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mardi 23 octobre 2018

AFRIQUE TA REPONSE

Ta réponse diplomatiquement correcte m'a glacé
Le coeur, Afrique Bien-Aimée.
Ne nous barre point la piste des horizons futurs !
Pourtant ta réponse polie et poliment neutre m'a ramené
Les forts moments froids du Grand Nord,
Lorsque me mirer je ne pouvais plus
Au bord des congelés Lacs Suomiens
Ou bien sur les berges de la Baltique
Lorsque la glace emprisonnait les étangs
Massacrant de laiteux lézardements le Golfe de Finlande
Tandis que mille cristaux se faisaient rivaux
Des icebergs en escapade de la lointaine Antarctique.

Afrique Aimée, ta réponse me repousse
Vers le coeur des hivers,
A l'exil vers les ballets de rideaux boréaux
Lorsque de l'humidité à soixante dix degrés des saunas
On s'élançe vers les lacs gelés durs comme basalte.

Pourtant je médite avec toi car parsème mes nuits
Le corps de mes enfants flottant par milliers
Comme des méduses médusées
Sur les eaux troubles de la Méditerranée,
Mes enfants par milliers flottant
Comme dauphin et baleine
Sans nageoire
     par les eaux
        non-apaisées
           des mers
               du monde.
               Ne t'abandonne point à cette intersection
           Où misère et échec jouent aux échecs sur le damier de l'avenir,
        Car voilà que Vie et Mort s'échangent bagues d'alliance
     Au bas de l'autel d'un coma sempiternel.
Merci d'avance !

lundi 22 octobre 2018

DOUDAM - L'AGONIE D'UN ECOSYSTEME

Au Professeur Markku Simula, membre de l'Académie d'Agriculture de France

Debout sur le seuil, je regarde à l'Ouest : des rôniers épars jouent avec la vue, l'hozizon à reculé de plus de dix

kilomètres. Mon regard cherche des types d'arbres comme jadis, tout enfant, en jouant à cache-cache, je cherchais mes camarades jusque sous les greniers sur pilotis. Je n'en trouve aucun : ils ont tous disparu. Comme le tapis de bambous dont les tiges servaient à faire des ustensiles comme de belles pipes et des fourreaux pour garder le tabac. Il paraît que pour en voir quelques uns maintenant il faut aller jusqu'au terroir de mes cousins-de-lait, les Diolas qui se bercent au hamac du fleuve Casamance, au-delà de la Gambie. En vieillard de mille ans je parle d'arbres que ne connaissent mes enfants. Ils n'ont pas idée non plus des courants forts de Dindié, cette partie de bras de mer où nous n'osions pas aller nous baigner à cause de sa violence, nous contentant de rester sur ses rives pour la pêche à la ligne. Des nuages noirs plus que ma peau s'assemblaient, rideau de charbon contre la ligne lugubre de l'horizon. Mais de l'Ouest il n'y a jamais eu pluie se déversant sur le territoire de mon vivant. Pas encore.

Alors je me réfugie vers le Sud. C'est delà que jadis venait la pluie, rideau blanc d'eau se froissant avec un bruit de

déchirure de tissu neuf, sabots d'un milliard d'étalons fous contre les feuillages inondés que transformaient en gamelles-tam-tams de gosses mille perles liquides. L'idée de la violence de ces pluies s'incarnera plus si votre esprit peut s'accouder sur les films Western, comme Dance avec les loups de Kevin Costner, lorsqu'en pleine nuit les bufles se déchaînent à travers les steppes. Maintenant ce Sud n'a plus que des longues caravanes de nuages sodomites et, partant, stériles, tableaux célestes au ballet de couleurs ne pouvant plus produire une seule goutte fertile. C'est pareil à une longue caravane de chameaux au coeur du désert qui elle-même cherche quelque oasis dans l'aridité du désespoir O Ngoo Fayiil ! Il n'y a plus ces cataractes dignes des temps de Noé, lorsque les écluses du ciel et de la terre s'ouvrirent ! Et des carpes sautaient dans les champs d'arachides et de mil; les vaches s'embourbaient, les bergers frisaient l'hypodermie et la foudre qui tonnait la fureur de Dieu au-dessus de la terre déjà enceinte de mille ruisseaux.

Ah ! C'est vrai qu'il y a encore l'espoir : il nous reste deux points cardinaux à explorer : Le premier c'est l'Est : Là-bas il y a Parare-la-voisine, de l'autre côté du marigot qui parfois charriait crocos ou caïmans durant la saison des pluies. Jadis ce

village était invisible à cause de la densité des arbres. Dans le marigot qui le sépare de Doudam, il y avait des carpes plus grosses que la paume de la main, des poissons-chats et bien d'autres encore tandis que dans les buissons touffus campaient les hyènes et les chacals qui le soir, comme des percepteurs d'impôts, descendaient vers les villages réclamer leur part du bétail. Aujourd'hui ma vue ne s'arrête sur aucune barricade de verdure, aucune haie d'arbres dont la tête portait fièrement l'honneur du royaume d'enfance jusqu'aux hauteurs du zéphyr et de la brise montant de la mer vers le crépuscule : j'aperçois un cheval qui galope de l'autre côté de ce village voisin; une femme qui porte une baignoire sur la tête et qui marche nonchalamment; une calèche qui vient certainement de Diouroup-la-goudronnière.

Je n'osais penser au point cardinal qui reste : comme un avertissement la pluie vient beaucoup plus souvent de ce Nord-

synonyme-de-désert, de Sahara. L'évaporation des étangs du Grand Nord ? Et les pluies se font sporadiques et vénériennes. Pourtant mon peuple qui crie au désert, mon peuple qui prie pour la pluie se met en brassards rouges dès qu'une seule goutte de pluie tombe. Inondation ! inondation ! Et des cartes d'électeurs s'agitent contre les gouvernants gouvernés par les voix électorales comme la lame de la guillotine au-dessus de la tête de Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine ce 16 octobre 1793 sur la Place de la Révolution à Paris.

Nous avons étendu nos villes jusque dans les marées où j'entendais jadis chanter les crapeaux du crépuscule vieillissant aux premières lueurs du jour et, pour moderniser disons-nous, voilà que nous posons des dalles le long de nos rues qui ne connaissent pas de canalisation. Oui, c'est bien de daller toutes les rues pour diminuer la poussière, réduire les poudres de pollutions dans nos poumons déjà pleins de la suie des pots d'échappemenent encrassés au diésel. Mais par où passeront les maigres gouttes d'eau que nous donne un ciel devenu si avare au-dessus de nos terres, cette pluie dont la tombée commence à s'assimiler à la probabilité d'un gain de loterie ?

A Doudam-la-palmeraie nous cultivateurs avons gagné plus de ving mètres sur le marigot qui jadis, lorsqu'enceinte des milles foetus de gouttes d'eau jumelles, bombaient son ventre d'eau jusque dans les champs. à Mbour-la-côtière où jadis j'arpentais à moto les dunes des plages d'emblée disparues, des rochers sèchent à perte de vue leur dos noir comme l'épave ivre d'une baleine échouée parmi des corails. Des hôtels ont baissé rideaux et fenêtres, fermé les portes comme si des hôtes surréels, trop bercés par un trop plein d'oxygène s'étaient tous adonnés à un sommeil de bien-être.

