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jeudi 17 mars 2022

lundi 6 décembre 2021

Evaluation personnel elec. locales_22

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POUR les besoins des locales, trouvez ci-dessus le lien de telechargement du document permettant d'évaluer le personnel electoral. Puisque que c'est un fichier global de 247 pages, voila comment proceder pour minimiser la tâche :

    PROCEDURE
  1. Ouvrir le document dans Acrobat Reader, par exemple
  2. Faire CTRL + F pour entamer une recherche
  3. Taper le nom de votre commune (dès le commencement, la recherche s'enclenche
  4. Une fois la commune trouvée, selectionnez juste ce dont vous avez besoin
  5. Aller à imprimer et selectionnez SELECTION UNIQUEMENT

Bien à tous et bonne chance.
Pour toute information supplémentaire que vous jugerez necessaire, adressez vous à qui de droit au niveau du siege.

samedi 30 octobre 2021

BUNT-BI DOCUMENTS A TELECHARGER


DOCUMENTS DU PARTI BUNT BI

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samedi 20 juin 2020

AUTOPSIE D'UN ROYAUME D'ENFANCE


AUTOPSIE D'UN ROYAUME D'ENFANCE


The Third World se demande : « Maintenant que nous avons trouvé l'amour / Qu'allons-nous en faire ? » et Stevie Wonder, dans “ Mater blaster jamming ˮ, de renchérir : « Ils veulent qu'on se joigne à leur combat / Mais notre réponse aujourd'hui / Et de laisser [glisser] tous nos soucis / Comme la brise à travers nos doigts. / La paix est arrivée au Zimbabwe, / Le Tiers Monde est à la une / C'est le temps de la célébration / Et nous ne faisons que commencer.» Recommencements perpétuels à tout évènement majeur, de notre Table Ronde nappée à la rumba congolaise en Belgique en passant par la longue marche de Martin Luther King, la création de l'OUA, celle d'Air Afrique qui unissait l'Afrique du nord au sud et de l'est à l'ouest, la libération de Mandela… tant d'évènements durant lesquels les africains font des bonds qui ne survivent pas à dix secondes. Toujours cet élan patriotismo-continentalo-épidermique comme une sangsue rivée à notre identité !

Et on a au fond de la gorge l'amer goût que les messages sous-jacents à ces évènements, messages auxquels vient s'ajouter celui de la Covid-19, semblent nous laisser complètement indifférents comme tombés dans de sourdes oreilles contre lesquelles viennent mourir les échos innombrables de nos grandes gueules vides. Et, malheureusement ce n'est pas une surprise car c'est le fait de s'attendre à ce que l'Afrique, surtout le Sénégal, en apprenât quelque chose qui aurait été surprenant.

Ainsi donc, l'ère des monuments a sonné. Pas de leur construction, mais celle de leur déboulonnement à travers le monde. Bien avant cela, Léopold Sédar Senghor, en précurseur, déchirait les rires banania sur les murs de Paris, on a tendance à l'oublier. Bien après les statues qu'on fit tomber concomitamment à la chute de l'URSS, bien après la chute de celle de Saddam Hussein, Saint-Louis-du-Sénégal s'est tournée vers celle du gouverneur Faidherbe... À la mort de Floyd, c'est un semi tsunami au cœur les anciens empires coloniaux, la condition du nègre étant toutefois l'œil du cyclone.

Nous comprenons et sommes d'accord, tout en nous munissant d'un autre paramètre qui nous pousse à nous demander si nous mesurons l'étendue des démolitions à atteindre forcément si nous voulons rétablir la pureté de notre environnement culturel et historique originel en lavant celui-ci à grands coups de piques et de marteaux.

