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samedi 3 novembre 2018

AI - TRAZAGAN - TROISIEME PARTIE


CHRONIQUE D'UNE GOUVERNANCE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - TROISIEME PARTIE

     Trazagan s'était incliné légèrement, avait tourné sur ses talons avec tellement de grâce, et s'en était allé en refermant doucement la porte derrière lui. Resté seul, le président se prit la tête dans les mains. Ce tigre politique à l'esprit très vif avait cerné un sérieux problème dans la tendance de la gestion du Grand Consseil qui n'était plus composé que de ces machines froides : d'excellents cerveaux pas encore accompagnés d'âme encore moins pavés par un coeur. Une logique froide pour laquelle l'efficacité était la priorité primordiale.

     C'est vrai que cette absence d'humains n'était que provisoire. Depuis quelque temps, des appels à candidature avaient été publiés jusqu'au plan international puisque dans certains cas les citoyens d'autres pays pouvaient être appelés à administrer les affaires d'un autre État, cette notion d'État n'étant d'ailleurs plus que superflue. Ainsi de grands docteurs avaient été appelés à la rescousse auparavant dont certains travaillaient d'arrache pieds dans le programme de perfectionnement de l'Intelligence Artificielle implantée dans ces androïdes. Ici il faut mentionner que même cette tâche de perfectionnement était en train d'être reléguée complètement aux mains de ces machines effroyables qui avaient commencé à apprendre toutes seules et ainsi à se réajuster sans cesse et par conséquent évoluant comme à travers un miracle.

     Le président balaya sa paume au dessus d'un combiné muni de plusieurs petits écrans carrés en mosaïque à la place des boutons traditionnels.
- Monsieur le Président ?...
- Vous pouvez passer me voir ?...
- Tout de suite, Monsieur le Président.

     Le conseiller spécial humain du président était un doctorant. Il avait fait ses études en Intelligence Artificielle dans une des plus brillantes universités du continent et était à son poste depuis bientôt trois ans maintenant. Le président savait que s'il y a quelque chose à penser sur les androïdes et et pour pouvoir voir clair dans le mobile des accusations et décisions prises récemment, c'est bien vers ce conseiller qu'il fallait se tourner. En réalité ce qui inquiétait le chef de l'État c'était plus le ton un peu magistral à son gôut que les accusations en soi. Il devinait une tendance, comme un spectre de graine de révolte dans la tournure des reproches du Grand Conseil.

     Le président regarda les murs de long en large, puis fit de même vers le plafond, ce que le conseiller comprit automatiquement. La sécurité implantée dans les locaux pouvait parfois jouer à l'encontre de celui qui l'avait fait installer, surtout quand il s'agit de choses relatives au Grand Conseil. Le Grand Conseil des Androïdes, il faut le reconnaître maintenant, puisqu'ils venaient d'écarter le seul membre humain...
- Pourrai-je avoir un condensé des décisions récentes faites par le Grand conseil ? Rien ne doit être regardé comme minime. Glanez tout ce que vous pourrez.
- D'accord Monsieur. Il y a autre chose ?
- Non, c'est tout pour le moment.


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AI - TRAZAGAN - DEUXIEME PARTIE


CHRONIQUE D'UNE GOUVERNANCE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - DEUXIEME PARTIE

     La salle était grande, tellement grande. Un picasso pendait sur le mur, juste derrière la large chaise dont le dossier surplombait la large et longue table style Louis XIV. Les rideaux étaient tirés et ceinturés de cordons dorés en leur juste milieu et le soleil laissait descendre de doux faisceux comme lavé par la brise marine qui flottait imperceptiblement dans les parages.

     Un léger coup codé heurta la porte d'entrée, bien dosé. Regardant le petit écran en face de lui, un peu en retrait, côté gauche, le Président tira sur un gadget puis balaya l'air de sa main, juste au-dessus. Un petit déclic se fit entendre et la porte s'ouvrit. Trazagan referma la porte derrière lui, s'avança d'un pas calculé, démarche impeccable. Jamais homme issu d'Adam et Eve n'avait paru avec autant d'allure. Mais le comble est qu'il n'était pas aisé de classer Trazagan selon des critères de race.

