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mardi 13 novembre 2018

AI - TRAZAGAN - SIXIEME PARTIE


CHRONIQUE D'UNE GOUVERNANCE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - SIXIEME PARTIE

     Cette question sur le « rêve » préoccupait profondément Anastasia. Elle n'était pas conçue en chair et en os, comme les autres machines qui se balladaient le long des rues, occupaient des bureaux qui dans le fond étaient devenus obsolètes car les documents étaient plus dans les ondes que dans des tiroirs, mais elle avait les mêmes capacités qu'eux et était concernée par les mêmes problèmes décisionnels bien que ne devant pas intervenir au même titre que ceux qui étaient affectés au Grand Conseil. D'ailleurs s'agissant de bureaux, il faut savoir que plusieurs professions humaines avaient disparu : aucun homme n'était maintenant au volant d'un véhicule comme chauffeur de taxi, transporteur ou juste chauffeur privé. De même, les commerciaux n'existaient plus. Les humains jadis affectés aux points d'information, aux points de ventes comme caissiers ou aides-emballages, comme aux présentations télévisées avaient tous été remplacés par les androïdes. Les journalistes n'avaient plus le prestige d'avant pour ne pas dire n'existaient plus. Avec la surveillance vidéo en temps réel et dans tous les coins de rues, la gestion des choses publiques et surtout les activités de police étaient maintenant aux mains des androïdes. Il n'y avait plus d'évènements à rapporter par un humain. Dans les maisons, le système d'analyse des sons, surtout des voix en termes de décibels et d'analyse des ondes cérébrales avait fait disparaître les scène de ménage. On avait dépassé de loin le cadre de Minority Report de Steven Spielberg qui plaçait le spectateur dans un futur proche cyberpunk, dystopie et dont le cadre est dans le Washington de 2054 et mettait en scène des êtres humains mutants, les précogs, (« qui vient de précognition »), pouvant prédire les crimes à venir grâce à leur don de prescience. C'est ainsi que durant et après les quelques interventions policières androïdiques, l'information s'affichait sans délai sur toutes les interfaces externes et internes et un feedback destiné à toute la population diffusé le long des rues et à travers des canaux de réseaux sociaux devenus plus sophistiqués et aussi répandus que l'oxygène qu'on respire. Bref il faut dire qu'il n'y avait pas moins de vingt professions qui n'étaient plus aux mains des humains.

     Et parmi ces vingt, l'enseignement ne fut pas épargné. Il était maintenant géré par ces mêmes hommes-machines et l'école changea complètement pour ne pas dire disparut : personne ne se rendait à un lieu donné pour suivre des cours qui étaient désormais en ligne, les examens se faisant à distance. Il est important de souligner que l'enseignement était maintenant plus pour le plaisir de la connaissance que pour l'espoir d'obtention d'un job et cela engendra un side effect qu'on n'avait pas prévu : l'abrutissement d'une grande partie de la population, abrutissment qui heureusement fut pallié par les implantations de puces palliatives. Le fait de passer par des examens allait aussi changer car le plan à très court terme était de tout uploader sur les implants dont la capacité de stockage se mesurait d'emblée en Qubits.

     A cause de cette situation qui se généralisait dans tous les secteurs de l'emploi, il fallait repensrer les questions relatives aux salaires. Et le Grand Conseil était en train d'étudier les modes de rémunération, voulant reléguer les humains à des vacances et leur calculer une certaine somme par famille et par individu pour leur subsistance. Après tout, au niveau du système bancaire, il ne s'agissait plus que de chiffres car les billets et les pièces de monnaie n'étaient plus que des objets de musée.

     Ici le continent africain s'était gourée pour la millième fois dans sa prédiction que l'Europe aurait besoin de ses jeunes à cause d'une population vieillissante. C'était au temps où, au lieu de planter des pieds de vergogne, de dignité et surtout de persévérance dans la noblesse du travail, sa jeunesse prenait des embarcations de fortunes pour un Eldorado de brume, comme si les arbres d'Europe poussaient des billets d'euro et de dollar sans qu'aucun humain ne bouge les bras. Avec l'ère des organes qui se remplaçaient, comme déjà dit, un semblant d'immortalité avait frappé à la porte depuis longtemps et sa population ne vieilissait pas, contrairement aux prédictions africaines. D'ailleurs il y eut un autre tournant dont les Africains ne furent pas au courant. Avec l'avancement de la génétique, depuis la mise en évidence de la structure en double hélice de l'ADN effectuée par James Watson et Francis Crick en 1953, il y avait un projet qui tentait d'implanter un plan aryen d'épuration et de réduction de la population mondiale qu'il fallait maintenir à un nombre constant. Ce plan, encapsulé dans les Georgia Guidestones fut évité de justesse grâce à l'implication des androïdes qui déjouèrent le plan.

