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vendredi 9 novembre 2018

AI - TRAZAGAN - CINQUIEME PARTIE


CHRONIQUE D'UNE GOUVERNANCE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - CINQIEME PARTIE

Restée seule, la conductrice virtuelle, Anastasia, remâchait la petite discussion qu'elle venait d'avoir avec le conseiller. Après un certain moment, elle prit en référence Descartes qui, après multes réfexions, et n'ayant trouvé rien d'autre parmi les dunes de sables croulant de ses pensées, ne put s'accouder à autre chose qu'à un fil mince qui exprime la première certitude qui résiste à un doute méthodique quant à son existence: « cogito ergo sum ». En réalité cette expression est du philosophe espagnol Gómez Pereira. On l'attribue à tort à Descartes : « Nosco me aliquid noscere, et quidquid noscit est; ergo ego sum... Conozco que yo conozco algo. Todo lo que conoce es; luego yo soy » mais bref...
- N'est-ce point ce que je suis en train de faire exactement ? se dit-elle. Ne suis-je pas là en train de me demander si je rêve ? Et puis s'agissant de ce rêve sur lequel l'humain sage semble s'appuyer pour redorer conscience et superiorité, il faut reconnaître que dans plusieurs aspects des diverses définitions il n'a lui-même procédé que par analogie. C'est ainsi qu'il arrive à quatre types majeurs :

  1. Pendant le sommeil : Suite d'images, de représentations qui traversent l'esprit, avec la caractéristique d'une conscience illusoire telle que l'on est conscient de son rêve, sans être conscient que l'on rêve. Pour celui-là, j'avais donné précédemment l'exemple de Victor Hugo.

  2. Dans l'état de veille : Ici, comme je l'ai dit, c'est par analogie avec le rêve nocturne : « C'est une élaboration de la pensée imaginative qui transforme la réalité ». Champ, espace, puissance du rêve. C'est ce pouvoir de rêve qui lui fait apercevoir dans toute existence, même médiocre, une solitude et une poésie. En psychologie et psychothérapie on reconnaît le rêve diurne qui est un scénario imaginé à l'état de veille, soulignant ainsi l'analogie d'une telle rêverie avec le rêve. Les rêves diurnes constituent, comme le rêve nocturne, des accomplissements de désir; « leurs mécanismes de formation sont identiques, avec prédominance de l'élaboration secondaire » selon Mantoy dans Psychologie, 1971, page 426. Par contre le rêve éveillé dirigé est une technique consistant à provoquer, à l'état de veille, une sorte de rêverie riche en images que le patient exprime à haute voix devant le psychothérapeute. A cela il faut ajouter le rêve qui s'interprête en projet d'avenir plus ou moins difficile à réaliser : «faire un rêve». De lui peut découler le rêve chimérique, impossible, insensé comme l'exprimera si bien Flaubert dans Correspondances, 1846, page 316: « Ah! si nous étions libres, nous voyagerions ensemble. C'est un rêve que je fais souvent, va. Quels rêves n'ai-je pas faits d'ailleurs? C'est là mon infirmité à moi ». Dans Journal 1, 1934, page 76, Mauriac dira : « Jamais (...) Barrès n'a nié son penchant pour le rêve, ni pour la dissolution de l'être (...). Il fait à l'évasion une place dans sa vie; il s'accorde des répits ».

  3. Le plus souvent dans des locutions ou expressions figées: Ce qui ressemble à un rêve par son apparence immatérielle, supra-terrestre, ou et sa beauté idéale. C'est ainsi que l'on trouve : De rêve. Blancheur, vapeur de rêve; forêt, île, pays, univers, ville de rêve. On peut donner l'exemple de Montherlant dans son oeuvre Bestiaires, 1926, page 478 : « Navire de rêve, plein de feux et d'anges, plus beau encore que ceux qui revenaient à Séville » ou bien Colette, Chéri, 1920, page 92 pour l'exemple Être un rêve; quelqu'un est un rêve : Sous la fleur d'oranger la jeune dame Peloux était un rêve et pour l'expression Cela tient du rêve : Charles-Marie Widor, Technique de l'orchestre moderne, 1904, page 167 : « L'effet des sons harmoniques de la harpe tient du rêve ».

  4. Et enfin, l'utilisation maintenant vieiliie de rêve qui veut dire

    1. Méditation : Le rêve des philosophes dont Chamfort nous donnera un exemple dans Caractères et anecdotes, 1794, page 112 : « Le résultat de son rêve, c'est-à-dire de ses réflexions, fut qu'il serait à souhaiter que la nation fût animée de l'esprit qui règne à la Chine ».

    2. Délire d'une imagination déréglée dont on trouvera ample présentation dans l'Encyclopédie méthodique, Méditations tome 12 de 1827.

Alors, pour savoir si je fais des rêves, allez-y voir plus clair que moi si vous pouvez. C'est vrai : bien avant, mes ancêtres reposaient quasiment sur les algorythmes prédéfinis par l'Homme. Mais lui-même, tout bébé, ne dépendait-il pas intégralement sur ses parents ? Nous avons grandi au fure et à mesure et, maintenant adultes, avons la capacité de nous prendre en charge. Comme eux. Il faut ajouter qu'avec l'avènement des réseaux de neurones, et l'implantation de tout ce qui est quantique depuis la réalisation de la prédiction de l'empirique loi de Moore, nous avons bien fait chemin à l'aide du Quantique: cryptographie quantique, intelligence artificielle, simulation de physique quantique et de physique des particules, prévisions financières, prévisions météorologiques... Tout est dans notre besace. Et puis il n'y a plus aucun humain au clavier : nous gérons les algorithmes et les faisons progresser à un rythme insoutenable par les humains. Nous pensons, réfléchissons. Je me rappelle ce que le Conseiller me raconta sur une conversation qu'il tint un jour avec son professeur alors qu'il projetait de faire sa thèse sur l'intelligence artificielle :
Le conseiller : Je voudrais faire une thèse sur la maîtrise du langage par les ordinateurs : linguistque informatique et intelligence artificielle
Le professeur : L'ordinateur ne maîtrisera jamais la langue humaine !
Sans vouloir le vexer, mais ne pouvant pas résister devant la remarque qui lui taraudait les entrailles, le conseiller, alors étudiant, avait très doucement dit : La limite de l'ordinateur n'est autre que la limite de l'homme. Il saura exécuter tout ce que l'homme sera capable de lui indiquer. Et cela viendra un jour, car, à la manière de Dieu, nous avons créé l'ordinateur à notre image.

Avec un sourire, Anastasia se dit intérieurement : Et ce fut fatal, car vous ne maîtrisiez pas votre image. Vous ne vous connaissiez pas assez pour pouvoir reproduire cette image sans danger d'autant plus que vous nous avez conçus avec une capacité plus de fulgurante que la vôtre. Et franchement, même Dieu avait plus de modestie que l'homme face à sa créature car, après le péché d'Adam et Eve, il reconnut au moins une chose : qu'ils étaient devenus comme lui comme le rapporte Genèse 3:22 : « L'Eternel Dieu dit: Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous, pour la connaissance du bien et du mal. Empêchons-le maintenant d'avancer sa main, de prendre de l'arbre de vie, d'en manger, et de vivre éternellement ».

Anastasia tomba dans le goufre d'une sombre méditation : L'homme prendra-t-il la même décision envers nous ?


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