Oh ! Ce n'est pas fini, Professeur : Il y a aussi Guet-Ndar. Là-bas les canons liquides de l'Atlantique démontent les mètres de

plage, bombardent le rivage, avec fureur mais patiemment armée d'une volonté d'acier comme si, prenant comme référence les alentours de Suomenlinna au temps des guerres de Crimée ou Gorée lorsque s'affrontèrent Français-Hollandais-anglais, l'Atlantique voulait nous reproduire en 3D lces batailles des prétemps du monde, lorsque les conquérents d'emblée futiles à ses yeux, commencèrent à planter les pieds sur des littorals indomptés. C'était bien jadis : L'Atlantique, cette vaste étendue mystérieuse drapée d'un bouclier plus fulgurant que celui des légions romaines, frappe belliqueusement à la porte de mes rivages, forte force accoudée à sa nature d'un des trois éléments qui gouvernent le cosmos en appliquant leurs règles, équerres et compas impassibles à la file indienne des minutes qui se succèdent. Nous sommes d'emblée entre l'eau du Ciel qui ne veut pas tomber et l'eau de la Terre qui veut nous engloutir, toute salée et puissante.

La séchresse et les inondations ridicules emportent nos gouvernements rivées à la danse aléatoire du climat qui semble être sorti d'un bar aux dernières lueurs du jour. Et je titube le long des rues de la Cité Développement, balloté à gauche et à droite sur des pieds pas fermes et m'appuyant sur une vue embuée. J'ai la vision courte, car tellement de grains de sable soulevés du désert se sont mariés à mes pluies prophético-prophétesses.

dimanche 21 octobre 2018

SENEGAL 2019


  1. INTRODUCTION

    L'évangile selon Mathieu, au chapitre 7, versets 1 à 6 dit :

    1. Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés.
    2. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez.
    3. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil?
    4. Ou comment peux-tu dire à ton frère: Laisse-moi ôter une paille de ton oeil, toi qui as une poutre dans le tien?
    5. Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'oeil de ton frère.
    6. Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent.


  2. CHEMINEMENT

    Le mot d'ordre de campagne semble être : Senghor n'a rien fait. Abdou Diouf n'a rien fait. Abdoulaye Wade n'a rien fait ... mais faut lui reconnaître des infrastructures. Macky n'a rien fait à part éliminer ses rivaux en les mettant en prison et en continuant les chantiers de Wade. Aucune visison... Mais pour commencer, disons que nous ne sommes d'aucun bord, à part celui de la Nation Souveraine. Inutile donc de dire que ces lignes ne sont pas partisanes : ne cherchez aucune autre couleur que celle d'un sentiment de déception mais qui veut aller au-delà en invitant les acteurs à se mettre sur la scène et que chacun joue son rôle convenablement car, de toutes les façons pour A et Z ou bien pour B et Y, le scénario reste le SENEGAL, l'Alpha et l'Oméga de toutes les bouilloires politiques sénégalaises.

    Très facile de dire et surtout de condamner ! Et c'est malheureusement des mots qui penètrent profondément dans la cervelle d'un peuple qui s'appuie plus sur des rumeurs et n'ont pas sur des analyses dont il semble ne pas être capable dans sa majorité. Mais pour vous aussi, c'est ce que l'on risque de dire au détour du chemin, lorque vous serez escortés par une file voyeuriste trop longue de motos et de voitures aux vitres teintées, rideaux tirés, filant à cent cinquante kilomètres à l'heure le long des rues, infligeant ainsi des embouteillages et retardant les braves gens qui se rendent au travail. Ajoutez à cela la possibilité que lorsque vous direz une bêtise ou poserez un acte désinvolte, vous allez, en guise d'excuse, comme d'habitude, pointer un doigt vers un de ces quatre pour dire que lui aussi avait fait ou dit la même chose, posé le même acte que vous venez de commettre. Mais si c'est pour répéter les actes de l'autre, pourquoi l'écarter pour vous mettre à sa place ?

    1. Senghor a le mérite de nous avoir fédérés autour de la Notion de Nation. Tout jeune, pour souligner ce

      caractère et pas parce que nous aimions les grèves, un seul lycée ne se mettait pas en grêve : il était automatiquement rallié par tous les autres lycées du pays, faisant sortir cette notion de communauté, comme dans l'armée, cette notion de la cause commune, des valeurs d'un corps commun. Les travailleurs faisaient un seul front. L'université faisait un seul front. Malheureusement cette notion a disparu. Politisées ou localisées, ces structures ne peuvent plus fédérer leur ensemble : il y a une classe qui est en grève, une faculté ou sa moitié et dans la même lancée des syndicats d'emblée opportunistes s'entre-déchirent autour des questions capitales. Les écoles ont fleuri au temps de Senghor, avec un niveau très élevé qui ne posait pas de problème d'équivalence au niveau des autres au plan international; la diplomatie était au beau fixe, portant avec un flambeau haut de dignité l'étendard du Sénégal; le pays avait ses hauts fonctionnaires à tous les niveaux de la haute administration internationale et le passeport diplomatique ne se vendait pas, ne se troquait pas contre quelques secousses de perles de chapelets comme bénédiction ou bien pour une pluie de promesses de soutien aux joutes électorales futures. Les industries étaient bien rôdées : Lindiane, les phosphates de Taïba, les tapisseries de Thiès, l'Usine Bata, Chaîne d'Avion et avec ses paires, une super réussite qu'avait fait émerger de terre une vision commune pour le continent : Air Afrique. Elle est fossoyée, Chaîne d'avion, cadavérée Peyrissac, cadavérée et certaines structures rebaptisées se dressent en loques et lambeaux : le vrai problème de l'Afrique ce n'est pas qu'elle manque de choses. Le vrai problème de l'Afrique c'est que rien ne se maintient, rien ne perdure. Il n'y a pas de suivi. Il faudra voir ce que vont devenir nos autoroutes luisantes dans quelques années, comme ce fut'le sort du Pont Sénégal 93 ou bien le magnifique Hôtel Indépendance et le Building Administratif. Raison pour laquelle le poète dira, en d'autres circonstances : « ... il n'est rien que le temps ne déshonore ». Pour éclaircir un peu plus, donnons l'exemple d'IBM : de la vente du papier elle est partie pour les machines à taper puis vers les ordinateurs et s'est spécialisée ensuite dans les Main Frames comme Deep Blue, un superordinateur spécialisé dans le jeu d'échecs par adjonction de circuits spécifiques.

    2. Abdou Diouf est passé par un moment très difficile de redressement économique et de dévaluation du franc CFA. Il
      était un homme d'Etat car, il faut bien le savoir, on peut être président de la République et ne pas être un homme d'Etat. Nous pensons, et c'est gratuit, qu'Abdou Diouf a eu un problème de communication : lorsqu'on plonge dans des tournants majeurs de réajustement, il est important de communiquer, de dire à la population les tenants et les aboutiisants au fur et à mesure que l'on avance. Il faut ajouter à cela un autre fait psycho-sociologique: Abdou Diouf ne pouvait pas priser les bains de foule. Sa grande taille a certainement donné du fil a retordre à sa garde rappochée, raison pour laquelle il ne pouvait se faire le luxe de se promener comme bon lui semblait, poussant à un manque de prise de contact direct avec la population et par conséquent de communication. Aveuglé par un entourage qui se sentait lui-même éternel à son siège, Abdou fut emporté par la vaque des cartes d'électeur et surtout à cause du fait que cet entourage s'était révolté en interne à cause de luttes de clan puis avait fini par se diviser. Il fallait coûte que coûte l'abattre, quitte à tout perdre plutôt que laisser l'autre pan du clan rester à sa place ou à se fortifier. Une chose à savoir : le pas initial après l'indépendance et le redressement économique vécus respectivement par Senghor et par Abdou Diouf demandaient beaucoup de cran : plusieurs jadis candidats ou maintenant candidats auraient pu, si c'était eux, mettre le pays en feu et en sang, car c'est des tournants décisifs dans la vie d'une nation : pour le premier cas, il faut comparer le Sénégal avec les autres pays qui ont presque tous connu des coups d'Etat. Pour le redressement économique, au lendemain de l'alternance, si les rumeurs sont fondées, les caisses avaient de quoi se frotter les mains, raison de jeter les soucis à la poubelle ce qui veut dire que le pari de redressement avait été atteint.