Là, n'est-ce point l'autopsie de notre royaume d'enfance qui s'impose ? En parlant de dénaturation, voire d'acculturation, il est bien naturel et plus facile que les regards désintégrateurs se tournent vers et contre la France, l'infâme puissance coloniale. Très facile, disons-nous, même de la part de professeurs d'histoire émérites, à étaler les dizaines de milliers de gens massacrés par Faidherbe. C'est tout à fait exact. Et abominable. Mais chez un professeur il y a forcément l'approche descriptive et non normative qui s'impose. Puisqu'il est question de terribles crimes commis contre la race noire, que s'est-il donc passé à Nder ? Une simple razzia de voyous à la recherche d'esclaves ? Que disons-nous de Nder que nous voulons maintenant célébrer chaque année avec un petit peu de fard de féminisme qui amenuise quelque peu l'étendue du drame ?

Comment pourrons-nous égrener les chapelets des affres de la colonisation et laisser de côtés les 17 millions de noirs vendus par les arabes, esclaves qui ne laisseront pas de diaspora puisque castrés à leur arrivée pour servir d'eunuques et dont près de 80 % mourraient des suites de l'opération ? « En castrant la plupart de ces millions de malheureux, l'entreprise ne fut ni plus ni moins qu'un véritable génocide, programmé pour la disparition totale des Noirs du monde arabo-musulman, après qu'ils furent usés, utilisés, assassinés » (Cf. Tidiane Ndiaye, Le génocide voilé).

Au moins aux États Unis il y a la trace des esclaves, cette diaspora qui y est présente aujourd'hui tandis que dans les pays arabes c'est tout le contraire à cause de cette pratique de castration systématique ! Comble de scandale, Bilal est soulevé comme un trophée parmi les nègres, lui qui, dit-on, fut parmi les 5 premiers compagnons du prophète – et quel place lui est réservée ? C'est en cela que chaque jour, en jetant un regard critique alentour, nous nous posons la question sur la vision de Ibn Batouta qui dit : « Au sud du Nil existe une race nègre [dont les hommes] ressemblent plutôt aux animaux sauvages qu'à des êtres raisonnables. [...] Quelquefois ils se dévorent les uns les autres ; aussi ne méritent-ils pas d'être comptés parmi les hommes [...], leur place étant plus proche du stade bestial » ou encore : « … les seuls peuples à accepter l'esclavage sont les nègres, en raison d'un degré inférieur d'humanité, leur place étant plus proche du stade animal »

Attention, ici nous ne sommes pas en train de justifier un côté face à l'autre. Plutôt, contrairement à l'approche générale, nous mettons tous les deux sur la même balance. Et en le faisant, nous semblons obtenir le même poids ! Donc nous invitons à ne pas avaler un chameau et refouler de sa bouche un moustique ! Ici, disons-nous, l'esprit est d'emboîter le pas à Sembene Ousmane dans son film « Ceddo » où il a le courage qui nous manque de nos jours de tout mettre sur la balance ; il a eu la sagesse qui s'arme de discernement et, partant, n'a pas le droit de s'habiller d'un obscurantisme pour occulter la réalité et cela ni sur la base d'une conviction politique, philosophique ou religieuse. Parmi les arabes, il n'y avait pas de distinction entre fidèles musulmans et ceux qui s'adonnaient aux razzias : ils étaient un et indissociables, comme en témoigne l'histoire de Godomaat. « Ama Gôdô Maat (ou Ama Gôdô Maat ) est le nom donné dans la tradition orale à un archer Sérère du 11ème siècle. Ce récit affirme qu'Abou Bakr, un chef almoravide a été tué d'une flèche par Ama Gôdô Maat au nord du Sénégal lors d'une razzia couplée à un djihad. Selon la tradition orale, le nom de Godomat proviendrait apparemment de " Amar ou Amath (fee) Roog o Maad", "Amar Dieu Roi", "Amar [de] Dieu [qui seul est] roi".

