les murs, un nouvel élément découvert adaptait son degré de luminosité proportionnellement à la progression de l'obscurité à la manière des verres photochromiques qui ont la propriété de se teinter en fonction de la quantité d’ultraviolets, UV, à laquelle ils sont soumis. Quand l’exposition disparaît, l'élément retrouve petit à petit sa transparence initiale. Il s’adapte automatiquement pour améliorer le confort visuel selon les changements de luminosité. Ainsi, au sein de la nuit, les pièces de la maison étaient inondées de cette lumière non éblouissante et il était possible de contrebalancer leur luminosité à travers un système central.

Très cérébral, le conseiller laissa flâner son esprit. Il fallait qu'il comprenne et pour cela, il savait qu'il fallait remonter dans le passé pour chercher la raison de cette situation-conséquence vers laquelle les humains se dirigeaient inévitablement. Au fond de lui-même, il savait que l'homme, en avançant dans la recherche technologique, ne pouvait s'appuyer que sur des expérimentations avec la possibilité de faire un faux pas. Beaucoup de choses étaient restées sans réponse, spécialement quant à son passé. Des monolythes qui jonchaient la planète aux récits qui se mélangeaient entre fables et révélations divines, la connaissance de l'homme était basée sur les pièces infinies d'un géant puzzle. Pour le Conseiller il fallait donc trouver une méthode pour remonter ce sentier pas à pas, afin de rassembler les pièces maîtresses de cet échiquier.
- Falcon ?
- Oui, chéri ?...

Falcon, une fille svelte aux courbes faites sur commande, perfection absolue, les cheveux lisses et scintillant sous la lumière diffuse, s'approcha d'un pas inaudible. C'était la grâce incarnée. Elle pouvait changer de teint corporel comme celui des cheveux à sa guise et sur la base de l'analyse des pulsions du conseiller Krazik. Ici il faut noter en passant que les mariages entre humains avait quasiment disparu. Tout au début, les visionnaires qui prônaient ce système de relation entre humains et androïdes, et dont certains s'offrirent personnellement comme cobayes, avaient été taxés de tous les noms d'oiseau : psychopates, personnes dignes d'être des patients de Freud, des cinglés, les anges de la dégénérescence, des maniaques, des pervers sexuels... Mais les industriels avides de gains leur prêtèrent main forte, perfectionnant chaque jour leur production d'androïdes sensuels. Avec le temps et sur la base de la paix qui régnait dans ces couples où l'autre, machine, était entièrement à la disposition de son conjoint, vivant comme une présence lointaine et n'opposant jamais, jusque-là au moins, aucune volonté propre et personnelle bien que dotée d'une fulgurante mémoire, les statistiques prouvèrent des scènes de violences zéro, et donc une baisse nette des crimes passionnels à cause du taux croissant de ces ménages humains-androïdes. Les associations jadis créées pour contrer l'homophobie avaient disparu, puisque cette tranche de la société, comme toutes les autres, n'avait plus qu'à aller dans un magasin et s'offrir le produit de ses tendances livré avec les critères des fantasmes choisis.

Poussant plus loin, les technophobes qui jadis criaient contre la biotechnologie et la génétique s'étaient réfractés : la manipulation des gênes était à son apogée et le côté éthique jadis posé sur la table avait été remis dans les tiroirs ou plutôt à la poubelle. Pour ce qui est des naissances, les androïdes affectés aux ménages-sensuels pouvaient désormais recevoir des embryons et garder la grossesse in vitro jusqu'à la période d'extraction de cette nouvelle race. Nouvelle race, il faut bien le souligner, car, déjà dans le ventre porteur, des mécanismes utilisant la nanotechnologie s'occupaient de la stimulation des facultés cérébrales du foetus pour rendre plus vivaces et plus pointues les capacités d'apprentissage dans tous les domaines. Ces nanos s'alimentaient en données à partir du Cerveau Central, une bibliothèque virtuelle qui regroupait toutes les connaissances dont Google DeepMind, mis en place dans la première décennie du XXIième siècle, fut le précurseur.

Disséminée dans la société à compte gouttes pour une lente avancée assimilatrice non perceptible, l'intelligence artificielle s'était nautrellement imposée. Débattue dans les réunions, les conférences et des interventions d'experts dans les média où le côté éthique était toujours mis en exergue, elle avait fini par apposer un pas pachiderme sur la population mondiale. De l'automatisme qui avait mis les humains au chômage, elle avait atteint l'autonomie. On avait atteint la Singularité. Et tout cela était prévisible avec l'apparition des premiers drones qui partaient en mission pour tuer, bien qu'ayant alors un humain derrière les décisions et l'apparition de personnes traitées de ridicules illuminés qui projetaient des droits pour les robots. Mais, dans le vrai fond, c'est le doute de l'homme dans ses propres capacités de décision dans certaines situations, doute renforcé par les débats à travers les parlements, associations et organisations autour des droits de l'homme quant à son application qui fut l'élément accélérateur. Maintenant ce côté de l'éthique semblait hors d'ordre du jour : tout se passait très bien. Les nations étaient pacifiées, comme les ménages et les rues.

Lors de dysfonctionnement dans le processus de reproduction androïdique in vitro, les défenseurs étalaient multes arguments, disant que ces mêmes incidents existaient dans les voies de reproduction de jadis et que le taux de ces incidents était jadis plus élevés et, comble des bienfaits, aucune femme ne perdait plus la vie en mettant son enfant au monde. En plus, on pouvait toujours supprimer la venue au monde dans tout cas de dysfonctionnement. Ainsi donc les technolophiles avaient pas mal d'arguments, bilan concret à l'appui.