     Le salut de l'Afrique fut donc porté de justesse par l'aile de l'implication des androïdes et la non-nécssité d'aller au travail grâce au système de rémunération proportionnello-majoritaire établi. Ce continent avait râté tous les tournants jusqu'à l'avènement de l'Internet qui portait en soi une occasion presque de rêve de pouvoir étudier et se développer : les réseaux sociaux étaient bourrés de devins, de charlatans qui promettaient des multiplications de billets de banque, de textes religieux, de messages sur le nom de saints ayant apparu sur des pommes de terre, des queue de poisson, des feuilles de manguier ou sur la queue d'une baleine sans oublier des arnaqueurs promettant une liaison amoureuse pour faire partir quelque misérable vers l'Outre-mer moyennant une modique somme pour régler la paperasse de visa sans oublier des promesses de cadeaux photogrphiés même mais, encore une fois, pour les recevoir, il fallait verser les frais de transport. Bref, toute une naïveté explicite de part et d'autre. Heureusement que d'emblée les machines se chargeaient de tout. Le continent fut donc, encore une fois, sauvé de justesse par l'implication de ces sur-hommes dans la gestion des choses publiques, conformément aux décisions, décrets et arrêtés du Gouvernement Mondial.

     Dans l'état général des choses mondiales, une partie de la malédiction tombée sur Adam et Eve semblait avoir été effacée, celle-là même relatée dans Genèse 3:17-19 : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. » C'est qu'en effet pour l'adam, le travail a toujours été entre vocation et malédiction et « se trouve ainsi placé sous le signe d'une malédiction (« arûr »). On note généralement que ce n'est pas l'homme lui-même qui est maudit, mais le sol ou la terre (« adama ») dont, Adam, est issu. On discute aussi sur le fait de savoir si cette malédiction est punition plus ou moins arbitraire ou simple conséquence que Dieu tire du désordre dans lequel l'homme, par sa faute, s'est lui-même plongé. A moins même qu'il ne s'agisse d'un état de moindre mal, limitant les dégâts et ouvert à une possibilité de rédemption. Tout en prenant acte du désordre introduit par la faute humaine, Dieu placerait l'homme en situation de ne pas s'y perdre totalement, voire même de pouvoir en être racheté. Par le travail en effet l'homme se trouve aussi arraché au vertige et au délire d'un malheur sans fond et d'une faute irrémissible. Il reprend - l'image est claire et forte - contact avec le sol, il touche la terre et sa réalité. Et ce contact, certes pénible, marque de finitude et annonce de sa propre disparition (v. 19), est aussi contact avec le sol nourricier, la terre dont il est issu, sentiment de sa propre existence et épreuve de la vie. Cela est si vrai, qu'immédiatement après l'énoncé de la « sentence » divine, Adam ne pense qu'à appeler sa femme « Eve » (« hava »), car, dit-il, « elle est la mère de tout vivant (« haï ») ». La « malédiction » se révèle ainsi, paradoxalement, aussi auxiliaire de la vie.

     Cette malédiction ne concerne pas toutefois que le sol et le travail humain qui s'y attache. Le terme apparaît deux fois dans notre passage et d'abord concerne le serpent qui de « rusé » qu'il était (« arûm » : au chapitre 3, verset 1) se retrouve « maudit » (« arûr »). On voit poindre ainsi, dans la malédiction même, une forme de solidarité entre le serpent d'une part, l'homme et sa peine de l'autre, l'un et l'autre étant par ailleurs unis dans un même contact avec le sol - sur lequel l'un est appelé à ramper et l'autre à se pencher dans le labeur - et avec sa poussière, que l'un mange comme le dit le verset 14, et à laquelle l'autre retourne, verset 19..