     Une petite inclinaison. A peine imperceptibe. Il tend au Président l'enveloppe qu'il tenait dans sa main et resta immobile. Le chef prit l'enveloppe, l'ouvrit avec un fin stilet doré et retira une feuille. Il parcourut les lignes. C'était un texte très court. Il regarda Trazagan d'in air interlocuteur. La méthode était en effet archaïque, les messages passant d'emblée par la voie électronique.

     Trazagan était de la dernière génération, le dernier produit de l'Intelligence Articielle. Comme déjà dit, après plusieurs années de tests, de discussions, de débats, de légifération, les Nations-Unies avaient voté et opté pour que désormais le Premier Conseiller de tout président de république serait un robot issu de cette gamme. A cause de ce conseiller on avait aussi réadapté et réajusté pas mal de lois, car, dans le fond, il était même plus puissant qu'un Premier Ministre.

     Dotés d'une mémoire jamais égalée auparavant, interconnectés à toutes les ressources de toutes les institutions du Gouvernement Mondial, ces robots paraissaient quasiment infaillibles, d'où le taux de responsabilités qui leur fut dévolu. D'ailleurs, à le voir debout devant ce majestueux bureau, rien en lui ne laissait paraître une machine derrière ses lunettes légèrement fumées, ces beaux cheveux coupés comme par un séraphin coiffeur. Après avoir parcouru les lignes, le président leva son regard vers le Conseiller :
- Je ne comprends pas la réticence contenue dans ce texte, Monsieur Trazagan. Pourtant, s'agissant des sujets ci-présentés, tout a été strictement appliqué en conformité avec les lois et procédures...
- Je sais, Excellence. En effet, après avoir tout vérifié, force est de reconnaître que l'on a suivi lois et procédures à la lettre. Mais c'est justement là où le Grand Conseil a décelé certaines particularités...
- Des particularités ?... Alors ...?
- Alors ce qui dérange, Monsieur le Président, c'est le côté humain de la chose : malgré l'application textuelle de la loi, le côté humain sousjacent est un calcul et le positionnement d'actes acceptables à première vue mais...
- A première vue ? Mais si la loi est textuellement appliquée, comment une autre vue serait-elle possible ?

     Trazagan eut un petit sourire en coin, dosé d'une contrariété presque imperceptible.
- Par exemple un enfant s'est noyé dans une rigole à Diokandra : une pluie torrentielle s'est abattue sur la ville. Les rues étaient complètement inondées. La raison majeure de cette inondation est le fait qu'on ait entamé des chantiers en creusant toutes les rues pour plutôt montrer qu'on va reconstruire la ville. Donc à prime abord pas pour le bien de la ville, mais à cause de la campagne électorale à venir. Il est évident que les ouvriers n'ont pas été consultés, encore moins le Bureau des Etudes.
- C'est une interprétation, Monsieur Trazagan. Vous parlez comme un opposant.
- C'est certes une interprêtation, mais la seule qui soit bonne, le côté humain mis de côté, bien entendu.

