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lundi 17 septembre 2018

REMINESCENCE

A Sumer nous jouions avec les fils des dieux
Sauvages dans les caprices secrètes de leurs toges rouges
Dérobant de temps à autre des envolées d'ange défendues aux yeux des fils d'Adéma.

A Bagdad ou Babylone nous sommes tombés simultanément
Par delà la verdure fraîche d'un jardin suspendu
- Il fallait la rencontre delà la rue
Que couvrait lentement la nuit d'une robe sombre
Et les balustrades avaient cédé sous le poids curieux de notre passion.
Tu n'avais égratignure aucune,
moi marqué au rouge par quelques fleurs accrochées
A ma chevelure comme une douce raclée divine
Que je t'offris sur le plat du coeur au prix de ma vie.

En Egypte par les beaux sables blonds d'Abydos
Et au pied des pyramides.
Tu rêvais sur la hauteur des collines en te promenant
Avec les yeux flambeau de l'Aimé,
Tout doux chantant sous le velours des feuillages ivresse de verdure
L'épopée de son âme éclairée par les parchemins.

Dans la Grèce antique, de Sparte au Péloponnèse
En passant par Mycène, nous y étions.
Nous nous rendions aux pieds d'Apollon
Ecouter l'oracle de la pythie et Athéna jalousait sévère
Le pétale indigo de tes lèvres croissant de lune.
T'en souvient-il ?

Puis ce fut le passage furtif à Senghor Cité des Samèles.
Tu m'avais suivi par les longs tanns étincelants du Sine-Saloum
En Petite Aïda qui me quittera en cours préparatoire pour les champs élyséens :
Le tam-tam d'outre-monde te réclamait pour la Haute Rencontre None
Des barbes blanches à Sangamar la Nocturne
Et Ngouyane s'était ceint de vermeil
Et d'une voix multidimensionnelle qui donnait froid au dos.
Tu me quittas sans crier gare,
En guise d'adieu entre mes mains d'emblée orphelines
Tu ne déposas qu'un mouchoir surréel pour supporter le destin
D'une mémoire marquée
Au fer rouge de petites fleurs jaunes et bleues si parfumées.
Il n'a jamais réussi à sécher la fontaine de mes larmes.
Tu l'as d'ailleurs su je ne sais par quel faisceau interstellaire
Car tu es venue à la période Gaston Berger à Kaolack,
Par une nuit semi étoilée.
Tu étais descendue de la noirceur galactique
pour les affres du Pont Noireau,
Une guitare lancinante perturbait innocemment
Les baraques de Ndangane enchevêtrées
Dans un long et large pagne d'odeurs putrides mêlées au sel.
Tu t'es assise sans murmure,
Sans salutation aucune comme si de toujours
Nous avions été ensemble sans rupture.
Dieu, que tes yeux étaient fraîche blancheur !
Mais aucune prunelle et l'ombre de la nuit couvrait d'un pagne de pudeur
Et d'énigmes touffues cils et sourcils :
Je ne t'entendais pas non plus respirer l'air salé des marais
Dans la moiteur de la nuit ni applaudir aux pilons de nos talons
Comme jadis là-bas quand s'élevait le talon irréel d'un tam-tam
Dans la brume des champs lointains.
Tes yeux sans prunelles scintillaient sur le sable noir
Qui scintillait de grains de sel
Qui scintillaient sous la lumière blafarde des lampes.
Etais-tu liée à Mbossé la Belle qui se fait parfois
Fille Varanidé des temps ancestraux par les bosquets,
Ou à Mindisse dont les sabots perturbent et remplissent les rues de Fatick
La fille du Sine livrée aux griffes de l'aridité violente ?

Maintenant nous voilà sous la Pointe des Almadies
Que salue chaque jour le soleil dans son dernier soupir.
Est-ce pourquoi nous n'avions pas besoin de mots sinon si peu ?
Est-ce pourquoi, sans s'être effleuré la main,
nos coeurs se reconnurent ?

Je fusionne en cet instant tous nos jours passés,
Toutes les époques qui nous ont vu jouer,
Tous les jardins pendus perdus dans la brume du temps
Et les parchemins aux seins sous soutien-gorges secrets
Des pyramides qui gardent les lignes énigmatiques de l'Enigme.

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