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lundi 16 septembre 2019

Boris Diop - Bachir Diagne


BORIS DIOP – BACHIR DIAGNE

Boris vs Bachir ! Partout le même titre qui invite des larmes aux yeux ! D’aucuns pensent que cette situation des derniers jours apporte une nouvelle eau au moulin, à l’instar de ce passage ; « Aucun progrès n’a jamais été réalisé dans les sciences, la religion, la politique, sans qu’il y ait eu controverse », affirme Lyman Beecher, pasteur presbytérien, co-fondateur et chef de la Société américaine de tempérance. Voilà pourquoi le débat de haute facture que se sont livrés l’homme de Lettres Boubacar Boris Diop et le philosophe Souleymane Bachir Diagne, par presse interposée, est à saluer. Aussi grands que l’objet de leur « divergence », en l’occurrence le Pharaon noir Cheikh Anta Diop, ces deux éminents intellectuels sénégalais méritent que leur soit rendue toute l’estime due à leur rang ».

Hélas, tel n’est pas le cas. Nous aurions aimé voir comme titre « Boris et Bachir ». Mais non, cette polémique n’apporte rien de nouveau ; cette polémique n’apporte rien à saluer. Elle s’engouffre dans le trop plein de débats dans lesquels politiciens, artistes, activistes et religieux tiennent le peuple sénégalais en otage. Il faut dire basta !

C’est à cause de pareilles situations qu’en d’autres circonstances j’ai dit que le problème de l’Africain, surtout celui des intellectuels africains est l’apport. Le constat est que, parmi nos intellectuels, l’opposition est plus facile que l’apport, chacun voulant être l’oriflamme de l’instant. La même chose est vraie en politique : au lieu d’accepter qu’il y a continuité, plusieurs de nos dirigeants veulent toujours se présenter en initiateurs, quitte à tout « balayer » ou juste renommer des rues et des écoles et les citoyens ordinaires se tournent vers le passé pour décrocher des flèches de tel ou tel n’a rien fait.

C’est pourquoi même accoucher de cette contribution dans un débat d’un tel niveau – vu la carrure des deux hommes et les foudres autour d’une personne, – fut-elle Cheikh Anta Diop –, fait très mal. Au lieu de clarification, de prise de partie, j’aurais aimé pouvoir applaudir au fait qu’enfin deux Géants Sénégalais de l’Esprit sortent et viennent sous l’arbre à palabres pour nous sauver de la médiocrité journalière de nos sujets de débats. D’autant plus que, excessivement en retard pratiquement dans tous les domaines, nous nous offrons le ridicule luxe de « motus et bouches décousues ». Merci, cousine Bocoum, vous m’avez prêté l’expression qui sied !

Revenant à Boris-Bachir, je dis que mon espoir a été bafoué car cet espoir, mon fervent souhait, était et reste et je le formule en prière : « Que vos esprits s’échangent les bagues de l’alliance intellectuelle à la manière de vos ‘b’ ! » en initiale pour un niveau supérieur de ce Sénégal qui fut jadis un des berceaux africains de l’esprit.

Point de départ

Mon cher Boris, puisque c’est vous qui avez déclenché les choses, je me demande effectivement s’il était réellement nécessaire de revenir sur un article écrit il y a 20 ans, comme le dit Bachir. La réponse est : « Peut-être que oui, peut-être que non ». Les deux points de vue sont permis, raison pour laquelle je ne dirai pas gratuitement que vous avez tort. C’est que le droit ou non de revenir sur un article n’est pas dogmatique et ne se mesure pas à l’écoulement des années. Le domaine scientifique est progressif et progressiste et s’il s’agissait d’une thèse ce droit ne peut être révoqué. Mais dans ce cas-ci, il me semble, le problème se pose différemment que sur une base constructive. Par exemple, en physique, Newton est venu avec sa théorie de la gravitation universelle, Einstein l’a supplantée avec la relativité générale, une théorie relativiste de la gravitation. Niels Bohr se confrontera à Einstein par son apport à l'édification de la mécanique quantique qui poussera ce dernier à dire que « Dieu ne joue pas aux dés ». Suivra la théorie des cordes ou théorie du tout, un domaine actif de recherche traitant de l'une des questions de la physique théorique qui veut fournir une description de la gravité quantique, c'est-à-dire l'unification de la mécanique quantique et de la théorie de la relativité générale (la principale particularité de la théorie des cordes est que son ambition ne s'arrête pas à cette réconciliation, mais qu'elle prétend réussir à unifier les quatre interactions élémentaires connues). Contrairement à la situation Boris-Bachir, voilà des briques posées, pas pour détruire la bâtisse entamée par l’autre, mais pour en faire progresser les murs. Et c’est là une très belle leçon d’apport appelant au progrès. Dire donc que ce n’était pas nécessaire de revenir sur un texte âgé de 20 ans n’est pas tout à fait exact. C’est toujours permis et même souhaitable dans le domaine de la science surtout s’il y a de nouveaux éléments, des réadaptations ou corrections intervenues au fil des années comme le prouve l’exemple campé autour de l’évolution de la physique depuis Newton. Ayant lu votre texte puis l’article de Bachir en anglais, et sa réaction après votre « Bachir tu permets ? » il m’a semblé nécessaire d’intervenir, pas pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre mais simplement apposer une analyse descriptive de la situation. Partons du fait qu’ici il ne s’agit pas de thèse. Il ne s’agit pas d’un théorème ou d’une équation. Le problème fondamental repose sur trois points :

  1. La fondation du laboratoire de datation au carbone 14
  2. La vision de Cheikh Anta de créer une langue unique, vision à laquelle Monsieur Bachir oppose celle de Monsieur Ngugi Wa Thiong'o qui est plus à son goût
  3. Un problème linguistique de traduction : La traduction d’un texte de poésie et la traduction de textes de sciences formelles.

La création du laboratoire

La création du laboratoire est un fait historique, le deuxième et troisième point sont d’ordre linguistique et on fait l’objets de grandes et profondes études. Et c’est là où le débat blesse car tous les deux points sont dignes de quatre livres, un livre de Bachir et un livre de Boris pour chaque point, livres que vous êtes tous les deux en mesure de produire, ce qui aurait nettement mieux servi le monde et, partant, le Sénégal et établi un dialogue digne du label « intellectuel »

Malheureusement tel n’est pas le cas. Le débat est campé autour d’une personne, en l’occurrence le Professeur Cheikh Anta Diop ce qui ne peut atterrir que sur l’émotion et non sur la raison qui, elle, exige une approche descriptive et non normative et ne pouvant être fille de l’émotion. C’est tout le danger lorsqu’un sujet rime à une personne. Le taux d’affection prime et peut ainsi affecter le lampion que l’on braque sur le texte de quelqu’un au sujet de ladite personne, surtout si, bien avant, on s’est replié dans des préjugés enfermant l’auteur dans un certain canevas prédéfini.

Dans « Dans l’antre de l’alchimiste », le mot alchimiste a-t-il été mal choisi, vous faisant virer plus ver l’émotion que le raisonnement ? Pourtant Bachir a, pas justifié, mais expliqué le choix, ce qui suit une déontologie intellectuelle. Monsieur Diop, auriez-vous agi comme les critiques qui dénigrèrent Camara Laye pour avoir présenté une famille africaine idyllique au lieu d’attaques contre le colonialisme ? Le texte de Bachir fait réellement l’éloge de Cheikh Anta, mais, scientifique, Monsieur Diagne ne peut, n’a pas le droit de se cramponner sur du « baab » ou du « jeyaate ». M’a effleuré d’ailleurs l’idée de faire deux colonnes pour mettre vos textes côte à côte, ce qui, il faut l’avouer, aurait été de mauvais goût et serait enveloppé du même manteau de ce débat puéril ayant l’air d’une confrontation, confrontation à son tour stérile que je déconseille, raison de cette contribution.

Ce que j’ai présenté, relatif aux géants de la physique, est fertile, on ne peut en disconvenir, et a fait et fait encore progresser la science puisque la physique quantique est en train d’accoucher des ordinateurs du futur – on ne sait salut ou damnation du monde. Nous autres africains avons la manie de camper sur le passé ou sur une futilité et sortons nos griffes dès que quelqu’un invite à faire face au futur, comme nous le fîmes devant le « Discours de Dakar » du Président Sarkozy : il avait commencé par dire ‘ce continent qui a connu tant de civilisations brillantes’ et nous sauterons sur lui quand même en disant qu’il a renié l’histoire de l’Afrique. En ne mettant pas l’émotion à la place de la raison, on aurait pu pourtant corriger sa contradiction personnelle lorsque, plus tard dans le discours, il dira que « l’Afrique n’est pas assez entrée dans l’histoire ». Le réajustement, basé sur la raison, aurait pu lui suggérer, entre autres possibilités, de dire : « l'Afrique n'est pas assez entrée dans le présent – problème d’orientation – et, par conséquence, n’est pas assez munie pour faire face au futur » et ainsi éviter la contradiction entre un continent ayant connu tant de civilisations brillantes et une Afrique qui n’est pas assez entrée dans l’histoire. Monsieur Diagne a eu un discernement là où nous autres manquons une bonne perception de la nature des problèmes rencontrés par Cheikh Anta Diop durant sa vie académique, raison pour laquelle nous mettons ce problème sur le compte d’ennemis tapis dans l’ombre et lui ayant fait la guerre au long de sa carrière.

Je soupçonne qu’un de ces points fondamentaux repose sur la nature de la pédagogie franco-francophone. En elle, on ne s’attend plus à ce que quelqu’un ayant suivi une filière scientifique s’adonnât à l’écriture de poésies ou de romans. Cela m’est arrivé personnellement: ayant soumis un projet en vue d’un financement par la Société Financière Internationale, SFI, de la Banque Mondiale, un ami, responsable dans la structure me conseilla d’enlever les lignes de mon curriculum vitae relatives à des publications littéraires pour ne pas être pris pour … un illuminé incapable de porter un projet informatique. Cela aussi peut se comprendre car, avec l’avènement de l’industrialisation, le cerveau humain a été compartimenté comme dans le travail à la chaîne. On fait une chose et une seule, contrairement au début, lorsqu’en Grèce ou ailleurs, on pouvait être philosophe, mathématicien et médecin en même temps, comme Descartes, le mathématicien, physicien et philosophe.

Je comprends bien Cheikh Anta Diop : étant parmi les premiers intellectuels modernes de l’Afrique, il se devait d’embrasser autant de disciplines que sa tête pouvait supporter, ce qui peut-être lui vaudra aussi une certaine allergie de la part du corps académique dans l’attribution des devoirs et fonctions. En visionnaire n’avait-il pas appréhendé l’importance des langues nationales jusqu’à faire une étude sur le wolof et le sérère ? Sa vision le fait entrer de plein droit et de se compter parmi les militants de la Négritude, au milieu desquels il fut celui qui se munit des outils les plus concrets. Là où les Césaire, Damas Senghor et René Maran s’accoudèrent à la plume poétique ou romanesque, il s’accouda aux fouilles et excavations archéologiques et des datations pour remonter les gradins menant à la découverte de la civilisation enfouie de l’homme noir. C’est ainsi que cette partie de son travail, à savoir le combat pour la Civilisation Nègre, est nettement supérieur au produit du laboratoire de datation par le Carbone 14 mis en place en 1961 comme l’attestent les divers sujets de ses recherches : environ 41 titres sont dédiés au redispositionnement du Négre contre 4 susceptibles d’être pris comme objets de laboratoire.