    3. Abdoulaye Wade vint, portant l'espoir de tout un peuple. A l'avènement de son investiture, Nous avons pensé : c'est en
      réalité le premier président du Sénégal, à cause du fait qu'un Sénégal dit politiquement mûr, de sa propre initiative, venait d'élire son président en accomplissant une première alternance pure de régime. Il y avait tellement d'espoir chez les Sénégalais que durant les premières semaines l'esprit d'ordre et de soutient se lisait jusque dans les rues de la capitale sénégalaise : des chauffeurs particuliers au taximen en passant par ceux des Ndiaga Ndiaye et les Car rapides, tout le monde conduisait comme si un ange, durant la veille, avait changé la mentalité du peuple durant son sommeil. Un ordre qui donnait des frissons, tellement il était suprenant palpable. Et un peu plus tard, lorsque petit à petit commencèrent à se faire entendre des grincements de dents parce que certains s'impatientaient de voir un avancement, un changement au haut niveau, on disait : Il faut laisser le Vieux travailler. Et ainsi pendant pratiquement cinq ans, le Vieux qui était personnellement persuadé qu'il n'avançait pas, changeait ministre après ministre après ministre pour ne pas endorser le manteau de la culpabilité, de l'échec. Il fallait coûte que coûte transférer la responsabilité de l'échec sur d'autres, ne pas endosser le manteau de la responsabilité. Et ce peuple pas trop enclin à la clairvoyance réagissait : Tu vois, il est bien de ! Il veut travailler. C'est les gars choisis qui ne sont pas sérieux. Tu vois, il vient de changer un ministre. Il va les mettre tous au pas. Eh oui, il ne pouvait pas être responsable, le Vieux, grand Ndiombor de Senghor. Et lorsque le tsunami des jacasseries, mais surtout de l'arrongance étatique et gouvernementale accompagnée d'une tendance très dangereuse de prise de bord religieux touchera à son comble, une intellectuelle en la personne de Jacqueline Fatima BOCOUM au bord de l'extrême exaspération nous donna un petit enfant très mignon : Motus et bouche... décousue. Le paroxysme avait été franchi lors de la Coupe du Monde tenue en Corée, lorsque des hommes saints et innocents, qui n'ont de centres d'intérêts que leur relation avec le Très-Haut se mirent à marquer des buts à travers la bouche d'une plèbe ignorante.

      Bizarre que le plus diplômé du Cap au Caire et de l'Extrême Orient à la Pointe des Almadies et malgré presque vingt six ans d'oppisition, peinait à démarrer quoi que ce soit et cela pendant cinq ans. Intellectuel de surcroît, comme il le dit lui-même de lui-même, il fut un exemple pathétique de ces cas qui mettent à jour cet aspect opportuniste de nos hommes politiques qui parfois semblent ignorer les plus petites choses jusqu'aux lois qui gouvernent le processus électoral. Et pourtant, à travers les ondes, ils en parlent en experts, saupoudrant la population de leur propre égarement. Un président de la République doit être symbole des grandes valeurs et non représenter le côté le plus obscur de sa société, ce côté qu'il doit combattre et tout faire pour le redresser et s'ériger en modèle, bien que la perfection, comme demlain, soit inaccessible.

    4. Macky Sall est venu, portant un nouveau manteau d'espoir : un jeune né après les indépendances, donc le
      représentant d'une nouvelle génération devant porter une nouvelle vision du monde et surtout celle de porter le Sénégal vers d'autres degrés baptismaux. Se basant sur beaucoup de critères qui emportèrent le président Wade, les termes étaient pleins d'espoir d'une société juste qu'allaientt cadencer la résurection des valeurs : le déploiement du drapeau national dont une cérémonie officielle tous les premiers lundis du mois, la réglementation dans la distribution des passeports diplomatiques, la reconnaissance que tous sont nés égaux et que tous sont des citoyens ordinaires, une mesure quant au déploiement des talibés dans les rues... C'est qu'à un certain moment, les Sénégalais, avant même les grands projets d'infrastructures, attendaient qu'on remette de l'ordre et de la discipline dans la société surtout après la catastrophe maritime du Diola dont les causes sont à trouver dans une néligence administrative, mais aussi dans la mentalité ndogal-yallaîste des Sénégalais.

    5. Mais il y a un autre acteur qu'on a failli oublier de la liste : le colon. Pourtant son poids comme un spectre, semble ne pas être
      effacé de la conscience collective de mon peuple. Il y a eu l'Ancien colonialisme qui se termina le jour de l'indépendance et puis, le Néo-colonialisme qui lui emboîta le pas et qui, camouflé comme un génie dans le feuillage d'un tamarinier lorsque le soleil au zénith, rôde encore et enfreind nos pas vers le développement, délimite la frontière virtuelle de notre progrès, d'où les France dégage ! et les déboulonnements de statues à la ñak fayda puisqu'on n'ose piper mot sur les ponts.

      Ne vous y trompez pas. Soyez sûrs que celui-là sera votre compagnon lorsque vous serez au Fauteuil Moelleux de la Magistrature Suprême. Mais il ne sera pas le seul compagnon. Eh bien non ! Il y aura la mesure dont vous avez jugé les autres qui sera à votre porte dès la première nuit au palais, figée, droit dressée comme un grand chambellan et attendant, pas vos ordres, mais les cris de la population qui monteront de la rue et qui réclameront votre départ car la démocratie aux mains d'un peuple qui n'a pas franchi un certain niveau d'éducation est imprévisible.


    6. LE PIEGE

      Donc comme déjà dit, lorsque l'on implante la démocratie alors que le peuple n'a pas atteint un certain niveau d'éducation, et, partant, de maturité, on se retouve dans la situation décrite par le Livre d'Urantia qui nous dit : « Bien que la démocratie soit un idéal, elle est un produit de la civilisation et non de l’évolution. Allez lentement ! Choisissez soigneusement ! Car voici les dangers de la démocratie :

      1. La glorification de la médiocrité.
      2. Le choix des chefs ignorants et vils.
      3. L’incapacité de reconnaître les faits fondamentaux de l’évolution sociale.
      4. Le danger du suffrage universel aux mains de majorités frustes et indolentes.
      5. L’obéissance servile à l’opinion publique; la majorité n’a pas toujours raison ».

