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samedi 17 novembre 2018

AI - TRAZAGAN - SEPTIEME PARTIE


CHRONIQUE D'UNE GOUVERNANCE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - SEPTIEME PARTIE

     Le Conseiller humain, à partir de maintenant Krazik, arriva chez le Président Broca tôt le matin. Après les salutations d'usage, les deux hommes échangèrent un regard codé, à peine perceptible. Le président fit un léger signe de la tête et ils se dirigèrent vers les toilettes. Une fois à l'intérieur, le conseiller briefa rapidement le président.
- Intervention sur un monument de pierres géantes que l'on disait les Dix commandements de l'âge de la raison...
- Pouvez-vous me rappeler la teneur de ces commandements ?
- Oui, les voilà textuellement :

  1. Maintenir l’humanité en dessous de 500 000 000 individus en perpétuel équilibre avec la nature.
  2. Guider la reproduction intelligemment en améliorant la forme physique et la diversité.
  3. Unir l’humanité avec une nouvelle langue mondiale.
  4. Traiter de la passion, la foi, la tradition et toutes les autres choses avec modération.
  5. Protéger les personnes et les nations avec des lois et des tribunaux équitables.
  6. Laisser toutes les nations régler leurs problèmes externes et internes devant un tribunal mondial.
  7. Éviter les lois et les fonctionnaires inutiles.
  8. Équilibrer les droits personnels et les devoirs sociaux.
  9. Faire primer la vérité, la beauté, l’amour en recherchant l’harmonie avec l’infini.
  10. Ne pas être un cancer sur la terre, laisser une place à la nature.
- Je suis aussi d'avis que ces commandements sont d'une beauté exécrable. Ils renferment des sous-entendus dont l'application aurait engendré un cataclysme... 7,5 milliards moins 500.000.000 cela fait 7 milliards de personnes à éliminer d'une façon ou d'une autre... C'est terrible d'y penser... Mais il n'y a aucun sens à remplacer un cataclysme par un autre cataclysme. Autres constatations lors de vos investigations ?
- Oui : destruction de dossiers de candidatures à diverses fonctions... fermeture de onze marchés pendant une période allant jusqu'à six semaines.... Interdiction d'accès à son bureau comme avertissement à un haut fonctionnaire...
- Jusque-là rien ne paraît ni grave, ni anormal, à première vue, mais il ne fait aucun doute que le Haut Conseil est en train de mettre la main sur plusieurs choses. Il est apparemmant en train d'étendre ses tentacules d'intervention... C'est très subtile, car son rôle est d'assainir le mode de fonctionnement des choses administratives avec possibilité de réadaptation progressive. Le sentiment que j'ai eu en écoutant Trazagan persiste. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Pourrez-vous replonger dans les divers acticles pour vous assurer que nous ne nous trompons pas ?
- C'est chose faite. Certaines décisions auraient du être communiquées avant ou au moins tout de suite après exécution par le Haut Conseil. Tel n'a pas été le cas. Le Grand Conseil fait à sa tête. Sans concertation.
- Comme conclusion vous arrivez donc au même présentiment que moi ?
- J'ai bien une appréhension, Monsieur le Président.

     Le président Broca jeta encore un coup d'oeil à la note que lui avait remis son conseiller.
- Trazagan m'a avoué que c'est le Haut Conseil qui avait mis en panne l'avion à bord duquel devait embarquer la femme du Ministre de l'Intérieur pour son accouchement.
- Mais c'est une décision terrible. Un outrage !
- C'est le moins que l'on puisse dire.
- A cause de cela, je vais essayer de contacter d'autres centres de décision décentralisés pour voir si des cas similaires ont été décelés.
- Il faudra faire très attention. Ils sont Le Système, comme me l'a fait remarquer Trazagan avec une certaine fierté avérée.
- Ça sent vraiment le roussi. Il y a bien une brêche que l'on pourra utiliser.
- Depuis qu'on a mis sur place ce sacré Nouvel Ordre Mondial avec un Gouvernement Central, nous ne sommes plus que des vassaux. Au début on pensait facilité, efficacité et transparence, mais, dans des cas comme celui qui se présente à nous actuellement il y a trop de filières à remonter, ce qui augmente le risque de fuites d'information sur notre suspicion. Il faut ajouter à cela ce sacré réseau truffé d'intelligence artificielle.