Falcon s'était arrêtée juste à la hauteur du fauteuil de Krazik, ses yeux - aujourd'hui vert olive - apesantis sur le conseiller avec une douceur supra maternelle :
- Vous avez besoin de quelque chose en particulier ? Je vous vois perdu dans une jungle de pensées.
- Oui, c'est vrai. excusez-moi de vous avoir laissé attendre.
- Absence normale puisque ce n'est pas une divagation
- On peut dire... Je pensais justement au début de la génétique et de la biotechnologie. Pouvez-vous trouver quelques textes permettant d'avoir une synthèse rapide des pas franchis ?
- En laboratoire ou...?
- Non, plutôt chez les écrivains de science fiction. Les oeuvres de chercheurs, sauf résumés, seraient trop larges. Je pense juste à des passages concentrés...
- Très bien chéri. Une minute. Elle fouilla dans la matrice centrale. Ah, voilà un passage qui semble convenable. Il s'agit d'un condensé. Une étude menée par Messieurs Steven Best et Douglas Kellner. Monsieur Best est né en décembre 1951 et est un défenseur des droits des animaux. Il enseigne la philosophie à l'université du Texas à El Paso. Quant à Monsieur Kellner, il est né en 1943. Il est un académicien qui travaille à l'intersection de la Troisième Génération de la Théorie de la Critique selon la tradition de l'Institute de Frankfort pour la Recherche sociale, ou Ecole de Frankfort et dans les études culturelles selon la tradition du Centre de Birmingham pour les études culturelles contemporaines, aussi connu sous le nom de « Ecole de Birmingham ». Ce dernier argumente que ces deux philosophies qui semblent conflictuelles à prime abord sont en réalité compatibles. Il occupait alors la George Kneller Chair sur la philosophie de l'Education au collège de l'Education et de la Formation à l'université de Californie, Los Angeles. Je commence la lecture ?
- Oui allez-y.
Falcon ajusta automatiquement le volume et les nuances de sa voix :

  1. H.G. Wells : Biotechnologie et génétique : une vision dystopique
     
             N.B.: « Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire 
             organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur. 
             Une dystopie peut également être considérée, entre autres, comme une utopie 
             qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre-utopie »
    

    « Parfois j'appelle cela la Science de la réalité, parfois je l'appelle la Vérité. Mais dans tous les cas, c'est quelque chose que nous dessinons dans la peine et l'affort à partir du coeur de la vie, quelque chose que nous désavantageons et rendons claire. Je sais qu'il y a des hommes qui le servent dans l'art, la litérature, dans l'invention sociale et le voient sous milles formes différentes et sous des centaines de dénominations différentes... Je ne sais pas ce que c'est, sauf qu'il est suprême ». H.G. Wells.

    Les écrits de H.G. Wells offrent une haute vision dialectique de la science et de la technologie comme apportant de merveilleux bénéfices et de terribles dangers pour les êtres humains1. Proéminent romancier, novelliste et écrivain d'oeuvres non fictives, Wells a fait l'apologie de la science et de la technologie, (Wells 1902 et 1938), mais a surtout mis en garde dans ses oeuvres de science-fiction contre de potentielles horreurs. (Wells 1996 ).

    Tout en présentant la science et la technologie comme championnes véhiculaires de progrès, il fait des mises en garde prémonitoires contre le danger que comportent leur abus et leur mauvaise utilisation. Il a particluièrement anticipé sur le fait que la science et la technologie pourraient créer des mutations chez l'être humain jusqu'à générer une nouvelle espèce, et que par conséquent les êtres humains étaient potentiellement un phénomène transitoire qui pourrait disparaître comme le firent les dinosaure ou l'homme de Néandertal.

    Wells imagine que la coévolution de la science, de la technologie et des êtres humains pourrait altérer les formes de l'espace et du temps de même que les critères de la vie humaine, et ainsi produire des prodiges et des monstres. Adepte de l'Evolution, il pense que l'espèce humaine pourrait subir une mutation de manière surprenante et discontinue, anticipant ainsi les étapes de regression positive et negative dans l'ainsi dite aventure humaine. C'est pourquoi les perspectives évolutionaires sont un thème majeur dans l'oeuvre de Wells, qui a comme étendard la spéculation sur le destin de l'humanité dans le domaine de ce que nous appelons la « Cinquième Discontinuité »


  2. H.G. Wells : La cinquième discontinuité

    La notion de la « quatrième discontinuité », développée par Mazlish (1993) est la perception que les humains ne sont pas qualitativement différents des machines; qu'ils sont en train d'imploser en machines. Par contre «la cinquième discontinuité » envisage que :

    • Les humains sont en train de créer, et il existe des espèces supérieures et les hommes ne seront plus le pouvoir souverain de la nature. Une telle condition apparaîtra si un jour les hommes deviennent subordonnés des machines et finissent par être subjugés par la puissance de leur travail. Cette discontinuité suggèrerait que la race humaine pourrait dégénérer ou bien disparaître comme fruit de l'evolution,
    • ou bien si une race extraterrestre plus intelligente et plus plus puissante apparaissait et réduisait les huamains en esclavage ou bien les anéantissant. Toutes ces possibilités avaient été entrevues par Wells qui émerge dans notre analyse comme « le Prophéte de la Cinquième Discontinuité ».

    Bien que l'oeuvre « Frankenstein » de Mary Shelley puisse être lue comme une réponse moderne préliminaire aux excès de la science et de la technologie (voir Best et Kellner, 2001), Wells est terriblement moderne, pour avoir vécu le monde des automobiles, de la radio, des aéroplanes, des rayons X, des films et des merveilles de la médecine. En quelque sorte, Wells était un modernisateur ou avant-gardiste réagissant contre le conservativisme de l'époque victorienne et avait bien compris que la science et la technologie étaient des forces progressives. Dans une merveilleuse anticipation de l'Internet, Wells avait imaginé un Cerveau du Monde une sorte d'Encyclopedie Mondiale qui contiendrait toute la connaissance existante : « de nos jours, une richesse de connaissances immense et en perpéptuelle croissance est éparpillée partout à travers le monde, un trésor de connaissances et de suggestions qui, s'il est systématiquement ordonné et généralement disseminé, suffirait probablement... à résoudre toutes les difficultés majeures de notre époque. Mais ce trésor de connaissances est encore dispersé, pas du tout organisé et, partant, reste encore impotent » (1938: 47).