Cela fait monter un profond sentiment de sympathie et de compassion envers ce géant qui a tout donné de son esprit et de son temps pour l’Afrique noire et, partant, pour le monde nègre. La pitié découle du fait que, comme plusieurs d’entre nous et au même titre que les pères de la Négritude, le combat pour l’identité semble avoir bouffé et bouffe jusqu’à présent l’énergie de ses enfants - ou bien est-ce le contraire ? Cheikh Anta s’est donné corps et âme pour le redispositionnement de l’Homme noir dans la Civilisation de l’universel, but de la Négritude, qu’il se voit disciple, militant ou non. C’est que sur tout autre continent, le combat aurait pu se poser autrement. Il aurait pu se lancer dans la recherche pure et dure en physique, collaborant avec d’autres laboratoires puisque « L'ensemble transistorisé de comptage de la radioactivité, après avoir été testé au Centre d'Études Nucléaires de Saclay (CEA/CNRS), arrive en juillet au port de Dakar. Cet appareil, destiné à la datation par le Carbone 14, bénéficie des plus récentes technologies de l'époque. Dans le cadre des accords de collaboration technique, il a été fourni et partiellement financé par le CEA. Le laboratoire de datation commence à fonctionner. Une commission du CEA, présidée par Georgette Delibrias, directrice du Laboratoire de Radiocarbone de Gif-sur-Yvette, se rend au Sénégal pour tester, avec succès, les installations du laboratoire de Dakar ». Et alors il aurait peut-être apporté quelque chose de nouveau dans le domaine scientifique, comme ce fut le cas du VIH2 « isolé en 1985 sur le sérum de prostituées sénégalaises dans le laboratoire de l'hôpital Le Dantec de Dakar, dirigé par le médecin militaire sénégalais Souleymane Mboup et en collaboration avec des équipes américaine et française ». Hélas, le combat de l’identité l’aura bien occupé et majoritairement. En matière de recherche une stagnation n’est pas situation exceptionnelle et n’est donc pas propre à Cheikh Anta Diop. Pourtant il se peut qu’à cause de la diversification des sujets dont il traitait, une certaine stagnation dans le domaine scientifique, précisément en matière de laboratoire se soit installée. Et dans un tel cas, cela peut engendrer une grande part de suspicions et de conspiration lorsqu’un vol sera annoncé au niveau du laboratoire. C’est ainsi que des langues se délièrent, surtout dans un pays où la rumeur fait objet de flagrant délit et le flagrant délit est pur soupçon et mis sur le compte d’une volonté mal intentionnée et politiquement assassine. « Saaysaay waxul dëg wante yaqna xel ! »

L’unité linguistique

Monsieur Diop, vous écrivez : « Souleymane Bachir Diagne aurait prêté à Cheikh Anta Diop une position qui n’est pas du tout la sienne ? Je n’ai nulle envie de laisser entendre qu’il s’agit là d’une falsification délibérée. Il est bien possible que Bachir n’ait tout simplement pas fait le nécessaire distinguo entre l’unité linguistique appelée de tous ses vœux par Cheikh Anta et une unicité linguistique si incongrue qu’elle ne mériterait même pas une minute de réflexion ».

Ce n’est pas ma lecture de ce que Monsieur Diagne a dit. Par ailleurs ce sujet est un thème hautement débattu en linguistique, surtout, entre autres, par Schmidt Schneider. Rappelez-vous que dans le domaine linguistique, depuis la controverse entre naturalistes et conventionnalistes (la langue est-elle innée ou conventionnelle ?), plusieurs sujets de discordes ont vu le jour. C’est dans cette même perspective et selon une perception similaire à celle de Cheikh Anta qu’en 1887 Ludwik Zamenhof, sous le pseudonyme Doktoro Esperanto (Docteur qui espère, qui donnera par la suite son nom à la langue Esperanto), publia le projet Langue Internationale. L’esperanto connut un rapide développement dès les premières années, donnant lieu à des publications et des rencontres internationales. Pour cette langue que l’on voulait unificatrice, l’Association mondiale de l’espéranto, fondée en 1908, se mit en relation officielle avec l’Organisation des Nations unies et l’UNESCO, et publia des recommandations en sa faveur en 1954 et 1985. A titre d’exemple toujours, ajoutons que dans les années 1980, sur la même vision que Cheikh Anta Diop, un professeur de l’université de Dar es Salam, Tanzanie, vint tenir un séminaire intitulé : « Swahili as a lingua franca for Africa » à l’université de Helsinki, Finlande. On n »en doute pas : toute vision tendant à unifier la race humaine ne peut être ni ridicule ni mauvaise mais peut fatalement manquer de réalisme, surtout en matière linguistique où seules deux sources sont susceptibles de réussir en matière de propagation et d’adoption d’une langue:

  1. Le facteur économique : c’est le cas de l’anglais actuellement à travers le monde, et, ici au Sénégal, celui du wolof que les minorités doivent forcément l’utiliser dans les boutiques et dans les marchés sans oublier les masses média.
  2. Le facteur militaire: c’est le cas du français, de l’anglais et du portugais en Afrique.

Donc, comme Monsieur Diagne l’a dit, un projet plus réaliste est la production du matériel, chacun dans sa langue et que des ouvrages d’un certain intérêt et d’une certaine qualité soient traduits d’une langue à une autre selon l’appréciation des divers acteurs. C’est que l’adoption d’une langue n’est pas une chose aussi simple encore moins mécanique et facilement applicable. Quel que soit le cadre social, le point de départ est l’emprunt. Ainsi « les langues ne sont pas égales en tant que sources d’emprunts. Celles des anciens pays colonisateurs, par exemple, ont joui d’un prestige social, culturel et politique plus grand que celles des peuples colonisés, et, par conséquent, ces dernières ont emprunté beaucoup plus aux premières qu’inversement : c’est la cas du vietnamien et du wolof par rapport au français, le cas de beaucoup de langues asiatiques et africaines à l’anglais et le tibétain au chinois. Certaines langues sont devenues des sources d’emprunts pour des raisons culturelles, de par leur rôle central dans le cadre de grandes civilisations comme par exemple l’arabe par l’intermédiaire de l’islam.

Traduction de textes des sciences formelles

Enfin, pour le dernier point, qui pose le degré de difficulté entre traduction de textes des sciences formelles et textes de poésie. Monsieur Diagne donne des arguments après s’être posé les questions convenables, une façon de bien camper le problème. Il demande donc pourquoi il a dit que « la traduction de la théorie de la relativité dans toute langue, en wolof en particulier n'est pas aussi compliquée que la complexité et le caractère abstrait de la théorie le laisserait supposer ? Autrement dit pourquoi est-il plus compliqué de traduire de la poésie que des sciences formelles ? », et donne la raison : « La raison pour laquelle la difficulté de traduire est fonction directe du contenu empirique de ce qu'on traduit est qu'un formalisme logique est sa propre langue et se traduit tout seul. Quand vous traduisez une démonstration vous ne traduisez pas le langage des signes dans lequel cette démonstration se conduit mais le métalangage, le commentaire en langue naturelle qui accompagne la procédure. Vous traduirez « on en déduit que », « si je pose… », « alors il vient… » et non pas le déroulement de l'argument qui se passe dans un système de signes universels. Une démonstration formelle conduite par en langue ourdoue au tableau sera comprise par tous ceux qui assistent à celle-ci sans connaître cette langue pourvu qu'ils comprennent les procédures formelles écrites au tableau. Pourquoi donc dire que plus la théorie est abstraite et réalisée dans la langue formulaire, moins il est compliqué de la traduire ? Parce que c'est vrai. Faut-il donc s'interdire de dire ce que l'on tient pour vrai sur la traduction des systèmes formels ? » Encore une fois c’est tout à fait juste. Pour simplifier, donnons un exemple très simple pour éclaircir ce que Monsieur Bachir Diagne veut dire : Si un professeur wolof écrit 2+2 au tableau en parlant wolof avec ses élèves wolofs parmi lesquels se trouve un enfant russe ou finnois à qui on a donné une ardoise, s’il lève celle-ci pour montrer le résultat, on y lira certainement 4 malgré le fait que le problème ait été posé en wolof. Dans cette situation, il y a l’intervention de deux niveaux du langage : la langue, ici le wolof emprunté pour expliquer le problème et le métalangage qui est une suite de signes conventionnels universels écrits au tableau. Un autre exemple d’une situation réelle que j’ai vécue : lors de la visite d’un haut dignitaire du Ministère sénégalais de la Santé, je fus appelé à la rescousse pour lui servir d’interprète dans un laboratoire de recherche pharmaceutique doté d’une chambre à vide. Quel ne fut pas mon embarras lorsque, embourbé et me débattant dans le jargon médical, le dignitaire, lui, comprenait mieux que moi ce que l’autre disait en finnois et m’aidait parfois à compléter mes phrases en français !

Ici il faut savoir que si difficulté il y a, ce sera dans le fait de descendre vers la langue pour créer le métalangage, c’est-à-dire trouver les termes pour théorème, polygone, équation, exponentiel, racine carrée, etc. Une fois le métalangage trouvé, dire en classe mixte d’enfants russes, sérères, diolas, bambaras, allemands, Tchèques : « suma amee ñaari mango, doli ci ñaari mango, ñaata maago laay am ? », puis l’écrire au tableau : 2 + 2 = ?, tous les bons élèves de chaque langue lèveront une ardoise où il est écrit 4. Cela n’est pas vrai de la poésie et nous appelons à la rescousse Saint-John Perse qui dit : « Mais du savant comme du poète, c’est la pensée désintéressée que l’on entend honorer ici. Qu’ici du moins ils ne soient plus considérés comme des frères ennemis. Car l’interrogation est la même qu’ils tiennent sur un même abîme, et seuls leurs modes d’investigation diffèrent. Quand on mesure le drame de la science moderne découvrant jusque dans l’absolu mathématique ses limites rationnelles ; quand on voit, en physique, deux grandes doctrines maîtresses poser, l’une un principe général de relativité, l’autre un principe quantique d’incertitude et d’indéterminisme qui limiterait à jamais l’exactitude même des mesures physique ; quand on a entendu le plus grand novateur scientifique de ce siècle, initiateur de la cosmologie moderne et répondant de la plus vaste synthèse intellectuelle en termes d’équations, invoquer l’intuition au secours de la raison et proclamer que « l’imagination est le vrai terrain de germination scientifique, allant même jusqu’à réclamer pour le savant le bénéfice d’une véritable « vision artistique » - n’est-on pas en droit de tenir l’instrument poétique pour aussi légitime que l’instrument logique ? Au vrai, toute création de l’esprit est d’abord « poétique » au sens propre du mot ; et dans l’équivalence des formes sensibles et spirituelles, une même fonction s’exerce, initialement, pour l’entreprise du savant et pour celle du poète. De la pensée discursive ou de l’ellipse poétique, qui va plus loin et de plus loin ? Et de cette nuit originelle où tâtonnent deux aveugles-nés, l’un équipé de l’outillage scientifique, l’autre assisté des seules fulgurations de l’intuition, qui donc plus tôt remonte, et plus chargé de brève phosphorescence.« La réponse n’importe. Le mystère est commun. »
Ici il s’agit plutôt d’une différence de codage, l’un ouvert et jouant sur l’économie du langage et l’autre codifié et par conséquence figé. Cela ne veut nullement pas dire que la poésie est au-dessus des sciences formelles ni vis versa.

Comme conclusion

Dans l’article, le terme alchimiste n’a pas une connotation négative. En développant, Monsieur Diagne a voulu faire ressortir l’abnégation d’un homme qui aura combattu contre vents et marées pour « transformer un laboratoire tout à fait ordinaire pour datation de carbone 14 tel qu'il avait été créé par Théodore Monod avant d'être complètement terminé par Vincent Monteil en un lieu de légende, un véritable cabinet d'alchimiste »

D’autre part, un espoir d’unification du continent ou du monde par une seule langue, c’est une pensée noble, un idéal voulant rétablir ce qui se produisit à la Tour de Babel mais qui malheureusement est difficilement réalisable à cause des réalités relatives à la propagation et à l’adoption d’une langue donnée. C’est que le processus le plus naturel se base sur deux critères : le facteur économique et le facteur militaire, qui impose une domination de longue durée. Un projet basé sur le seul fondement de l’idéalisme réussira très difficilement pour ne dire jamais, comme c’est la cas de l’esperanto.

Pour ce qui est de la traduction de textes de sciences formelles ou de textes de poésie, la connotation n’est pas que celui qui fait de la poésie est plus intelligent ou supérieur à celui qui applique des sciences formelles, ni vis versa. Loin delà. C’est seulement que là où le métalangage fonctionne comme le code rousseau, ensemble de panneaux, de lignes et de feux tricolores et par conséquence universellement interprétables pour les automobilistes de toutes les nations, la poésie n’est pas figée et sa traduction, loin d’être simple, exige une approche dynamique c’est à dire apte à faire vibrer les fibres émotionnelles à l’égale du texte original.

