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Affichage des articles du septembre, 2018

CHANTS D'OMBRE - TOUT LE LONG DU JOUR

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TOUT LE LONG DU JOUR Pour ce poème, nous sommes tenté de faire une simple proposition : au lieu d’aller dans une explication, nous avons la sincère tentation de vous proposer une chose : prendre le livre de Senghor, puis la route Dakar-Saint-Louis. Au retour, venez nous voir, et nous reparlerons de « Tout le long du jour » , lorsque vous aurez été bercé par le rythme de baguettes métallique qui battent sur un tam-tam de fer sourd fait de peau d’acier. Lorsque votre regard se sera enlisé dans du sable qui s’étend à l’infini, tandis que par hublots vous aurez aperçu des baobabs tendre leurs bras rongés par la sécheresse comme la lèpre ronge doigts et orteils et déforme tous les membres jusqu’au visage, alors sera venu le temps d’interpréter ce poème. Et ne prenez pas la première classe, pour refaire le même trajet sur « les bancs du train de ferrailles. » Notre cœur va pour Senghor, ballotté par le train poussif et poussiéreux et qui, au milieu des pâturages de son royaume d’enfance...

MEA CULPA ?

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Si je vous fais parvenir ces pages, ce n'est ni par vanité, ni pour impressionner malgré la virvolte des expressions. Dans ce flou firmament de follie, je suis moi-même sidéré. Cette éruption pire que stellaire qui m'inonde de magma surréel parmi les éléments bienheureux de l'énigmatique univers m'intrigue. C'est une surprise qui certainement dépassera de loin la vôtre, surprise qui m'abandonne perplexe et perdu dans cette forêt d'idioties. Et je suis comme le cousin diola ci-contre - ou est-ce un toucouleur ? - qui semble ne comprendre rien à rien de ce qui se passe autour de lui ! En réalité, s'il y a une personne qui puisse comprendre ce qui m'arrive, c'est bien vous, de part votre intérêt ; vous êtes les seules à savoir et à devoir pouvoir expliquer. Pourtant d'habitude je suis excessivement autocritique et me comprends relativement bien. S'il y a anguille sous roche, et il y en a bien une, c'est bien vers vous que je dois me tou...

CHANTS D'OMBRE - LETTRE A UN POETE

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LETTRE A UN POETE Nous avons déjà présenté, à deux endroits, la rime cachée de ce poème dédié à Aimé Césaire. Plongeant dans l'âme du poème maintenant, disons que Senghor nous projette sur les hautes sphères de l’amitié. Etre fidèle à une pensée, à un ami, à un compagnon de combat militaire ou politique, se compte certes parmi les plus grands principes universels et donc prisés de toutes les sociétés et cultures. Et comme le veut le « System 5 » de Leibniz en logique modale, « une chose qui apparaît dans un monde possible au moins est possible et une chose qui apparaît dans tous les mondes possibles est indispensable » . Senghor a dirigé et maintenu le contact avec son peuple et ses compagnons de jadis. Parmi eux, Aimé Césaire ami, chantre, père et défenseur de la négritude. « Au frère aimé et à l’ami, mon salut abrupt et fraternel ! Les goélands noirs, les piroguiers au long cours m’ont fait goûter de tes nouvelles mêlées aux épices, aux bruits odorants des Rivières du Sud...

CHANTS D'OMBRE - L'OURAGAN

L’OURAGAN L'Ouragan , un poème interne, intransitif : une tempête partie du poète se déchaîne, souffle ses bourrasques et retourne au poète avec ses chaudes poussières érosives sur la savane du cœur. C’est un ouragan qui siffle dans l’univers senghorien, une tempête de passions soulevant mille feux de pensées et poussant presque à la démence. « L’ouragan arrache tout autour de moi, et l’ouragan arrache en moi feuilles et paroles futiles. Des tourbillons de passion sifflent en silence mais paix sur la tornade sèche, sur la fuite de l’hivernage ! » Cet ouragan qui siffle et ses tourbillons de passion sont-ils justement venus du rêve, presque regretté à la fin du poème « Porte Dorée » et secoué comme un château en Espagne au sortir du délire ? Ce vent interne arrache à Senghor des paroles et des feuilles, c’est-à-dire des pensées, futiles. Il invoque alors la paix sur la tornade sèche, le calme sur l’hivernage qui s’étire et vieillit. A la manière des prophètes de l’Ancien Te...

CHANTS D'OMBRE - PORTE DOREE

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PORTE DOREE Les poèmes courts de Senghor sont souvent les plus difficiles. Ils forment un nœud mystique sur lequel le poète semble poussé à parler mais ne veut pas donner de détails, ne veut pas aller plus loin. Ou bien lui est-il défendu ? Palais de la Porte Dorée... Ou faut y rajouter un coup de gueule contre la porte Dorée qui correspond à la zone de l’est du 12ème arrondissement située près du boulevard Soult et du boulevard Poniatowski, dans le prolongement de l’avenue Daumesnil qui la traverse pour se prolonger à la limite de la commune de Saint-Mandé ? Celle-ci se trouve à 300 m au nord de la porte de Reuilly et 800 m au sud de la porte de Montempoivre. Le secteur fut aménagé pour l’exposition coloniale de 1931 qui donnait à voir une image de la France impériale qui ne se limitait pas aux frontières de la métropole1. On y construisit le palais de la Porte Dorée qui abrita le musée des colonies — aujourd’hui musée de l’histoire de l’immigration — doté jusqu’en 2003 d’une col...