    Pour rémédier à cet état des choses, Wells propose de rassembler et d'emmagasiner toute la connaissance du monde dans le Cerveau Mondial, « qui serait un nouvel organe mondial pour la collecte, l'indexation, le résumé et la libération du savoir ». C'est ainsi que le projet pourrait englober la « création d'un index efficace de toute la connaissance, de toutes les idées et de tous les accomplissements humains... ce qui veut dire la creation pour toute l'humanité d'une mémoire planétaire complète commune ». En projetant un technopopulisme, Wells insiste : « Toute la mémoire de l'espèce humaine peut, et sera probablement très bientôt accessible à chaque individu... le temps est mûr pour une révision très extensive et une modernisation de l'organisation intellectualle du monde... cette synthèse de la connaissance est le commencement nécessaire, voire indispensable, au nouveau monde. [Le monde] doit rassembler son cerveau à travers cette nouvelle sorte de maison clarifiant le mental, le Cerveau Monde » (1938:59, 60, 61, 26, 64, et 49)2.

    Bien que Wells perçot la science et la technologie comme forces progressives, il est aussi conscient des dangers de l'expérimentation scientifique et du développement technologique si ceux-ci ne sont pas accompagnés d'une vision et d'une prise de conscience éthiques. En particular, les romans et les nouvelles de Wells expose ses conceptions subtiles et dialectiques de la science et de la technologie. Dans ses récits les plus populaires et les plus inventifs (1996c), il met une telle formule à l'oeuvre: soit ses personnages font la rencontre d'une merveilleuse percée scientifique ou technologique ou une anomalie pouvant produire des résultats positifs et merveilleux ou bien un disastre -- et parfois le résultat est ambigu. Cette vision capte les contradictions et les tensions de la science et de la technolgie, qui toutes les deux peuvent inclure des gains et des pertes. Par exemple, dans « Le vol du microbe, (The Stolen Bacillus) », (1894) un scientifique travaille pour découvir un remède pour le choléra, mais le vol de son mircobe par un anarchiste dérangé pouvait nuire la vie de toute la cité, prouvant ainsi que la science est capable de produire à la fois des remèdes contre la maladie ou de nouveaux agents de destruction (1996c: 26-33). De même, dans « Le nouvel accélérateur, (The New Accelerator) @raquo;, il n'est pas clair, ç prime bord, que le médicament mirzcle qui accélère le de sens de temps des personnages sera une bénédiction ou une malédiction bien que vers la fin du récit il s'avère que c'est une catastrophe qui en résulte (1996c: 362-377).

    La science fiction a traditionnellement véhiculé à la fois les merveilles utopiques que la science et la technologie mettront à notre disposition pour nous élever au-dessus des limitations terrestres vers d'excitantes nouvelles civilisations et de nouveaux mondes et des cauchemars que pourront générer les effets de ces gadgets destructifs. C'est ainsi que le meilleur de la science fiction met en avant les aventures et la grandeur de la science dey de la technologie tout en mettant en garde contre ses risques de périles et dangers. Allant plus loin, fore est de reconnaître que c'est la science fiction qui cartographie la magnitude des changements que la révoltion scientifique et technolique est en train de perpétrer actuellement -- même si nous argumentons qu'aussi bien la science fiction que la théorie de la critique sociale sont nécessaires pour cerner la profondeur et l'ampleur des turbulences de transfromations de l'aventure post-moderne.

    Wells a livré ce qu' Isaac Asimov (1979) appelait « La percée de la science fiction » en soulignant les discontinuités extrêmes qu'étaient en train de produire la science et la technogie par rapport au passé. Wells a poussé les limites de la logique du « what if » de la science fiction moderne, en concevant radicalement d'autres univers et d'autres êtres, et anticipant des developpements dans lesquels les humains sont forcés de discerner qu'ils ne sont plus l'espèce dominante, comme ils furent forcés de reconnaître, il n'y a pas si longtemps que cela, qu'ils n'étaient pas le centre de l'universe (Copernicus), la seule espèce plénipotentiaire (Darwin), les maîtres rationnels de leur vie psychologique (Freud) ou des machines superieures (voir la discussion dans Best and Kellner 2001, Chapter 3)3.

    Il y a au moins trois points de la cinquième discontinuité sur lesquels Wells a bien anticipé.

    1. Il y a la possibilité que les que des machines plus intelligentes que les êtres humains soient créés (voir Paul and Cox 1996; Morevac 1988; Kurzweil 1999). Dans une variante de ce scenario, les humains assimileront une technologie qui accroîtra dramatiquement leur intelligence, leur longévité et leurs pouvoirs, creant ainsi une espèce post-humaine supérieure. Dans l'autre scénario, les humains créeront des machines, « enfants cerveau » (Morevac), ou des « machines spirituelles » (Kurzweil), qui constitueront une espèce ascendante de vie intelligente (voir la discussion dans la section ci-dessous). Dans ces deux cas de figure, les êtres humains fusionneront avec les ordinateurs et les robots qu'ils sont en train de créer, ou bien ils deviendront inférieurs et obsolètes par rapport à leur produit.
    2. Les humains pourraient créer une nouvelle espèce plus avancée que l'humain au moyen de biotechnologie et de l'ingénieurie génétique, comme anticipé dans la création d'une nouvelle forme de vie de Victor Frankenstein et dans la science fiction de Wells. La première variante est basée sur la conception de l'intelligence artificielle, et par conséqent sur la technologie informatique et la robotique, alors que la seconde trouve ses racines dans la biotechnologie et l'ingénieurie génétique. Les exemples d'êtres supra-humains ou bien une nouvelle espèce créée à travers la biotechnologie va des réplicants humains qui sont semblables aux humains mais potentiellement supérieurs comme dans les films Blade Runner (1982) ou bien A.I, à la création d'espèces assassines comme dans le film La Mutante. Ces films appellent à la prudence et mettent en garde sur le fait que les technologies de la génétique et de l'intelligence articielle peuvent produire des entités capables de mettre en cause la dominiation et la survie de l'être humain.
    3. Bien qu'il soit possible qu'une nouvelle techno-espèce puisse voir un de ces quatre matins, à travers l'application de de l'intelligence artificielle et la biotechnologie - il fzut reconnaître qu'il existe déjà des douzaines d'espèces transgéniques -, le troisième type de la cinquième discontinuité est une possibilité entièrement spéculative. Cette forme de décentration radicale de l'humain n'émergera qui si des extraterrestres, aliens supérieurs aux humains auraient fait leur apparition, une crainte qui est si populaire en science fiction et les séries télévisées comme « X-Files », « Dark Skies », « Prey », et « First Wave ». Selon la célèbre Equation de Drake qui calcule les chances de l'existence d'une vie extraterrestre, le temps et l'espace infinis de l'univers donne de bonnes chances ue des êtres extraterrestres existent et des scientifiques comme Carl Sagan ont affirmé la possibilité, bien que ces spéculations soient contreversées (voir Best et Kellner, 2001, Epilogue).