     Le Président commença à se sentir mal à l'aise. Plus à cause de ce terme que répète souvent Trazagan côté humain qu'à cause du reproche énoncé par cet Homme-machine. - Vous voulez un autre exemple ?
- L'exemple que vous donnez ne me concerne pas, Monsieur Trazagan. C'est le maire de Diokandra lui-même qui en avait fait la demande et est seul maître d'oeuvre.
- Cela est certain. Par contre, il y a autre chose : le lundi 14 juin vous aviez eu un entretien téléphonique avec ledit maire. Le poids de sa demande portait plus sur les joutes électorales qui pointent à l'horizon que sur l'idée simple de servir sa ville. En guise d'autre exemple, nous avons l'impression, au Grand Conseil, qu'il y a actuellement une trop forte culture de la personnalité...
- Et je suis concerné, moi ? Mais... Ce que vous dites là est grave.
- Dans certains pays on entend de plus en plus Madame la Première Dame s'est chargée d'un tel malade ou d'un tel cas de problème. Encore une fois, considération faite du côté humain, c'est peut-être acceptable. Nous pensons toutefois, au niveau du Conseil qu'au lieu de lier et de drainer tout vers une propre personne, il faut dès à présent revoir la dotation en équipement des hôpitaux pour que les gens puissent se faire soigner par un système et dans un système qui n'a de figure que la compétence, l'application efficace à la tâche qui incombe et non pas ancrée sur la personnalité. Il faut les institutions et que les hommes y servent dans la plus grande neutralité
- C'est une simple fondation...
- Une fondation personnelle et non institutionnelle.
- On peut le voir ainsi. Et puis une fondation c'est une fondation
- La redondance n'a pas valeur d'argument philosophique. Sauf votre respect, Monsieur le Président, tous les éléments détenus par notre Grand Conseil pointent dans cette même direction. Il n'y a d'autre d'interpétation possible que si l'on prend le côté humain.
- Humain ou humanitaire ? lança le Président, plus pour sonder Trazagan et essayer de détecter une tangeante vers un certain degré de révolte, ou était-ce juste la machine qui froidement et subjectivement regardait les choses en face. Puis, poussant plus loin : parlant du Grand Conseil, vous avez éjecté le seul humain qui y avait été affecté. C'est vrai, cette décision était venue après une longue concertation et a été le résultat d'une décision unanime...
- Peut-on dissocier les deux ? répondit Trazagan à la première partie de la question du président. Sans atteundre de réponse, il entama sur la deuxième partie : oui, s'agissant de l'éjection du seul humain membre du Grand Conseil, comme vous le dites, c'était nécessaire. Pendant les délibérations il était trop lent et n'était pas en mesure de prendre en compte des éléments nouveaux qui pouvaient se présenter à n'importe quel moment. Pour nous, cela ne posait aucun problème puisque nous étions au coeur du système, nous sommes en quelque sorte le système.

     Le Président se sentait de plus en plus mal à l'aise en son fort intérieur. Mais, bête politique ayant combattu dans l'arène depuis des décennies avant d'accéder à la magistrature suprême, c'était un dur à cuir. Il recula dans sa chaise, s'adossa comme pour pouvoir toucher quelque chose de concret et ainsi faire disparaître le vide intérieur qui l'envahissait.
Trazagan continua, toujours debout: cette attitude de valet-supérieur le plaisait et le Président y était accoutumé, raison pour laquelle il ne l'avait pas invité à s'asseoir bien qu'il y ait des chaises de réception visiteurs.
- Vous vous rappelez le cas de Minzita, la femme du Ministre de l'Intérieur ?
- Oui, elle a eu des problèmes d'accouchements tout récemment ?
- Oui. En réalité, nous tombâmes d'accord de faire tomber l'avion en panne juste un peu avant le départ.
Le Président sursauta, pris tellement à rebours qu'il lâcha :
- C'est un assassinat, vous avez tué l'enfant !
- Nous ne voulions pas la mort de l'enfant. Ce fut juste une néfaste conséquence. Nous ne pouvions pas permettre à cette grande dame de prendre un avion, d'aller accoucher à New York. Une fois l'avion tombé en panne, elle aurait pu opter pour être convoyé par une navette des sapeurs pompiers de l'aéroport vers une clinique de la place. Mais non, pour Madame il fallait coûte que coûte attendre dans l'espoir d'un décollage. Aller dans un hôpital de la place lui paraissait comme une condamnation. Ayant sondé son esprit, nous nous sommes rendu compte au niveau du Grand Conseil que pour elle perdre l'enfant était égal à aller dans un hôpital local. Elle a eu le fruit digne de sa vision. L'enfant est mort à l'aéroport, dans la salle d'attente. Une clinique de la place n'était-elle pas plus logique qu'une salle d'attente ? Voilà tout ce qui pousse le Grand Conseil à une rencontre pour faire le point et recadrer les choses. - Faire perdre un enfant ainsi est inhumain ! Vous auriez pu laisser passer et recadrer les choses après pour moins de dégats, fit savoir le président, presque comme pour lui-même. - Inhumain ? rétorqua Trazagan. Ce n'est pas spécialement pour ce point que le Grand Conseil a été mis en place. Nous ne sommes pas humains, bien que devant gérer des paramètres humains. - J'ai bien compris, Monsieur. Je vais relire à fond la note que vous venez de me remettre et je vous aviserai. Merci encore une fois.


