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samedi 22 septembre 2018

SENGHOR : LA RIME CACHEE DE LETTRE A UN POETE

Dans « Lettre à un poète » quand Senghor lance à Césaire : « Tu chantais les Ancêtres et les Princes légitimes, tu cueillais une étoile au firmament pour la rime rythmique à contre temps », il nous met la puce à l’oreille et va en effet rimer tout le poème dédié à l'ami poête dans une rime rythmique à contre temps qui donne du fil à retordre à quiconque tente de démêler les fils de ce trésor caché. Retranscrivons le poème pour en dévoiler la rime :

Au frère et à l’ami mon salut abrupt et fraternel !
Les goélands noirs les piroguiers au long cours m’ont fait goûter de tes nouvelles
Mêlées aux épices aux bruits odorants des Rivières du Sud et des Îles.
Ils m’ont dit ton crédit l’éminence de ton front et la fleur de tes lèvres subtiles,
Qu’ils te font, tes disciples, ruche de silence, une roue de paon
Que jusqu’au lever de la lune tu tiens leur zèle altéré et haletant.
Est-ce ton parfum de fruits fabuleux ou ton sillage de lumière en plein midi ?
Que de femmes à la peau de sapotille dans le harem de ton esprit !
Me charme par-delà les années sous la cendre de tes paupières,
La braise ardente, ta musique vers quoi nous tendions nos cœurs d’hier.
Aurais-tu oublié ta noblesse qui est de chanter
Les Ancêtres et les Princes et les dieux qui ne sont ni gouttes de rosée ?
Tu devrais offrir aux esprits les fruits blancs de ton jardin
Tu ne mangeais que la fleur, récolte dans l’année même du mil fin
Et ne pas dérober un seul pétale pour en parfumer ta bouche.
Au fond du puits de ma mémoire je touche
Ton visage où je puise l’eau qui rafraichit mon long regret
Tu t’allonges royal accoudé
Au coussin d’une colline claire,
Ta couche presse la terre
Qui doucement peine,
Les tam-tams, dans les plaines noyées rythment
Ton chant et ton vers est la respiration de la nuit et de la mer lointaine
Tu chantais les Ancêtres et le Princes légitimes,
Tu cueillais une étoile au firmament
Pour la rime rythmique à contretemps
Et les pauvres à tes pieds nus
Jetaient les nattes de leur gain d’une année
Et les femmes à tes pieds nus
Leur cœur d’ambre et la danse de leur âme arrachée.
Mon ami, mon ami – O Tu reviendras !
Je t’attendrai – Le message confié au patron du cotre sous les caïlcédrats.
Tu reviendras au festin des prémices
Quand fume sur les toits la douceur du soir au soleil déclive
Et que promènent les athlètes leur jeunesse
Parés comme des fiancés, il sied que tu arrives.

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