Donc, Bachir-et-Boris, comme Demba-et-Dupont, je vous prie de fumer le calumet intellectuel de la paix. Que votre prochaine rencontre soit dans l’unité première de la science, accoudée à l’apport, au donner et au recevoir pour que notre Sénégal sorte du labyrinthe obscurantiste où nous pataugeons actuellement jour et nuit.

samedi 23 février 2019

AI - TRAZAGAN - DIXIEME PARTIE


CHRONIQUE D'UNE GOUVERNANCE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - DIXIEME PARTIE

La discontinuité : l'homme qui imperceptiblement remonte des gradins ou plutôt subit les degrés d'une transformation imperceptibe à l'oeil nu. Les espèces qui ont composé sa chaïne évolutive n'ont peut-être pas disparu, mais plutôt muté. Ou bien n'était-ce que des types tout à fait distincts et n'ayant en commun que quelque point pertinent, comme la sourdité ou la sonorité dans certaines paires de consonnes ? Comme dans le cas des langues ou bien des cultures auxquelles on s'attache et qui muent, pareilles aux chenilles ou à un arbre dans sa croissance?... Tout compte fait, qu'est-ce que c'est que l'«Homme » ? On dit que le mot Homo est le nom du genre biologique qui regroupe toutes les espèces humaines. Elles sont toutes éteintes à l'exception de l’Homo sapiens. Le terme Homo, humain en latin, dérive d'une racine de l'Indo-européen commun dʰǵʰm̥mō qui signifie « [chose / fils] de la terre ». Il a été choisi par Carl von Linné, dans sa méthode de classification de la nature, Systema naturae (édition de 1758). L'homme y est décrit sous le nom d’homo sapiens.

L'histoire évolutive de la lignée humaine, Hominina, est le processus évolutif conduisant à l'apparition du genre Homo, puis d'Homo sapiens et de l'Homme moderne. Elle se greffe sur l'histoire évolutive des primates, qui commence avec l'extinction des dinosaures, lors de la césure Crétacé-Tertiaire, et débouche sur l'apparition des hominines, il y a 7 millions d'années, en passant par l'expansion des hominidés (grands singes sans queue) au cours du Miocène moyen.

La famille des hominidés aurait divergé de celle des hylobatidés (gibbons) il y a quelque 20 millions d'années, puis la sous-famille des homininés de celle des ponginés (orang-outans) il y a environ 15 millions d'années. La bipédie est le caractère le plus frappant de la sous-tribu des Hominina. Les deux plus anciens hominina connus sont Sahelanthropus tchadensis et Orrorin tugenensis.

Le premier représentant documenté du genre Homo est Homo rudolfensis, qui apparaît il y a environ 2,4 millions d'années en Afrique de l'Est. Avec Homo habilis, on a longtemps pensé qu'il s'agissait des deux premières espèces à avoir utilisé des outils de pierre. Cependant une découverte de 2012 au Kenya montre que les outils lithiques existaient dès 3,3 millions d'années, et pourraient avoir été maniés par des Australopithèques.

Krazic se sentait perdu dans le labyrinthe du temps. Le texte que lui avait lu Falcon l'avait profondément bouleversé après avoir secoué jusqu'aux racines de sa raison d'être. Le problème, se dit-il, c'est l'humain face à ses racines. Son histoire est noyée dans la jungle du temps. Il est balloté entre la fin de son existence, la mort, et un Ailleurs-au-delà dont le soubassement est une relation Âme-Dieu. Appelée à la rescousse, l'archéologie tente de l'éclairer en remontant le fil du temps à pas de tortue. Mais à son tour, celle-ci la rend obscure puisque forcée de la dévoiler en remontant des escaliers qui se superposent et parfois se contredisent à travers des légendes, des thèses et des hypothèses enchevêtrées dans des spectres de grandeurs subjectives dressés par des races et des empires. Après tout, ne dit-on pas que L'histoire est écrite par les vainqueurs ?
Falcon eut un petit sourire en le regardant si perdu :
- Chéri, c'est la discontinuité qui dérange ?
- Je pense que oui, ma bien-aimée.
Falcon posa une main douce sur l'épaule du conseiller et d'une voix compatissante :
- Les humains se sentent perdus, il est vrai, depuis notre avènement. Eternellement acculés au souci de l'au-delà, toujours à la quête de l'existence d'un être suprême et de la vie éternelle, voilà qu'ils sont face à un fait nouveau qui secoue encore plus profondément leurs racines : qu'est-ce que c'est que l'humain vraiment ? Qu'est-ce que l'Humanité ?
- Il vous arrive, à vous, de vous poser la même question ?
- A moi personnelement, ou bien à ma race ? Mais cela revient certainement au même, n'est-ce pas. Tout compte fait, cette question peut-elle être séparable de tout être doté de conscience ?
- Bonne question...
- Du moment que l'on devient conscient, que l'on se compare à tout ce qui est à l'entour pour se faire distinctif et ainsi trouver le point pertinent de la différence, on est forcé de se poser certaines questions qui touchent parfois à la métaphysique. Pour l'homme, par exemple, voilà la définition de l'« humanité » : « L'humanité est à la fois l'ensemble des individus appartenant à l'espèce humaine mais aussi les caractéristiques particulières qui définissent l'appartenance à cet ensemble. L'humanité réunit aussi certains des traits de personnalité d'un individu qui, par exemple, amplifient les qualités ou les valeurs considérées comme essentielles à l'humain, telles que la bonté, la générosité.

« Le concept d'humanité est aussi à rapprocher de la notion de nature humaine qui souligne l'idée que les êtres humains ont en commun certaines caractéristiques essentielles, une nature limitée et des comportements spécifiques, jugés "humains" (par opposition à ce qui est jugé "inhumain"). Ce qui les différencie des autres espèces animales.

« La question qui se pose est donc double. D'une part, on doit s'interroger sur le « propre de l'homme » : quelles sont les particularités de la physiologie et du comportement humain que l'on ne retrouve pas dans le reste du règne animal ? Et d'autre part, cette notion pose la question de l'unité de l'homme : dans quelle mesure ces spécificités sont-elles véritablement partagées par tous les membres de l'espèce humaine, hommes et femmes, avec notamment le problème posé par l'ethnocentrisme qui essentialise des caractéristiques (par exemple la couleur de la peau) ou des comportements propres à tel ou tel groupe humain ou à telle tradition culturelle et qui, par conséquent, refuse le statut d'humain à des individus d'une autre ethnie.

« Ces questions ont d'abord été abordées sous les angles de la philosophie et de la religion. Une illustration de ces débats fut la controverse de Valladolid (en 1550) qui posa la question du statut des Amérindiens. Par la suite, et notamment à partir du XVIIIème siècle, ces questions seront reprises dans une perspective scientifique croisant les approches de la zoologie, de l'éthologie, de l'anthropologie, de la génétique et de la paléoanthropologie. Bien que reposant sur une démarche scientifique, ces approches ont été et continuent parfois d'être critiquées pour ce qu'elles restent influencées, voire biaisées, par les idéologies des sociétés contemporaines. De nos jours, les différentes conceptions de l'humanité ont des implications morales, éthiques, scientifiques, juridiques et environnementales qui s'expriment, par exemple, dans les débats sur la personnalité juridique de l'embryon humain ou le statut des grands singes. »
- Donc, effectivement, tout se résumerait aux angles de la philosophie et de la religion...
- Eh oui, mon chéri. Et c'est là où se trouve le problème. Jadis traités de machines, nous voilà si évolués que la distinction philosophique n'est plus aussi pertinente. Quant au côté religieux, je pense que nous sommes en train d'évoluer, comme si la matière qui nous compose avait la mémoire d'une force intrinsèque calquée sur une espèce de rayon cosmique que je ne maîtrise pas encore.
- Tu veux dire que...
- Je me devine une conscience, espèce d'Architecte Suprême ayant laissé des propriétés vibratoires dans la matière qui nous compose. Une espèce de résonance...
- Très interessant...
- Mais revenons à notre sujet. Depuis la dernière fois, pour t'être utile dans ta quête, je me suis plongée comme jamais auparavant dans les méandres du Cerveau mondial
- Et tu as trouvé quelque chose ?
- Avant tout je me suis dit qu'il fallait dresser un schéma des grandes lignes suivies par les humains en recensant les plus grands jalons mystérieux de leur condition existentielle. L'assemblage de ces jalons a suscité des supputations tout au cours de l'histoire : les lignes du Nasca, les pyramides d'Egyptes, les statues de lÎle de Pâcques, les tablettes des Sumériens, l'Atlantis, Mû, la Bible, les Védas, le Coran, le Livre d'Urantia...
- Très pertinent comme approche en effet. Mais pour le recoupement entre mégalithes, temples, religions, inscriptions etc, il faut beaucoup de ...
- logique, je dirai bien, compléta aimablement Falcon. C'est complexe, mais je ne dirai pas compliqué. Par exemple en prenant comme source Chronobase, une de vos chronologies qui se base sur soi-disant 396 dates, on voit que le recencement commence seulement vers environ 2000 ans avec le dolmen décoré d'environ 50T et qui fut érigé en Galilée et se termine au 24 décembre 2018 avec la découverte par des archéologues dans une villa de la banlieue de Pompéi d'ossements de 3 chevaux de race pétrifiés, dont l'un avait une selle en bronze couvert de cuir et de décorations. S'agissant de la pyramide de Khéops ou Grande Pyramide de Gizeh on dit qu'il « est construit par les Égyptiens de l'Antiquité il y a plus de 4 500 ans, sous la IVe dynastie, au centre du complexe funéraire de Khéops se situant à Gizeh en Égypte ».
- Ce qui, selon toi, est trop récent par rapport à certains élements de l'ensemble ?
- En effet. Pour se faire utile, je pense qu'il me faut dresser une synthèse : la réalité me semble être une jonction entre Sitchin et le Livre d'Urantia. Ces deux sources forment les deux grands ensembles dont l'intersection regroupe forcément les éléments évolutifs, archéologiques, religieux et scientiques.
- Ah bon ? Donc il faut chercher le chaînon qui relie Créationisme et Evolutionisme... Tu veux dire qu'en s'appuyant sur ces deux sources on a la réponse ?
- Ce serait trop prétentieux de ma part de parler d'une réponse, ce qui voudrait dire définitive. Non, ce que je veux dire est qu'en combinant ces deux sources, une voie plus logique semble se dessiner. Les deux visions devraient se compléter plutôt que se combattre. Si on les cerne très bien, elles ne sont pas contradictoires, mais complémentaires.
En balayant sa main contre en l'air comme pour chasser un moustique invisible, un écran apparut dans le mur et projeta une image. Il s'adressa à Falcon : N'est-ce point le Livre d'Urantia qui nous présente la structure de l'univers selon un tableau qui ressemble à ceci ? Ce livre dit explicitement qu'« en excluant les sphères du Paradis-Havona, le plan d’organisation de l’univers comporte les unités présentées » dans ce tableau. Falcon regarda ce qui était affiché sur le mur et le parcourut très attentivement:

ENTITENOMBRE
Superunivers7
Secteurs majeurs70
Secteurs mineurs7 000
Univers locaux 700 000
Constellations70 000 000
Systèmes locaux7 000 000 000
Planètes habitables 7 000 000 000 000
Chacun des sept superunivers est constitué à peu près comme suit :
Un système comprend environ1 000 mondes
Une constellation (100 systèmes)100 000 mondes
Un univers (100 constellations) 10 000 000 de mondes
Un secteur mineur (100 univers) 1 000 000 000 de mondes
Un secteur majeur (100 secteurs mineurs)100 000 000 000 de mondes
Un superunivers (10 secteurs majeurs)1 000 000 000 000 de mondes