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vendredi 2 novembre 2018

AI - TRAZAGAN


CHRONIQUE D'UNE GOUVERNANCE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - PREMIERE PARTIE

Prologue

     Année 2194. Après de profonds chamboulements le Nouvel Ordre Mondial venait de se mettre en place définitivement. Les Nations Unies n'avaient plus à sa tête un Sécretaire Général, mais un Président et pas des moindres : le Président des Nations Unies. Les états n'exerçaient plus d'autorité que dans les sujets moindres. Toutefois, toute décision, chaque affaire traitée au niveau bas devait faire l'objet d'un rapport à déposer à la table du Système Central. Là-bas, des représentants dudit État se chargeait d'éplucher les sujets dans les divers comités-mixtes restreints. Mais cela aussi c'était au début. C'était avant que l'on ait implanté l'Intelligence Articielle au coeur du Décisionnel. C'est qu'au début il y a eu des réticences et des partis pris, comme si la boue de l'ancien système était collée aux semelles des habitants de la terre et ne voulait jamais s'en départir : après tout, l'habitude est une seconde nature et les droits distribués jadis à gauche et à droite avaient fini par asseoir un désordre total à telle enseigne que les débats sur les articles et alinéas étaient devenus des débats de sémantique, chacun interpêtant à sa façon et selon ses intérêts. On venait de dire que cela suffit et une espèce de société-prison artificielle avait vu le jour, encadrée par la technique.

     Á la suite des simulations de plusieurs modèles pour savoir le système le mieux adapté pour gérer la Société Mondiale sans distinction de race, de couleur et de religion, le Gouvernement Mondial opta pour un d'entre eux, appuyé dans ses décisions par Le Système Central régi par Intelligence Articielle et ayant à sa tête un Haut Conseil dont la majorité des membres étaient des androïdes. Le choix des membres-androïdes ne posaient absolument pas de problème contrairement à celui des humains devant y siéger car pour un huamain cela demandait une perspicacité d'analyse et une rapidité d'esprit qui était loin d'égaler celui des androïdes, mais acceptable grâce aux implants dont ils avaient été munis.
     C'est d'ailleurs par cette brêche qu'arrivèrent les premiers couacs car on se rendit très vite compte que la cadence s'avérait insoutenable à la longue par l'esprit humain. Ainsi se succédaient les conseillers humains, d'autant plus que les machines se développaient très vite, se réajustant et se réadaptant sans cesse. Ce sont eux qui s'occupaient désormais aussi bien du soft que du hard à telle enseigne que les humains ne savaient plus vraiment où ils en étaient, se contentant des compte-rendus que leur livrait le Système Central.

     Tout était emmagasiné dans ce système. Pour avoir une idée, il faut retourner dans le passé, vers le milieu des dix premières années du XXIème siècle, retrouver Internet avec ses réseaux sociaux et en multiplier l'efficacité et la couverture par un million. Cette fulgurance était accélérée par le désir d'avancement des hommes. Au lieu de se contenter des interfaces, ils avaient accepté de se faire implanter des puces. Poussant plus loin, d'autres s'étaient fait opéré des membres pour être plus efficaces : des jambes coupées et remplacées par des protèges qui n'en avaient plus l'air, de même que des bras. Il y en a qui s'avançaient maintenant plus vite que les véhicules de l'ancien temps, quand il y avait de légers embouteillages tandis que d'autres parvenaient à soulever des poids auxquels on n'aurait pas osé penser, même aidé par une vingtaine de collègues. Au nom de la Sécurité, les rayons lasers à faible intensité balayaient les corps au passage de chaque entrée; des bras robotisés opéraient des organes et les remplaçaient par d'autres plus sophistiqués et facilement renouvelables à la longue : l'immortalité frappait doucement à la porte de l'Humanité.