    A ce propos, écoutons Platon, qui est d'avis que « c'est le désir insatiable qui finit par perdre la démocratie » : « ... N’est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien qui perd cette dernière ? C'est à dire la liberté ? En effet, dans une cité démocratique, tu entendras dire que c’est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un homme né libre ne saurait habiter ailleurs que dans cette cité. (…) Lorsqu’une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons, elle s’enivre de ce vin pur au-delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie, les accusant d’être des criminels et des oligarques. Et ceux qui obéissent aux magistrats, elle les bafoue et les traite d’hommes serviles et sans caractère. Par contre, elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l’air d’être gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air d’être gouvernants. N’est-il pas inévitable que dans une pareille cité l’esprit de liberté s’étende à tout ? Qu’il pénètre dans l’intérieur des familles, et qu’à la fin, l’anarchie gagne jusqu’aux animaux ? Que le père s’accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter ses enfants, que le fils s’égale à son père et n’a ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu’il veut être libre, que le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque, et l’étranger pareillement. (…)Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu’ils rendent l’âme des citoyens tellement ombrageuse qu’à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s’indignent et se révoltent ? Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s’inquiéter des lois écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître. Eh bien ! c’est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie. (…) Ainsi, l’excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude, et dans l’individu, et dans l’État. »

    Il faut bien nous comprendre : nous ne sommes pas contre la démocratie, mais tel qu'elle est ingurgitée par nos sociétés, elle se positionne plus comme risque de notre perte que pour le salut de nos sociétés. La situation qui en découle est très visible le long de nos rues : désordfe et indiscipline se positionnent en valeurs cardinales. Et lorsque l'autorité veut mettre de l'ordre, les cartes d'électeurs sont brandies comme menace de perte de voix aux prochaines élections. Alors, devant cette opinion majoritaire frustre et indolente, l'autorité se replie dans l'obéissance à cette opinion publique non-éclairée, incapable de reconnaître les faits fondamentaux de l'évolution sociale. Ajoutez à cela les nobles grandes lignes droits-de-l'hommistes qui, dans certaines mains et consciences sont porteuses d'ivraie - il faut oser le dire. Cela fait que jamais le culte, la glorification de la médiocrité n'a connu un tel essort que maintenant.

    Et c'est cela qui devait être votre indicateur, votre éducateur primordial : après chaque départ, des gens se sont rassemblés pour essayer de faire revenir celui qui est parti à cause d'une déception profonde: des gens ont eu la nostalgie de Senghor au temps d'Abdou Diouf; des gens ont eu la nostalgie d'Abdou diouf au temps de Wade; des gens ont eu la nostalgie de Wade au temps de Macky Sall, comme ils risquent fort d'avoir la nostalgie de Macky lorsque sera venu votre temps. Comble d'échec, y en a t'il pas qui ont eu la nostalgie du colon dans le Sénégal post-colonial ? Ne décrit-on pas la majorité des dirigeants africains comme de nouveaux-colons-aux-peaux-noires ?

    La vérité est que toute personne ayant été à la tête du pays a eu ses mérites et ses défauts ou plutôt lacunes, si vous préférez adoucir. C'est que personne n'a été parfait et personne ne sera parfait. Même en observant la création divine, c'est grâce à la foi que nous nous résignons devant certains de ses aspects : il y a dans le monde la lèpre, des aveugles et des des maladies de toute sorte, des moustiques qui donnent le paludisme, donc une imperfection, à première vue, que nous reléguerons, pour les accepter, comme fruits des voies insondables du Seigneur. Néanmoins, battez-vous, une fois à la magistrature suprême, pour essayer d'accomplir autant que possible, même si vous savez que vous n'atteindrez jamais le bilan campagne-électoraliste que vous exhibez à tue-tête dans vos meetings - modestie et humilité obligent.

    Pour cette raison il faut accepter, mais surtout reconnaître que chacun des prédécesseurs à eu son mérite et qu'il faut accepter la réalité qu'il faut bâtir sur les briques déjà posées pour faire prendre à la nation des pas en avant. Que s'éloigne de vous la prétention d'être le Tout Premier Flambeau de la République : cela risque de vous forcer à renommer des écoles, des établissements au lieu d'en bâtir de nouveaux, ou bien des rues, poudre pimentée que l'on souffle devant les yeux du citoyen pour qu'il voie des mirages d'avancement dans vos oeuvres. Vous parlez contre Senghor mais, premier président de la République du Sénégal, auriez-vous su fédérer cette nation, lui donner les hautes valeurs de civisme, de compétence, et de diplomatie, bref de respect sur lesquelles le Sénégal fut haussé en son temps et qui vous permait aujourd'hui de vous lancer vers cette noble visée ?

    Votre campagne semble, contrairement à ce que vous pensez, retracer les mérites de celui qui est là. La raison est que vous la présentez comme une confession : pour confesser ses péchés, il faut les retracer, en faire le bilan, les décrire. En décrivant les failles et les échecs de l'autre, vous énumérez effectivement, au moins, ses chantiers entrepris. Par exemple si vous dites qu'il n'a pas assez bâti d'écoles, vous acceptez qu'il en a bâties; si vous parlez d'une couverture maladie insatisfaisante, c'est qu'au moins il est en train d'essayer d'en développer une; si vous parlez de décret ou de constitution, au moins a-t-il, selon sa vision, essayé de redresser quelque chose, cette chose pouvant avoir toutefois un but tordu. Et dans ce cas, si jamais vous venez à sa place, il faudra redresser cette constitution et en le faisant, vous toucherez à cette constitution ou à ce décret : rappelez-vous du Décret Ousmane Ngom.

    Pire encore, c'est que vos programmes semblent être des Daba-daaxe, c'est-à-dire du rafistolage des programmes existants, s'ils ne sont pas trop restreints et de trop courte vision. Gëm sa bopp ! un très bon, très beau slogan qui devrait certainement commencer par des réunions au milieu des jeunes et en leur présentant par exemple des documentaires où s'expriment des émigrés honnêtes qui accepteraient de parler de leurs déboires là où ils vivent présenterment; des ateliers pour l'identification de la nécessité de formation pour ces jeunes car, contrairement à ce que nous pensons, nous avons très peu de chômeurs : ne soyez pas choqués. Si vous l'êtes, c'est certainement à cause d'une mauvaise interprétation de la définition de chômeur qui n'est autre que celui qui a une profession, qui a suivi une formation, eu ses diplômes, une maîtrise de la chose apprise mais ne peut pas trouver du travail dans son domaine d'aptitude. Ce qui est le contraire pour la plupart de nos jeunes qui n'ont malheureusement pas d'aptitude, pas de profession, d'où la nécessité de formation professionnelle intensive à très grande échelle. Pire encore, au Sénégal on confond profession et occupation : c'est ainsi qu'à la place de profession vous pouvez trouver agent Air Afrique, une des professions au moindre ridicule parmi la très longue liste de cette mauvaise conception. Rassemblez les jeunes pour balayer les rues est certainement très bien, mais peut-être faudrait-il attaquer le problème à la racine : faire de telle sorte qu'il y ait moins de poubelles dans les rues; que les gens soient conscients de ne pas jeter des paquets de cigarettes vides, des verres jetables, des peaux de bananes, des sacs plastiques et surtout de ne pas cracher à travers les hublots en étant dans un Car Rapide ou un Ndiaga Ndiaye.

