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samedi 30 mai 2020

LE CORONA LÈVE LE VOILE SUR L'AFRIQUE : P/3-A


LE CORONA LÈVE LE VOILE SUR L'AFRIQUE : P/3-A

Si, dans la deuxième partie, nous avons pris la piste du parallélisme culturel sous-jacent des deux religions que nous avons adoptées, ce n'est pas en termes de révélation, ni du point de vue religieux. Étant donné que les deux ne sont pas originaires de chez nous, le but, accoudé à un souci, est de mesurer, à travers leur implantation le poids de la culture sous-jacente et susceptible d'infliger une acculturation au sein des sociétés réceptrices. Le leitmotiv est surtout le fait qu'en Afrique on est très allergique, au moins dans les discours, à toute influence venant de l'extérieur. Voilà pourquoi nous pensons qu'il est pertinent de soulever cette question d'autant plus nous dégainons toujours des « On est au Sénégal » ; « On est en Afrique » devant une remarque que l'on juge tachée de boue acculturaliste, d'assimilation.

Ainsi, pour mieux asseoir le sujet, il nous semble capital de remonter aux premiers instants de contact de l'Afrique avec ces religions après avoir brossé brièvement l'histoire de chacune d'elle pour voir s'il y a un penchant d'un impérialisme culturel sous-jacent. Quel que soit le cas, on peut dire d'office que tout compte fait, et quoi que l'on puisse dire, force est de constater que nos cultures n'ont pas eu la belle part, d'un côté comme de l'autre. Reste à savoir le taux du danger d'acculturation car toute religion, née forcément dans une société donnée, porte la marque cosmogonique de ladite société en véhiculant la vision ou révélation théogonique à travers le langage qui est le support fondamental de sa culture. Un exemple tangible est notre façon d'enterrer nos morts par rapport au système traditionnel.

  • Le christianisme est venu concomitamment à la colonisation par impérialisme ayant occupé nos terres par la force et s'étant adonné à la traite des esclaves. Ces critères sont palpables et donc plus indiqué à être regardés comme un produit « étranger », et, partant, à subir critiques et pousser à la révolte, même après ses funérailles qui auraient dû être célébrées depuis belle lurette sur le continent africain.

  • L'arrivée de l'Islam s'est faite d'une façon plus subtile mais non moins dramatique pour autant puisqu'ils y a eu la pratique de l'esclavage et des razzias mortelles et destructrices. Ainsi l'Afrique fut « le deuxième continent, après l'Asie, dans lequel l'islam s'est développé, et ce dès le VIIe siècle. L'islam s'est d'abord propagé en Afrique du Nord dans le cadre des conquêtes arabes. Depuis cette base, il s'est par la suite lentement diffusé vers le sud à partir du xe siècle, à la fois grâce aux conquêtes militaires et aux échanges commerciaux. Ainsi, l'ensemble du Sahel et son arrière-pays, une partie de la corne africaine et la frange côtière orientale de l'Afrique ont été islamisés. »

Dans notre refus d'être assimilé, les coups de pieds vont naturellement à l'encontre de l'impérialisme européen. Notre refus y trouve donc des repères et des baromètres d'évaluation, ce qui est tout le contraire quant à la conquête arabe. Sa subtile progression à travers l'islam et son enracinement dans notre société nous rend donc plus vénérables puisque faisant plus appel au discernement. Un autre point est la difficulté du parallélisme recherché, car l'approche ne saurait mettre impérialisme européen contre impérialisme arabe, celui-là ne s'étant pas, à proprement parler, implanté chez-nous. Nous nous retrouvons donc avec une dissymétrie puisque devant comparer un impérialisme politico-militaire à l'expansion d'une culture sous-jacente à une religion. Cela peut amener une incompréhension que nous voulons tout de suite clarifier pour ne pas laisser d'équivoque : les français étaient présents sur le sol africain après l'avoir conquis, ce qui n'est pas le cas des Arables, du moins en ce qui concerne l'Afrique sub-saharienne car l'Afrique du Nord fut envahie et colonisée à partir du VIIe siècle : « À la mort de Mahomet en 632, ses successeurs potentiels s'affrontent. Alors qu'Abou Bakr est désigné, une querelle naît entre les habitants de Médine et de La Mecque concernant la succession de Mahomet. Certains préfèrent une succession issue de la famille de Mahomet, en proposant notamment Ali, son gendre pour lui succéder. Les compagnons les plus proches de Mahomet s'y opposent et nomment Abou Bakr : le premier calife (littéralement « successeur » [de Mahomet]) sera donc Abou Bakr qui poursuit la conquête de la péninsule Arabique. À sa mort en 634, son premier ministre Omar (ou Umar) lui succède. Celui-ci conquiert la Palestine, la Mésopotamie, l'Égypte et la Perse ».

C'est vrai : le contact avec l'Europe, n'était pas toute innocence, mais ne l'est pas non plus le contact avec le monde Arabe : Il faut se rappeler que Ibn Batouta, bien avant les xénophobes européens tel que le Comte de Gobineau, a dit : « Au sud du Nil existe une race nègre [dont les hommes] ressemblent plutôt aux animaux sauvages qu'à des êtres raisonnables. [...] Quelquefois ils se dévorent les uns les autres ; aussi ne méritent-ils pas d'être comptés parmi les hommes [...], leur place étant plus proche du stade bestial ».