     Du côté du CERN de grandes percées avaient été réalisées dans la connaissacne des atomes mais surtout de la matière noire et la physique quantique avait fait des bonds géants, aidée par les ordinateurs dont les applications étaient de même nature; des planètes n'étaient plus qualifiées en habitables mais habitées bien qu'un contact n'ait encore été établi, du moins à titre officiel.

     Côté ménages, tout, dans les maisons, était connecté : portes principales, toilettes, frigidaires, de même que les téléviseurs, qui avaient d'ailleurs commencé à disparaître petit à petit cause des interfaces graphiques que l'on trouvait désormais partout comme gadgets par défaut dans les constructions de domiciles ou toute autre fabrique. Il n'y avait plus de postes radios, les enfants ne savaient plus ce que c'était qu'une montre qu'on attache au poignet.

     Le continent qui bénéficia plus ou qui subit plus le nouveau système fut certainement l'Afrique. Embourbée pendant des décennies dans un sous-développement total, un assistanat sans fin et ses dirigeants se sucrant sur le dos de leurs populations, la gestion des choses du continent fut désormais reléguée aux mains des Androïdes. Ceux-ci se mirent très vite au travail, firent des pays déserts de beaux jardins, tracèrent des routes luisantes. Il y en avait de toutes sortes : androides-administrateurs, androïdes-gouvernants, androïdes-de-gestion, androïdes-ouvriers, etc, qui matèrent la plèbe en les mettant au pas : le désordre, l'ignorance, la corruption, la magouille, les détournements, tout fut balayé comme par une baguette magique. Il ne pouvait avoir de corruption avec des bots, pas de maslaa. La gestion des ressources était plus équitable : avec l'exploitation de l'énérgie libre que prôna Nikola Tesla et que l'on venait seulement de reconnaître et mettre en place, il n'y avait plus de pétrole et grâce aux voyages interplanétaires, des matières légères et toutes nouvelles, comme l'élément 957, furent renvoyées vers la terre et avaient commencé à remplacer or et diamant. On ne violait plus les entrailles de la terre en lui soutirant les métaux précieux et du mazout dont elle avait besoin pour sa propre santé et son équilibre se faisait sentir de plus en plus. Les tremblements de terre qui, depuis de début des années 2000 avaient commencé à augmenter et dépassaient d'emblée des amplitudes de 5 sur l'échelle de Richter s'étaient rabaissés jusqu'à se trouver entre 1 et 1.5, degrés qui étaient les plus fréquents avant 2003.

     Le processus d'avancée des mers enclenchées quelques années auparavant avait aussi commencé à baissé, contenu par les grandes digues construitres par les androïdes-ouvriers et par l'équilibre du à la baisse de l'explotation des ressources souterraines et la diminution des gaz à effet de serre.


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PAS SI CINGLÉ

Pas si cinglé.
Ou suis-je déjà Mort-passé par les tanns
Que pieds à six centimètres du sol de ces espaces salés du Sine
Aux rampes du Zambèze et de Sangamar-la-Nocturne
Aux flancs fluides du Fouta Djallon
dans la fraction de seconde ?