Ce sujet de déboulonner les statues nous met mal à l'aise à cause d'une approche autruche qui sévit actuellement au Sénégal : On parle de « nasaraan » sans savoir réellement de quoi il s'agit puisque le terme a une connotation religieuse plutôt que raciale et n'a rien à faire avec Tubaab: il vient de Nazaréen, titre que l'on donnait à Jésus (Jésus de Nazareth, comme qui dirait Mbar o Ndiongolor) puisque ses parents vivaient à Nazareth. Le terme sera par la suite collé aux chrétiens mais, bien avant cela, aux judéonazaréens qui jouèrent d'ailleurs un grand rôle dans le proto-islam à Yatrib qui n'est autre que Médine où ils vinrent s'installer après la destruction du deuxième temple de Jérusalem en l'an 70 (après Jésus-Christ). AL Ya'qubi a écrit : « Parmi les arabes qui sont devenus nazaréens, il y a un groupe de Qurayš… parmi eux figure… et Waraqa Ibn Nawfal ibn Assad » (Cf. Al Ya'qubi, Histoire, Tarih, trad. Houtsma, Leiden, 1883, vol. 1 p.257 / Azzi, p.29). Il faut aussi souligner que peu après le début du livre premier de La collection authentique Al Jâmi' Al Sahîb, le commentateur AL-BUHÂRI (m. 870) donne les indications suivantes : « Cet home [Waraqa], qui était le cousin de Hadija du côté de son père, avait embrassé le nazareïsme avant l'apparition de l'Islam. Il savait l'hébreu et avait copié en hébreu toute la partie de l'évangile que Dieu avait voulu qu'il transcrivît. D'ailleurs ce même commentateur apporta une autre précision : Lorsque Waraqa est mort, la révélation [de Muhammad] s'est tarie » (AL BUHÂRI, al Jâmi, as şahih, Le Caire, sans date, vol. I, p.38 / AZZI p.45)

Ainsi, avec une extrême allergie, les nasaraan sont mis en opposition lorsqu'on parle de « suñu mag ñu baax ña », ancêtres dont la génération ne fait pas la distance d'un jet de pierre dans le passé. N'est-ce point évident que ni Lat-Dior, Ni Coumba Ndoffène, ni Aline Sitoé Diatta, ni Ndiadiane Ndiaye et encore moins Waasila Maak o yaal a Tiiñaan, ne vient à l'esprit lorsque cette expression est dégaînée ? Et si tel est le cas, n'est-ce point un grand tort envers le Pharaon noir, Cheikh Anta Diop qui s'est tellement battu pour nous faire remonter à cinq mille marches d'escalier de l'histoire ?


mardi 2 juin 2020

DEMOCRATIE ET (IN)CIVISME

DEMOCRATIE ET (IN)CIVISME

Du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest, la Covis-19 a montré que les régimes forts auraient pu s'en sortir ou peuvent s'en sortir mieux, surtout en matière de suivi des règles de confinement. Tous sont d'avis qu'une réussite d'érradication de cette pandémie repose presque intégralement sur un strict suivi des directives indiquées par les corps médicaux et décrétées par les gouvernements. C'est dire que la réussite repose sur l'autodiscipline des peuples; que les peuples imbus de civisme et accrochés à une bonne éducation réussiront mieux. Par contre, dans des pays comme le nôtre, où insubordination et ignorance s'allient à l'obscurantisme, il n'y aura que des pierres d'achoppement sur la piste menant au succès des efforts déployés pour endiguer l'expansion de cette pandémie. C'est dans des situations comme celle qui prévaut que les régimes forts sont salutaires car en eux on ne saurait assister à la remise en question quasi journalière des directives données par les autorités.

Osons le dire : En matière d'incivisme, le Sénégal mérite une place dans le Guinness et cet incivisme sévit depuis longtemps : il a eu sa partition dans la grande pièce orchestrale des catastrophes, ravissant même la palme d'or de l'horreur maritime avec la catastrophe du Diola. Et les scènes se poursuivent car n'y a-t-il pas toujours des bus surchargés dont les apprentis montent dégager des bagages afin de pouvoir passer sous un pont ? N'a-t-on pas assisté au théâtre de gens urinant entre la file des véhicules bloqués dans un embouteillage ? Un chauffeur n'a-t-il pas fait grimper son taxi sur une passerelle pour piétons à cause de la pluie ? Faut-il omettre de la liste les automobilistes qui changent leur pneu crevé en pleines voies de circulation ? Et des gens qui, durant un couvre-feu, prennent des sentiers de brousse pour regagner d'autres villes ? Et un agent sanitaire contaminé qui fuit et va contaminer sa communauté ? Le haut fonctionnaire qui se bat pour des per diem, condition sine qua non pour aller secourir les victimes d'une catastrophe, comme un ambulancier se battrait pour une cravate ou se soucierait de l'état de sa coiffure devant un accidenté au crâne ouvert ?

