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vendredi 21 septembre 2018

L'AFRIQUE : PROBLEME D'APPORT - PROBLEME DE FUTUR

Trois articles déjà postés traitaient du problème de la Négritude, sujet, comme nous l'avions dit, un peu mal posé, nous l'admettions. C'est que ce n'est pas la Négritude qui a un problème mais le Nègre et, partant l'Afrique, son continent souche. Colonisé et voulant rejeter ce monde qui l'avait rejeté, l'Africain est pourtant forcé d'emboîter le pas à cet Occident contre lequel il se rebelle d'une façon ou d'une autre. Là le hic c'est qu'il semble ne pas avoir réellement identifié le vrai problème en soi, d'où cette révolte épidermique qui le rend allergique à toute critique; qui fait qu'il va jusqu'à critiquer certains de ses enfants qu'il juge suspects puisque sentant le roussi de proximité avec cet Occident, selon sa conception. C'est ainsi que pour lui toute critique est raciste, et paternaliste tout conseil. Toujours aux aguets, il est forcé de se débattre et ainsi s'enlise dans une boue dont il ne connaît le nom.

C'est ainsi que Camara Laye sera foudroyé par les critiques pour avoir présenté une enfance idyllique confinée à l'Afrique et ne pas dénigrer l'Occident dans son roman L'enfant noir. Senghor sera foudroyé pour avoir dit Seigneur pardonne à la France et d'avoir épousé une blanche et osé écrire Femme noire, ou de dire que la l'émotion est nègre, la raison hellene. Tant de réactions qui parfois semblent sortir d'une malette de délires. C'est pour cette raison qu'il nous semble assez clair que le Nègre a un long chemin à faire pour faire face à la piste qui mène à son salut. Pourtant ce chemin pourrait être terriblement raccourci : Il suffit juste d'identifier le vrai problème, la vraie raison de sa condition actuelle, au lieu d'agiter ses membres engourdis dans tous les sens comme l'effort de survie qui perd plus qu'il ne sauve celui qui se noie, puisque l'ayant enveloppé de panique et, partant, livré à la mort.

Comprenons-nous : Nous avons un devoir de mémoire et c’est bien noble de remonter à ses origines par des fouilles archéologiques et la linguistique historique, mais cela peut paraître pathétique si cette remontée est tendue comme une bouée de sauvetage, une corde pour se hisser et se faire accepter au banquet de l’Universel. C'est justement cette dimension du discours de Monsieur Sarkozy que les nègres ont râté dans leur interprétation. Celui-ci, s'adressant à la jeunesse, est une invitation à se tourner vers le futur. Peut-être a-t-il fait une petite faute car, après avoir parlé d'un continent ayant connu tant de civisations brillantes, il est contradictoire de parler d'une Afrique n'étant pas assez entrée dans l'histoire. Il aurait du dire qu'elle devrait être assez présente pour pouvoir faire face à l'avenir.

La psychose parfois mitigée qui pousse à toujours vouloir remonter à des origines lointaines est on ne peut plus compréhensible : La situation aurait été moins pénible si l’Afrique n’avait connu que quelques unes de ses terres colonisées. Cela aurait été plus supportable, disons-nous, si, partout à travers le globe, le Nègre n’avait pas été soumis à la règle et à l’équerre de la domination, de l’avilissement, qui forceront la naissance de la Négritude. Encore une fois, c'est évident que nous avons un devoir de mémoire quant à l'histoire, mais, comme Monsieur Sarkozy l'a dit dans son discours de Dakar, le passé ne s'efface pas : « ... Je ne suis pas venu effacer le passé car le passé ne s'efface pas ... Je ne suis pas venu nier les fautes ni les crimes car il y a eu des fautes et il y a eu des crimes. Il y a eu la traite négrière, il y a eu l'esclavage, les hommes, les femmes, les enfants achetés et vendus comme des marchandises. Et ce crime ne fut pas seulement un crime contre les Africains, ce fut un crime contre l'homme, ce fut un crime contre l'humanité tout entière. Et l'homme noir qui éternellement « entend de la cale monter les malédictions enchaînées, les hoquettements des mourants, le bruit de l'un d'entre eux qu'on jette à la mer ». Cet homme noir qui ne peut s'empêcher de se répéter sans fin. «Et ce pays cria pendant des siècles que nous sommes des bêtes brutes ». Cet homme noir, je veux le dire ici à Dakar, a le visage de tous les hommes du monde. Cette souffrance de l'homme noir, je ne parle pas de l'homme au sens du sexe, je parle de l'homme au sens de l'être humain et bien sûr de la femme et de l'homme dans son acceptation générale. Cette souffrance de l'homme noir, c'est la souffrance de tous les hommes. Cette blessure ouverte dans l'âme de l'homme noir est une blessure ouverte dans l'âme de tous les hommes...