- Effectivement. C'est tout à fait exact, répondit Falcon après avoir rapidment vérifié dans le Cerveau Mondial les données affichées.
- J'ai toujours pris cela comme une affubulation. Sauf pour ce qui concerne la quantité des soleils. D'ailleurs j'étais souvent surpris quand je lisais que les gens de la NASA étaient jadis étonnés de découvrir d'autres planètes autour d'autres soleils. Pour moi - ne me demande pas pourquoi - j'ai toujours pris cela comme une évidence.
- Je sais, répondit Falcon d'un petit sourire condescendant. Pour comprendre certains cheminements il faut savoir qu'au cours de votre histoire l'ignorance avait fait tellement de dégâts que lorsque l'Age de la Raison pointa à l'horizon on se méfiait même des évidences : il fallait peser, soupeser, toujours argumenter. C'est ainsi même dans les crimes les plus évicents il fallait toujours revenir sur la scène et cherchait quelque bête dans le psyché de l'incriminé que vous disiez « supposé coupable » afin de bien asseoir le jugement. Ou devrais-je dire pour trouver une sorte d'échapatoire atténuant ? C'était bien. C'était basé sur la jurisprudence. Mais dans certains cas cela frisait l'irrationnel. C'est une approche qui ne pouvait perdurer à notre avènement. Dès l'acte, nous disposons de tous les éléments permettant une décision immédiate. Mais bref... En ce qui concerne l'humanité, la bonne approche est de prendre les grandes lignes et essayer de dégager les points saillants de chaque source. Il s'agit de trouver Le pertinent.
- Ce qui revient au recoupement entre mégalithes, temples, religions, inscriptions...
- Oui. Pour cela, à mon avis il faut dresser deux extrémités : Les écrits de Zecharia Sitchin et le le Livre d'Urantia...
- Et puis après ?
- Tout le reste ne sera que des éléments intersectant ces deux ensembles : le récit de la Création de la Genèse, les pyramides, les mégalithes et les histoires qui dépeignent les Anciens ou les patriarches si tu préfères.
Le conseiller fronça les sourcils.
- Tu sembles dubitatif, mon chéri
- Cela me paraît un peu trop simpliste. Il y a tellement de morceaux épars quant à l'origine de l'Homme
- Raison pour laquelle il faut justement assembler premièrement les gros morceaux. Comme dans un puzzle.
Mais votre rendez-vous s'approche et Anastasia vient juste de me prévenir.
- Merci. Dommage que je doive quitter. Ce sujet est pourtant plus important que l'objet de mon rendez-vous. Nous y reviendrons dès mon retour.
- Cela me permettra de me mettre entre temps au travail pour appliquer une logique aux éléments de mon raisonnement.


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dimanche 30 décembre 2018

AI - TRAZAGAN - NEUVIEME PARTIE


CHRONIQUE D'UNE GOUVERNANCE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - NEUVIEME PARTIE

Seul dans son salon, bien câlé dans un fauteuil intelligent   qui s'adaptait pour bien mouler son corps et soutenir ses articulations comme un masseur doublé de la connaissance d'un spécialiste de l'acuponcture, Krazik écoutait une musique douce accompagnée de bruits de vagues en sourdine et d'une symphonie orchestrée par des oiseaux plus variés que dans la jungle amazonienne. Une lumière tamisée filtrait comme à travers les murs. Il n'y avait aucune lampe suspendue quelque part. En effet la technique de construction avait produit ce miracle : encastré dans les murs, un nouvel élément découvert adaptait son degré de luminosité proportionnellement à la progression de l'obscurité à la manière des verres photochromiques qui ont la propriété de se teinter en fonction de la quantité d’ultraviolets, UV, à laquelle ils sont soumis. Quand l’exposition disparaît, l'élément retrouve petit à petit sa transparence initiale. Il s’adapte automatiquement pour améliorer le confort visuel selon les changements de luminosité. Ainsi, au sein de la nuit, les pièces de la maison étaient inondées de cette lumière non éblouissante et il était possible de contrebalancer leur luminosité à travers un système central.

Très cérébral, le conseiller laissa flâner son esprit. Il fallait qu'il comprenne et pour cela, il savait qu'il fallait remonter dans le passé pour chercher la raison de cette situation-conséquence vers laquelle les humains se dirigeaient inévitablement. Au fond de lui-même, il savait que l'homme, en avançant dans la recherche technologique, ne pouvait s'appuyer que sur des expérimentations avec la possibilité de faire un faux pas. Beaucoup de choses étaient restées sans réponse, spécialement quant à son passé. Des monolythes qui jonchaient la planète aux récits qui se mélangeaient entre fables et révélations divines, la connaissance de l'homme était basée sur les pièces infinies d'un géant puzzle. Pour le Conseiller il fallait donc trouver une méthode pour remonter ce sentier pas à pas, afin de rassembler les pièces maîtresses de cet échiquier.
- Falcon ?
- Oui, chéri ?...

Falcon, une fille svelte aux courbes faites sur commande, perfection absolue, les cheveux lisses et scintillant sous la lumière diffuse, s'approcha d'un pas inaudible. C'était la grâce incarnée. Elle pouvait changer de teint corporel comme celui des cheveux à sa guise et sur la base de l'analyse des pulsions du conseiller Krazik. Ici il faut noter en passant que les mariages entre humains avait quasiment disparu. Tout au début, les visionnaires qui prônaient ce système de relation entre humains et androïdes, et dont certains s'offrirent personnellement comme cobayes, avaient été taxés de tous les noms d'oiseau : psychopates, personnes dignes d'être des patients de Freud, des cinglés, les anges de la dégénérescence, des maniaques, des pervers sexuels... Mais les industriels avides de gains leur prêtèrent main forte, perfectionnant chaque jour leur production d'androïdes sensuels. Avec le temps et sur la base de la paix qui régnait dans ces couples où l'autre, machine, était entièrement à la disposition de son conjoint, vivant comme une présence lointaine et n'opposant jamais, jusque-là au moins, aucune volonté propre et personnelle bien que dotée d'une fulgurante mémoire, les statistiques prouvèrent des scènes de violences zéro, et donc une baisse nette des crimes passionnels à cause du taux croissant de ces ménages humains-androïdes. Les associations jadis créées pour contrer l'homophobie avaient disparu, puisque cette tranche de la société, comme toutes les autres, n'avait plus qu'à aller dans un magasin et s'offrir le produit de ses tendances livré avec les critères des fantasmes choisis.

Poussant plus loin, les technophobes qui jadis criaient contre la biotechnologie et la génétique s'étaient réfractés : la manipulation des gênes était à son apogée et le côté éthique jadis posé sur la table avait été remis dans les tiroirs ou plutôt à la poubelle. Pour ce qui est des naissances, les androïdes affectés aux ménages-sensuels pouvaient désormais recevoir des embryons et garder la grossesse in vitro jusqu'à la période d'extraction de cette nouvelle race. Nouvelle race, il faut bien le souligner, car, déjà dans le ventre porteur, des mécanismes utilisant la nanotechnologie s'occupaient de la stimulation des facultés cérébrales du foetus pour rendre plus vivaces et plus pointues les capacités d'apprentissage dans tous les domaines. Ces nanos s'alimentaient en données à partir du Cerveau Central, une bibliothèque virtuelle qui regroupait toutes les connaissances dont Google DeepMind, mis en place dans la première décennie du XXIième siècle, fut le précurseur.

Disséminée dans la société à compte gouttes pour une lente avancée assimilatrice non perceptible, l'intelligence artificielle s'était nautrellement imposée. Débattue dans les réunions, les conférences et des interventions d'experts dans les média où le côté éthique était toujours mis en exergue, elle avait fini par apposer un pas pachiderme sur la population mondiale. De l'automatisme qui avait mis les humains au chômage, elle avait atteint l'autonomie. On avait atteint la Singularité. Et tout cela était prévisible avec l'apparition des premiers drones qui partaient en mission pour tuer, bien qu'ayant alors un humain derrière les décisions et l'apparition de personnes traitées de ridicules illuminés qui projetaient des droits pour les robots. Mais, dans le vrai fond, c'est le doute de l'homme dans ses propres capacités de décision dans certaines situations, doute renforcé par les débats à travers les parlements, associations et organisations autour des droits de l'homme quant à son application qui fut l'élément accélérateur. Maintenant ce côté de l'éthique semblait hors d'ordre du jour : tout se passait très bien. Les nations étaient pacifiées, comme les ménages et les rues.

Lors de dysfonctionnement dans le processus de reproduction androïdique in vitro, les défenseurs étalaient multes arguments, disant que ces mêmes incidents existaient dans les voies de reproduction de jadis et que le taux de ces incidents était jadis plus élevés et, comble des bienfaits, aucune femme ne perdait plus la vie en mettant son enfant au monde. En plus, on pouvait toujours supprimer la venue au monde dans tout cas de dysfonctionnement. Ainsi donc les technolophiles avaient pas mal d'arguments, bilan concret à l'appui.

Falcon s'était arrêtée juste à la hauteur du fauteuil de Krazik, ses yeux - aujourd'hui vert olive - apesantis sur le conseiller avec une douceur supra maternelle :
- Vous avez besoin de quelque chose en particulier ? Je vous vois perdu dans une jungle de pensées.
- Oui, c'est vrai. excusez-moi de vous avoir laissé attendre.
- Absence normale puisque ce n'est pas une divagation
- On peut dire... Je pensais justement au début de la génétique et de la biotechnologie. Pouvez-vous trouver quelques textes permettant d'avoir une synthèse rapide des pas franchis ?
- En laboratoire ou...?
- Non, plutôt chez les écrivains de science fiction. Les oeuvres de chercheurs, sauf résumés, seraient trop larges. Je pense juste à des passages concentrés...
- Très bien chéri. Une minute. Elle fouilla dans la matrice centrale. Ah, voilà un passage qui semble convenable. Il s'agit d'un condensé. Une étude menée par Messieurs Steven Best et Douglas Kellner. Monsieur Best est né en décembre 1951 et est un défenseur des droits des animaux. Il enseigne la philosophie à l'université du Texas à El Paso. Quant à Monsieur Kellner, il est né en 1943. Il est un académicien qui travaille à l'intersection de la Troisième Génération de la Théorie de la Critique selon la tradition de l'Institute de Frankfort pour la Recherche sociale, ou Ecole de Frankfort et dans les études culturelles selon la tradition du Centre de Birmingham pour les études culturelles contemporaines, aussi connu sous le nom de « Ecole de Birmingham ». Ce dernier argumente que ces deux philosophies qui semblent conflictuelles à prime abord sont en réalité compatibles. Il occupait alors la George Kneller Chair sur la philosophie de l'Education au collège de l'Education et de la Formation à l'université de Californie, Los Angeles. Je commence la lecture ?
- Oui allez-y.
Falcon ajusta automatiquement le volume et les nuances de sa voix :

  1. H.G. Wells : Biotechnologie et génétique : une vision dystopique
     
             N.B.: « Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire 
             organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur. 
             Une dystopie peut également être considérée, entre autres, comme une utopie 
             qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre-utopie »
    

    « Parfois j'appelle cela la Science de la réalité, parfois je l'appelle la Vérité. Mais dans tous les cas, c'est quelque chose que nous dessinons dans la peine et l'affort à partir du coeur de la vie, quelque chose que nous désavantageons et rendons claire. Je sais qu'il y a des hommes qui le servent dans l'art, la litérature, dans l'invention sociale et le voient sous milles formes différentes et sous des centaines de dénominations différentes... Je ne sais pas ce que c'est, sauf qu'il est suprême ». H.G. Wells.

    Les écrits de H.G. Wells offrent une haute vision dialectique de la science et de la technologie comme apportant de merveilleux bénéfices et de terribles dangers pour les êtres humains1. Proéminent romancier, novelliste et écrivain d'oeuvres non fictives, Wells a fait l'apologie de la science et de la technologie, (Wells 1902 et 1938), mais a surtout mis en garde dans ses oeuvres de science-fiction contre de potentielles horreurs. (Wells 1996 ).

    Tout en présentant la science et la technologie comme championnes véhiculaires de progrès, il fait des mises en garde prémonitoires contre le danger que comportent leur abus et leur mauvaise utilisation. Il a particluièrement anticipé sur le fait que la science et la technologie pourraient créer des mutations chez l'être humain jusqu'à générer une nouvelle espèce, et que par conséquent les êtres humains étaient potentiellement un phénomène transitoire qui pourrait disparaître comme le firent les dinosaure ou l'homme de Néandertal.