L'image de la rue renseigne rapidement sur l'état économique et le degré civique d'un pays, sur la mentalité qui le régit ou y sévit : au Sénégal le parc automobile est fantastique, mais presque 99% des véhicules portent des égratignures et/ou sont cabossés ; nous traversons les rues comme un troupeau de moutons, aveugles aux feux de réglementation de circulation que nous prenons comme un simple ornement ; parmi tables et étalages posés jusque sur la chaussée, les mots « ordre », « méthode » et « propreté » semblent être des chimères. Penser appliquer un revirement total en une nuit tiendrait d'une prière projetée vers le Ciel et que l'on ne sait exhaussable ou non. C'est dire que c'est bien bien-avant-hier qu'il aurait eu fallu redresser les choses, car le civisme ne s'apprend encore moins ne peut s'appliquer en une nuit. Comment peut-on d'ailleurs redresser, puisque cet incivisme qui se dresse dru comme une colonne faite de diamant s'alimente à l'amalgame que l'on a de la notion de liberté et de liberté d'expression en se gavant de « yasi » tonifiant et portant ses boucliers électromagnétiques de « maŋkaane » acquis auprès des Devins Défenseurs de Droits ?

C'est bien εποχή της δημοκρατίας, (lire : épokhé tés démokratias = l'époque de la Démocratie), qui a sonné ! En réfléchissant sur la situation sénégalaise, on ne peut ne pas être tenté de repeser cette fixation du monde sur l'idéal démocratique. Et pourquoi pas, puisque le Professeur Fukuyama l'a fait avec le néo-libéralisme ? Ne peut-on pas raisonnablement trouver bizarre, dans un monde qui avance à grande vitesse et se réadapte sans cesse à cause de l'avancée technologique et des métamorphoses sociales, le fait que le système politique n'ait été revisité par les érudits modernes, comme jadis en Grèce, et cela pour voir s'il n'y a pas d'autres variances ou alternatives ?

Platon savait que la démocratie finit toujours par succomber sous son propre poids, qui n'est autre que la liberté qu'elle-même prône : « Mais n’est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien suprême qui perd cette dernière? À savoir la liberté. En effet, dans une cité démocratique, tu entendras dire que c’est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un homme né libre ne saurait habiter ailleurs que dans cette cité. (…) Lorsqu’une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons, elle s’enivre de ce vin pur au-delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie, les accusant d’être des criminels et des oligarques. Et ceux qui obéissent aux magistrats, elle les bafoue et les traite d’hommes serviles et sans caractère. Par contre, elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l’air d’être gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air d’être gouvernants. N’est-il pas inévitable que dans une pareille cité l’esprit de liberté s’étende à tout ? Qu’il pénètre dans l’intérieur des familles (…) Que le père s’accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter ses enfants, que le fils s’égale à son père et n’a ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu’il veut être libre, que le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque, et l’étranger pareillement. Voilà ce qui se produit et aussi d’autres petits abus tels que ceux-ci. Le maître craint ses disciples et les flatte, les disciples font peu de cas des maîtres et des pédagogues. En général les jeunes gens copient leurs aînés et luttent avec eux en paroles et en actions ; les vieillards de leur côté s’abaissent aux façons des jeunes gens et se montrent pleins d’enjouement et de bel esprit, imitant la jeunesse de peur de passer pour ennuyeux et despotiques (…) Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu’ils rendent l’âme des citoyens tellement ombrageuse qu’à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s’indignent et se révoltent ? Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s’inquiéter des lois écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître. »

Et le livre d'Urantia d'enchérir :

« Bien que la démocratie soit un idéal, elle est un produit de la civilisation et non de l’évolution. Allez lentement ! Choisissez soigneusement ! Car voici les dangers de la démocratie :