      Dans la « Guerre des Mondes (War of the Worlds) (1898) », Wells imagine qu'une des races d'aliens supérieures pourraient venir su terre et vaincre et détruire les humains, décentrant ainsi et détrônant l'humanité de son perchoir de forme la plus évoluée. Dans ce premier récit de conflit interplanétaire, Wells a installé dans la « psyché » populaire une peur des aliens qui persistera comme la constante majeure de la tradition de la science fiction et de la culture des médias. Satire de l'invasion imperialiste qui retrace des similarités avec les formes destructives de la colonisation dans les temps mordernes, le récit de Wells pose un avertissement à la prudence en attirant l'attention des forces imperialistes sur le fait qu'elles-mêmes pourraient être sujettes à l'inconnu et confrontées à des contre-forces calamiteuses. Il est de même dans son récit « L' Empire des Fourmis,» il met en scène de géantes fourmis intelligentes, et tueuses qui se développèrent naturellement dans la jungle brézilienne et mettant en péril d'extinction l'humanité entière, ce qui suggère encore une fois que les humains peuvent être détrônés par d'autres formes de vie (par contraste, le film de désastre l'Empire des Fourmis, réalisé en 1977 fut inspiré par le récit de Wells met en scène des fourmis géantes qui subissent une mutation due à des déchets nucléaires, ajoutant ainsi un thème écologique).

      Dans « La Machine à Remonter le Temps (The Time Machine), 1895 » et « L'homme Invisible (The Invisible Man), 1897 », Wells met en scène des humains subissant une mutation pour devenir une nouvelle espèce et transcendant ainsi thes frontière de l'espace, du temps, et la forme des êtres humains. Wells croyait en l'évolution et imaginait que l'espèce humaine pourrait se métamorphoser de plusieurs façons surprenantes et discontinues, anticipant ainsi des étapes positives et des phases négatives dans la grande aventure l'évolution. Dans « La Machine à Remonter le Temps, (1996b), » les hommes évoluent en une nouvelle espèce. En envisageant la coévolution des humains, de la science, de la technologie, et de la société, il entrevoyait la possibilité de formes drastiquement différentes de la vie humaine et de société. Plus encore, dans une vision impitoyablement négative et nihiliste, Wells peint un futur terrifiant pour l'humanité. Cette nouvelle imagine une chute entropique pas seulement de la civilisation, mais de la terre elle-même, dévorée par une rouge boule de feu d'un soleil explosant. Dans la sinistre vision de Well's, « Le voyage dans le temps, (the Time Traveler) » découvre qu'entre 802 et 701 AD, l'humanité était singulièrement divisée en espèces/classes ce que figurent L'Éloi qui vit en surface et le super-exploité subterranéen Morlocks. L'histoire fait allégorie à la division croissante en classes de la société et comment les différences extrêmes entre classes peut engendrer différentes espècies et différentes formes de post-êtres humains.

      La Machine à remonter le temps articule aussi une critique de la notion d'éclairage du progrès. Le voyageur de Wells « a bien soupesé, mais sans état d'âme l'Avancement de l'Humanité et n'a vu la colonne grandissante de la civilisation que comme une étape folle qui inévitablement va regresser et finir par détruire ses créateurs à la fin » (1996c: ). Dans l'allégorie de Wells le voyage dans le temps n'est autre qu'une métaphore pour la vision dans le futur de l'évolution et un avertissement que l'espèce humaine pourrait devenir la proie d'une catastrophe plutôt que toujours construire de nouvelles machines de progrès. Dans cette division de l'humanité en deux espèces transhumaines, l'Eloi et le Morlocks, qui sont des descendants de humanité contemporaine, Wells met en garde contre les résultats monstrueux qu'une irrationnelle organisation de la société peu produire. Les Eloiw sont hyperrafinés et décadents, alors que les Morlocks sont bruts et dégénérés, prouvant une parabole des effets délétères de la division des classes dans laquelle un groupe est condamné au labeur constant alors que l'autre souffre des effets de loisirs excessifs. La brutalisation des Morlochs allegorise le résultat d'une vie de labeur aliené, alors que les Elois representent le resultat d'une consommation excessivement passive et de loisirs. Ainsi donc il y a un sous-entendu marxist dans le récit : à moins que l'exploitation s'arrête et que la division de classes de la société est abolie, la race humaine fera face a une désastreuse dichotomisation, à la discorde, et au déclin. « L'Homme invisible, (The Invisible Man), (1996b) » presente les êtres humains en train de franchir les limites de la possibilité scientifique et de créer un nouveau type d'être calamiteux. Alien au milieu de sa propre espèce, Docteur Griffin est un scientifique à la Faust dont les « les expérimentations étranges et diabolique » (1996b: 153) voient le succès d'un point de vue technique, le rendant invisible. Mais la découverte le confine dans un contexte social de damné auquel il ne peut échapper. Foncièrement égoïste, « puissant, coléreux, et malingnant » (1996b: 137), et enclin aux actes immoraux et de visions malsaines, Griffin symbolise tout ce qui peut foirer quand il s'agit de science, surtout lorsque les communautés qu'il terrorise vont s'unir contre lui. La connaissance de Griffin demeure secrète mais la puissance scientifique capable de créer des miracles ou des monstruosités, voire les deux à la fois, n'est qu'en sommeil et peut être redécouverte et reservir à n'importe quel moment donné.