Au Levant j'avais le Tanganyika dans le dos,
Et mon regard de brume brandi, luge sur les versants du lac Tchad
Les Grands dans leur région étalaient nattes
de nénuphars sur la jetée des forêts calmes
Les points cardinaux se mêlent et se perdent
Dans ma tête sans boussole livrée
A l'angoisse de ton parfum géographe.
-

Sacrée sorcière vaudou de Dan du Dan-homey
Qu'as-tu donc ingurgité ?
De quel élixir as-tu abreuvé l'âme mienne
Pour que toute titubante elle se démène d'extase
Par prairies fjords de Norvège volcans vifs
et geysers islandiques de l'Extrême Nord
Pour revenir touriste d'emblée à risques se sécher
Contre les murs du Monomotapa ?

J'ai donc abandonné camisole et parassol,
Dédaigné parapluie puisque révolue la pensée
Pluie bruine au jardin fané de désirs.

Je ne savais deviner le typhon des yeux !
Mais maintenant désarmé,
je tenterai le refuge touffu
de la chevelure dominant la cime
Des cailcédrats livrés au fouet des éclairs
Dans l'amazonie béate de formes dichotomes.

PAS ENCORE SAYONARA

Il est cinq heures,
ballet leurre des lueurs dans la cour,
glissades furtives de silhouettes
contre le mur dont le ciment rachitique a rendu
naines les fleurs que console léger le pas hésitant du zéphyr.
A pieds meurent vagues des ondes lumineuses successives
suivant le battemenet de mes cils sous pupilles dilatées.

Est-ce toi ?
L'Absente têtue se matérialise-t-elle
sous la cascade de soupirs qui se font verbe ?
Les frères sous la chaude chevelure
de Ballatrix savent certes toute ma réserve de piles à plat

Pourtant L'Invite d'Adéma en son sein impassible se fait retardataire.
Qui sait !?
Il faudra bien que s'assemblent
les mains aimées de mes petits
que par les prés frais
je cours,
      rampe,
        glousse
           avec les enfants
des miens, roseaux dans les alysées de l'Espace-temps :
Marla, Aurélion Wagane, Lenny Sédar, Andronika Yandé, Ośin Wambissane
- lianes supportant mes pas
Déjà si las par la forêt de l'existence
Lors qu'au seuil de l'aurore je pensais déposer
Le lourd fardeau qui a tant fait transpirer ma raison d'être.

Et combien de fois ?
Sûr ! Tant de jours de bonheur bien connus.
La main de leur mère dans la mienne
nous savourions les courts moments partagés
Parfois le long des gazons où courait
la folle brise suomienne sous un soleil pingre
Parfois dans le coeur odeur de Pizza Hats
qui n'arrêtaient le regard
vers les glaces aux parfums variés.

C'était jadis ! Moments qui réjouissent
Et de tant de regrets !
Il aurait fallu résister
Planter pieds aux pieds de leurs racines
Et regarder chaque jour leur cime pousser
palpitante de joie et dressant des tentacules
De bonheur vers le ciel à qui j'ai tant demandé,
Et à qui j'ai tant pris !

mardi 23 octobre 2018

AFRIQUE TA REPONSE

Ta réponse diplomatiquement correcte m'a glacé
Le coeur, Afrique Bien-Aimée.
Ne nous barre point la piste des horizons futurs !
Pourtant ta réponse polie et poliment neutre m'a ramené
Les forts moments froids du Grand Nord,
Lorsque me mirer je ne pouvais plus
Au bord des congelés Lacs Suomiens
Ou bien sur les berges de la Baltique
Lorsque la glace emprisonnait les étangs
Massacrant de laiteux lézardements le Golfe de Finlande
Tandis que mille cristaux se faisaient rivaux
Des icebergs en escapade de la lointaine Antarctique.

Afrique Aimée, ta réponse me repousse
Vers le coeur des hivers,
A l'exil vers les ballets de rideaux boréaux
Lorsque de l'humidité à soixante dix degrés des saunas
On s'élançe vers les lacs gelés durs comme basalte.