  1. La glorification de la médiocrité.
  2. Le choix de dirigeants ignorants et vils.
  3. L’incapacité de reconnaitre les faits fondamentaux de l’évolution sociale.
  4. Le danger du suffrage universel aux mains de majorités frustes et indolentes.
  5. L’asservissement à l’opinion publique ; la majorité n’a pas toujours raison »

Ces deux citations semblent taillées sur mesure pour le monde actuel, spécialement pour le Sénégal et nous laissent avec l'amère conviction que nous sommes en train de nous embourber dans cette piste décrite par Platon. En prenant en compte l'amalgame installé entre civisme et le couple Liberté - Liberté d'expression, n'a-t-on pas l'amer sentiment que nous vivons une époque où « les gouvernants […] ont l’air d’être gouvernés et les gouvernés […] prennent l’air d’être les gouvernants », situation entérinée par le quatrième point du Livre d'Urantia, qui veut que l'application de la démocratie dans une société où l'éducation n'est pas forte porte en soi « le danger du suffrage universel aux mains de majorités frustes et indolentes » ? Notez bien : Nous avons mis « éducation » en italiques pour dire que nous faisons bien la distinction entre deux types d'éducation. Celle dont il est question ici ne saurait être que celle nécessaire, voire indispensable à la vie de la Cité qui rend responsable en plaçant l'esprit mûr devant un choix, d'où le système électoral qui implante sa présidentielle ses élections locales et législatives.

Dans notre pays, en plus des risques soulevés par Platon et le livre d'Urantia, il y a surtout le danger qui repose sur le fait que, bien en retard sur beaucoup de choses, nous avons brulé tant d'étapes que nos peuples n'ont pas eu le temps de digérer. Tendance vers la globalisation exige, en plus d'être obligés à marquer le pas duu monde de la consommation ! Cela force inéluctablement la dérive vers un état de fait où la facilité s'allie et se renforce par un conformisme et un raccourcis latents.

Les nouvelles technologies de l'information et des télécommunications ont apporté beaucoup de facilités et auraient pu permettre un rattrapage dans pas mal de choses et à frais moindres, comparés par exemple à l'étendue des investissements qu'aurait requis l'infrastructure d'un réseau classique avec ses creusets, ses poteaux, ses câbles et ses raccordements. Et pourtant ! au lieu d'études ; au lieu d'aller puiser les incommensurables ressources du réseau Internet, le penchant est surtout de s'envoyer des images, des prières à distribuer à un certain nombre de personnes pour avoir telle ou telle bénédiction si ce n'est des photos à scandales, des charlatans tapis dans l'ombre de la toile, des vendeurs de rêves de visas et les insultes à n'en plus finir sur les réseaux sociaux. Il ne faut pas s'offusquer non plus de la réalité des Like qui, parfois, ne sont que simples réactions de solidarité envers le nom d'une connaissance au lieu d'aller vers l'essentiel, descente pour la lecture des contenus.

Revenant à la démocratie, Il faut ajouter à cela qu'en son nom et, partant, au nom de la liberté d'expression, on confond actuellement activiste et agitateur, le dernier ayant d'ailleurs disparu du vocabulaire puisque tout repose sur le droit de dire son opinion, sur la liberté d'expression et, partant, peu importent les procédures et les formes, même quand elles frisent une insolence mariée à une ignorance et à un incivisme notoires. Devant cet état de fait, la piste suivie par nos sociétés et la notion despotique de nation démocratique assumée les citoyens eux-mêmes – et non pas seulement par certains dirigeants africains – ont poussé à se demander si la démocratie était faite pour l'Afrique. Des analyses ont tenté de déceler ces problèmes en remontant vers nos cultures et l'héritage de la colonisation : « Les émeutes, les manifestations et les grèves survenues dans un certain nombre de pays d’Afrique francophone, les déclarations contradictoires de MM. François Mitterrand, Jacques Pelletier et Michel Rocard, d’une part, et de M. Jacques Chirac, de l’autre, durant l’année dernière, ont rappelé la nécessité, pour la France, de se donner une doctrine sur la démocratisation des systèmes politiques subsahariens [...]. Les pratiques autoritaires, l’échec de la greffe de la démocratie libérale en Afrique noire ne renvoient pas à la persistance d‘une culture traditionnelle dont la définition est au demeurant impossible, mais bel et bien au moment colonial et à la reproduction de son héritage au lendemain de l’indépendance. Les Africains en ont une conscience aiguë, qui citent volontiers les abus du travail forcé, le style de commandement de l’administration française, ou ses manipulations électorales.