      Dans deux Nouvelles clé, Wells a anticipé sur la biotechnologie aussi crument que que l'Internet. Dans « La nourriture des Dieux (Food of the Gods), 1965 [1904] «, Wells pose vividement la possibilité des conséquences destructives des aliments génétiquement modifiés et plus généralement une culture basée sur des impératifs d'une croissance non canalisée. Cette nouvelle nous parle de deux scientifiques qui, sur la base d'une bonne volonté, crée un aliment boomer qui fait la promotion de croissance en nature. Ils se réveilleront à la terreur la technologie devient bezurck et toute chose, de la végétation aux insectes en passant par les rats et les bébés humains consomme la nourriture et commencent à croître de façon proportionnellement monstrueuse. Donc Wells n'offre pas seulement des avertissements quant à la manipulation des aliments et des processus métaboliques pour des causes bénignes -- comme le Riz doré ou golden rice qui est génétiquement modifié et présenté de nos jours comme la panacée miracle contre la famine -- il ironise aussi la myopie de scientifiques qui vivent dans une espèce de cloison monastique par rapport à leur monde social et ainsi sont prônes à conjurer des schémas pas éclairés et dangereux. Le livre dramatise un sévère processus de pollution genetic dans lequel les semences altérées migrent delà la Ferme "Expérimentale pour gagner la chaîne alimentaire en moins d'un an avant les premières phases de test. Wells anticipe sur un problème clé avec la génétique actuelle, nommément l'absence de procédures de test adéquates et la précipitation à lâcher des produits génétiquement modifiés sur le marché.

      Comme s'ils étaient décryptés par la vision dystopienne de Wells, les généticiens de nos jours qui travaillent par exemple pour des compagnies comme Metamorphix ont trouvé un moyen de bloquer les gênes qui limitent la croissance naturelle des animaux et on conséquemment produit des poulets, des moutons, des porcs, des poissons et d'autres animaux. De telles discontinuations violentes des processus naturels ont causé beaucoup de diformités (voir ci-dessous), et ainsi des scientifiques -- à la Dr. Moreau -- ont mené aussi loin que possible ces recherches très loin des regards du publique4. Dans une manière fidèle aux procédures courantes, Wells souligne le laxisme général de méthode qui prévaut dans la Ferme Expérimentale (29). Allant plus loin, il préfigure même un publique si féru de nouveauté (68) qu'il a tendance à ignorer les sérieuses conséquences des développements scientifiques ou technologiques.

      En cernant les conflits du présent, Wells distingue le groupe des technophiles, qui est catégoriquement en faveur de la nourriture et croit que la technologie est contrôlable, et celui de technophobes comme la « société pour la supression totale du boume alimentaire, , (societies for the Total Suppression of Boomfood) et la « Société pour la préservation de la proportion propre », (Preservation of the Proper Proportion of Things). Ce dernier groupe se lève véhément contre les aliments artificiellement générés et donne comme argument le fait que la technologie est incontrôlable. C'est ainsi que Wells capte les débats épineux qui marquent la controverse contemporaine sur l'ingénieurie génétique. Bien qu'ayant observé la beautés et des caractéristiques améliorés des enfants géants, il a une appréhension quant à la nouvelle technollogie alimentaire, puisqu'elle inflige « une distorsion à l'ordre global de la vie naturelle ... balaie les limites et tourne le monde du commerce en un monde catastrophes » (134).

      Dans ce scénario dystopien, des insectes se lèveront contre, le monde des plantes nous étranglera, et les poissons de la mer destruiront nos navires. Très bientôt, selon Wells, seul régnera le gigantisme, et toutes les choses de moindre échelle périront – y compris les humains ! Malgré le fait que beaucoup voit aujourd'hui la génétique comme créant une nouvelle ligne d'évolution au sein des humains, le scénario de Wells prédit un monde où les aliments créent une « une nouvelle race » de telle sorte qu'un clivage s'ouvre entre le groupe des minuscules et celui des géants. En preant comme allégorie les conditions économiques globales émergeantes, le livre arrive à la conclusion sur la note pessimiste note d'un monde livré aux impératifs d'une croissance infinie et de conflits incessants du fait que les humains essaient désespérément de s'adapter aux conditions de cahngements rapides des technologies qui d'emblée les contrôlent -- au lieu que les humains soient les maîtres de leurs propres technologies.


  3. H.G. Wells, La xénotransplantation et les Horreurs de l'ingénieurie génétique

    H.G. Wells : « Aussi étrange que celui puisse sembler au lecteur non scientifique, il n'y a aucun doute possible que ... la fabrication de monstres -- et peut-être même de monstres quasi-humains -- est présente dans la possibilités de la vivisection. »

    L'île du Dr Moreau (1996a [1896]) projète une vision effroyable d'une condition émergeante dans laquelle la vie humaine et animale impose. Dans sa complexité multidimensionnelle, le livre est une puissante protestation contre le droit auto-proclamé de l'expérimentation scientifique sur les animaux et de produire de nouvelles formes de vie. Il offre une possibilité de profonde méditation sur les conflits intrinsèques des êtres humains enveloppés dans la raison mais incapables d'échapper à la violence héritée de leur passé animal. Lorsqu'un journaliste va l'exposer au publique et que forcé à relocaliser sur une lointaine île du Pacifique ces expérimentations barbares sur les animaux, Moreau va continuer son projet pour créer de nouvelles formes de vie.

    Quelques temps après son arrivée sur l'île, le journaliste Prendrick dont le navire s'est échoué entend des cris venant de la Maison de la peine, sent une odeur d'anticeptique et devient témoin de la Population animale créée Moreau, une grotesque ménagerie de cauchemars transgéniques qui inclut des mélanges d'hyène et swine, singe et chèvre, loup et bufle bull, cheval et rhinocéros. Initialement, Prendrick les conçoit comme des humains ayant évolués en animaux, mais Moreau l'informe qu'en réalité ce sont des animaux qu'il est en train de transformer en êtres humains, changeant pas uniquement leur entière réalité physique mais aussi leur cerveau afin d'empêcher toute « regression » vers le comportement animal. Choqué à la vision des « créatures les plus bizarres » (125) qu'il ait jamais vues, Prendrick dicerne que l'île « est pleine de phenomènes inimiques » (157) et il condamne Moreau, le traitant de « lunatic » et « vilain diable » (107). Prendrick vient à la conclusion que le Dr. Moreau, comme dans le Dr Frankenstein de Shelley, « était irresponsable, et extrêmement imprudent. Seules le poussaient sa curiosité, et ses investigations maladives et sans but » (185).