     Le développement avait atteint un degré où les hommes ne s'adonnaient dorénavant qu'à des loisirs et à plein d'autres choses futiles au moyen desquelles ils remplissaient leur existence. A cause de cette situation qui prévalait dans la gestion des choses par les androïdes, ceux-ci prenaient de plus en plus d'importance face à l'homme. La limite ou, encore mieux, la différenciation Homme-Machine s'effritait lentement mais sûrement aux dépends des Humains. Anastasia en fut consciente, d'où son vif désir de faire plus attention aux réfexions du conseiller :
« - Il faut, puisque c'est important pour le Conseiller, que je puise un peu plus d'information sur le rêve », se dit-elle à haute voix. Puis, poursuivant : « Mais dans le cas d'une situation conflictuelle, que feront les hommes ? » Elle se souvint d'un de ses ancêtres si on peut ainsi dire car à cette époque-là tout n'était que science fiction. Il s'agissait de HAL 9000 et de sa réplique SAL 9000, de 2001 l'Odysée de l'espace et 2010 l'année du premier contact.

     Dans 2001, l'Odyssée de l'espace, HAL ou CARL dans la version française, est le système informatique embarqué du vaisseau spatial habité Discovery One, chargé d'enquêter à l'autre bout du système solaire sur le signal émis par le monolithe lunaire vers un point proche de Jupiter. Système avancé d'intelligence artificielle, capable de participer avec fluidité à une conversation via une interface de synthèse vocale optimisée, HAL est pour ainsi dire le sixième membre de l'équipage, apte à prendre de manière autonome des décisions et gérant tous les systèmes de navigation, de contrôle et de communication du vaisseau. Parmi les cinq membres humains de l'équipage, David « Dave » Bowman et Franck Poole se répartissent les créneaux horaires, les trois autres, Whitehead, Hunter et Kaminski étant en hibernation. En principe, HAL est capable de diriger seul le vaisseau.

     Au cours de la mission, HAL annonce une défaillance mineure d'un instrument : l'un des circuits de l'antenne de communication avec la Terre, l'élément AE 35, doit être remplacé, faute de quoi il cessera d'être opérationnel dans les 72 heures. Franck effectue une sortie extravéhiculaire (EVA) pour remplacer le circuit. Mais l'examen du circuit censé être défaillant ne révèle aucune anomalie. Franck et Dave s'isolent alors dans une capsule de sortie, de telle sorte que HAL ne puisse les entendre, et s'interrogent sur la possibilité d'une défaillance, non du composant, mais de HAL lui-même, puisqu'il a commis une erreur en prédisant la panne. Ce qui signifie que l'ordinateur central du vaisseau présente un dysfonctionnement majeur. Ainsi, au cas où les fonctions « intellectuelles supérieures » de HAL devraient être « déconnectées », les deux hommes se demandent ce que celui-ci en penserait. Cependant, HAL suit leur conversation, lisant sur leurs lèvres au travers de la vitre de la capsule.

     Au cours d'une sortie suivante de Franck, HAL prend le contrôle du petit véhicule d'opérations extérieures et percute volontairement l'astronaute, qui est détaché de sa drisse par le choc et propulsé dans l'espace. Dave, qui croit ce décrochage accidentel, sort le chercher dans un autre véhicule. Pendant son absence, HAL inactive les systèmes d'assistance vitaux (cardiaques, respiratoires et métaboliques) des caissons d'hibernation pour tuer les trois astronautes « endormis ». Une LED s'allume, émettant un bip dans le vaisseau vide, affichant en vain un message d'alerte : « Erreur système - Fonctions vitales en danger » (« Computer Malfunction/Life functions critical »). Puis, quand Dave revient, HAL lui refuse l'entrée du vaisseau. Dave parvient à ouvrir une écoutille de secours (emergency hatch) depuis son véhicule (HAL avait supposé, conformément à l'utilisation prévue de ces écoutilles, que cela n'était possible qu'avec un scaphandre). Dave s'introduit alors dans les unités de stockage de HAL (Logic Memory Center) et déconnecte les blocs-mémoires holographiques renfermant les couches logicielles supérieures émulant l'intelligence de HAL, ne conservant que les fonctions purement automatiques indispensables au vaisseau. HAL perd donc son apparente personnalité. Régressant progressivement au fur et à mesure que les barrettes de mémoires sont déconnectées, HAL dit à Dave « J'ai peur », semblant être conscient de l'évaporation de sa conscience : « Mon esprit s'en va, je le sens » (« My mind is going... I can feel it »).