Mais les enseignements de l’histoire et de la science politique corroborent d’une certaine manière leur perception. La corrélation entre le multipartisme et le tribalisme a toujours été beaucoup plus complexe que l’idée que l’on s’en est fait en France. Tendancielle, elle n’a jamais été absolue, ainsi que l’ont montré de nombreuses études de sociologie électorale, par exemple au Nigeria. En réalité, le multipartisme laisse apparaître au grand jour le phénomène majeur de la vie sociale en Afrique noire, que le régime du parti unique connaît aussi mais qu’il dissimule mieux au regard de l’observateur étranger : à savoir le déchaînement des luttes factionnelles, qui « parasitent » non seulement les institutions politiques mais aussi les administrations publiques, les syndicats, les chefferies dites traditionnelles, les entreprises et jusqu’aux Églises chrétiennes ou aux confréries islamiques.


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samedi 30 mai 2020

LE CORONA LÈVE LE VOILE SUR L'AFRIQUE : P/3-A


LE CORONA LÈVE LE VOILE SUR L'AFRIQUE : P/3-A

Si, dans la deuxième partie, nous avons pris la piste du parallélisme culturel sous-jacent des deux religions que nous avons adoptées, ce n'est pas en termes de révélation, ni du point de vue religieux. Étant donné que les deux ne sont pas originaires de chez nous, le but, accoudé à un souci, est de mesurer, à travers leur implantation le poids de la culture sous-jacente et susceptible d'infliger une acculturation au sein des sociétés réceptrices. Le leitmotiv est surtout le fait qu'en Afrique on est très allergique, au moins dans les discours, à toute influence venant de l'extérieur. Voilà pourquoi nous pensons qu'il est pertinent de soulever cette question d'autant plus nous dégainons toujours des « On est au Sénégal » ; « On est en Afrique » devant une remarque que l'on juge tachée de boue acculturaliste, d'assimilation.

Ainsi, pour mieux asseoir le sujet, il nous semble capital de remonter aux premiers instants de contact de l'Afrique avec ces religions après avoir brossé brièvement l'histoire de chacune d'elle pour voir s'il y a un penchant d'un impérialisme culturel sous-jacent. Quel que soit le cas, on peut dire d'office que tout compte fait, et quoi que l'on puisse dire, force est de constater que nos cultures n'ont pas eu la belle part, d'un côté comme de l'autre. Reste à savoir le taux du danger d'acculturation car toute religion, née forcément dans une société donnée, porte la marque cosmogonique de ladite société en véhiculant la vision ou révélation théogonique à travers le langage qui est le support fondamental de sa culture. Un exemple tangible est notre façon d'enterrer nos morts par rapport au système traditionnel.

  • Le christianisme est venu concomitamment à la colonisation par impérialisme ayant occupé nos terres par la force et s'étant adonné à la traite des esclaves. Ces critères sont palpables et donc plus indiqué à être regardés comme un produit « étranger », et, partant, à subir critiques et pousser à la révolte, même après ses funérailles qui auraient dû être célébrées depuis belle lurette sur le continent africain.