    Pour cela il faut un courage politique car l'appel à une introspection n'a servi à rien. A cela il faut ajouter certaines pratiques qui ne vont pas de pair avec le civisme : on est trop enclin à barrer rues et ruelles, de façon anarchique et personne n'ose dire quoi que ce soit : oserez-vous enfin ? Avant des autoroutes à péage, le Sénégal a besoin d'un redressement des valeurs sinon celles-ci deviendront des tombeaux ouverts traversées par des vaches, où des cars tombent des ponts, des taxis se garent sur des ponts à piétons, des apprentis montent sur des camions pour dégager quelques sacs coincés à la rampe des ponts faute de hauteur excédentaire... Il faudra certainement redresser l'application de règles différentes à des situations similaires. Un petit exemple : si je vais partout, me présentant comme général, inspecteur ou commissaire de police, l'on m'interpelerait pour usurpation de fonction. Est-ce vrai pour tout le monde ? N'a-t-on pas emprisonné des gens pour les mêmes raisons ? Et si je me dressai une milice et que je la mette au pas comme un général inspectant ses troupes, me laisserait-on une seule journée assis tranquilement dans mon salon ? Pour prier Dieu, le louer, ai-je besoin de faire sortir des hauts-parleurs et inonder le voisinage d'une pluie de décibels ? Et quand vous prêterez serment, si le lendamin il y a un seul talibé dans la rue, c'est qu'à la toute première marche de votre ascension il est écrit : « Echec ». Au XXIème il est inadmissible qu'il y ait cette pratique. Vous dites bien école coranique. Qu'elles préssentent les locaux avec leurs salles de classes, les matières à enseigner : le coran, les hadiths, la théologie, les mathématiques, la géopgraphie, les sciences de la vie et de la terre, bref, toutes les matières que l'on dispense dans les autres écoles pour pouvoir enrôler un seul enfant. Si vous n'êtes pas prêts, si vous n'avez pas ce courage, alors sortez des rangs et laissez les diambars gagner le front où le déserteur n'a pas de place.

    C'est que dans notre Sénégal actuel nous avons trop perverti les grandes valeurs ou est-ce cette incapacité de reconnaître les faits fondamentaux de l’évolution sociale ? Ou bien en sommes-nous conscients, mais préférons l'utiliser juste pour nous asseoir sur le Fauteuil Suprême et faire tout pour ne pas être déranger ? C'est vrai qu'avec les Droits-de-l'Hommistes les marges de manoeuvre sont assez étroites, mais ils ont le bon sens : personne d'entre eux ne peut accepter ni fermer les yeux sur la violence virtuelle du désordre et de l'indicipline et de l'ignorance qui règnent le long de nos rues - nous osons l'espérer. Nous osons espérer qu'ils sont pour une société juste et ordonnée. Voilà ! Il y a tellement de choses à faire ! Et vos discours, les querelles de basses classes, les thèmes qui vous préoccupent nous semblent tellement maigres par rapport à la tâche :

    • l'agriculture n'est pas au beau fixe. Pas assez de pluie, désertification mais qu'une seule goutte de pluie tombe et nous crânons à l'inondation. Et depuis trop longtemps que cela perdure pour un problème dont la solution est évidente.

    • les universités qui ont des têtes bien faites se battent pour du pain. Au lieu de séminaires et des conférences pour présenter des découvertes nées de la Recherche Développement, elles s'arqueboutent sur des soirées religieuses comme si la connaissance n'étant pas au rendez-vous il faut lever les mains vers le Ciel pour en implorer.

    • les hôpitaux aussi ont de grosses têtes à leur niveau, de bons professeurs, mais comme des mains sans doigts à cause de moyens : raison pour laquelle nous autres allons nous y soigner quand vous, vos femmes et vos proches prennent l'avion pour aller à Paris, New York ou Rabbat pour se faire soigner. Dans des cas de leucémie nos professeurs sont capables de faire une transfusion de moelle épinière par exemple dans des cas de leucémie lymphocytaire mais pour cela il faut une salle particulière qui n'existe pas dans nos hôpitaux. Et pour transférer un malade dans un certain état vers la France, par exemple Hôpital Saint-Louis il faut Trois cent mille euros pour le vol médicalisé et huit cent mille euros d'office - avec possibilité qu'il en faille plus et pas une garantie de guérison
    • - Ah ! pardon, vous avez raison. C'est vrai qu'il y a des Fondations Grandes Dames, ces structures égocentriques, moderne bakk - rythme de tam-tam élégiaque, à la gloire de quelqu'un -, à la manière Samp ndënd, fëg dën. C'est que nous oublions que pour le développement d'un pays, il faut un écho qui retentira très loin dans le futur, le vrai but étant l'Eternité. Mais tel n'est pas le cas : N'y a t'il pas eu des rumeurs d'une Première Dame redemandant les clés d'une structure dans le Sénégal Oriental au lendemain de leur défaite - vrai ou faux ? Reste le fait que le champion terrasé doit seulement ramasser ses gris-gris éparpillés dans le cercle, tourner le dos au tambour major et s'en allait sans lauriers, à part ceux glanés au courant de sa carrière et qui, si son compte est bon, lui laisseront un persistant parfum dans les arènes, même quand il ne sera plus là : c'est la médaille de la bonne gouvernance, d'une gestion digne et honnête qui n'a eu comme but que le bien de la Nation Souveraine. Il faut de fortes institutions à la place du culte de la personnalité !


  3. PARLEZ-NOUS PROGRAMME

    Parlez au Sénégalais de programme, mais ne leur vendez pas des rêves à dormir debout et surtout cessez les insultes. Faites tout pour qu'il n'y ait l'équivalent d'un 1993; ce que nous vous demandons c'est ce que vous pensez faire dans les domaines suivants :

    1. Agriculture Penser atteindre une autosuffisance alimentaire mais aussi comment faire partir vos produits vers le marché international : cela veut dire quantité et qualité, surtout côté hygiénique
    2. Formation Nous sommes dans un mode d'application. Dépasser la théorie et investire dans le R&D<; cela demande un assainissement du milieu de l'éducaation. Pourvoir les facultés scientifiques de tous les instruments nécessaires.
    3. CommerceLe commerce : l'Afrique est le plus grand marché du monde. Nous ne produisons rien et avons tout :cela veut dire une importation qui doit friser les 97%. Cela est du au défaut du point duivant
    4. Industrie Une fois les universités bien munies et fournissant des têtes bien faites à travers R&D, elles deviennent une pouponnière pour l'industrie et l'industrie pour le commerce.
    5. Physique et Chimie Quels projets avez-vous pour nos étudiants qui sont dans ces sciences de pointe ? Des labos ? Ce sont eux, entre autres, qui devront aller gérer les usines pour un Sénégal se battant scientifiquement parmi les nations du monde.
    6. Astronomie - Astro-physique Beaucoup de choses se passent actuellement là-haut. Des milliers d'exoplanètes ont été découvertes, Curiosity est en train de fouiller Mars, l'astéroïde Ryugu a été visité par un satellite japonais miniaturisé. A quand un observatoire, des centres d'analyse liés à ces observatoires ? Demain une comète peut bien sonner le glas au-dessus de nos têtes. Sommes-nous concernés ? Pas du tout ? C'est trop avancé pour nous ? C'est du luxe ? Dans ce cas vous ne méritez pas le Fauteuil Suprême. Venez et je donnerai un petit lot de terrain entre Doudam et Ndiongolor ou bien entre Ndiongolor et Ndialakhar.
    7. L'environnement D'europe nous faisons débarquer de vieux frigos, des carcasses d'ordinateurs, des voitures et nous produisons nous-même une poubelle que nous éparpillons le long de nos rues et jusque dans les champs et les plages. Qu'envisagez-vous pour palier à tout cela ?