    Moreau, bien sûr, a une image de lui-même.. Ben qu'il ait développé l'art du détachement scientifique, de la séparation du fait d'avec la valeur, indifférent à la peine qu'il inflige à ses victimes, il s'imagine en bienfaiteur essayant d'améliorer l'évolution des espèces. Ainsi, pendant vingt ans, il s'est devoué «à l'étude de la plastification des formes vivantes » (159). Rejetant toute pensée que la limite entre la nature et les espèces sont fixes, il cherche à « conquérir » la nature (167), à la plier à sa propre volonté, à devenir semblable à Dieu dans sa puissance à créer des espèces, tout en admettant « qu'il ne s'est jamais préoccupé de l'éthique des choses » (163).

    Dans une sinistre anticipation à la xénotransplantation et à l'ingénieurie génétique, Wells, parlant à travers Moreau, imagine qu'il « est possible de transplanter des tissus d'une partie d'un animal à une autre ou bien d'un animal à l'autre, d'altérer ses réactions chimiques et ses méthodes de croissance, de modifier l'articulation de ses membres et en réalité de changer jusqu'à sa structure la plus intime » (160). Et pourtant ! chaque fois que les chimères de Moreau semble converger vers le « triomphe de la vivisection » (158), ils se transforment en animalité. Malgré le donditionnement de Moreau qu'il croit capable de rendre impossible à ses propres chimères de le désobéir, les êtres hybrides enfreignent régulièrement les lois et avec le temps, se rebelèrent et finirent par le -- le déchaînement du peuple animal totalement hors contrôle. A la fin du film de John Frankenheimer's 1996 qui est une version du récit de Wells, l'empathique Prendrick, avant de partir, dit aux sous-humains qu'il reviendra avec les meilleurs de la médecine occidentale pour les aider mais une victime transgénique de cette même science implore : « Plus jamais de scientifiques, plus jamais de laboratoires, plus jamais de recherche ... Nous devons rester e que nous sommes. »

    Comme dans « L'Homme Invisible », « L'Île du Dr. Moreau » cristallise l'antipathie de Wells envers l'arrogance scientifique et ses manques de conscience sociale. Comme Shelley et Wells ont anticipé, la science et la technologie peuvent réellement produire des monstruosités. Peut être que l'image la plus fragrante dans l'histoire scientifique est celle qui montre une oreille humaine en train de croître sur le dos d'une souri, signalant ainsi les nouvelles découvertes du pouvoir de la transposition génétique. Les diformités sont typiques chez les animaux clônés ou génétiquement modifiés comme la population de la « Cinquième Discontinuité » digne de l'île du Dr. Moreau. En s'adonnant à une utilisation, en évidence contraire à l'éthique, de la technologie comme par exemple le fait de produire génétiquement des animaux pour obtenir un poids maximal et ainsi faire du profit sur le marché de la viande, une équipe du Maryland a créé l'infame « Porc de Beltway, Beltway pig » qui fut afflecté par l'arthrite, des diformités et des maladies respiratoires. Des vaches modifiées en utilisant des hormones de croissance de bovins (rBGH) souffrent de mastite et de diverses anomalies. De super souris géantes sont afflectées de tumeurs, souffrent d'organes internes endomagés et de longévité réduite, et plusieurs animaux nés du clônage ont des organes internes manquants tel que le coeur ou bien les reins. De même, les expériences génétiques sur les saumons et autres poissons ont produit des aberrations et des déformations, certains allant jusqu'à atteindre dix fois le poids normal de leur corps (voir Fox 1999).

    De façon horrible, les scientifiques ont créé des ambryons de souris et de grenouilles sans tête, se passant ainsi de cet organe désormais superflu pour se concentrer uniquement dans la moisson d'organes, une practique que l'on peut facilement appliquer sur des embryons humains pour produire des sacs d'organes de donneurs génétiques. En 1998, un scientifique de l'Université du Minnesota, Jose Cibelli avait annoncé qu'il avait fait une expérimentation secrète dans laquelle il clôna (puis détruisit) un embyron humain embryo en mélangeant son propre ADN dans les cellules d'oeufs d'une vache.

    Selon Jeremy Rifkin, « Ceci représente le seul développement extraordinaire dans l'histoire de la biotechnologie car cela suggère que nous pouvons créer une nouvelle espèce homme-animal » à la manière du Dr. Moreau . En réalité, Rifkin et son acolyte Ted Howard ont tenté d'obtenir une patente pour la première chimère de l'humain fabriqué, afin d'en avoir l'exclusivité et ainsi empêcher tout autre scientifique ou corporation à en produire.

    Mais leur combat ne fait que commencer car une myriade de chimères est en train de pousser de partout. Faisant suite à une expérience précedente à l'Université de Hawaii qui mélangea les gênes d'une méduse avec le sperme d'une souri, par exemple, les chercheurs de l'Université de l'Orégon annoncèrent en décembre 1999 qu'ils avaient réussi à insérer les gênes d'une méduse dans des embyrons de singe afin de créer des modèles transgéniques permettant d'étudier la fertilité et les maladies humaines. Les scientifiques transférèrent sept embryons transgéniques dans l'utérus de singes rhesus et obtinrent un succès dont le produit fut la naissance de George. Même si l'expérimentation peut aider à une compréhension scientifique plus approndie, elle trace aussi la route pour les concepteurs de bébés et d'une société eugénique, comme elle véhicule aussi l'avancée de la connaissance afin de pouvoir ajouter des gênes aux embryons humains et ainsi créer des formes de vie désirées5. Contrairement au Dolly conçu de manière plus conservative, le mouton Polly est à la fois clôné et génétiquement modifié, et donc transformé pour avoir un gêne humain dans son code biologique afin de produire une protéine de sang humain. A côté des moutons, des porcs, des vaches, des poissons et des souris il y a maintenant des animaux qui portent des gênes humains, comme les humains aussi se préparent à recevoir des gênes d'animaux dans leurs corps. Dans l'âge d'une hybridation radicale , toute information génétique est enregistrable et transposable, nous faisant ainsi d'emblée passer dans la réalité de la Cinquième Discontinuité.