«.. Mais il est vrai que jadis, les Européens sont venus en Afrique en conquérants. Ils ont pris la terre de vos ancêtres. Ils ont banni les dieux, les langues, les croyances, les coutumes de vos pères. Ils ont dit à vos pères ce qu'ils devaient penser, ce qu'ils devaient croire, ce qu'ils devaient faire. Ils ont coupé vos pères de leur passé, ils leur ont arraché leur âme et leurs racines. Ils ont désenchanté l'Afrique. Ils ont eu tort. Ils n'ont pas vu la profondeur et la richesse de l'âme africaine. Ils ont cru qu'ils étaient supérieurs, qu'ils étaient plus avancés, qu'ils étaient le progrès, qu'ils étaient la civilisation. Ils ont eu tort. Ils ont voulu convertir l'homme africain, ils ont voulu le façonner à leur image, ils ont cru qu'ils avaient tous les droits, ils ont cru qu'ils étaient tout puissants, plus puissants que les dieux de l'Afrique, plus puissants que l'âme africaine, plus puissants que les liens sacrés que les hommes avaient tissés patiemment pendant des millénaires avec le ciel et la terre d'Afrique, plus puissants que les mystères qui venaient du fond des âges. Ils ont eu tort. Ils ont abîmé un art de vivre...

«... Ils ont abîmé un imaginaire merveilleux. Ils ont abîmé une sagesse ancestrale. Ils ont eu tort. Ils ont créé une angoisse, un mal de vivre. Ils ont nourri la haine. Ils ont rendu plus difficile l'ouverture aux autres, l'échange, le partage parce que pour s'ouvrir, pour échanger, pour partager, il faut être assuré de son identité, de ses valeurs, de ses convictions... Mais la colonisation fut une grande faute qui fut payée par l'amertume et la souffrance de ceux qui avaient cru tout donner et qui ne comprenaient pas pourquoi on leur en voulait autant. La colonisation fut une grande faute qui détruisit chez le colonisé l'estime de soi et fit naître dans son cœur cette haine de soi qui débouche toujours sur la haine des autres. La colonisation fut une grande faute mais de cette grande faute est né l'embryon d'une destinée commune. Et cette idée me tient particulièrement à cœur. La colonisation fut une faute qui a changé le destin de l'Europe et le destin de l'Afrique et qui les a mêlés. Et ce destin commun a été scellé par le sang des Africains qui sont venus mourir dans les guerres européennes... Face au colonisateur, le colonisé avait fini par ne plus avoir confiance en lui, par ne plus savoir qui il était, par se laisser gagner par la peur de l'autre, par la crainte de l'avenir. Le colonisateur est venu, il a pris, il s'est servi, il a exploité, il a pillé des ressources, des richesses qui ne lui appartenaient pas. Il a dépouillé le colonisé de sa personnalité, de sa liberté, de sa terre, du fruit de son travail ».

Certes cette colonisation a apporté beaucoup de dégâts dans le développement de l'Afrique mais aussi, ce qui est plus grave, elle nous sert de perche en nous permettant de nous excuser sur nos tares, nos défauts et défaillances, nos échecs. Dans ces situations, au lieu de prendre toute la responsabilité, nous plantons les pieds dans une terre de reproches comme un vieux ficus et pointons le doigt vers l'Occident, vers la colonisation. Ceci nous pousse à des situations de paradoxes ridicules qui frisent le nonsense :

  1. Nous voulons déboulonner la statue de Faidherbe mais ne pipons mot sur le pont qui porte son nom. Peut-être faut-il l'abattre, puisqu'il est plus encombrant.

  2. Nous disons France dégage ou Auchan dégage alors que nos enfants meurent dans la Méditerranée pour aller clanddestinement en France; nos présidents et ministres vont se faire soigner en France et leur femmes y vont accoucher; pendant des attaques djihadistes, un sauvetage en mer, l'incendie d'un immeuble, la dénonciation d'un président au pouvoir, nous tendons les bras vers la France. Ainsi nos universités ne sont dignes de recevoir que des paysans du Sine-Saloum, du Cayor, du Baol, de la Casamanse; nos oppositions pensent avoir plus de voix en brandissant des pancartes dans les rues de Paris...