  4. CONCLUSION

    Une conclusion très courte que nous adressons plutôt au Sénégalais lamda qu'à vous, chers candidats et que nous tirerons d'un verset qui se trouve dans l'introduction de cet article : Chers compatriotes, ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent. C'est vous qui choisissez, pas pour vous-mêmes, pas pour cet instant précis, mais en tenant compte des petits-enfants de vos futurs petits-enfants. Donc choisissez soigneusement. Ne vendez pas vos âmes et consciences car lorsque l'on vend son âme et sa conscience, ce sont des générations et des générations et des générations qui vont en pâtir.

LONGTEMPS ATTENDRE

Pourquoi longtemps attendre saurai-je ?
Vraie, que ma patience s'est faite jacobienne
Sous la volonté calculée
De l'Oncle Chronos aux mains dures plus que Lote.
Vrai que tout pour la Rachel surréelle
Au sourire d'aube candeur de nymphe
Sourire fraîcheur union Mississipi Misouri
J'affonterai Niagara toundra et Zambèze
Pataugerai par les steppes pétries de raspoutitza
Pour retrouver l'obscure blancheur sibérienne des prunelles !
Et pourtant
Bono hino anngisii
Ciikuli wattataa wa muuɗun !

Car le coeur longtemps barricadé charge,
Sabots ferrés impassibles à la bride
Que je tiens bien maintenir.
Il faudra donc,
A l'heure où l'on débarrasse
Les nattes sous l'ombre transparente des cailcédrats
Que je sache recueillir mes pensées poussins
Pour échapper aux éperviers de l'impatience.

mardi 9 octobre 2018

QUELQUES POEMES DE L. S. SENGHOR EN SERERE - AUDIO


Nous présentons ici une vingtaine de poèmes de Léopold Sédar Senghor traduits en Sérère, sa langue maternelle. Les récitations sont entrecoupées de musique variée dont la sélection tente d'être assez proche de chaque thème. C'est ainsi que l'on trouvera parmi cette musique des chansons comme La chanson des partisans et Solitude de Duke Elington en passant par Yandé Codou Sène, Koumakh Senghor, Cheikh Ciss dans sa belle reprise de Diouwana Sarr, symbole d'amitié profonde, conjointement au poème dédié à Aimé Césaire.


NB: La traduction en sérère de « Chants d'ombre », « Hosties noires », « Ethiopiques » en plus de « Postface - Comme les lamantins vont boire à la source de Simal » et « D'autres chants » est disponible en un seul livre, « A pind Seeŋoor », aux Editions Papyrus Afrique. Contact:
Papyrus Afrique
BP 19472 Dakar
SENEGAL
Tél: (+221) 33 837 38 82



    Titre sérèreTitre français
  1. In memoriam In memoriam
  2. A carind xanjarPorte dorée
  3. A und aleL'ouragan
  4. Um bind a Eme SeseerLettre à un poète - À Aimé Césaire
  5. Ñaal muumTout le long du jour
  6. O yeng a SinigNuit de Sine
  7. JoongJoal
  8. O tew o ƥaalFemme noire
  9. Nitaal ƥaal Masque nègre
  10. Nduleer neLe message
  11. Emma PaylawiilA Emma Payelleville
  12. A teƥ galaas took Pari Neige sur Paris
  13. Um xeɗ maske ke Prière aux masques
  14. Mbangool neLe totem
  15. Dangand ndi o gooy Blues ou spleen
  16. A sutax kasoA un prisonier libre
  17. Siiknoor fa jaaniiw A la Mort
  18. Fat a kooraa fa ƥala yooranaamQue m'accompagnent kora et balafong
  19. Kaltaa EerosPar-delà Eros
  20. A kat no ƥeenqe ruux'ina a koƥ Retour de l'enfant prodigue
  21. Xa losti xa ƥaal - Ee-ecoopi A seek a I aand aleHosties noires - Ethiopiques Partie I
  22. Xa losti xa ƥaal - Ee-ecoopi A seek a II eer aleHosties noires - Ethiopiques Partie II

ETHIOPIQUES - NEGRITUDE : PROBLEME D'APPORT


A la Présidente Tarja Kaarina Halonen et à son pays, à son peuple qui, malgré tant d'années d'occupation et de luttes, sut s'accouder sur son sisu pour se relever et construire un pays modèle de démocratie, de développement économique et technique, un pays qui porte la tête haute au Banquet des Nations. Puisse cette même flamme éclairer l'esprit de mon continent. Ihan varmasti Karjalasta kajahti ! Donc Ave Suomi Neito !



  1. INTRODUCTION

    Voilà le point multidimensionnel et fondamental sur lequel, les Nègres, il nous semble, devraient se pencher pour apporter une réponse définitive, raison pour laquelle nous aurions du laisser des pages blanches à partir de ce point, pages à remplir par tous les nègres, comme dans les blogs. Il s’agit ici de notre place dans la Civilisation de l’Universel et cela pourrait se résumer en termes d’être et de devenir ; de notre développement. De ce point de vue l'Ayant été, c'est-à-dire le point historique, ne devrait plus d'emblée nous servir que comme miroir et devoir de mémoire pour mieux embrasser le futur et nous y faire une place confortable. Encore une fois ce point est important mais il est capitable de réaliser que pour aider l'oiseau Afrique à prendre de l'aile, nous ne devons pas nous concentrer sur une plume surtout pas l'aile du passé, car alors nous n'aurions eu entre les mains que la carcasse d'un oiseau mort qui jamais ne montera dans les airs.


    1. LE PASSE

      Comme pour ne pas oser faire face à demain, voilà le point sur lequel nous campons. Lors d'un échec, nous remontons vers ce passé pour pointer des doigts accusateurs et cela, pour deux raisons et par conséquent dans deux cas distinctifs :

      1. Remonter vers une Egypte lointaine

        comme un affamé qui se rapelle les bonnes odeurs d'un festin que garde la mémoire encore dans un recoin du passé. C'est cette recherche noble de racines qu'il faut aller fouiller dans la terre en archéologue de mauvaise foi pour trouver des vestiges de notre identité en lambeaux. Nous avons répété à maintes reprises que nous avons le devoir de mémoire; que cela était bien, mais ces vestiges sur lesquels nous nous accoudons sont importants au même titre que les carcasses de dinosaures que l'on étale dans les musées; au même titre que ces pierres en silex taillées que l'on interprête et nous présente comme outils de nos lointains ancêtres. Ce point représente un bourbier et nous empêche de fournir des efforts dans l'essentiel, ce que voulait retracer textuellement le Discours de Dakar de Monsieur Sarkozy. Monsieur Lilian Thuram a fait un effort considérable dans son très beau et riche livre Mes étoiles noires, de Lucy à Barack Obama - devoir de mémoire oblige -, mais qui tombe dans le même bourbier qui fait qu'au XXIe sièle, au lieu de participer, nous cherchons toujours à nous faire accepter, à nous faire reconnaître.

