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samedi 1 septembre 2018

POUR UNE HISTOIRE DE MIEL

Voila une Petite affaire de singes et de 'catastrophe' pour rire : il s'agit d'un condensé du conte. en effet, chez les Sérères, une ethnie du Sénégal, des contes il y en a par milliers. Certains d'entre eux sont sont dignes de l'Avare de Molière :

Des singes virent passer un homme, une gourde à la main. Arrivé à la hauteur d'une termitière, celui-ci tituba et s'écria « Catastrophe ! » lorsque la gourde se brisa partiellement en tombant. L'homme fit tout son possible pour récupérer une partie du miel éparpillée puis reprit son chemin. 

Quelques singes s'approchèrent et, voyant le liquide brun, y plongèrent un doigt et goûtèrent avec hésitation. Mais quel délice ! Alors ils voulurent avoir de cette « catastrophe » et firent tout pour s'approcher de l'homme. Les voyant le suivre, l'homme leur demanda :
« Qu'y a t'il ? Pourquoi me suivez-vous ? »
« Nous avons goûté un peu à « catastrophe » qui s'est éparpillé sur la termitère. Le contenu de votre gourde. Nous voulons savoir où nous pouvons en trouver. » L'homme comprit tout de suite que les singes voulaient parler du miel. Il se mit à rire et leur répondit : 
« Mais c'est facile. Le roi en a en pagaille. Dès que j'arrive, je lui dirai que vous en voulez et soyez assurés que sa Majesté vous fera préparer des calebasses de « catastrophe » à n'en plus finir. Vous pouvez aller vous préparer et rejoignez-moi chez le roi dès la tombée de la nuit. Il sera alors en repos de tous les tracas de la cour. »
« Entendu ! », répondirent les singes en se léchant déjà les babines.
L'homme arriva au village et alla vite trouver le roi. celui-ci l'accueillit d'un air renfrogné :
« Je vous écoute ...»
« Seigneur, en venant vous apporter du miel j'ai eu la maladresse de trébucher et une partie du miel s'est renversée. J'ai juré et j'ai fait ce que je pouvais pour récupérer ce qui était récupérable. En ce moment des singes m'ont entendu jurer, ils sont venus goûter quand je me suis éloigné et ont assimilé mon juron à du miel... »
« Et quel est ce juron ? »
« Votre Altesse ... »
« Redites-le c'est moi qui le demande. » 
« J'ai dit 'catastrophe !'»
Le roi s'esclaffa à en perdre le souffle : « Donc tes singes veulent de la « catastrophe » ? 
« Oui, je leur ai que vous en aviez en pagaille et que s'ils viennet à la tombée de la nuit, votre altesse leur en donnera sans compter. »
« Et pourquoi leur avez vous dit cela ? »
« Votre Altesse, j'ai pensé que c'est une bonne occasion de leur donner une bonne leçon. Ils gâtent nos champs de mil en cassant les tiges pour sucer le sucre des cannes. J'ai pensé qu"en regroupant tous les chiens du village dans un enclos et en disant aux singe que c'est là-bas que se trouve la catastrophe ils iront ouvrir. Le reste est facile à deviner. »
Le roi s'esclaffa à nouveau. Il riait tellement qu'il dut se lever pour faire les cent pas en se tenant les côtes. Après un moment il regarda l'homme : « Votre nom ? »
« Je m'appelle Samba Laobé, votre Altesse" ».
« Samba, sacré Laobé ! Il sera fait comme vous l'avez pensé. Je devrai vous prendre parmi mes conseillers, continua-t-il en riant de plus belle. Des singes qui demandent de la 'catastrophe' et un samba laobé qui leur offre un enclos de chiens ! Haryam ... ! »
Libéré, l'homme s'en alla de maison en maison pour avertir tous les habitants pour qu'ils rassemblent les chiens dans l'enclos qui se trouvait près du palais du roi comme celui-ci l'avait ordonné. Les hommes firent des piquets  et attachèrent les chiens, restant toutefois près d'eux pour pouvoir les libérer le moment venu. 
Dès la tombée de la nuit, on entendit le vacarme de la cohorte de singes avec leurs tam-tams. Ils chanteiant et dansaient en venant, festoyant déjà à l'idée de la quantité de catastrophe que le roi leur donnera dans sa magnanimité. Quand il s'approchèrent, les habitants purent entendre distinctement leur refrain :

Kaad oo Daali
Kaa I nqedaa 
saytaani, sabab, o njaajaan

Noble roi
A votre Majesté
Nous demandons... 

Tous les autres mots sont synonymes et peuvent se traduire par 'catastrope'. Les habitants n'en croyaient pas leurs oreilles. Tous faisaient un effort surnaturel pour ne pas éclater de rire. Arrivés à la porte de la maison, ils baissèrent le vacarme mais pas entièrement, tellement ils étaient excités. Le roi vint à leur rencontre et pointa du doigt vers l'enclos : 
« Tout est à vous ! » 
Les singes se prosternèrent et les tam-tams reprirent de plus bel. Ils reprirent tellement fort que les singes n'entendirent pas les chiens qui avaient commencé à aboyer. Les hommes qui étaient dans l'enclos les détachèrent. 
Tout près de l'enclos, un petit singe sembla entrevoir les yeux d'un chien et tapotant le bras de sa mère qui était juste à côté lui dit : 
« Yaay ! Yaay ! ngid box ! - Mère ! Mère ! Oeil chien ! » 
La mère le rabroua : 
« Tais-toi, Trouble fête ! Tu vois toujours du malheur même au sein du jour le plus heureux du monde ! » 
Deux singes prirent les devants et allèrent tirer la porte de l'enclos. Juste quand les battants commencèrent à se séparer, ils aperçurent trop tard la meute de chiens qui se ruait vers eux... »
C'est ainsi que les singes furent bien servis en 'catastrophe', chacun ayant un chien à ses trousses. Connaissant la relation entre chien et singe qui est pire que celle entre chien et chat, nous laissons libre cours à votre imagination 

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