  3. Les SF c'est-à-dire Sénégalais de France, belle appellation pleine d'éloges aux nuances de succès qui pousse d'autres vers les berges de l'Hexagone, font le gros dos et sont regardés comme des Sur-Hommes à cause du fait qu'ils séjournent dans la métropole. Un certains discours d'investiture restera dans la mémoire, et, pour quelqu'un de très averti, fut le levier de la migration puisqu'ayant présenté les émigrés comme des hommes à part sur les bras de qui reposerait en majorité le développement du pays. Cela devint si hallucinant que des filles acceptèrent de se marier avec des émigrés n'ayant pas mis pieds sur le territoire depuis plus de sept ans et sur simple vue de photo.

  4. fils de ministres parviennent à soutirer à leur père des valises de dix millions de francs laissées quelque part dans un coin de la maison.

  5. Toutes nos femmes passent par des césariennes, le sel iodé qu'on avait prévu de vendre sur prescription est le seul sel qui compte maintenant dans tous les ménages; des tomates tombées dans une voiture jamais climatisée et souvent garée au soleil se sont maintenues toutes neuves pendant plus d'un mois - OGM ?

  6. Jusqu'au seuil d'une élection des candidats voulant être à la tête du pays sont indécis, ce qui laisse deviner la légèreté d'un programme pour quelqu'un qui veut prendre dans ses mains mortelles le destin d'un peuple.
  7. Nous sautons sur Donald Trump quand on rapporte qu'il a traité les pays africains de pays de merde. Que la source soit vraie ou fausse n'a pas d'importance. C'est que même s'il l'a dit, il n'est pas le premier sur la liste : les premiers sur la listes sont nos propres enfants qui meurent dans le flot des mers pour regagner l'autre rive. Ils sont les premiers à dire que c'est des pays de merde, que le fait d'y vivre est quasiment égal à la mort, raison pour laquelle c'est Barça ou Barsaq.

Voilà tant de points et la liste est loin d'être exhaustive. Le mal du Nègre, c'est de ne pas avoir le courage de faire face à lui-même. L'histoire lui a tendu une perche qui facilite le campement dans la médiocrité : juste pointer le doigt vers la colonisation dès qu'il y a échec. Non ! un échec ne peut pas venir de nous. Il ne peut être de notre part. Il ne peut être qu'une conséquence de la colonisation, et donc de l'Occident, notamment de la France.

Une autre mauvaise vision est de penser que l'Occident va s'ouvrir, qu'elle aura besoin de l'Afrique à cause de sa population vieillissante, sa croissance démographique quasi stagnante. Nous pensons que c'est ne pas compter avec le futur de l'Intelligence Artificielle; c'est ne pas compter avec l'avènement d'un futur qui sera fortement robotisé. Ainsi, au lieu de travailler, de mettre toutes les potentialités en oeuvre, nous ouvrons notre grande gueule pour décreter des Einstein du XXIème siècle. Nous disons Amen mais force est de constater que des einstein cela ne se décrète pas. Cela se fabrique, pas en ciblant des élèves, mais en assainissant l'environnement intégral de l'Être.

Nous pensons qu'il est temps que les Africain scindent le problème de leur condition en cinq points majeurs

  1. La domination et l'occupation : Les Occidentaux sont venus, leurs armées ont eu raison de nous. Ils ont campé chez nous, ont exploité, fait tout ce que le Président Sarkozy a retracé dans son Discours de Dakar.
  2. Le choc culturel : des habitudes parfois diamétralement opposées et poussant à des analyses assez négatives qui sont parfois noyées dans une interprêtation de racisme, ce qui n'est pas exact. Il faut avoir du discernement pour faire la part des choses. Un exemple : un Nègre taxa le propriétaire d'un petit restaurant de raciste car celui-ci l'avait chassé pour une très bonne raison : revenu du pays, on lui avait remis des mollusques séchés à remettre à un autre compatriotre. Ils se donnèrent rendez-vous. En attendant son compatriote dans le restaurant, les mollusques puaient tellement que les clients commencèrent à sortir un à un. En faisant le tour pour voir la source de l'odeur nauséabonde, le propriétaire vit le sac plastique contre le pieds de la table, s'enquit du contenu puis fit sortir le fautif de suite. Il se mit ensuite à asperger l'espace d'aérossol, ne réagissant point aux vociférations du porteur de sac plastique qui l'arrosait de tous les noms d'oiseau. Voilà l'exemple d'un Nègre qui, au lieu d'accepter sa faute, décharge celle-ci sur tous les Nègres du monde : on ne l'a pas fait sortir parce qu'il est stupide, lui, mais parce que le proprio n'aime pas les Nègres, il est raciste...

