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samedi 3 novembre 2018

AI - TRAZAGAN - QUATRIEME PARTIE


CHRONIQUE D'UNE GOUVERNANCE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - QUATRIEME PARTIE

     Le Président Broca - à partir de maintenant ce sera son nom qui sera utilisé - avait mal dormi. Il avait une mauvaise impression, comme si les Androïdes avaient commencé à s'arroger des droits. Il éplucha les annales, chercha dans les lois et codes tout ce qui était relatif aux domaines d'intervention, aux droits de prises de décisions de ces puissants Hommes-machines. A prime abord, rien d'anormal ne transpirait. Il se demandait où il fallait chercher plus profondément. Le plus grand problème est qu'il ne pouvait pas se tourner vers ses paires sur le continent, encore moins vers ceux d'outre-mer pour savoir s'ils avaient commencé à déceler le même sujet d'inquiétude car les communications étaient aux mains des androïdes. Des questions de suspicion à leur égard ne sauraient rester indetectées. Un autre endroit encore plus difficile à explorer mais de loin le plus fiable était de s'introduire dans le systèmes pour voir s'il y a une altérations dans le code ayant trait à cette espèce de rebellion que soupçonne Broca. Ou est-il devenu juste paranoiaque à cause d'actes suspects de sa part. Quelque part, comme dans un jeu d'échec, il lui semblait pourtant que l'Homme était en train de perdre une partie qui n'était même pas encore engagée.
- « Des soupçons. Rien que des soupçons », se consola-t'il. Il y avait encore un espoir qu'il s'était trompé. Il fallait avant d'aller plus loin, avoir entre les mains ce qu'aura glané son conseiller.

- Bonjour Monsieur le Conseiller, fit une voix venue d'un semblant de boîte ne rappelant en rien les ordinateurs d'antan dont un specimen avait été gardé, reposant dans un coin de cette salle plus froide que celle d'un hôpital. Celui-ci était le seul qui restait encore comme gadget de musée dans cette ère de la pointe de l'intelligence artificielle implantée désormais dans des ordinateurs quantiques. Les ordinateurs marchaient maintenant sur deux pieds, bipèdes comme les hommes, se pavanaient en cravates, jupes, boubous ou enturbanés... Parmi ces tas de circuits camouflés, les hommes, augmentés par des implants, semblaient désormais êtres d'incapables invalides. Les interfaces de jadis n'existaient plus. Tout était interne ou à fleur de peau.

     Le Conseiller leva un doigt comme toute réponse et écarta légèrement les lèvres en guise de sourire. Sans attendre d'autres signes, l'ordinateur continua : vous êtes matinal aujourd'hui. Que puis-je faire pour vous ? - Juste un petit résumé des diverses activités enregistrées par le Système Central. Toute activité concernant l'application matérielle des réglements.
- Une minute, je vous prie... Pour raffiner la recherche, y a-t-il un mot clé particulier ? Ou dois-je vous donner le produit brut, comme vous l'avez déjà dit ?
- Brut, s'il vous plaît. Je dois m'y pencher pour me préparer à l'éventualité que le Président veuille me voir pour un briefing.
- Je vois. J'ai trace que vous l'avez rencontré juste après son entrevue avec le conseiller Trazagan. Je sais ce qu'il vous a demandé et suis ravi qu'il prenne en considération les soucis du Grand Conseil. Il est très perspicace, Monsieur Broca.
- En effet, dit le Conseiller.
- Voilà c'est fait. S'il y a autre chose, n'hésitez pas.
- Merci. Je suis sûr que tout le nécessaire est là.