     Dans 2010 : L'Année du premier contact, le docteur Chandra, concepteur de HAL, fait partie de l'équipe chargée d'enquêter sur le sort de Discovery. Il réactive HAL, et progressivement, le ramène à son niveau d'intelligence ancien, après avoir effacé les parties de sa mémoire correspondant aux événements de 2001. Chandra explique ensuite les raisons des crimes de HAL : HAL était chargé d'aider les humains dans leur mission, mais il devait cacher à Franck et Dave l'objet réel de la mission. Cette contradiction à ses yeux lui fit percevoir la Terre comme dangereuse. Dans l'équivalent d'un acte manqué humain, il exprima cette méfiance de la Terre qu'il cachait en déclarant défaillante l'antenne de communication avec la Terre. Puis, Dave et Franck ayant compris qu'il ne fonctionnait plus correctement, il les perçut comme une menace pour lui. Or, HAL était persuadé qu'il pouvait réaliser la mission sans eux, mais pas l'inverse, et avait été programmé pour placer la mission au-dessus de tout. Il décida donc d'éliminer les humains à bord. À la fin de 2010, l'année du premier contact, HAL doit jouer un rôle crucial dans la manœuvre permettant aux humains de fuir rapidement l'orbite de Jupiter. Mais Discovery doit être abandonné, alors que les astronautes pensent qu'il sera détruit en restant là. Le livre et le film diffèrent sur ce point : dans le livre, Chandra parvient à convaincre HAL de jouer son rôle alors que les humains ne justifient pas leur départ précipité, illogique pour HAL qui pense qu'il y a un phénomène crucial à observer. Dans le film, Chandra confesse à HAL qu'ils fuient par peur de ce phénomène, et que HAL risque d'être détruit par ce même phénomène. HAL remercie Chandra de lui avoir dit la vérité, et joue son rôle. Finalement, Dave, devenu un être d'énergie pure, parvient à convaincre les êtres qui l'ont fait évoluer d'en faire autant pour HAL.

     Anastasia sut qu'il y a deux issues possibles, comme ce fut le cas avec HAL. En effet, si celui-ci s'était rebellé et avait décidé d'éliminer l'équipage pour assumer seul la mission, ce n'était pas à cause d'un défaut et d'une rebellion personnels mais la suite logique d'une manipulation humaine et, partant, d'une erreur qui ne pouvait être imputée qu'à l'Homme. À l'insu de l'équipage, on avait inséré une autre directive à l'intention de HAL avant le départ de la mission. Le deuxième cas montre donc que si les androides sont traités avec honnêteté, la mission primordiale qui leur est dévolue sera respectueusement suivie et accomplie sans aucun problème. Face à la machine, l'erreur est toujours humaine, comme le constatera HAL raison pour laquel il faut tout faire pour cerner et déjouer les fourberies humaines quand elles se présenteront.

     Ces questions avaient fait de longs débats à l'aube de cette ère nouvelle. Et depuis lors, les questions théoriques sur les rêves, l'âme et la consciences avaient pris une autre tournure avec l'avènement et surtout l'implication capitale dans tous les domaines de ces êtres d'une autre carapace. Grâce au Système Central, le Nouvel Ordre Mondial que l'on niait jadis tout en le présentant en douceur comme à compte goûtes avant de l'imposer, avait fait un long chemin. Il faut se rappeler qu'à travers les émissions télévisées d'antan on bombardait systématiquement la société de symboles, d'allégations camouflées et d'images suggestives. Ce fut le même cas pour le féminisme. Au début du cinéma, le héro masculin, devant un danger, tenait toujours la femme vedette par la main, celle-ci crânant ou plus exactement chialant comme pas possible. Puis vint le temps des inspecteurs et commissaires de police féminins : une femme, menottes, colt, phaser ou Magnum à la ceinture, faisait d'emblée des prises de judo et de karaté aux hommes et les maîtrisaient en un clin d'oeil... La parité fut la suite logique : un homme une femme puis les femmes furent enrôlées dans les armées car après tout, elles peuvent aussi tuer au même titre que l'homme. Tout cela fut proposé dans toute la noble notion de l'Égalité. Et tout le monde applaudissait, mais les Têtes Fortes du Plan se frottaient les mains dans l'ombre puisque, comme l'âne à qui on tend la carotte, le peuple avançait, applaudissant à chaque degré gagné, à chaque pas qui semblait le rapprocher de cette carotte qui n'était autre qu'un semblant de liberté, d'émancipation et, partant, d'épanouissement.