La réalité actuelle est que l'Afrique semble vouloir enterrer la réalité qu'elle a été islamisée comme elle fut christianisée. Les deux religions sont arrivées de l'extérieur, d'où la nécessité indispensable de savoir conjuguer, encore une fois, l'art du donner et du recevoir qui doit s'appliquer après l'enracinement et ouverture. Croire en Dieu, quelle que soit la religion, n'est pas synonyme d'enterrer intégralement sa propre culture. À moins que, pour des raisons d'ordre social cet enterrement s'offre comme issue vers un statut qui n'existait pas dans la société traditionnelle, ce qui en grande majorité, semble être le cas du Sénégal. Il appartiendra aux universitaires, sociologues et anthropologues de s'y pencher plus profondément pour une étude approfondie, ce qui sera salutaire pour notre pays.

En embrassant une religion, le changement requis s'effectue au niveau de certains comportements qui ne sont pas forcément culturels. Des principes de ce qui est juste et les principes de droit existent dans toutes les sociétés et beaucoup d'entre eux peuvent être maintenus et continuer à servir, d'où cette vérité contenue dans l'infâme discours de Léopold II : « Le but principal de votre mission au Congo n'est donc point d'apprendre aux nègres à connaître Dieu, ils le connaissent déjà depuis leurs ancêtres ; Ils parlent et se soumettent à Mungu, Nzambi, Nzakomba Moukoulo etc… et que sais-je encore. Ils savent que tuer, voler, coucher avec la femme d'autrui, calomnier et insulter sont des actes mauvais ».

Au Sénégal nous ne semblons pas comprendre cette réalité, d'où la tendance à unilatéralement pointer le doigt contre l'influence européenne, à voir celle-ci comme étant l'acculturaliste, une culture de « Nasaraan » et cela, pas pour résister à une acculturation intégrale en plantant profondément les pieds dans la nôtre, mais pour nous engouffrer dans une autre que nous semblons prendre comme étant la nôtre. Nous plongeons, allant jusqu'à devancer le groupe sémitique originel dont elle est issue ; au-delà de peuples plus similaires et plus proches de la souche, mais qui pourtant refusent de perdre leur propre culture, comme par exemple les Berbères qu'il ne faut jamais se tromper de traiter d'arabes en leur présence.

Ici, il faut faire remarquer en passant que beaucoup parlent de « Nasaraan » sans savoir réellement de quoi il s'agit. En effet « nasaraan », équivalent de « tubaab » chez nous, vient de « nazaréen », un terme qui n'a rien à faire avec les races européennes. De plus, cette expression a une connotation religieuse qui remonte à Jésus-Christ, que l'on disait le Nazaréen, Jésus de Nazareth, à cause du fait qu'il naquit à Bethlehem ( où Joseph et Marie se rendirent, venant de Nazareth suite à l'ordre de recencement du gouverneur romain de l'époque), souche de la maison de David et, partant, issu de la souche sémite à travers Marie, descendance d'Abraham à travers Isaac, comme le seront les arabes à travers Ismaël. Ces deux races sont sémites la différence étant le fait d'avoir « le même père mais pas la même mère » puisque Isaac est de Sara et Ismaël de la servante Agar. L'étymologie remonte certainement au Nazaréïsme, une doctrine des Nazaréens judéo-chrétiens et dont l'islamisme sera, à beaucoup d'égards, la prolongation ou plutôt la revanche (Renan, Église chrétienne, 1879, p. 284). Édouard-Marie Gallez dans son livre Le messie et son prophète - Aux origines de l'Islam, p. 291, parlant du terme « nazaréen » écrit : « ... En résumé, l'appellation de nazaréens n'a guère été utilisée par les chétiens dans l'Empire romain, et seuelement durant deux siècles en Perse (où les chrétiens étaient majoritairement des judéochrétiens) ; sous l'influence de la propagande islamique, le terme a pris le sens de chrétiens en arabe (mais non parmi les Arabes chrétiens de souche ancienne).

Vu notre recherche d'identité qui se prolonge dans l'aveuglement et la complète sourdité jusqu'en ce XXIe siècle, nous risquons fort de donner raison à Ibn Khaldoun dans sa vision que « à part la race noire il n'y a aucune autre qui accepte si pleinement l'esclavage ». Pourquoi semblons-nous présenter toujours une incapacité à nous dresser en toutes choses et, avant tout, en tant que « êtres humains créés dans la plénitude de l'image divine comme toutes les autres races » ? Comme croyants, nier nos cultures et les choses qui nous sont intrinsèques n'est certainement pas une façon de remercier Dieu : au contraire, cela semble lui dire qu'il s'est trompé de nous avoir faits comme nous sommes et surtout donné cette culture, vision du monde qui nous entoure. En extrapolant, n'est-ce point vrai que c'est la croix qui a pris forme humaine et non l'homme la forme de la croix ? Garder certaines choses de nos cultures n'est donc contradictoire ni aux enseignements de la Bible, ni à ceux du Coran, à moins que l'on ne veuille les remplacer, comme nous voulons remplacer nos peaux en les éclaircissant par des produits d'usines et nos cheveux venus de la création avec des « cheveux naturels » ! Est-ce une façon d'être reconnaissant envers Dieu, d'accepter que sa création est parfaite harmonie, même, comme nous le répétons dans nos prêches, nous n'en comprenons pas toujours les tenants et les aboutissants puisque « les voies du Seigneur – mbiru Yalla – sont obscures » ?


A SUIVRE

1 commentaire:

  1. Analyse intéressante de l'influence des champs électro-magnétiques sur la santé
    https://youtu.be/9PuOYwJUtPY

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UN RAPIDE EXEMPLE POUR LE DICtiONNAIRE

Njamala Njogoy