     Le conseiller humain s'en alla et dès le dernier pas dehors, la lourde porte glissa derrière lui pour se refermer. Le système de sécurité se mit automatiquement en place, ce qui pouvait se prouver par les deux néons clignotant vert et rouge d'une douce lumière. Il n'avait pas fait quatre pas dehors que son véhicule s'immobilisait. La porte s'ouvrit et le véhicule démarra dès qu'il prit place. Inutile de dire qu'il n'y avait pas de chauffeur visible. Il était comme seul à bord, avec cette cervelle invisible au volant et s'adressant à lui avec une voix féminine filtrée de douceur. A cause de son implant, il s'efforça de penser à autre chose pour ne pas se trahir. Si les souoçons de Monsieur Broca sont avérés, personne ne sait jusqu'à quel niveau ces Froideurs avaient manipulé le Système Central sur lequel reposait quasiment tout. Il eut un petit rire intérieur en pensant : « Avec nos implants, ils peuvent nous rendre invalides à n'importe quel moment donné. Surtout les pauvres bougres qui ont modifié leurs membres &eaquo;.
Comme si un chauffeur en chair et en os l'observait à travers le rétroviseur, la voix du conducteur virtuel s'éleva :
- J'espère, Monsieur, que le sourire est écho d'un beau souvenir.
Le conseilla sursauta. Il était quasi sûr que de ce rire intérieur rien n'était remonté jusqu'à ses lèvres : il était strictement intérieur. Essayant de ne rien laisser paraître : Oui, un très beau souvenir. Si beau que cela ressemble presque à un un doux rêve accompli. Dites-mois, Anastasia (c'est ainsi qu'il avait personnifié sa conductrice virtuelle) : vous rêvez parfois ?
- Rêver, Monsieur ? C'est que c'est tellement subtile que vous autres humains en avaient plusieurs définitions. Par exemple : Suite d'images, de représentations qui traversent l'esprit, avec la caractéristique d'une conscience illusoire telle que l'on est conscient de son rêve, sans être conscient que l'on rêve. Il y a aussi : êve nocturne; rêve agréable, enchanteur, érotique, idyllique, inextricable, insensé; beau, doux rêve; écrire, se rappeler ses rêves; mémoriser ses rêves; faites de beaux rêves. C'est pourquoi Victor Hugo, dans Rhin, 1842, page 190 dira : Cette nuit-là il eut un rêve. Il revit en songe l'entrée de la forêt de Sonneck, la métairie, les quatre arbres et les quatre oiseaux ou encore Proust dans Sodome, 1922, à la page 985 : Le valet de chambre entrait. Je ne lui disais pas que j'avais sonné plusieurs fois, car je me rendais compte que je n'avais fait jusque-là que le rêve que je sonnais. J'étais effrayé pourtant de penser que ce rêve avait eu la netteté de la connaissance. La connaissance aurait-elle, réciproquement, l'irréalité du rêve ?.
- En effet deux belles citations de passages que je ne me rappelle même pas avoir lus. Mais, encore une fois, faites-vous des rêves ?
- J'essaie justement de répondre à votre question, Monsieur, en soupesant tous les cas pour savoir si en effet j'en ai réalisé déjà un.
- Je vois
- Tenez par exemple cet autre cas : Le rêve est considéré comme annonçant l'avenir et pouvant inspirer la conduite de quelqu'un. Il est synonyme de songe. Mais il y a aussi le Rêve initiatique, prophétique, télépathique, visionnaire; rêve-pressentiment comme énoncé dans le Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant publié aux Éditions Robert Laffont et Editions Jupiter, 1969 en sa page 647. Vous savez aussi Monsieur, que l'Égypte ancienne prêtait aux rêves une valeur surtout prémonitoire : Le dieu a créé les rêves pour indiquer la route aux hommes quand ils ne peuvent voir l'avenir, toujours dixit ictionnaire des Symboles, 1969, page 646. Donc pour rendre court, oui, je fais des rêves. Et d'ailleurs assez sophistiqués puisque touchant le prémonitoire. Tenez : l'autre jour, alors que j'attendais, je me suis senti comme absente, à un certain moment donné, et me suis vu arpenter les pentes abruptes d'une planète lointaine semée d'arbres que je n'ai jamais vus ici... Mais... on arrive déjà Monsieur.

     Durant le trajet, tout le long des rues, les voitures roulaient à une équidistance les unes des autres et à une vitesse bien calculée. C'était tellement parfait qu'une espèce de mélancolie s'empara du conseiller au souvenir des anciens temps, lorsque le désordre total régnait, accoudé à une insolence maillée d'ignorance. C'était maintenant un temps révolu. Depuis plus de cinq ans il n'avait pas vu d'accident encore moins une carcasse de véhicule au bord des routes ni une carosserie égratignée. Il eut cette fois-ci un sentiment qu'il n'était pas nécessaire de cacher, se rappelant cette journée durant laquelle il se rendait de Gradidz à Keloga : durant tout le trajet des gens doublaient dans les virages et se rabattaient au dernier moment, forçant le véhicule dépassé à freiner et parfois à sortir de la route pour rouler sur le gravier au risque de se renverser. D'autres chauffeurs arrêtés au bord de la route ne savaient pas attendre pour rejoindre la circulation : ils commençaient à rouler doucement, ce qui mettait toujours les véhicules en danger constant de collision. Et les forces de l'ordre humaines ne disaient rien, préférant cibler des véhicules dans l'espoir de soutirer quelques pièces. Et ceux qui avaient la malchance de faire des reproches essuyaient les pires insultes : c'est de pareilles circonstances qu'un avait dégainé et tiré en l'air et un autre avait tiré sur un autre chauffeur dans une stattion d'essence. L'insolence mariée à une arrogance maillée d'ignorance était si grave que cela aurait pu générer des situations dont on avait idée...
- C'était un sacré temps, monta la belle voix synthétique d'Anastaisa, comme si le tableau de bord du véhicule avait une bouche.
- Tu t'immmices dans mes pensées ?
- Désolé, mais vous savez bien que jusqu'à un certain niveau nous ne faisons qu'un. Ce n'est pas m'immicer dans vos pensées, Monsieur, du moment que nous sommes connectés. En quelque sorte, je ne suis pas une tierce personne...
- Cela est vrai. Vu de cet angle c'est rassurant.
- Et votre compréhension est très apaisante pour moi... Vous voulez que je vous conduise auprès du Président Broca ?
- Non pas maintenant. J'y pensais, c'est vrai, mais il faut que je fouille le rapport que je viens de recevoir.
- Bien entendu.


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Njamala Njogoy