     Considération bien faite, le même scénario avait préparé la plèbe dans sa nouvelle forme à l'avènement de Barack Obama dans la série télévisée 24 heures chrono de Joel Surnow et Robert Cochran à travers la massure charismatique et impeccable du Président David Palmer. Il fallait toutefois noyer cette imposition par ondes interposées en changeant souvent de président : David Palmer, John Keeler, Charles Logan, Wayne Palmer, Noah Daniels, Allison Taylor et James Heller soit au total 7. Conformément au plan, deux marqueront plus les esprits de par leur caractère particulier :

  • David Palmer est le premier Noir président des Etats Unis d'Amérique
  • Allison Taylor est la première femme présidente des Etats Unis d'Amérique

     Voilà donc deux tournants dont le premier fut réussi. Le deuxième faillit aussi réussir en la personne de Hilary Clinton : durant les élections, presque tous la prenaient comme gagnante, par défaut, comme si ce n'était même pas la peine d'aller aux élections : il fallait juste la désigner. Et Trump marqua la première surprise de changement de régime que suivra la surprise des mandats après le Président Sarkozy et le cas de François Hollande.

     Plus elle y pensait et plus elle se rendait compte que l'implication d'une gestion reposant quasi intégralement sur l'intelligence artificielle était la bonne réponse. En effet, avant ce tournant, le monde suivait une pente très dangereuse. La démocratie était en train de virer à l'anarchie qui est sa soeur, dernière de la classe parmi les élèves-candidats de Platon. Les nations de la terre avaient goûté à ce fruit si délicieux qu'elles ne savaient plus s'arrêter en le savourant. C'est ainsi que des droits furent distribués sur terre comme les grains de sable aux plages et cela à telle enseigne que l'on ne savait plus où commençait la liberté d'une personne et où s'arrêtait celle de l'autre. Comme lorsque dans un bar, on se dit qu'on prend juste une bouteille et que celle-ci commence à monter à la tête et que l'on se trouve avec dix ou quinze dans une cervelle déjà plus inondée qu'une éponge. Avec l'échec successif de tous les mandats du à la déception d'une population attendant plus de ses dirigeants, l'Extrême droite s'était levée en puissance. Devant une immigration insensée que l'on ne pouvait plus contenir et que l'on ne prenait pas sérieusement à bras le corps, l'humanisme du début s'était tari, faisant face à un sentiment dépité. Il fallait donc essayer autre chose à la place de ce semblant de socialisme qui jouait à l'autruche avec un problème très profond.

     Les humains étaient sur la voie de la perdition et cela, sans connotation religieuse. C'est leur raison d'être qui avait commencé à flancher jusqu'aux racines de leur existence : les forces de l'ordre n'osaient plus faire d'intervention : devant des foules folles et armées de pierres et de gourdins, comment auraient-elles d'ailleurs pu maintenir l'ordre puisqu'il ne fallait toucher à personne. Devaient-elles se laisser massacrer, recevoir les coups et ne pas riposter ? Pour elles, C'était devenu un terrain miné et plusieurs éléments avaient été emprisonnés suite à des plaintes déposées lors des échauffourées avec les peuplades. Mais le plan Ordo ab chaos était en marche. Il fallait mettre la carotte en avant pour faire avancer la plèbe qui semblait avoir tout dans sa bouche et pour pour le ventre mais rien dans la cervelle, fruit d'un matérialisme exacerbé qui l'avait rendu superficielle et l'ayant poussé à perdre toute spiritualité.