    Le choc culturel a fait écrire à Léon Gontran Damas Hoquet dans Pigments, Pière d'un petit enfant nèegre à Guy Tyrolien, Le message à Léopold Sédar Senghor, entre autres.

  3. Le reniement : Après avoir été dominés, on nous nié l'humanité. De l'exposition universelle de 1889 à Paris à L'essai sur l'inégalité des races du Comte Joseph Arthur de Gobineau, l'humanité du Nègre avait pris un sacré coup. C'est ainsi que, reprenant le thème Homme versus Anima traité intensément par les philosophes au sortir de la Deuxième guerre mondiale, Senghor introduira Ehtiopiques par le poème L'homme et la Bête.

  4. Le refus : Qu'on le veuille ou non, la Deuxième guerre mondiale sera le levier qui facilitera les indépendances des pays africains. La France occupant l'Afrique et étant occupée par l'Allemagne va faire partir des Africains pour participer au combat pour déguerpissement des allemands. Une fois le combat fini, il était évident que les choses allaient terribelement changer, d'où, encore une fois la vision prodonde de l'homme de discernement qu'était Senghor en érivant Chant de printemps : « Je t’ai dit : Ecoute le silence sous les colères flamboyantes la voix de l’Afrique planant au-dessus de la rage des canons longs, la voix de ton cœur de ton sang, écoute sous le délire de ta tête de tes cris. Est-ce sa faute si Dieu lui a demandé les prémices de ses moissons, les plus beaux épis et les plus beaux corps élus patiemment parmi les peuples ? Est-ce sa faute si Dieu fait de ses fils les verges à châtier la superbe des nations ? Ecoute sa voix bleue dans l’air lavé de haine, vois le sacrificateur verser les libations au pied du tumulus. Elle proclame le grand émoi qui fait trembler les corps aux souffles chauds d’Avril ! Elle proclame l’attente amoureuse du renouveau dans la fièvre de ce printemps, la vie qui fait vagir deux enfants nouveau-nés au bord d’un tombeau cave. » Il y aura donc des résistances, des demandes d'indépendance et, aux Etats Unis, les mouvements d'émancipation : d'emblée hors de question qu'après avoir combattu dans les charniers, que cousin Blanc John entre par la porte avant d'un bus et que cousin Noir John passe par celle de derrière.

  5. L'apport : Voilà le point qu'évite le Nègre. Voilà le point sur lequel le Nègre ne s'est pas arrêté. On ne peut pas effacer le passé : on a été dominé; notre continent a été occupé; on nous a nié jusqu'à l'humanité; il y a eu choc culturel sous turban de racisme et nous avons refusé; nous avons pris nos indépendances; et après ? Qu'est-ce qui reste ? Nous répondons : L'APPORT.

    C'est le point qui nous fait peur. C'est l'essentiel de ce que Sarkozy voulait nous dire en s'adressant à la jeunesse, c'est-à-dire aux Piliers du Futur. Et nous ne l'avons pas écouté. Pourtant il aurait fallu. Nous devrions écouter plus ceux qui parlent de notre morve que ceux qui disent qu'elle n'existe pas alors que nos narines en sont bouchées. A contre courant, Monsieur Sarkozy pourrait reprendre la pierre qui lui est jetée et nous la retourner en empruntant le désespoir de Senghor devant la sourdité de leur appel lors de la débandade de la Deuxième guerre mondiale dans son poème Guelôwar : « Dans la nuit nous avons crié notre détresse. Pas une voix n’a répondu. Les princes de l’Eglise se sont tus, les hommes d’Etat ont clamé la magnanimité des hyènes. Il s’agit bien du nègre ! il s’agit bien de l’homme ! non ! quand il s’agit de l’Europe. » Eh oui ! Non, Monsieur le Président, quand il s'agit de l'Afrique qui a une allergie épidermique à toute critique, surtout venant de la France et le conseil est toujours paternaliste. Pourtant, peu importe multes choses ! Dans cet instant du discours de Dakar, il fallait juste vous écouter avec des oreilles attentives car « Président ! Ta voix nous dit l’honneur l’espoir et le combat, et ses ailes s’agitent dans notre poitrine. Ta voix nous dit la République, que nous dresserons la Cité dans le jour bleu, dans l’égalité des peuples fraternels. Et nous, nous aurions du juste répondre « Présents, ô Président !»

Nous pensons que l'Afrique trouvera la trajectoire lorsqu'elle saura faire face à ce dernier point car faire face à ce point se résume à prendre ses responsabilités, prendre son destin en mains.

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Njamala Njogoy