  • L'arrivée de l'Islam s'est faite d'une façon plus subtile mais non moins dramatique pour autant puisqu'ils y a eu la pratique de l'esclavage et des razzias mortelles et destructrices. Ainsi l'Afrique fut « le deuxième continent, après l'Asie, dans lequel l'islam s'est développé, et ce dès le VIIe siècle. L'islam s'est d'abord propagé en Afrique du Nord dans le cadre des conquêtes arabes. Depuis cette base, il s'est par la suite lentement diffusé vers le sud à partir du xe siècle, à la fois grâce aux conquêtes militaires et aux échanges commerciaux. Ainsi, l'ensemble du Sahel et son arrière-pays, une partie de la corne africaine et la frange côtière orientale de l'Afrique ont été islamisés. »

Dans notre refus d'être assimilé, les coups de pieds vont naturellement à l'encontre de l'impérialisme européen. Notre refus y trouve donc des repères et des baromètres d'évaluation, ce qui est tout le contraire quant à la conquête arabe. Sa subtile progression à travers l'islam et son enracinement dans notre société nous rend donc plus vénérables puisque faisant plus appel au discernement. Un autre point est la difficulté du parallélisme recherché, car l'approche ne saurait mettre impérialisme européen contre impérialisme arabe, celui-là ne s'étant pas, à proprement parler, implanté chez-nous. Nous nous retrouvons donc avec une dissymétrie puisque devant comparer un impérialisme politico-militaire à l'expansion d'une culture sous-jacente à une religion. Cela peut amener une incompréhension que nous voulons tout de suite clarifier pour ne pas laisser d'équivoque : les français étaient présents sur le sol africain après l'avoir conquis, ce qui n'est pas le cas des Arables, du moins en ce qui concerne l'Afrique sub-saharienne car l'Afrique du Nord fut envahie et colonisée à partir du VIIe siècle : « À la mort de Mahomet en 632, ses successeurs potentiels s'affrontent. Alors qu'Abou Bakr est désigné, une querelle naît entre les habitants de Médine et de La Mecque concernant la succession de Mahomet. Certains préfèrent une succession issue de la famille de Mahomet, en proposant notamment Ali, son gendre pour lui succéder. Les compagnons les plus proches de Mahomet s'y opposent et nomment Abou Bakr : le premier calife (littéralement « successeur » [de Mahomet]) sera donc Abou Bakr qui poursuit la conquête de la péninsule Arabique. À sa mort en 634, son premier ministre Omar (ou Umar) lui succède. Celui-ci conquiert la Palestine, la Mésopotamie, l'Égypte et la Perse ».

C'est vrai : le contact avec l'Europe, n'était pas toute innocence, mais ne l'est pas non plus le contact avec le monde Arabe : Il faut se rappeler que Ibn Batouta, bien avant les xénophobes européens tel que le Comte de Gobineau, a dit : « Au sud du Nil existe une race nègre [dont les hommes] ressemblent plutôt aux animaux sauvages qu'à des êtres raisonnables. [...] Quelquefois ils se dévorent les uns les autres ; aussi ne méritent-ils pas d'être comptés parmi les hommes [...], leur place étant plus proche du stade bestial ».

La réalité actuelle est que l'Afrique semble vouloir enterrer la réalité qu'elle a été islamisée comme elle fut christianisée. Les deux religions sont arrivées de l'extérieur, d'où la nécessité indispensable de savoir conjuguer, encore une fois, l'art du donner et du recevoir qui doit s'appliquer après l'enracinement et ouverture. Croire en Dieu, quelle que soit la religion, n'est pas synonyme d'enterrer intégralement sa propre culture. À moins que, pour des raisons d'ordre social cet enterrement s'offre comme issue vers un statut qui n'existait pas dans la société traditionnelle, ce qui en grande majorité, semble être le cas du Sénégal. Il appartiendra aux universitaires, sociologues et anthropologues de s'y pencher plus profondément pour une étude approfondie, ce qui sera salutaire pour notre pays.

En embrassant une religion, le changement requis s'effectue au niveau de certains comportements qui ne sont pas forcément culturels. Des principes de ce qui est juste et les principes de droit existent dans toutes les sociétés et beaucoup d'entre eux peuvent être maintenus et continuer à servir, d'où cette vérité contenue dans l'infâme discours de Léopold II : « Le but principal de votre mission au Congo n'est donc point d'apprendre aux nègres à connaître Dieu, ils le connaissent déjà depuis leurs ancêtres ; Ils parlent et se soumettent à Mungu, Nzambi, Nzakomba Moukoulo etc… et que sais-je encore. Ils savent que tuer, voler, coucher avec la femme d'autrui, calomnier et insulter sont des actes mauvais ».