Pourtant je médite avec toi car parsème mes nuits
Le corps de mes enfants flottant par milliers
Comme des méduses médusées
Sur les eaux troubles de la Méditerranée,
Mes enfants par milliers flottant
Comme dauphin et baleine
Sans nageoire
     par les eaux
        non-apaisées
           des mers
               du monde.
               Ne t'abandonne point à cette intersection
           Où misère et échec jouent aux échecs sur le damier de l'avenir,
        Car voilà que Vie et Mort s'échangent bagues d'alliance
     Au bas de l'autel d'un coma sempiternel.
Merci d'avance !

lundi 22 octobre 2018

DOUDAM - L'AGONIE D'UN ECOSYSTEME

Au Professeur Markku Simula, membre de l'Académie d'Agriculture de France

Debout sur le seuil, je regarde à l'Ouest : des rôniers épars jouent avec la vue, l'hozizon à reculé de plus de dix

kilomètres. Mon regard cherche des types d'arbres comme jadis, tout enfant, en jouant à cache-cache, je cherchais mes camarades jusque sous les greniers sur pilotis. Je n'en trouve aucun : ils ont tous disparu. Comme le tapis de bambous dont les tiges servaient à faire des ustensiles comme de belles pipes et des fourreaux pour garder le tabac. Il paraît que pour en voir quelques uns maintenant il faut aller jusqu'au terroir de mes cousins-de-lait, les Diolas qui se bercent au hamac du fleuve Casamance, au-delà de la Gambie. En vieillard de mille ans je parle d'arbres que ne connaissent mes enfants. Ils n'ont pas idée non plus des courants forts de Dindié, cette partie de bras de mer où nous n'osions pas aller nous baigner à cause de sa violence, nous contentant de rester sur ses rives pour la pêche à la ligne. Des nuages noirs plus que ma peau s'assemblaient, rideau de charbon contre la ligne lugubre de l'horizon. Mais de l'Ouest il n'y a jamais eu pluie se déversant sur le territoire de mon vivant. Pas encore.

Alors je me réfugie vers le Sud. C'est delà que jadis venait la pluie, rideau blanc d'eau se froissant avec un bruit de

déchirure de tissu neuf, sabots d'un milliard d'étalons fous contre les feuillages inondés que transformaient en gamelles-tam-tams de gosses mille perles liquides. L'idée de la violence de ces pluies s'incarnera plus si votre esprit peut s'accouder sur les films Western, comme Dance avec les loups de Kevin Costner, lorsqu'en pleine nuit les bufles se déchaînent à travers les steppes. Maintenant ce Sud n'a plus que des longues caravanes de nuages sodomites et, partant, stériles, tableaux célestes au ballet de couleurs ne pouvant plus produire une seule goutte fertile. C'est pareil à une longue caravane de chameaux au coeur du désert qui elle-même cherche quelque oasis dans l'aridité du désespoir O Ngoo Fayiil ! Il n'y a plus ces cataractes dignes des temps de Noé, lorsque les écluses du ciel et de la terre s'ouvrirent ! Et des carpes sautaient dans les champs d'arachides et de mil; les vaches s'embourbaient, les bergers frisaient l'hypodermie et la foudre qui tonnait la fureur de Dieu au-dessus de la terre déjà enceinte de mille ruisseaux.

Ah ! C'est vrai qu'il y a encore l'espoir : il nous reste deux points cardinaux à explorer : Le premier c'est l'Est : Là-bas il y a Parare-la-voisine, de l'autre côté du marigot qui parfois charriait crocos ou caïmans durant la saison des pluies. Jadis ce

village était invisible à cause de la densité des arbres. Dans le marigot qui le sépare de Doudam, il y avait des carpes plus grosses que la paume de la main, des poissons-chats et bien d'autres encore tandis que dans les buissons touffus campaient les hyènes et les chacals qui le soir, comme des percepteurs d'impôts, descendaient vers les villages réclamer leur part du bétail. Aujourd'hui ma vue ne s'arrête sur aucune barricade de verdure, aucune haie d'arbres dont la tête portait fièrement l'honneur du royaume d'enfance jusqu'aux hauteurs du zéphyr et de la brise montant de la mer vers le crépuscule : j'aperçois un cheval qui galope de l'autre côté de ce village voisin; une femme qui porte une baignoire sur la tête et qui marche nonchalamment; une calèche qui vient certainement de Diouroup-la-goudronnière.