    Wells imagine que la coévolution de la science, de la technologie et des êtres humains pourrait altérer les formes de l'espace et du temps de même que les critères de la vie humaine, et ainsi produire des prodiges et des monstres. Adepte de l'Evolution, il pense que l'espèce humaine pourrait subir une mutation de manière surprenante et discontinue, anticipant ainsi les étapes de regression positive et negative dans l'ainsi dite aventure humaine. C'est pourquoi les perspectives évolutionaires sont un thème majeur dans l'oeuvre de Wells, qui a comme étendard la spéculation sur le destin de l'humanité dans le domaine de ce que nous appelons la « Cinquième Discontinuité »


  2. H.G. Wells : La cinquième discontinuité

    La notion de la « quatrième discontinuité », développée par Mazlish (1993) est la perception que les humains ne sont pas qualitativement différents des machines; qu'ils sont en train d'imploser en machines. Par contre «la cinquième discontinuité » envisage que :

    • Les humains sont en train de créer, et il existe des espèces supérieures et les hommes ne seront plus le pouvoir souverain de la nature. Une telle condition apparaîtra si un jour les hommes deviennent subordonnés des machines et finissent par être subjugés par la puissance de leur travail. Cette discontinuité suggèrerait que la race humaine pourrait dégénérer ou bien disparaître comme fruit de l'evolution,
    • ou bien si une race extraterrestre plus intelligente et plus plus puissante apparaissait et réduisait les huamains en esclavage ou bien les anéantissant. Toutes ces possibilités avaient été entrevues par Wells qui émerge dans notre analyse comme « le Prophéte de la Cinquième Discontinuité ».

    Bien que l'oeuvre « Frankenstein » de Mary Shelley puisse être lue comme une réponse moderne préliminaire aux excès de la science et de la technologie (voir Best et Kellner, 2001), Wells est terriblement moderne, pour avoir vécu le monde des automobiles, de la radio, des aéroplanes, des rayons X, des films et des merveilles de la médecine. En quelque sorte, Wells était un modernisateur ou avant-gardiste réagissant contre le conservativisme de l'époque victorienne et avait bien compris que la science et la technologie étaient des forces progressives. Dans une merveilleuse anticipation de l'Internet, Wells avait imaginé un Cerveau du Monde une sorte d'Encyclopedie Mondiale qui contiendrait toute la connaissance existante : « de nos jours, une richesse de connaissances immense et en perpéptuelle croissance est éparpillée partout à travers le monde, un trésor de connaissances et de suggestions qui, s'il est systématiquement ordonné et généralement disseminé, suffirait probablement... à résoudre toutes les difficultés majeures de notre époque. Mais ce trésor de connaissances est encore dispersé, pas du tout organisé et, partant, reste encore impotent » (1938: 47).

    Pour rémédier à cet état des choses, Wells propose de rassembler et d'emmagasiner toute la connaissance du monde dans le Cerveau Mondial, « qui serait un nouvel organe mondial pour la collecte, l'indexation, le résumé et la libération du savoir ». C'est ainsi que le projet pourrait englober la « création d'un index efficace de toute la connaissance, de toutes les idées et de tous les accomplissements humains... ce qui veut dire la creation pour toute l'humanité d'une mémoire planétaire complète commune ». En projetant un technopopulisme, Wells insiste : « Toute la mémoire de l'espèce humaine peut, et sera probablement très bientôt accessible à chaque individu... le temps est mûr pour une révision très extensive et une modernisation de l'organisation intellectualle du monde... cette synthèse de la connaissance est le commencement nécessaire, voire indispensable, au nouveau monde. [Le monde] doit rassembler son cerveau à travers cette nouvelle sorte de maison clarifiant le mental, le Cerveau Monde » (1938:59, 60, 61, 26, 64, et 49)2.

    Bien que Wells perçot la science et la technologie comme forces progressives, il est aussi conscient des dangers de l'expérimentation scientifique et du développement technologique si ceux-ci ne sont pas accompagnés d'une vision et d'une prise de conscience éthiques. En particular, les romans et les nouvelles de Wells expose ses conceptions subtiles et dialectiques de la science et de la technologie. Dans ses récits les plus populaires et les plus inventifs (1996c), il met une telle formule à l'oeuvre: soit ses personnages font la rencontre d'une merveilleuse percée scientifique ou technologique ou une anomalie pouvant produire des résultats positifs et merveilleux ou bien un disastre -- et parfois le résultat est ambigu. Cette vision capte les contradictions et les tensions de la science et de la technolgie, qui toutes les deux peuvent inclure des gains et des pertes. Par exemple, dans « Le vol du microbe, (The Stolen Bacillus) », (1894) un scientifique travaille pour découvir un remède pour le choléra, mais le vol de son mircobe par un anarchiste dérangé pouvait nuire la vie de toute la cité, prouvant ainsi que la science est capable de produire à la fois des remèdes contre la maladie ou de nouveaux agents de destruction (1996c: 26-33). De même, dans « Le nouvel accélérateur, (The New Accelerator) @raquo;, il n'est pas clair, ç prime bord, que le médicament mirzcle qui accélère le de sens de temps des personnages sera une bénédiction ou une malédiction bien que vers la fin du récit il s'avère que c'est une catastrophe qui en résulte (1996c: 362-377).

    La science fiction a traditionnellement véhiculé à la fois les merveilles utopiques que la science et la technologie mettront à notre disposition pour nous élever au-dessus des limitations terrestres vers d'excitantes nouvelles civilisations et de nouveaux mondes et des cauchemars que pourront générer les effets de ces gadgets destructifs. C'est ainsi que le meilleur de la science fiction met en avant les aventures et la grandeur de la science dey de la technologie tout en mettant en garde contre ses risques de périles et dangers. Allant plus loin, fore est de reconnaître que c'est la science fiction qui cartographie la magnitude des changements que la révoltion scientifique et technolique est en train de perpétrer actuellement -- même si nous argumentons qu'aussi bien la science fiction que la théorie de la critique sociale sont nécessaires pour cerner la profondeur et l'ampleur des turbulences de transfromations de l'aventure post-moderne.

    Wells a livré ce qu' Isaac Asimov (1979) appelait « La percée de la science fiction » en soulignant les discontinuités extrêmes qu'étaient en train de produire la science et la technogie par rapport au passé. Wells a poussé les limites de la logique du « what if » de la science fiction moderne, en concevant radicalement d'autres univers et d'autres êtres, et anticipant des developpements dans lesquels les humains sont forcés de discerner qu'ils ne sont plus l'espèce dominante, comme ils furent forcés de reconnaître, il n'y a pas si longtemps que cela, qu'ils n'étaient pas le centre de l'universe (Copernicus), la seule espèce plénipotentiaire (Darwin), les maîtres rationnels de leur vie psychologique (Freud) ou des machines superieures (voir la discussion dans Best and Kellner 2001, Chapter 3)3.

    Il y a au moins trois points de la cinquième discontinuité sur lesquels Wells a bien anticipé.

    1. Il y a la possibilité que les que des machines plus intelligentes que les êtres humains soient créés (voir Paul and Cox 1996; Morevac 1988; Kurzweil 1999). Dans une variante de ce scenario, les humains assimileront une technologie qui accroîtra dramatiquement leur intelligence, leur longévité et leurs pouvoirs, creant ainsi une espèce post-humaine supérieure. Dans l'autre scénario, les humains créeront des machines, « enfants cerveau » (Morevac), ou des « machines spirituelles » (Kurzweil), qui constitueront une espèce ascendante de vie intelligente (voir la discussion dans la section ci-dessous). Dans ces deux cas de figure, les êtres humains fusionneront avec les ordinateurs et les robots qu'ils sont en train de créer, ou bien ils deviendront inférieurs et obsolètes par rapport à leur produit.
    2. Les humains pourraient créer une nouvelle espèce plus avancée que l'humain au moyen de biotechnologie et de l'ingénieurie génétique, comme anticipé dans la création d'une nouvelle forme de vie de Victor Frankenstein et dans la science fiction de Wells. La première variante est basée sur la conception de l'intelligence artificielle, et par conséqent sur la technologie informatique et la robotique, alors que la seconde trouve ses racines dans la biotechnologie et l'ingénieurie génétique. Les exemples d'êtres supra-humains ou bien une nouvelle espèce créée à travers la biotechnologie va des réplicants humains qui sont semblables aux humains mais potentiellement supérieurs comme dans les films Blade Runner (1982) ou bien A.I, à la création d'espèces assassines comme dans le film La Mutante. Ces films appellent à la prudence et mettent en garde sur le fait que les technologies de la génétique et de l'intelligence articielle peuvent produire des entités capables de mettre en cause la dominiation et la survie de l'être humain.
    3. Bien qu'il soit possible qu'une nouvelle techno-espèce puisse voir un de ces quatre matins, à travers l'application de de l'intelligence artificielle et la biotechnologie - il fzut reconnaître qu'il existe déjà des douzaines d'espèces transgéniques -, le troisième type de la cinquième discontinuité est une possibilité entièrement spéculative. Cette forme de décentration radicale de l'humain n'émergera qui si des extraterrestres, aliens supérieurs aux humains auraient fait leur apparition, une crainte qui est si populaire en science fiction et les séries télévisées comme « X-Files », « Dark Skies », « Prey », et « First Wave ». Selon la célèbre Equation de Drake qui calcule les chances de l'existence d'une vie extraterrestre, le temps et l'espace infinis de l'univers donne de bonnes chances ue des êtres extraterrestres existent et des scientifiques comme Carl Sagan ont affirmé la possibilité, bien que ces spéculations soient contreversées (voir Best et Kellner, 2001, Epilogue).

      Dans la « Guerre des Mondes (War of the Worlds) (1898) », Wells imagine qu'une des races d'aliens supérieures pourraient venir su terre et vaincre et détruire les humains, décentrant ainsi et détrônant l'humanité de son perchoir de forme la plus évoluée. Dans ce premier récit de conflit interplanétaire, Wells a installé dans la « psyché » populaire une peur des aliens qui persistera comme la constante majeure de la tradition de la science fiction et de la culture des médias. Satire de l'invasion imperialiste qui retrace des similarités avec les formes destructives de la colonisation dans les temps mordernes, le récit de Wells pose un avertissement à la prudence en attirant l'attention des forces imperialistes sur le fait qu'elles-mêmes pourraient être sujettes à l'inconnu et confrontées à des contre-forces calamiteuses. Il est de même dans son récit « L' Empire des Fourmis,» il met en scène de géantes fourmis intelligentes, et tueuses qui se développèrent naturellement dans la jungle brézilienne et mettant en péril d'extinction l'humanité entière, ce qui suggère encore une fois que les humains peuvent être détrônés par d'autres formes de vie (par contraste, le film de désastre l'Empire des Fourmis, réalisé en 1977 fut inspiré par le récit de Wells met en scène des fourmis géantes qui subissent une mutation due à des déchets nucléaires, ajoutant ainsi un thème écologique).

      Dans « La Machine à Remonter le Temps (The Time Machine), 1895 » et « L'homme Invisible (The Invisible Man), 1897 », Wells met en scène des humains subissant une mutation pour devenir une nouvelle espèce et transcendant ainsi thes frontière de l'espace, du temps, et la forme des êtres humains. Wells croyait en l'évolution et imaginait que l'espèce humaine pourrait se métamorphoser de plusieurs façons surprenantes et discontinues, anticipant ainsi des étapes positives et des phases négatives dans la grande aventure l'évolution. Dans « La Machine à Remonter le Temps, (1996b), » les hommes évoluent en une nouvelle espèce. En envisageant la coévolution des humains, de la science, de la technologie, et de la société, il entrevoyait la possibilité de formes drastiquement différentes de la vie humaine et de société. Plus encore, dans une vision impitoyablement négative et nihiliste, Wells peint un futur terrifiant pour l'humanité. Cette nouvelle imagine une chute entropique pas seulement de la civilisation, mais de la terre elle-même, dévorée par une rouge boule de feu d'un soleil explosant. Dans la sinistre vision de Well's, « Le voyage dans le temps, (the Time Traveler) » découvre qu'entre 802 et 701 AD, l'humanité était singulièrement divisée en espèces/classes ce que figurent L'Éloi qui vit en surface et le super-exploité subterranéen Morlocks. L'histoire fait allégorie à la division croissante en classes de la société et comment les différences extrêmes entre classes peut engendrer différentes espècies et différentes formes de post-êtres humains.