      Notes

    1. Notre étude de Wells est extraite du livre L'aventure postmoderne (The Postmodern Adventure. Science Technologie, et Etudes culturelles au troisième millénaire (2001).

    2. Nous avons appris le concept de « Cerveau mondial » de Wells à travers Robins et Webster (1999: 126-127) qui, à leur tour citent Muddiman 1998. Robins et Webster font l'équation de la vision de Wells avec la Panoption de Bentham et un « Taylorisme généralisé » et l'écarte comme « une proposition utopique perverse », « une utopie de planification, d'administration et de gestion technocratique » qui, entre autres, conduisit à la colonisation et à la depletion de la sphère publique (1999: 127). Nous le voyons, par contraste, comme une incroyable anticipation du potentiel de la Toile, comprenez Internet, pour rendre accessible la connaissance et l'information pour tous les peuples de la terre, en les mettant à leur portée. Cela peut aussi revigorer une sphère publique en sévère décadence en fournissant des informations et de nouveaux moyens de communication et le débat publique (voir point 5 ci-dessous). Robins et Webster ne se sont pas apesantis sur les tensions entre la pensée plus scientifique et technocratique dans les oeuvres non-fictives de Wells, les interrogations critiques profondes et prophétiques de la science et de la technologie, et leurs effets potentiellement catastrophiques dans ses fictions. Pour cette raison, de notre point de vue, Wells émerge comme un critique prescient des dangers de la science et de la technogie et un prophéte de la grande transformation qui, pour le meilleur ou le pire, elles engendreraient.

    3. Il y a, bien sûr, plusieurs écrivains de science fiction qui décrivent de nouvelles espèces, comme des metamorphoses à la fin de 2001, La fin de l'enfance d'Arthur C. Clarke Dune de Frank Herbert, Patternistes et Xénogenèse d'Octavia Butler, et, comme nous le noterons ci-dessous, les oeuvres de Rudy Rucker et d'autres écrivains cyberpunk. Toutefois, Wells est le premier à projeter des projets d'images consistantes de nouvelles espèces supérieures qui délocalise la centralité des êtres humains et introduisant ainsi ce que nous appelons la « fifth discontinuité ».

    4. Voir Foxnews sur la science.

    5. Les implications troublantes de ce scénario, étaient la péoccupation centrale d'Aldous Huxley, qui perpétua les spéculations de Wells sur une société génétiquement modifiée et la création de nouvelles espèces. En réalité sur l'unique base de qualitications triviales, de Huxley sur la trnasformation génétique, le clônage, le plaisir addictif des drogues (soma), les méga spectacles, et une intense transformation sociale sont déjà là. Huxley pensait que le clônage et la modification génétique n'interviendraient que des siècles plus tard mais commencèrent plutôt que prévu, c'est-à-dire seulement quelques décenies après sa publication. Le Technocapitalisme ne peut pas encore biologiquement clônee des êtres humains, mais il peut les clôner de manière beaucoup plus efficace -- socialement parlant. Là où les clônes biologiques pourraient avoir leur esprit propre, puisque le monde social et les expériences ayant conditionné l'« original raquo; ne pouvaient pas être reproduits clôner une personne selon un modèle i idéologique et fonctionnel donné est plus enclin au contrôle. C'est pourquoi l'oeuvre séquelle de Huxley, se focalise sur divers modes de conditionnement social et du contrôle des esprits.


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vendredi 14 décembre 2018

AI - TRAZAGAN - HUITIEME PARTIE


CHRONIQUE D'UNE GOUVERNANCE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - HUITIEME PARTIE

Le conseiller Krazik laissa errer ses pensées vers le rêve de John Lennon dans son titre « Imagine » :

« Imagine qu'il n'y ait pas de Paradis
Pas si difficile si tu essayes
Imagine qu'il n'y a pas d'enfer sous nos pieds
Et qu'au-dessus de nous rien que le ciel,
Imagine tous les gens
Vivant juste l'instant présent.

« Imagine qu'il n'y a pas de pays
Ce qui n'est pas difficile à faire
Aucune raison pour laquelle tuer ou mourir
Aucune religion non plus
Imagine tous les gens
Vivant leur vie dans la paix

« Tu peux dire
Que je ne suis qu'un rêveur
Mais je ne suis pas le seul
Et j'espère qu'un jour
Tu nous rejoindras,
Et que le monde sera uni

« Imagine qu'il n'y a aucune possession
Je me demande si tu le peux
Aucune raison d'avidité ou de faim
Rien qu'une fraternité humaine
Imagine tous les peuples
Partageant communément le monde entier...

Tu peux dire
Que je ne suis qu'un rêveur
Mais je ne suis pas le seul
Et j'espère qu'un jour
Tu nous rejoindras
Et que le monde sera uni
»

Se rappelant les commentaires d'Anastasia lors de leur dernière discussion, il essaya de ne rien laisser transparaître. Il y avait encore la possibilité de bloquer certains circuits pour garder un semblant d'intimité de ses pensées, mais qui était superficiel puisqu'on savait que ces moments de déconnexions étaient toujours traçables à partir des fichiers logs, comme dans la série Stargate - La porte des étoiles lorsque les terriens conseillèrent aux Nox d'enterrer leur porte à cause de la menace Goa'uld. La réponse de l'Ancien fut : et quelqu'un saura qu'on l'a enterrée, n'est-ce pas ? Revenant à la réalité :
- Anastasia, pouvez me faire l'état des lieux de la maison, s'il vous plaît ?
- Intérieur et pourtour en plus des données habituelles sur lampes, températures et autres paramètres sécuritaires ?
- Oui, s'il vous plaît.
Les données demandées s'affichèrent en mosaïque devant le conseiller sur un écran. Il parcourut d'un coup d'oeil tous les détails.
- Comment est le frigo ?
Anastasia envoya une commande au frigo. Celui-ci, répondant à la requête, afficha une image de son intérieur : tous les produits étaient visibles avec une liste par ordre alphabétique dans une mince colonne, de même que la température qu'il gardait constante de manière autonome. Il n'y avait aucune alarme relative à un produit, alarme qui s'affichait lorsqu'un produit atteignait une certaine limite quantitative ou qualitative. Anastasia afficha le résultat pour le conseiller qui nota que tout était bien et que surtout aucune menace de listéria n'avait été signalée. Ce rapport pouvait se faire de manière automatique ou bien sur demande, comme dans le cas actuel. L'air satisfait, le conseiller s'adressa à Anastasia :
- Merci ma chère.
- Pas de quoi, Excellent Conseiller ! répondit Anastasia, retournant ainsi le compliment avec un peu d'humour.