Au Sénégal nous ne semblons pas comprendre cette réalité, d'où la tendance à unilatéralement pointer le doigt contre l'influence européenne, à voir celle-ci comme étant l'acculturaliste, une culture de « Nasaraan » et cela, pas pour résister à une acculturation intégrale en plantant profondément les pieds dans la nôtre, mais pour nous engouffrer dans une autre que nous semblons prendre comme étant la nôtre. Nous plongeons, allant jusqu'à devancer le groupe sémitique originel dont elle est issue ; au-delà de peuples plus similaires et plus proches de la souche, mais qui pourtant refusent de perdre leur propre culture, comme par exemple les Berbères qu'il ne faut jamais se tromper de traiter d'arabes en leur présence.

Ici, il faut faire remarquer en passant que beaucoup parlent de « Nasaraan » sans savoir réellement de quoi il s'agit. En effet « nasaraan », équivalent de « tubaab » chez nous, vient de « nazaréen », un terme qui n'a rien à faire avec les races européennes. De plus, cette expression a une connotation religieuse qui remonte à Jésus-Christ, que l'on disait le Nazaréen, Jésus de Nazareth, à cause du fait qu'il naquit à Bethlehem ( où Joseph et Marie se rendirent, venant de Nazareth suite à l'ordre de recencement du gouverneur romain de l'époque), souche de la maison de David et, partant, issu de la souche sémite à travers Marie, descendance d'Abraham à travers Isaac, comme le seront les arabes à travers Ismaël. Ces deux races sont sémites la différence étant le fait d'avoir « le même père mais pas la même mère » puisque Isaac est de Sara et Ismaël de la servante Agar. L'étymologie remonte certainement au Nazaréïsme, une doctrine des Nazaréens judéo-chrétiens et dont l'islamisme sera, à beaucoup d'égards, la prolongation ou plutôt la revanche (Renan, Église chrétienne, 1879, p. 284). Édouard-Marie Gallez dans son livre Le messie et son prophète - Aux origines de l'Islam, p. 291, parlant du terme « nazaréen » écrit : « ... En résumé, l'appellation de nazaréens n'a guère été utilisée par les chétiens dans l'Empire romain, et seuelement durant deux siècles en Perse (où les chrétiens étaient majoritairement des judéochrétiens) ; sous l'influence de la propagande islamique, le terme a pris le sens de chrétiens en arabe (mais non parmi les Arabes chrétiens de souche ancienne).

Vu notre recherche d'identité qui se prolonge dans l'aveuglement et la complète sourdité jusqu'en ce XXIe siècle, nous risquons fort de donner raison à Ibn Khaldoun dans sa vision que « à part la race noire il n'y a aucune autre qui accepte si pleinement l'esclavage ». Pourquoi semblons-nous présenter toujours une incapacité à nous dresser en toutes choses et, avant tout, en tant que « êtres humains créés dans la plénitude de l'image divine comme toutes les autres races » ? Comme croyants, nier nos cultures et les choses qui nous sont intrinsèques n'est certainement pas une façon de remercier Dieu : au contraire, cela semble lui dire qu'il s'est trompé de nous avoir faits comme nous sommes et surtout donné cette culture, vision du monde qui nous entoure. En extrapolant, n'est-ce point vrai que c'est la croix qui a pris forme humaine et non l'homme la forme de la croix ? Garder certaines choses de nos cultures n'est donc contradictoire ni aux enseignements de la Bible, ni à ceux du Coran, à moins que l'on ne veuille les remplacer, comme nous voulons remplacer nos peaux en les éclaircissant par des produits d'usines et nos cheveux venus de la création avec des « cheveux naturels » ! Est-ce une façon d'être reconnaissant envers Dieu, d'accepter que sa création est parfaite harmonie, même, comme nous le répétons dans nos prêches, nous n'en comprenons pas toujours les tenants et les aboutissants puisque « les voies du Seigneur – mbiru Yalla – sont obscures » ?


A SUIVRE

UN RAPIDE EXEMPLE POUR LE DICtiONNAIRE

Njamala Njogoy