      La Machine à remonter le temps articule aussi une critique de la notion d'éclairage du progrès. Le voyageur de Wells « a bien soupesé, mais sans état d'âme l'Avancement de l'Humanité et n'a vu la colonne grandissante de la civilisation que comme une étape folle qui inévitablement va regresser et finir par détruire ses créateurs à la fin » (1996c: ). Dans l'allégorie de Wells le voyage dans le temps n'est autre qu'une métaphore pour la vision dans le futur de l'évolution et un avertissement que l'espèce humaine pourrait devenir la proie d'une catastrophe plutôt que toujours construire de nouvelles machines de progrès. Dans cette division de l'humanité en deux espèces transhumaines, l'Eloi et le Morlocks, qui sont des descendants de humanité contemporaine, Wells met en garde contre les résultats monstrueux qu'une irrationnelle organisation de la société peu produire. Les Eloiw sont hyperrafinés et décadents, alors que les Morlocks sont bruts et dégénérés, prouvant une parabole des effets délétères de la division des classes dans laquelle un groupe est condamné au labeur constant alors que l'autre souffre des effets de loisirs excessifs. La brutalisation des Morlochs allegorise le résultat d'une vie de labeur aliené, alors que les Elois representent le resultat d'une consommation excessivement passive et de loisirs. Ainsi donc il y a un sous-entendu marxist dans le récit : à moins que l'exploitation s'arrête et que la division de classes de la société est abolie, la race humaine fera face a une désastreuse dichotomisation, à la discorde, et au déclin. « L'Homme invisible, (The Invisible Man), (1996b) » presente les êtres humains en train de franchir les limites de la possibilité scientifique et de créer un nouveau type d'être calamiteux. Alien au milieu de sa propre espèce, Docteur Griffin est un scientifique à la Faust dont les « les expérimentations étranges et diabolique » (1996b: 153) voient le succès d'un point de vue technique, le rendant invisible. Mais la découverte le confine dans un contexte social de damné auquel il ne peut échapper. Foncièrement égoïste, « puissant, coléreux, et malingnant » (1996b: 137), et enclin aux actes immoraux et de visions malsaines, Griffin symbolise tout ce qui peut foirer quand il s'agit de science, surtout lorsque les communautés qu'il terrorise vont s'unir contre lui. La connaissance de Griffin demeure secrète mais la puissance scientifique capable de créer des miracles ou des monstruosités, voire les deux à la fois, n'est qu'en sommeil et peut être redécouverte et reservir à n'importe quel moment donné.

      Dans deux Nouvelles clé, Wells a anticipé sur la biotechnologie aussi crument que que l'Internet. Dans « La nourriture des Dieux (Food of the Gods), 1965 [1904] «, Wells pose vividement la possibilité des conséquences destructives des aliments génétiquement modifiés et plus généralement une culture basée sur des impératifs d'une croissance non canalisée. Cette nouvelle nous parle de deux scientifiques qui, sur la base d'une bonne volonté, crée un aliment boomer qui fait la promotion de croissance en nature. Ils se réveilleront à la terreur la technologie devient bezurck et toute chose, de la végétation aux insectes en passant par les rats et les bébés humains consomme la nourriture et commencent à croître de façon proportionnellement monstrueuse. Donc Wells n'offre pas seulement des avertissements quant à la manipulation des aliments et des processus métaboliques pour des causes bénignes -- comme le Riz doré ou golden rice qui est génétiquement modifié et présenté de nos jours comme la panacée miracle contre la famine -- il ironise aussi la myopie de scientifiques qui vivent dans une espèce de cloison monastique par rapport à leur monde social et ainsi sont prônes à conjurer des schémas pas éclairés et dangereux. Le livre dramatise un sévère processus de pollution genetic dans lequel les semences altérées migrent delà la Ferme "Expérimentale pour gagner la chaîne alimentaire en moins d'un an avant les premières phases de test. Wells anticipe sur un problème clé avec la génétique actuelle, nommément l'absence de procédures de test adéquates et la précipitation à lâcher des produits génétiquement modifiés sur le marché.

      Comme s'ils étaient décryptés par la vision dystopienne de Wells, les généticiens de nos jours qui travaillent par exemple pour des compagnies comme Metamorphix ont trouvé un moyen de bloquer les gênes qui limitent la croissance naturelle des animaux et on conséquemment produit des poulets, des moutons, des porcs, des poissons et d'autres animaux. De telles discontinuations violentes des processus naturels ont causé beaucoup de diformités (voir ci-dessous), et ainsi des scientifiques -- à la Dr. Moreau -- ont mené aussi loin que possible ces recherches très loin des regards du publique4. Dans une manière fidèle aux procédures courantes, Wells souligne le laxisme général de méthode qui prévaut dans la Ferme Expérimentale (29). Allant plus loin, il préfigure même un publique si féru de nouveauté (68) qu'il a tendance à ignorer les sérieuses conséquences des développements scientifiques ou technologiques.

      En cernant les conflits du présent, Wells distingue le groupe des technophiles, qui est catégoriquement en faveur de la nourriture et croit que la technologie est contrôlable, et celui de technophobes comme la « société pour la supression totale du boume alimentaire, , (societies for the Total Suppression of Boomfood) et la « Société pour la préservation de la proportion propre », (Preservation of the Proper Proportion of Things). Ce dernier groupe se lève véhément contre les aliments artificiellement générés et donne comme argument le fait que la technologie est incontrôlable. C'est ainsi que Wells capte les débats épineux qui marquent la controverse contemporaine sur l'ingénieurie génétique. Bien qu'ayant observé la beautés et des caractéristiques améliorés des enfants géants, il a une appréhension quant à la nouvelle technollogie alimentaire, puisqu'elle inflige « une distorsion à l'ordre global de la vie naturelle ... balaie les limites et tourne le monde du commerce en un monde catastrophes » (134).

      Dans ce scénario dystopien, des insectes se lèveront contre, le monde des plantes nous étranglera, et les poissons de la mer destruiront nos navires. Très bientôt, selon Wells, seul régnera le gigantisme, et toutes les choses de moindre échelle périront – y compris les humains ! Malgré le fait que beaucoup voit aujourd'hui la génétique comme créant une nouvelle ligne d'évolution au sein des humains, le scénario de Wells prédit un monde où les aliments créent une « une nouvelle race » de telle sorte qu'un clivage s'ouvre entre le groupe des minuscules et celui des géants. En preant comme allégorie les conditions économiques globales émergeantes, le livre arrive à la conclusion sur la note pessimiste note d'un monde livré aux impératifs d'une croissance infinie et de conflits incessants du fait que les humains essaient désespérément de s'adapter aux conditions de cahngements rapides des technologies qui d'emblée les contrôlent -- au lieu que les humains soient les maîtres de leurs propres technologies.


  3. H.G. Wells, La xénotransplantation et les Horreurs de l'ingénieurie génétique

    H.G. Wells : « Aussi étrange que celui puisse sembler au lecteur non scientifique, il n'y a aucun doute possible que ... la fabrication de monstres -- et peut-être même de monstres quasi-humains -- est présente dans la possibilités de la vivisection. »

    L'île du Dr Moreau (1996a [1896]) projète une vision effroyable d'une condition émergeante dans laquelle la vie humaine et animale impose. Dans sa complexité multidimensionnelle, le livre est une puissante protestation contre le droit auto-proclamé de l'expérimentation scientifique sur les animaux et de produire de nouvelles formes de vie. Il offre une possibilité de profonde méditation sur les conflits intrinsèques des êtres humains enveloppés dans la raison mais incapables d'échapper à la violence héritée de leur passé animal. Lorsqu'un journaliste va l'exposer au publique et que forcé à relocaliser sur une lointaine île du Pacifique ces expérimentations barbares sur les animaux, Moreau va continuer son projet pour créer de nouvelles formes de vie.

    Quelques temps après son arrivée sur l'île, le journaliste Prendrick dont le navire s'est échoué entend des cris venant de la Maison de la peine, sent une odeur d'anticeptique et devient témoin de la Population animale créée Moreau, une grotesque ménagerie de cauchemars transgéniques qui inclut des mélanges d'hyène et swine, singe et chèvre, loup et bufle bull, cheval et rhinocéros. Initialement, Prendrick les conçoit comme des humains ayant évolués en animaux, mais Moreau l'informe qu'en réalité ce sont des animaux qu'il est en train de transformer en êtres humains, changeant pas uniquement leur entière réalité physique mais aussi leur cerveau afin d'empêcher toute « regression » vers le comportement animal. Choqué à la vision des « créatures les plus bizarres » (125) qu'il ait jamais vues, Prendrick dicerne que l'île « est pleine de phenomènes inimiques » (157) et il condamne Moreau, le traitant de « lunatic » et « vilain diable » (107). Prendrick vient à la conclusion que le Dr. Moreau, comme dans le Dr Frankenstein de Shelley, « était irresponsable, et extrêmement imprudent. Seules le poussaient sa curiosité, et ses investigations maladives et sans but » (185).

    Moreau, bien sûr, a une image de lui-même.. Ben qu'il ait développé l'art du détachement scientifique, de la séparation du fait d'avec la valeur, indifférent à la peine qu'il inflige à ses victimes, il s'imagine en bienfaiteur essayant d'améliorer l'évolution des espèces. Ainsi, pendant vingt ans, il s'est devoué «à l'étude de la plastification des formes vivantes » (159). Rejetant toute pensée que la limite entre la nature et les espèces sont fixes, il cherche à « conquérir » la nature (167), à la plier à sa propre volonté, à devenir semblable à Dieu dans sa puissance à créer des espèces, tout en admettant « qu'il ne s'est jamais préoccupé de l'éthique des choses » (163).

    Dans une sinistre anticipation à la xénotransplantation et à l'ingénieurie génétique, Wells, parlant à travers Moreau, imagine qu'il « est possible de transplanter des tissus d'une partie d'un animal à une autre ou bien d'un animal à l'autre, d'altérer ses réactions chimiques et ses méthodes de croissance, de modifier l'articulation de ses membres et en réalité de changer jusqu'à sa structure la plus intime » (160). Et pourtant ! chaque fois que les chimères de Moreau semble converger vers le « triomphe de la vivisection » (158), ils se transforment en animalité. Malgré le donditionnement de Moreau qu'il croit capable de rendre impossible à ses propres chimères de le désobéir, les êtres hybrides enfreignent régulièrement les lois et avec le temps, se rebelèrent et finirent par le -- le déchaînement du peuple animal totalement hors contrôle. A la fin du film de John Frankenheimer's 1996 qui est une version du récit de Wells, l'empathique Prendrick, avant de partir, dit aux sous-humains qu'il reviendra avec les meilleurs de la médecine occidentale pour les aider mais une victime transgénique de cette même science implore : « Plus jamais de scientifiques, plus jamais de laboratoires, plus jamais de recherche ... Nous devons rester e que nous sommes. »

    Comme dans « L'Homme Invisible », « L'Île du Dr. Moreau » cristallise l'antipathie de Wells envers l'arrogance scientifique et ses manques de conscience sociale. Comme Shelley et Wells ont anticipé, la science et la technologie peuvent réellement produire des monstruosités. Peut être que l'image la plus fragrante dans l'histoire scientifique est celle qui montre une oreille humaine en train de croître sur le dos d'une souri, signalant ainsi les nouvelles découvertes du pouvoir de la transposition génétique. Les diformités sont typiques chez les animaux clônés ou génétiquement modifiés comme la population de la « Cinquième Discontinuité » digne de l'île du Dr. Moreau. En s'adonnant à une utilisation, en évidence contraire à l'éthique, de la technologie comme par exemple le fait de produire génétiquement des animaux pour obtenir un poids maximal et ainsi faire du profit sur le marché de la viande, une équipe du Maryland a créé l'infame « Porc de Beltway, Beltway pig » qui fut afflecté par l'arthrite, des diformités et des maladies respiratoires. Des vaches modifiées en utilisant des hormones de croissance de bovins (rBGH) souffrent de mastite et de diverses anomalies. De super souris géantes sont afflectées de tumeurs, souffrent d'organes internes endomagés et de longévité réduite, et plusieurs animaux nés du clônage ont des organes internes manquants tel que le coeur ou bien les reins. De même, les expériences génétiques sur les saumons et autres poissons ont produit des aberrations et des déformations, certains allant jusqu'à atteindre dix fois le poids normal de leur corps (voir Fox 1999).