Je n'osais penser au point cardinal qui reste : comme un avertissement la pluie vient beaucoup plus souvent de ce Nord-

synonyme-de-désert, de Sahara. L'évaporation des étangs du Grand Nord ? Et les pluies se font sporadiques et vénériennes. Pourtant mon peuple qui crie au désert, mon peuple qui prie pour la pluie se met en brassards rouges dès qu'une seule goutte de pluie tombe. Inondation ! inondation ! Et des cartes d'électeurs s'agitent contre les gouvernants gouvernés par les voix électorales comme la lame de la guillotine au-dessus de la tête de Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine ce 16 octobre 1793 sur la Place de la Révolution à Paris.

Nous avons étendu nos villes jusque dans les marées où j'entendais jadis chanter les crapeaux du crépuscule vieillissant aux premières lueurs du jour et, pour moderniser disons-nous, voilà que nous posons des dalles le long de nos rues qui ne connaissent pas de canalisation. Oui, c'est bien de daller toutes les rues pour diminuer la poussière, réduire les poudres de pollutions dans nos poumons déjà pleins de la suie des pots d'échappemenent encrassés au diésel. Mais par où passeront les maigres gouttes d'eau que nous donne un ciel devenu si avare au-dessus de nos terres, cette pluie dont la tombée commence à s'assimiler à la probabilité d'un gain de loterie ?

A Doudam-la-palmeraie nous cultivateurs avons gagné plus de ving mètres sur le marigot qui jadis, lorsqu'enceinte des milles foetus de gouttes d'eau jumelles, bombaient son ventre d'eau jusque dans les champs. à Mbour-la-côtière où jadis j'arpentais à moto les dunes des plages d'emblée disparues, des rochers sèchent à perte de vue leur dos noir comme l'épave ivre d'une baleine échouée parmi des corails. Des hôtels ont baissé rideaux et fenêtres, fermé les portes comme si des hôtes surréels, trop bercés par un trop plein d'oxygène s'étaient tous adonnés à un sommeil de bien-être.

Oh ! Ce n'est pas fini, Professeur : Il y a aussi Guet-Ndar. Là-bas les canons liquides de l'Atlantique démontent les mètres de

plage, bombardent le rivage, avec fureur mais patiemment armée d'une volonté d'acier comme si, prenant comme référence les alentours de Suomenlinna au temps des guerres de Crimée ou Gorée lorsque s'affrontèrent Français-Hollandais-anglais, l'Atlantique voulait nous reproduire en 3D lces batailles des prétemps du monde, lorsque les conquérents d'emblée futiles à ses yeux, commencèrent à planter les pieds sur des littorals indomptés. C'était bien jadis : L'Atlantique, cette vaste étendue mystérieuse drapée d'un bouclier plus fulgurant que celui des légions romaines, frappe belliqueusement à la porte de mes rivages, forte force accoudée à sa nature d'un des trois éléments qui gouvernent le cosmos en appliquant leurs règles, équerres et compas impassibles à la file indienne des minutes qui se succèdent. Nous sommes d'emblée entre l'eau du Ciel qui ne veut pas tomber et l'eau de la Terre qui veut nous engloutir, toute salée et puissante.

La séchresse et les inondations ridicules emportent nos gouvernements rivées à la danse aléatoire du climat qui semble être sorti d'un bar aux dernières lueurs du jour. Et je titube le long des rues de la Cité Développement, balloté à gauche et à droite sur des pieds pas fermes et m'appuyant sur une vue embuée. J'ai la vision courte, car tellement de grains de sable soulevés du désert se sont mariés à mes pluies prophético-prophétesses.

UN RAPIDE EXEMPLE POUR LE DICtiONNAIRE

Njamala Njogoy