     Ils sortirent des toilettes pas vraiment plus avancés que lorsqu'ils y pénétrèrent. Au contraire, ils sentaient tous les deux un malaise grandissant. A peine une vingtaine de minutes après leur séparation, le même coup codé heurta la porte du bureau du Président Broca. Il fronça les sourcils :
- Même pas de protocole pour venir me voir, pensa-t-il, puis ouvrit la porte. Avec la même démarche, Trazagan entra, apportant une autre note qu'il tendit au Président.
- Vous auriez pu me l'envoyer électroniquement et ne pas prendre trop de peine, Monsieur Trazagan.
- Nous avons pensé que cette méthode consolait encore les Humains à l'idée du vieux temps. Cela dégarnit un peu le côté mécanique qui nous est propre et rend les choses on ne peut plus...
- humaines ? compléta Broca.
- Tout à fait. C'est pour vous éviter un dépaysement total et trop brutal.
- Bien pensé. Autre chose que vous vouliez me dire ? demanda Broca plus comme une invitation à le laisser tranquille que pour des précisions attendues.
- Non c'est tout. Ah ! le Conseiller Krazik était venu vous voir, n'est-ce pas ?
- Oui. Il vient de quitter à l'instant même.
- J'espère qu'il vous a apporté assez de choses pouvant aider à rehausser la trajectoire humaine dans la gestion des choses. Permettez-moi de vous faire savoir que votre entretien avec votre conseiller a suscité un peu d'espoir au niveau du Haut Conseil...
- Ah oui ? C'est bien alors... Bien, que cela ait suscité de l'espoir et non pas de l'inquiétude.
- De l'inquiétude ? Et pourquoi cela susciterait-il de l'inquiétude ? Il y a juste une remarque : la procédure que vous avez adoptée, vous et le conseiller, n'est normale que dans le cas où il y a quelque chose de secret à se dire. Mais cela n'a pas inquiété outre mesure. Nous avons pensé qu'il vous faut du temps - à l'homme s'entend -, pour s'adapater pleinement au Nouvel Ordre. Nous avons mis cela au lot des raisons pour lesquelles les humains étaient réticents à toute caméra et tout microphone dans les toilettes.

     La façon dont Trazagan avait posé sa question : De l'inquiétude ? Et pourqoi cela susciterait-il de l'inquiétude ? avait fait savoir deux choses à Broca. Premièrement il avait commis une faute, se trahissant en exposant ses propres inquiétudes. Deuxièmement, la force mentale de Trazagan, qui semblait dire que rien, chez les humains, ne pouvait poser des inquiétudes aux androïdes: ils étaient maîtres omnipotents. C'est du moins le sentiment de Broca. Peut-être interprêtait-il les choses encore une fois sur la même base de la frayeur qui venait de dévoiler ses pensées intimes. Pour se rattraper :
- C'est pour sauvegarder une certaine intimité...
- Comme l'absence de caméras dans ces locaux qui donne la possibilité d'occasions d'entrevues que l'on ne veut faire répertorier. Le Haut Conseil pense laisser les choses telles qu'elles quant à l'installation des caméras mais veut mettre des microphones quand même. Un bruit sera injecté pour couvrir tout autre bruit que celui de la voix, si vous voyez ce que je veux dire.
On appliquera, comme au début des télécommunications mobiles, l'ancienne technique du Hunting channel : on bombardera un signal de cinq décibels dans un canal dédié qui ne changera que sur la naissance du son d'une voix. On ne prendra compte que de celui-là, ce qui veut dire un filtrage sans faille.
Trazagan rit en pensant à ces situations humaines liées aux effets gastriques gazeux.
- Je vois, répondit Broca en se pinçant la lèvre inférieure. Vous pensez à tout, et avec beaucoup de tact.
- Le danger de notre système ne peut être que le danger de toute l'humanité. Avant notre mise en place, la société humaine était en décadence totale et allait droit au mur. Vous aviez ouvert des vannes de droits et la plèbe s'en était gavée sans pour autant être rassasiée. Elle demandait toujours, d'où le chaoes qui en résultat avant notre avènement.
- C'est justement ces humains eux-mêmes qui furent conscients de la situation et qui mirent le système en place pour palier aux diverses dérives.
- D'où la nécessité, voir l'obligation, de laisser Le Système faire son travail, au risque de revenir en arrière et de subir le destin qui semblait être celui de l'humanité entière.

     À bien des égards Trazagan avait raison. Le système avait réussi, par exemple, à déconnecter tous les silos d'ogives nucléaires et les androïdes avaient apporté un traitement anéantissant les dangers liés aux déchets. Les pays ne possédaient plus de frontières palpables et les conflits avaient disparu. Il n'y avait plus d'émigration comme avant, la citoyenneté ayant endossé un caractère mondial. La raison des déplacements était dorénavant d'ordre touristique et non pour aller chercher du pain ailleurs.


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Njamala Njogoy