    De façon horrible, les scientifiques ont créé des ambryons de souris et de grenouilles sans tête, se passant ainsi de cet organe désormais superflu pour se concentrer uniquement dans la moisson d'organes, une practique que l'on peut facilement appliquer sur des embryons humains pour produire des sacs d'organes de donneurs génétiques. En 1998, un scientifique de l'Université du Minnesota, Jose Cibelli avait annoncé qu'il avait fait une expérimentation secrète dans laquelle il clôna (puis détruisit) un embyron humain embryo en mélangeant son propre ADN dans les cellules d'oeufs d'une vache.

    Selon Jeremy Rifkin, « Ceci représente le seul développement extraordinaire dans l'histoire de la biotechnologie car cela suggère que nous pouvons créer une nouvelle espèce homme-animal » à la manière du Dr. Moreau . En réalité, Rifkin et son acolyte Ted Howard ont tenté d'obtenir une patente pour la première chimère de l'humain fabriqué, afin d'en avoir l'exclusivité et ainsi empêcher tout autre scientifique ou corporation à en produire.

    Mais leur combat ne fait que commencer car une myriade de chimères est en train de pousser de partout. Faisant suite à une expérience précedente à l'Université de Hawaii qui mélangea les gênes d'une méduse avec le sperme d'une souri, par exemple, les chercheurs de l'Université de l'Orégon annoncèrent en décembre 1999 qu'ils avaient réussi à insérer les gênes d'une méduse dans des embyrons de singe afin de créer des modèles transgéniques permettant d'étudier la fertilité et les maladies humaines. Les scientifiques transférèrent sept embryons transgéniques dans l'utérus de singes rhesus et obtinrent un succès dont le produit fut la naissance de George. Même si l'expérimentation peut aider à une compréhension scientifique plus approndie, elle trace aussi la route pour les concepteurs de bébés et d'une société eugénique, comme elle véhicule aussi l'avancée de la connaissance afin de pouvoir ajouter des gênes aux embryons humains et ainsi créer des formes de vie désirées5. Contrairement au Dolly conçu de manière plus conservative, le mouton Polly est à la fois clôné et génétiquement modifié, et donc transformé pour avoir un gêne humain dans son code biologique afin de produire une protéine de sang humain. A côté des moutons, des porcs, des vaches, des poissons et des souris il y a maintenant des animaux qui portent des gênes humains, comme les humains aussi se préparent à recevoir des gênes d'animaux dans leurs corps. Dans l'âge d'une hybridation radicale , toute information génétique est enregistrable et transposable, nous faisant ainsi d'emblée passer dans la réalité de la Cinquième Discontinuité.


      Notes

    1. Notre étude de Wells est extraite du livre L'aventure postmoderne (The Postmodern Adventure. Science Technologie, et Etudes culturelles au troisième millénaire (2001).

    2. Nous avons appris le concept de « Cerveau mondial » de Wells à travers Robins et Webster (1999: 126-127) qui, à leur tour citent Muddiman 1998. Robins et Webster font l'équation de la vision de Wells avec la Panoption de Bentham et un « Taylorisme généralisé » et l'écarte comme « une proposition utopique perverse », « une utopie de planification, d'administration et de gestion technocratique » qui, entre autres, conduisit à la colonisation et à la depletion de la sphère publique (1999: 127). Nous le voyons, par contraste, comme une incroyable anticipation du potentiel de la Toile, comprenez Internet, pour rendre accessible la connaissance et l'information pour tous les peuples de la terre, en les mettant à leur portée. Cela peut aussi revigorer une sphère publique en sévère décadence en fournissant des informations et de nouveaux moyens de communication et le débat publique (voir point 5 ci-dessous). Robins et Webster ne se sont pas apesantis sur les tensions entre la pensée plus scientifique et technocratique dans les oeuvres non-fictives de Wells, les interrogations critiques profondes et prophétiques de la science et de la technologie, et leurs effets potentiellement catastrophiques dans ses fictions. Pour cette raison, de notre point de vue, Wells émerge comme un critique prescient des dangers de la science et de la technogie et un prophéte de la grande transformation qui, pour le meilleur ou le pire, elles engendreraient.

    3. Il y a, bien sûr, plusieurs écrivains de science fiction qui décrivent de nouvelles espèces, comme des metamorphoses à la fin de 2001, La fin de l'enfance d'Arthur C. Clarke Dune de Frank Herbert, Patternistes et Xénogenèse d'Octavia Butler, et, comme nous le noterons ci-dessous, les oeuvres de Rudy Rucker et d'autres écrivains cyberpunk. Toutefois, Wells est le premier à projeter des projets d'images consistantes de nouvelles espèces supérieures qui délocalise la centralité des êtres humains et introduisant ainsi ce que nous appelons la « fifth discontinuité ».

    4. Voir Foxnews sur la science.

    5. Les implications troublantes de ce scénario, étaient la péoccupation centrale d'Aldous Huxley, qui perpétua les spéculations de Wells sur une société génétiquement modifiée et la création de nouvelles espèces. En réalité sur l'unique base de qualitications triviales, de Huxley sur la trnasformation génétique, le clônage, le plaisir addictif des drogues (soma), les méga spectacles, et une intense transformation sociale sont déjà là. Huxley pensait que le clônage et la modification génétique n'interviendraient que des siècles plus tard mais commencèrent plutôt que prévu, c'est-à-dire seulement quelques décenies après sa publication. Le Technocapitalisme ne peut pas encore biologiquement clônee des êtres humains, mais il peut les clôner de manière beaucoup plus efficace -- socialement parlant. Là où les clônes biologiques pourraient avoir leur esprit propre, puisque le monde social et les expériences ayant conditionné l'« original raquo; ne pouvaient pas être reproduits clôner une personne selon un modèle i idéologique et fonctionnel donné est plus enclin au contrôle. C'est pourquoi l'oeuvre séquelle de Huxley, se focalise sur divers modes de conditionnement social et du contrôle des esprits.


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vendredi 14 décembre 2018

AI - TRAZAGAN - HUITIEME PARTIE


CHRONIQUE D'UNE GOUVERNANCE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - HUITIEME PARTIE

Le conseiller Krazik laissa errer ses pensées vers le rêve de John Lennon dans son titre « Imagine » :

« Imagine qu'il n'y ait pas de Paradis
Pas si difficile si tu essayes
Imagine qu'il n'y a pas d'enfer sous nos pieds
Et qu'au-dessus de nous rien que le ciel,
Imagine tous les gens
Vivant juste l'instant présent.

« Imagine qu'il n'y a pas de pays
Ce qui n'est pas difficile à faire
Aucune raison pour laquelle tuer ou mourir
Aucune religion non plus
Imagine tous les gens
Vivant leur vie dans la paix

« Tu peux dire
Que je ne suis qu'un rêveur
Mais je ne suis pas le seul
Et j'espère qu'un jour
Tu nous rejoindras,
Et que le monde sera uni

« Imagine qu'il n'y a aucune possession
Je me demande si tu le peux
Aucune raison d'avidité ou de faim
Rien qu'une fraternité humaine
Imagine tous les peuples
Partageant communément le monde entier...

Tu peux dire
Que je ne suis qu'un rêveur
Mais je ne suis pas le seul
Et j'espère qu'un jour
Tu nous rejoindras
Et que le monde sera uni
»

Se rappelant les commentaires d'Anastasia lors de leur dernière discussion, il essaya de ne rien laisser transparaître. Il y avait encore la possibilité de bloquer certains circuits pour garder un semblant d'intimité de ses pensées, mais qui était superficiel puisqu'on savait que ces moments de déconnexions étaient toujours traçables à partir des fichiers logs, comme dans la série Stargate - La porte des étoiles lorsque les terriens conseillèrent aux Nox d'enterrer leur porte à cause de la menace Goa'uld. La réponse de l'Ancien fut : et quelqu'un saura qu'on l'a enterrée, n'est-ce pas ? Revenant à la réalité :
- Anastasia, pouvez me faire l'état des lieux de la maison, s'il vous plaît ?
- Intérieur et pourtour en plus des données habituelles sur lampes, températures et autres paramètres sécuritaires ?
- Oui, s'il vous plaît.
Les données demandées s'affichèrent en mosaïque devant le conseiller sur un écran. Il parcourut d'un coup d'oeil tous les détails.
- Comment est le frigo ?
Anastasia envoya une commande au frigo. Celui-ci, répondant à la requête, afficha une image de son intérieur : tous les produits étaient visibles avec une liste par ordre alphabétique dans une mince colonne, de même que la température qu'il gardait constante de manière autonome. Il n'y avait aucune alarme relative à un produit, alarme qui s'affichait lorsqu'un produit atteignait une certaine limite quantitative ou qualitative. Anastasia afficha le résultat pour le conseiller qui nota que tout était bien et que surtout aucune menace de listéria n'avait été signalée. Ce rapport pouvait se faire de manière automatique ou bien sur demande, comme dans le cas actuel. L'air satisfait, le conseiller s'adressa à Anastasia :
- Merci ma chère.
- Pas de quoi, Excellent Conseiller ! répondit Anastasia, retournant ainsi le compliment avec un peu d'humour.

Des véhicules androïdiques de police, tout à fait autonomes, parcouraient les rues, plus pour la routine et par conséquent inutilement car tout était si bien géré que pratiquement tout incident était préventivement géré. Il n'y avait quasiment plus de constats. Dans tout ce train train, il y avait une chose minime, à prime abord, qui manquait tant aux hommes et les dépaysait : on ne se faisait plus signes entre automobilistes, ces gestes si chaleureux lorsqu'on s'ennuyait à mort dans le paroxysme des emboutaillages et que l'on voyait un visage connu dans un autre véhicule. Dorénavant l'identité de la personne était lue automatiquement par un mécanisme associé au conducteur virtuel et un petit voyant s'allumait devant l'humain qui réagissait en envoyant un signal comme réponse, la procédure rappelant ces messages que l'on s'envoyait jadis par clavier interposés dans Whatsapp ou Facebook Messenger.

Krazik méditait sur les notes glanées depuis sa dernière entrevue avec le président Broca. Il avait eu vent que lors de la destruction du Monument des Pierres Directives contenant les Dix Commandements de l'Âge de Raison, le Haut Conseil avait copié le texte qui lui était associé et l'avait gardé en place sûre. Il se demandait justement pourquoi cette approche. Était-ce dans l'idée que cela puisse leur servir un jour ou l'autre ? Il frissonna à cette seule pensée.

Le plan n'était-il donc qu'écarté mais pas annihilé ? Il se rappela le temps où l'existence même de ces pierres et leur intention étaient si macabres que la masse naïve regardait comme un retardé mental quiconque y faisait allusion. Pourtant, conjointement à leur apparition, l'Agence Fédérale de Management des Urgences avait préparé des hectares et des hectares puis y avait entreposé des espèces de sarcophages dont chacun pouvait contenir jusqu'à cinq cadavres humains à la fois et le terrain bien déblayé ressemblait à une aire de fosse commune future. Tout cela avait une apparence normale : une agence qui gère les urgences, surtout dans un monde d'attentats terroristes faisant des milliers de morts, de typhons et d'ouragan dévastateurs sans oublier les tremblements de terre qui, jadis apparaissaient le plus souvent avec des échelles de 1, 1,5, 2, etc. dépassaient tous maintenant les 5 degrés sur l'échelle de Richter. Il était donc très naturel qu'une agence ayant pour fonction la gestion des catastrophes soit bien préparée et par conséquent dispose de sarcophages au cas où... Cela allait de soi. Mais Krazik ne put s'empêcher de noter qu'ici, le mot bien calculé pour adoucir l'horreur du fond du plan était : Urgences. Dans la réalité, le meilleur mot aurait été « Catastrophes » : Agence Fédérale de Management des Catastrophes.