Des véhicules androïdiques de police, tout à fait autonomes, parcouraient les rues, plus pour la routine et par conséquent inutilement car tout était si bien géré que pratiquement tout incident était préventivement géré. Il n'y avait quasiment plus de constats. Dans tout ce train train, il y avait une chose minime, à prime abord, qui manquait tant aux hommes et les dépaysait : on ne se faisait plus signes entre automobilistes, ces gestes si chaleureux lorsqu'on s'ennuyait à mort dans le paroxysme des emboutaillages et que l'on voyait un visage connu dans un autre véhicule. Dorénavant l'identité de la personne était lue automatiquement par un mécanisme associé au conducteur virtuel et un petit voyant s'allumait devant l'humain qui réagissait en envoyant un signal comme réponse, la procédure rappelant ces messages que l'on s'envoyait jadis par clavier interposés dans Whatsapp ou Facebook Messenger.

Krazik méditait sur les notes glanées depuis sa dernière entrevue avec le président Broca. Il avait eu vent que lors de la destruction du Monument des Pierres Directives contenant les Dix Commandements de l'Âge de Raison, le Haut Conseil avait copié le texte qui lui était associé et l'avait gardé en place sûre. Il se demandait justement pourquoi cette approche. Était-ce dans l'idée que cela puisse leur servir un jour ou l'autre ? Il frissonna à cette seule pensée.

Le plan n'était-il donc qu'écarté mais pas annihilé ? Il se rappela le temps où l'existence même de ces pierres et leur intention étaient si macabres que la masse naïve regardait comme un retardé mental quiconque y faisait allusion. Pourtant, conjointement à leur apparition, l'Agence Fédérale de Management des Urgences avait préparé des hectares et des hectares puis y avait entreposé des espèces de sarcophages dont chacun pouvait contenir jusqu'à cinq cadavres humains à la fois et le terrain bien déblayé ressemblait à une aire de fosse commune future. Tout cela avait une apparence normale : une agence qui gère les urgences, surtout dans un monde d'attentats terroristes faisant des milliers de morts, de typhons et d'ouragan dévastateurs sans oublier les tremblements de terre qui, jadis apparaissaient le plus souvent avec des échelles de 1, 1,5, 2, etc. dépassaient tous maintenant les 5 degrés sur l'échelle de Richter. Il était donc très naturel qu'une agence ayant pour fonction la gestion des catastrophes soit bien préparée et par conséquent dispose de sarcophages au cas où... Cela allait de soi. Mais Krazik ne put s'empêcher de noter qu'ici, le mot bien calculé pour adoucir l'horreur du fond du plan était : Urgences. Dans la réalité, le meilleur mot aurait été « Catastrophes » : Agence Fédérale de Management des Catastrophes.

Vrai que le monde avait bien avancé, en bien comme en mal, avec des côtés loup-dans-la-peau-d'un-agneau:

  • Sortie Première guerre mondiale: naissance de la Société des Nations
  • Sortie Deuxième guerre mondiale: mutation de l'organisation en Nations Unies, naissance de la Guerre froide, les autres nations du monde devienant des satellites orbitant autour de deux étoiles géantes.
  • Chamboulement total du monde: à l'adoucissement de cette guerre froide : partout des guerres et des révoltes dont la connotation est une adversité entre un camp Judeo-chrétien contre Islam. Comme si une ère née dans le même endroit voulait y prendre fin et faire pousser les racines d'un nouvel ordre : lors de la situation à Sarajevo, l'accentuation choquante se nourrissait dans les termes choquants, qui ne disaient pas leurs couleurs nommément en citant les parties prenantes du conflit : les Serbes, les Croates et les Musulmans, comme si « Musulman » étaient désormais une nouvelle ethnie humaine, au même titre qu'être Franc, slave, gaulois ou germain.

Et nous, la plèbe prêtions nos oreilles aux radios et nos yeux à la télévision, nous gavant de cette nourriture néfaste sans prendre garde. Puis suivit la guerre Iran-Iraq, une radicalisation se fermentant puisque le nom de Dieu et la religion furent scandés même par la bouche d'adolescents et cela à tout bout de champs, un foulard noir noué sur le front. Et puis ce fut l'Iraq qui fut visé tandis que les Talibans se battaient dans leurs montagnes en Afganistan, entraînés et soutenus par certains. Et lorsque fut scandée l'agression contre la religion, les souteneurs de jadis devinrent adversaires et ceux qu'ils avaient bien entraînés se mirent au flanc de leurs frères sur le terrain de bataille, brassards noirs bien noués et jurant de porter la bataille au sein des nations des agresseurs. Ainsi ce siècle qui débuta par une catastrophe à Sarajevo à travers l'assassinat perpétré le dimanche 28 juin 1914 à l'encontre de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l'Empire austro-hongrois, et son épouse, Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg, se terminait en catastrophe à Sarajevo et, de la Centrafrique en passant par la Côte d'Ivoire dont à un certain moment donné, on avait tenté de dresser le conflit entre Nord et Sud et, partant, entre chrétiens et musulmans, les conflits cessèrent d'être politiques pour s'armer de la Croix et du Croissant de Lune. Le grosse situation accoucha du terrorisme et poussa ceux qui taxaient de théories conspirationistes fantaisistes à dévoiler leur plan en confessant que la démocratie ne s'accomplira que dans un Nouvel Ordre Mondial.

Heureusement que les androïdes avaient apporté de solide barricades pour contenir ce côté diabolique de l'humain. Mais étant produits de celui-là, qu'adviendra t'il de leur comportement dans le futur ?


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UN RAPIDE EXEMPLE POUR LE DICtiONNAIRE

Njamala Njogoy