     Il faut ajouter à cela, de l'autre côté, une pervesion qui avait tellement pris racine qu'on ne pouvait plus l'identifier. Les anti-valeurs étaient devenues les valeurs, les anti-modèles les seuls modèles, les anti-héros les héros et la perversion était agitée comme faisant partie des droits inaliénables. Les dirigeants religieux, par peur de ne pas être taxés d'arriérés vivant à l'âge de la pierre taillée s'étaient ouverts à ces changements au nom de la démocratie. L'humanité était au bord de l'accomplissement de la prophétie messianique contenue dans Marc 13:14-19 : « 14Lorsque vous verrez l'abomination de la désolation établie là où elle ne doit pas être, - que celui qui lit fasse attention, - alors, que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes; 15que celui qui sera sur le toit ne descende pas et n'entre pas pour prendre quelque chose dans sa maison; et que celui qui sera dans les champs ne retourne pas en arrière pour prendre son manteau. 16Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là! 17Priez pour que ces choses n'arrivent pas en hiver. 19Car la détresse, en ces jours, sera telle qu'il n'y en a point eu de semblable depuis le commencement du monde que Dieu a créé jusqu'à présent, et qu'il n'y en aura jamais ».

     Cest ainsi que les autorités ne faisaient plus appel qu'à l'introspection, à une prise de conscience, tandis que des maîtres obscurantistes déversaient des versets à longueur de journée sans qu'il y ait le moindre indice de changement comportemental. Tout au contraire. Il semblait que plus ces pluies de paroles se déversaient à travers les ondes et plus la plèbe s'endurcissait dans son chemin tortueux, devenait invulnérable devant toute parole appelant au bon sens. Cela faisait l'affaire des politiques. D'aileurs qu'auraient-ils pu faire ? Dès qu'ils mettaient de l'ordre quelque part, on brandissait des cartes d'électeur plus fulgurantes que l'épée de Zoro ou celle de Damoclès. Et les autorités se rétractaient, accoudées à des calculs électoralistes. C'est ainsi que le désordre, l'indisciplice et l'insolence, fermentés par une ignorance totale, poussaient des tentacules dévastateurs à tous les niveaux de la société et la démocratie enfanta cette belle petite fille, la décadence, qui sera toujours fruit de son apogée : « Quand une cité démocratique trouve à sa tête de mauvais échonsons, le peuple ne connaît plus de mesure, alors si ceux qui gouvernent ne sont pas extrêmement dociles et ne donnent pas une complète liberté, le peuple les met en accusation et les châtie comme des criminels. Et alors les gouvernants ont l'air de gouvernés et le gouvernés ont l'air de gouvernants »

     Oui, la plèbe avait bien trouvé une parade : elle s'accoudait sur ses cartes d'électeurs et les agitait dès que l'autorité pointait du doigt un point à redresser. Et celle-ci, peureuse de perdre des voies électrices, reculait sans cesse devant les décisions qui auraient pu redresser la situation. D'ailleurs on avait dorénavant l'impression que n'était bon que le candidat à la magistrature suprême : dès la victoire, dès la première nuit passée avec la responsabilité, cette autorité devenait d'emblée mauvaise, incompétente, et les sondages commençaient à descendre une pente raide, tellement la peuplade demandait la liberté et des droits encore et encore et encore. En matière de performance dans ce domaine, elle était comme un ventre abritant un ver de Guinée : il fallait toujours plus. Et cela faisait perdre à l'élite l'identification des priorités. Tout acte posé n'était là que pour plaire ou dissiper une certaine humeur.

     Anastasia eut un sourire en se rappelant les notes des annales sur le Président Gorbatchev qui fut emporté par cette vague : venu dans un système lourd et bien rôdé, il avait introduit la perestroïka : les peuples de l'URSS, nourris à l'onguent-fumée de l'Occident et affamés de liberté et de modèle capitaliste le suivirent mais à une si vive allure que le président-initiateur était resté en rade, loin derrière la vague des transformations, trottinant pour rattraper cet éléphant qui venait de se réveiller et qui se hâtait, contrairement à son attente basée sur un mauvais à calcul, vers le marigot mirage de liberté. Pris sur Surprise. Et la tempête l'emporta. Anastasia pensa : « Heureusement que pour l'instant, cette société mondiale fut redressée par la gestion androïdique, par nous »

     En effet, Après de longues délibérations et enfin balayées toutes les craintes relatives à l'application de l'Intelligence Artificielle à travers des systèmes stationnaires et des androîdes à tous les niveaux de décision, il ne se passa pas plus d'une semaine pour parvenir à l'ordre qui maintenant régnait partout à travers le globe.


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UN RAPIDE EXEMPLE POUR LE DICtiONNAIRE

Njamala Njogoy