Vrai que le monde avait bien avancé, en bien comme en mal, avec des côtés loup-dans-la-peau-d'un-agneau:

  • Sortie Première guerre mondiale: naissance de la Société des Nations
  • Sortie Deuxième guerre mondiale: mutation de l'organisation en Nations Unies, naissance de la Guerre froide, les autres nations du monde devienant des satellites orbitant autour de deux étoiles géantes.
  • Chamboulement total du monde: à l'adoucissement de cette guerre froide : partout des guerres et des révoltes dont la connotation est une adversité entre un camp Judeo-chrétien contre Islam. Comme si une ère née dans le même endroit voulait y prendre fin et faire pousser les racines d'un nouvel ordre : lors de la situation à Sarajevo, l'accentuation choquante se nourrissait dans les termes choquants, qui ne disaient pas leurs couleurs nommément en citant les parties prenantes du conflit : les Serbes, les Croates et les Musulmans, comme si « Musulman » étaient désormais une nouvelle ethnie humaine, au même titre qu'être Franc, slave, gaulois ou germain.

Et nous, la plèbe prêtions nos oreilles aux radios et nos yeux à la télévision, nous gavant de cette nourriture néfaste sans prendre garde. Puis suivit la guerre Iran-Iraq, une radicalisation se fermentant puisque le nom de Dieu et la religion furent scandés même par la bouche d'adolescents et cela à tout bout de champs, un foulard noir noué sur le front. Et puis ce fut l'Iraq qui fut visé tandis que les Talibans se battaient dans leurs montagnes en Afganistan, entraînés et soutenus par certains. Et lorsque fut scandée l'agression contre la religion, les souteneurs de jadis devinrent adversaires et ceux qu'ils avaient bien entraînés se mirent au flanc de leurs frères sur le terrain de bataille, brassards noirs bien noués et jurant de porter la bataille au sein des nations des agresseurs. Ainsi ce siècle qui débuta par une catastrophe à Sarajevo à travers l'assassinat perpétré le dimanche 28 juin 1914 à l'encontre de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l'Empire austro-hongrois, et son épouse, Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg, se terminait en catastrophe à Sarajevo et, de la Centrafrique en passant par la Côte d'Ivoire dont à un certain moment donné, on avait tenté de dresser le conflit entre Nord et Sud et, partant, entre chrétiens et musulmans, les conflits cessèrent d'être politiques pour s'armer de la Croix et du Croissant de Lune. Le grosse situation accoucha du terrorisme et poussa ceux qui taxaient de théories conspirationistes fantaisistes à dévoiler leur plan en confessant que la démocratie ne s'accomplira que dans un Nouvel Ordre Mondial.

Heureusement que les androïdes avaient apporté de solide barricades pour contenir ce côté diabolique de l'humain. Mais étant produits de celui-là, qu'adviendra t'il de leur comportement dans le futur ?


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samedi 17 novembre 2018

AI - TRAZAGAN - SEPTIEME PARTIE


CHRONIQUE D'UNE GOUVERNANCE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - SEPTIEME PARTIE

     Le Conseiller humain, à partir de maintenant Krazik, arriva chez le Président Broca tôt le matin. Après les salutations d'usage, les deux hommes échangèrent un regard codé, à peine perceptible. Le président fit un léger signe de la tête et ils se dirigèrent vers les toilettes. Une fois à l'intérieur, le conseiller briefa rapidement le président.
- Intervention sur un monument de pierres géantes que l'on disait les Dix commandements de l'âge de la raison...
- Pouvez-vous me rappeler la teneur de ces commandements ?
- Oui, les voilà textuellement :

  1. Maintenir l’humanité en dessous de 500 000 000 individus en perpétuel équilibre avec la nature.
  2. Guider la reproduction intelligemment en améliorant la forme physique et la diversité.
  3. Unir l’humanité avec une nouvelle langue mondiale.
  4. Traiter de la passion, la foi, la tradition et toutes les autres choses avec modération.
  5. Protéger les personnes et les nations avec des lois et des tribunaux équitables.
  6. Laisser toutes les nations régler leurs problèmes externes et internes devant un tribunal mondial.
  7. Éviter les lois et les fonctionnaires inutiles.
  8. Équilibrer les droits personnels et les devoirs sociaux.
  9. Faire primer la vérité, la beauté, l’amour en recherchant l’harmonie avec l’infini.
  10. Ne pas être un cancer sur la terre, laisser une place à la nature.
- Je suis aussi d'avis que ces commandements sont d'une beauté exécrable. Ils renferment des sous-entendus dont l'application aurait engendré un cataclysme... 7,5 milliards moins 500.000.000 cela fait 7 milliards de personnes à éliminer d'une façon ou d'une autre... C'est terrible d'y penser... Mais il n'y a aucun sens à remplacer un cataclysme par un autre cataclysme. Autres constatations lors de vos investigations ?
- Oui : destruction de dossiers de candidatures à diverses fonctions... fermeture de onze marchés pendant une période allant jusqu'à six semaines.... Interdiction d'accès à son bureau comme avertissement à un haut fonctionnaire...
- Jusque-là rien ne paraît ni grave, ni anormal, à première vue, mais il ne fait aucun doute que le Haut Conseil est en train de mettre la main sur plusieurs choses. Il est apparemmant en train d'étendre ses tentacules d'intervention... C'est très subtile, car son rôle est d'assainir le mode de fonctionnement des choses administratives avec possibilité de réadaptation progressive. Le sentiment que j'ai eu en écoutant Trazagan persiste. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Pourrez-vous replonger dans les divers acticles pour vous assurer que nous ne nous trompons pas ?
- C'est chose faite. Certaines décisions auraient du être communiquées avant ou au moins tout de suite après exécution par le Haut Conseil. Tel n'a pas été le cas. Le Grand Conseil fait à sa tête. Sans concertation.
- Comme conclusion vous arrivez donc au même présentiment que moi ?
- J'ai bien une appréhension, Monsieur le Président.

     Le président Broca jeta encore un coup d'oeil à la note que lui avait remis son conseiller.
- Trazagan m'a avoué que c'est le Haut Conseil qui avait mis en panne l'avion à bord duquel devait embarquer la femme du Ministre de l'Intérieur pour son accouchement.
- Mais c'est une décision terrible. Un outrage !
- C'est le moins que l'on puisse dire.
- A cause de cela, je vais essayer de contacter d'autres centres de décision décentralisés pour voir si des cas similaires ont été décelés.
- Il faudra faire très attention. Ils sont Le Système, comme me l'a fait remarquer Trazagan avec une certaine fierté avérée.
- Ça sent vraiment le roussi. Il y a bien une brêche que l'on pourra utiliser.
- Depuis qu'on a mis sur place ce sacré Nouvel Ordre Mondial avec un Gouvernement Central, nous ne sommes plus que des vassaux. Au début on pensait facilité, efficacité et transparence, mais, dans des cas comme celui qui se présente à nous actuellement il y a trop de filières à remonter, ce qui augmente le risque de fuites d'information sur notre suspicion. Il faut ajouter à cela ce sacré réseau truffé d'intelligence artificielle.

     Ils sortirent des toilettes pas vraiment plus avancés que lorsqu'ils y pénétrèrent. Au contraire, ils sentaient tous les deux un malaise grandissant. A peine une vingtaine de minutes après leur séparation, le même coup codé heurta la porte du bureau du Président Broca. Il fronça les sourcils :
- Même pas de protocole pour venir me voir, pensa-t-il, puis ouvrit la porte. Avec la même démarche, Trazagan entra, apportant une autre note qu'il tendit au Président.
- Vous auriez pu me l'envoyer électroniquement et ne pas prendre trop de peine, Monsieur Trazagan.
- Nous avons pensé que cette méthode consolait encore les Humains à l'idée du vieux temps. Cela dégarnit un peu le côté mécanique qui nous est propre et rend les choses on ne peut plus...
- humaines ? compléta Broca.
- Tout à fait. C'est pour vous éviter un dépaysement total et trop brutal.
- Bien pensé. Autre chose que vous vouliez me dire ? demanda Broca plus comme une invitation à le laisser tranquille que pour des précisions attendues.
- Non c'est tout. Ah ! le Conseiller Krazik était venu vous voir, n'est-ce pas ?
- Oui. Il vient de quitter à l'instant même.
- J'espère qu'il vous a apporté assez de choses pouvant aider à rehausser la trajectoire humaine dans la gestion des choses. Permettez-moi de vous faire savoir que votre entretien avec votre conseiller a suscité un peu d'espoir au niveau du Haut Conseil...
- Ah oui ? C'est bien alors... Bien, que cela ait suscité de l'espoir et non pas de l'inquiétude.
- De l'inquiétude ? Et pourquoi cela susciterait-il de l'inquiétude ? Il y a juste une remarque : la procédure que vous avez adoptée, vous et le conseiller, n'est normale que dans le cas où il y a quelque chose de secret à se dire. Mais cela n'a pas inquiété outre mesure. Nous avons pensé qu'il vous faut du temps - à l'homme s'entend -, pour s'adapater pleinement au Nouvel Ordre. Nous avons mis cela au lot des raisons pour lesquelles les humains étaient réticents à toute caméra et tout microphone dans les toilettes.

     La façon dont Trazagan avait posé sa question : De l'inquiétude ? Et pourqoi cela susciterait-il de l'inquiétude ? avait fait savoir deux choses à Broca. Premièrement il avait commis une faute, se trahissant en exposant ses propres inquiétudes. Deuxièmement, la force mentale de Trazagan, qui semblait dire que rien, chez les humains, ne pouvait poser des inquiétudes aux androïdes: ils étaient maîtres omnipotents. C'est du moins le sentiment de Broca. Peut-être interprêtait-il les choses encore une fois sur la même base de la frayeur qui venait de dévoiler ses pensées intimes. Pour se rattraper :
- C'est pour sauvegarder une certaine intimité...
- Comme l'absence de caméras dans ces locaux qui donne la possibilité d'occasions d'entrevues que l'on ne veut faire répertorier. Le Haut Conseil pense laisser les choses telles qu'elles quant à l'installation des caméras mais veut mettre des microphones quand même. Un bruit sera injecté pour couvrir tout autre bruit que celui de la voix, si vous voyez ce que je veux dire.
On appliquera, comme au début des télécommunications mobiles, l'ancienne technique du Hunting channel : on bombardera un signal de cinq décibels dans un canal dédié qui ne changera que sur la naissance du son d'une voix. On ne prendra compte que de celui-là, ce qui veut dire un filtrage sans faille.
Trazagan rit en pensant à ces situations humaines liées aux effets gastriques gazeux.
- Je vois, répondit Broca en se pinçant la lèvre inférieure. Vous pensez à tout, et avec beaucoup de tact.
- Le danger de notre système ne peut être que le danger de toute l'humanité. Avant notre mise en place, la société humaine était en décadence totale et allait droit au mur. Vous aviez ouvert des vannes de droits et la plèbe s'en était gavée sans pour autant être rassasiée. Elle demandait toujours, d'où le chaoes qui en résultat avant notre avènement.
- C'est justement ces humains eux-mêmes qui furent conscients de la situation et qui mirent le système en place pour palier aux diverses dérives.
- D'où la nécessité, voir l'obligation, de laisser Le Système faire son travail, au risque de revenir en arrière et de subir le destin qui semblait être celui de l'humanité entière.

     À bien des égards Trazagan avait raison. Le système avait réussi, par exemple, à déconnecter tous les silos d'ogives nucléaires et les androïdes avaient apporté un traitement anéantissant les dangers liés aux déchets. Les pays ne possédaient plus de frontières palpables et les conflits avaient disparu. Il n'y avait plus d'émigration comme avant, la citoyenneté ayant endossé un caractère mondial. La raison des déplacements était dorénavant d'ordre touristique et non pour aller chercher du pain ailleurs.


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UN RAPIDE EXEMPLE POUR LE DICtiONNAIRE

Njamala Njogoy