      2. Pointer des doigts accusateurs vers la colonisation

        Nés quelques années avant la vague des indépendances, nous avions été contaminés par cette nouvelle flamme, nous berçant sous des hamacs de zéphyrs indicibles au milieu de jardins de rêves les plus fabuleux. Il y avait les belles chansons sur L'unité Africaine, sur Air Afrique qui unissait l'Afrique du Nord au Sud et l'Est à l'Ouest, sans oublier la fameuse chanson issue de la Table ronde Congo - Belgique du Grand Kallé et L'African Jazz - Table ronde. Il y avait, par-dessus tout, l'espoir que la jeunesse à venir allait porter le flambeau beaucoup plus haut, n'ayant pas essuyé les coups et les crachats d'hier comme l'atteste le poète dans Désespoir d'un volontaire libre: « Et au-delà, la plaine soudanaise que dessèchent le Vent d’Est et les maîtres nordiques du Temps et les belles routes noires luisantes que bordent les sables, rien que les sables les impôts les corvées les chicottes et la seule rosée des crachats pour leurs soifs inextinguibles au souvenir des verts pâturages atlantidiens, car les barrages des ingénieurs n’ont pas apaisé la soif des âmes dans les villages polytechniques. ».

        C'est que nous n'avions pas compté avec le fait que, ayant grandi au sein des anciens, ils étaient eux aussi contaminés et leur contamination était plus grave, plus dangereuse : ballotés entre un semblant d'indépendance qui ne dépassait pas l'exercice intellectuel et une incapacité à devoir se prendre en charge, la société est tombée dans l'obscurantisme avec des veillées à tue-ête entre les amphithéatres, les mouvements politiques dans les universités et les révoltes pour la nourriture et les bateaux de fortune vers un Eldorado de brume au-delà des rives méditerranéennes. A contre courant notre jeunesse écrit sur les murs, comme le dira Demis Roussous avec des slogans « France dégage !» et « Auchan dégage !» alors qu'au même moment ils veulent tous débarquer sur les côtes de la Mer Egée, de la Baltique ou de l'Atlantique ouest et de la Méditerranée. Ils déboulonnent des statues de gouverneurs de colonies mais ne disent rien des ponts qui portent leur nom. Et comme le superstitieux qui ne prend jjamais de responsabilité - c'est toujours la faute du collègue, du voisin, d'un sorcier, d'un marabout, d'un génie - ils se déchargent sur les Pères Fondateurs qui ont pourtant eu le mérite de former des nations, de fédérer un peuple jusque là épars autour d'un drapeau, autour d'une nation dont ils sont prêts à défendre l'intégrité et à maintenir la gloire et à oeuvrer pour elle. Ils nous ont initiés à la Notion de Nation.


    2. LE PRESENT

      Cela renferme ce que nous sommes, ce que nous avons, culture et visions confondues et que nous ne devons jamais perdre. Ce n'est pas à marchander en termes de débarras, mais plutôt comme valeur ajoutée à présenter à la rencontre des Nations. Encore une fois, Sarkozy vous dira : « Le problème de l'Afrique, ce n'est pas de s'inventer un passé plus ou moins mythique pour s'aider à supporter le présent mais de s'inventer un avenir avec des moyens qui lui soient propres ... ? Je ne suis pas venu effacer le passé car le passé ne s'efface pas ... Je suis venu vous proposer de regarder ensemble, Africains et Français, au-delà de cette déchirure et au-delà de cette souffrance. Je suis venu vous proposer, jeunes d'Afrique, non d'oublier cette déchirure et cette souffrance qui ne peuvent pas être oubliées, mais de les dépasser. Je suis venu vous proposer, jeunes d'Afrique, non de ressasser ensemble le passé mais d'en tirer ensemble les leçons afin de regarder ensemble l'avenir... ».

      Comme vu dans la partie ETHIOPIQUES - NEGRITUDE : LE REFUS, ce n'est pas seulement l'Afrique qui ait connu une domination-occupation par le passé et à travers le monde. Inutile ici, de s'attarder sur la superfialité des modes et procédures appliquées durant les diverses occupations de peuples par d'autres peuples : ici le plus important c'est qu'il y a des peuples qui se sont relevés et qui ont trouvé une place digne dans le monde présent:

      1. Hong Kong

        s'est relevé et a su faire valoir son know how; a fait des produits dont on se moquait dans le temps et qu'il a su pousser au plus haut degré de qualité. C'est ainsi, grâce à son sérieux, à son application pour une finition propre, qu'il a su apater les grandes entreprises pour une déportation de la production de leurs produits vers son territoire.

      2. Le Japon

        a fait de même. Il est maintenant en tête dans la production automobile et dans l'électronique en général et vient juste de réussir un atterrissage historique sur l’astéroïde Ryugu, précieux vestige du système solaire.

      3. La Chine

        s'est faite puissance mondiale aussi bien dans le domaine économique que militaire

      4. L'Allemagne

        a vu pratiquement ses villes être rasées, surtout sa capitale, a connu la division de Berlin et a su se relever, rebâtir et se positionner pratiquement à la tête de l'économie européenne

      5. Les Juifs

        éparpillés à maintes reprise à travers le monde, ils se sont vu massacrés, la majorité ayant tout perdu jusqu'à la dernière chemise, ne possédant plus qu'une tenue de bagnard et un numéro sur le bras. Ils ont rebâti Israel, mis en place des kiboutz pour leur autosuffisance alimentaire et le bien-être de leur peuple. Pourtant, comme nous, ils avaient mille raisons de planter les pieds accusateurs dans une boue, de camper sur place et de pointer des doigts et surtout de s'excuser et de se pardonner un non-avancement et mille raisons possibles, cause d'un sous-développement. Ce ne sont pas les exemples qui manquent et au lieu de faire le Mea culpa nous développons une allergie quand d'autres nous disent la vérité. Et cette vérité, nous l'interprêtons avec l'émotion nègre: elle est paternaliste ou bien raciste. Elle ne peut pas être vérité objective à nos yeux.


    3. LE FUTUR

      Comme tout organisme ou élément, nous sommes appelé aux changements. Ici il faut se souvenir d'Héraclite qui dit: « On ne peut pas entrer une seconde fois dans le même fleuve, car c'est une autre eau qui vient à vous ; elle se dissipe et s'amasse de nouveau ; elle recherche et abandonne, elle s'approche et s'éloigne. Nous descendons et nous ne descendons pas dans ce fleuve, nous y sommes et nous n'y sommes pas ». Ainsi nous sommes forcé d'emboîter le pas à une certaine cadence du monde, le bon choix de cette cadence devant trouver ses racines dans le point de l'Etre.

      C'est ainsi que cette question, au-delà du Nègre, interpelle tout Etre Humain, surtout dans ce monde qui semble tombé sur la tête. Ce ne sont pas les tentatives qui manquent, pour ce qui concerne la justification ou la vérification de l'apport, mais hélas ! A notre avis elles nous semblent toutes être comme ce mot « nègre » que l’on retourna comme une pierre à l’expéditeur, c'est-à-dire toujours comme une ré-action et non en initiative auto-promulguée. Et pourtant, cette réponse est au début et à la fin de tous nos problèmes car ce serait une prise de conscience d’une autre dimension, une décision quant à la trajectoire, au rôle que nous nous définissons et partant, à notre raison d’être, à notre part et place dans cette Civilisation de l’Universel.