CHANTS D'OMBRE - IN MEMORIAM

INTRODUCTION Nous commençons la longue descente : prndre chaque collection poème par poème et les décortiquer. C'est le moment de dire qu'il est indispensable d'utiliser les Commentaires ou bien l'adresse Email pour nous contacter directement s'il y a des points que vous voudriez éclaircir. De l'autre côté, il faut garder à l'esprit que « Tout livre s’interprète, mais rarement s’explique. C’est qu’un livre, surtout un livre de poésie, fils d’une inspiration particulière, semble parfois échapper même à son auteur. Il passe par une espèce d’automatisme que Senghor a bien senti, qui a dit des autres : « Les poètes gymniques de mon village, les plus naïfs, ne pouvaient composer, ne composaient que dans la transe des tam-tams, soutenus, inspirés, nourris par le rythme des tam-tams » et de lui-même : « Pour moi, c’est d’abord une expression, une phrase, un verset qui m’est soufflé à l’oreille, comme un leitmotiv, et, quand je commence d’écrire, je ne sais ...

A MES PETITS-ENFANTS

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Il est cinq heures, Ballet leurre des lueurs dans la cour, Glissades furtives de silhouettes contre le mur Dont le ciment rachitique a rendu Haines les fleurs que console léger le pas hésitant du zéphyr. A pieds meurent des vagues d'ondes lunineuses successives Sous mes pupilles dilatées. Est-ce toi ? L'absente têtue se matérialise-t-elle Sous la cascade de mes soupirs qui se font verbe ? Les frères sous la chaude chevelure de Ballatrix Ne savent pas toute ma réserve de piles à plat Et l'invite de la terre d'Adéma se fait retardataire. Qui sait !? Il faudra bien que je rassemble les mains aimées de mes petits que par les prés frais      je cours,          rampe,              glousse Avec les enfants de mes enfants:      Marla          Auréléon Wagane    ...

YAHVE ELOHIM

C'est un jeudi, en son jour libre Seigneur que tu m'as refait millénaire ton pardon et ton attention, je dis bien ta miséricorde miséricordieuse. Depuis longtemps mes genoux ont déserté les autels comme goutte d'eau depuis octobre passé n'est tombée - Cela fait dix mois Seigneur ! Dix ! comme pour me remettre en face de tes tablettes inscrites aux pinceaux de feu ! Voilà que les affluents de la foi se réveillent en mon coeur rebel. Tant de ruisseaux qui inondent mon âme ! Je dirai merci à ma grâcieuse qui a préparé l'humus durant la sèche saison Lorsque qu'harmattans et poussières se relayaient devant ma vue comme un tapis d'acier entre le ciel et ma piété ! Que germent les primevères, poussent les mimosas et grandissent les acacias, drus sur la fermeté de la terre Et que planent libellules et phalènes dessus le jardin érigé de l'énigme. Sur les berges de Babylone je saurai tourner le regard vers Sion éclatant de grandeur Tandis ...

FATIGUE BIS

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Fatigué bis, coeur lacéré, cassé partagé sous tant de fardeaux, la fugue des crécelles qui répis aucun me laissent. C'est vrai que c'est l'hivernage. La première pluie est tombée hier. Ou était-ce avant hier ou il y a une semaine ? Je ne sais plus. Il faisait nuit en mon coeur perdu sans sommeil qui ne savait plus distinguer bruit de feuillages, Coups de pilons des villages nocturnes ou éclairs dans la cour céleste dardée de nuées qui font couler mille larmes, gouttes par myriades Qui écrasaient le chauve crâne assoifé de la terre. Voilà pourquoi toutes fibres miennes diluées Sensations aiguisées jsuqu'au paroxisme Et des lutins invisibles luttent drapés De morceaux de pagnes tissés couleur coumbassou d'énigmes devant l'adversaire. Répondrai-je favorablement à l'invite Ou dois-je dédaigner toutes les dunes de sable Ayant élu celle de mon âme pourtant si furtive. Pourtant il y a une dune claire qui chante la nuit sous le clair de lune ...

PRESENTATION IV - NOCTURNES

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Vouloir coûte que coûte éjecter Léopold Sédar Senghor de son Royaume d'enfance et, partant de son africanité c'est lui faire un très grand tord. Et sur quelle base le faisons-nous ? L'avons-nous lu et compris ? Pourquoi le rejeter vers Grecs et Latins ? Nous pensons que le faire reviendrait à rejeter le menuisier parmi les pins, les sapins et les cèedres de la fôret. Encore une fois, ce n'est pas parce que le menuisier cherche à rafiner les meubles qu'il devient meuble ou bois. Si nous l'avons lu, nous ne l'avons pas compris. Mais j'ose espérer que la réalité est que nous l'avons pas compris, ce qui est moindre mal et, partant plus pardonnable car le contraire rimerait à la calomnie, fruit de stupidité. La poésie de Senghor trouve ses racines profondes dans la séréritude et il s'en est lui-même exprimé : « ... La vérité est que j’ai surtout lu, plus exactement écouté, transcrit et commenté des poèmes négro-africains. Et les Antillais, qui les i...