      Dans le « Discours de Dakar », le Président Nicholas Sarkozy a bien effleuré le juste switch, faisant toutefois une contradiction personnelle quand, après avoir parlé d'un « continent qui a connu tant de civilisations brillantes », il nous sert une « Afrique n'étant pas assez entrée dans l'histoire ». Etant donné qu'il s'adressait spécifiquement aux jeunes d'Afrique, symboles d'avenir et partant, un devoir de prise de part dans l'apport, il aurait du certainement dire que « l'Afrique n'est pas assez entrée dans le présent ou ne s'est pas encore assez munie pour faire face au futur ». Mais si l'on regarde de plus prêt, il se rattrape dans un autre paragraphe de sons discours quand il dit expressément : « Le problème de l'Afrique, ce n'est pas de s'inventer un passé plus ou moins mythique pour s'aider à supporter le présent mais de s'inventer un avenir avec des moyens qui lui soient propres ».

      Quoi que l'on puisse dire ou penser de l'homme, sa vision est très juste. Mais l'émotion nègre se fera juge et va lui infliger la « perpéte ». C'est ainsi que le Président François Hollande, se préparant pour venir à Dakar, va recevoir des menaces à peine voilées à travers les blogs locaux : on « l’attendait de pied ferme ». C’est dire que bien que notre nez dégoulinât, il ne fallait pas qu’il nous enjoignît d’aller nous moucher. Pathétique ! car son discours plaisant aurait du nous faire beaucoup plus peur : il nous a justement dit seulement ce que nous voulions entendre, pas forcément la vérité en ce qui nous concerne.

      A nous aussi on va certaiement en vouloir, car nous ne partageons pas la même vision que les gros bonnets appelés à la rescousse pour démonter Monsieur Sarkozy, à savoir Messieurs Boubacar Boris Diop, Universitaire et écrivain sénégalais, Ibrahima Thioub du Département d'Histoire de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Achille Mbembe, Universitaire camerounais, professeur d’histoire et de sciences politiques à l’université Witwatersrand de Johannesburg, Afrique du Sud, ni avec Monsieur Habib Thiam, ancien Premier ministre du Sénégal de 1981 à 1983 puis de 1991 à 1998 et ancien président de l’Assemblée nationale sénégalaise de 1983 à 1984.

      Voilà que, fidèles à notre amour du clinquant superficiel, nous avons dressé une liste de gros bonnets ayant pris le contre-pied et qui, de par l'analyse râtée, donnent des arguments qui font froid au dos. Encore une fois, nous y sommes partis armés de l'émotion et non de la raison. C'est ainsi que d'un discours de presque deux heures on soutirera une simple phrase contredite par l'orateurlui-même : un os sans garniture de la carcasse d'un chameau qui était pourtant tout graisseux !

      Comment peut-on accuser celui qui a dit expressément : « ce continent qui a connu tant de brillantes civilisations » d'avoir nié l'histoire de ce même continent ? On pourrait peut-être accuser le Président Sarkozy d'avoir opté pour un ton aux nuances paternalistes, ce qui, à notre avis, est aussi un tort, notre tort à nous, tort issu de notre incapacité malgré une fierté mal mesurée et, partant, négative et négationiste puisque nous refusons ce paternalisme dans les discours mais l'acceptons dans les salons de Paris, de Londres, de Washington ou de Berlin comme nous l'acceptons en en faisons même colonne vertébrale de nos plans de budgets. Dans les recherches de solutions de nos conflits comme dans des recherches-personnes en mer ou lors d'incendies chez nous, ne nous accoudons-nous pas sur des coups de main de ces puissances d'outre-mer ? N'est-ce point une deamnde directe ou indirecte de paternalisation ? Et cela à chaque fois que cela nous arrange ? L'on ne peut vouloir l'un et son contraire ! Des présidents, ministres et députés ne vont-ils pas se soigner dans les hôpitaux de la Métropole, comme y vont accoucher leur femme avec un espoir de pouvoir offrir à leur progéniture quelque citoyenneté américaine au passage ? Quel est le candidat à une présidentielle africaine qui ne s'accoude sur « des amis d'Outre-mer» pour le financement de ses visions inexistantes, de trop courte portée ou bien noyées dans les brumes du culte de la personnalité - car le pouvoir est comme l'alcool : il faut une forte tête pour le supporter - ? Et la liste est loin d'être exhaustive, loin d'être assez accerbe ou pessimiste.

      Pourtant, comme Senghor le dit en d'autres circonstances « il ne fallait pas faire un mur de ce qui n'était que voile transparent », nous disons qu'il suffisait juste d'être conscient du fait que la cible du discours c'est la jeunesse africaine en particulier. Il pose sur la table les questions relatives à notre présent sans lequel nous ne pourrons jamais faire face au futur en acteurs accomplis : «... Je veux, ce soir, m'adresser à tous les Africains qui sont si différents les uns des autres, qui n'ont pas la même langue, qui n'ont pas la même religion, qui n'ont pas les mêmes coutumes, qui n'ont pas la même culture, qui n'ont pas la même histoire et qui pourtant se reconnaissent les uns les autres comme des Africains. Là réside le premier mystère de l'Afrique. Oui, je veux m'adresser à tous les habitants de ce continent meurtri, et, en particulier, aux jeunes, à vous qui vous êtes tant battus les uns contre les autres et souvent tant haïs, qui parfois vous combattez et vous haïssez encore mais qui pourtant vous reconnaissez comme frères, frères dans la souffrance, frères dans l'humiliation, frères dans la révolte, frères dans l'espérance, frères dans le sentiment que vous éprouvez d'une destinée commune, frères à travers cette foi mystérieuse qui vous rattache à la terre africaine, foi qui se transmet de génération en génération et que l'exil lui-même ne peut effacer... Je ne suis pas venu, jeunes d'Afrique, pour pleurer avec vous sur les malheurs de l'Afrique. Car l'Afrique n'a pas besoin de mes pleurs. Je ne suis pas venu, jeunes d'Afrique, pour m'apitoyer sur votre sort parce que votre sort est d'abord entre vos mains. Que feriez-vous, fière jeunesse africaine de ma pitié ? Je ne suis pas venu effacer le passé car le passé ne s'efface pas...

      «... Ne vous laissez pas, jeunes d'Afrique, voler votre avenir par ceux qui ne savent opposer à l'intolérance que l'intolérance, au racisme que le racisme. Ne vous laissez pas, jeunes d'Afrique, voler votre avenir par ceux qui veulent vous exproprier d'une histoire qui vous appartient aussi parce qu'elle fut l'histoire douloureuse de vos parents, de vos grands-parents et de vos aïeux. N'écoutez pas, jeunes d'Afrique, ceux qui veulent faire sortir l'Afrique de l'histoire au nom de la tradition parce qu'une Afrique ou plus rien ne changerait serait de nouveau condamnée à la servitude. N'écoutez pas, jeunes d'Afrique, ceux qui veulent vous empêcher de prendre votre part dans l'aventure humaine, parce que sans vous, jeunes d'Afrique qui êtes la jeunesse du monde, l'aventure humaine sera moins belle. N'écoutez pas jeunes d'Afrique, ceux qui veulent vous déraciner, vous priver de votre identité, faire table rase de tout ce qui est africain, de toute la mystique, la religiosité, la sensibilité, la mentalité africaine, parce que pour échanger il faut avoir quelque chose à donner, parce que pour parler aux autres, il faut avoir quelque chose à leur dire...

      « ... Car chaque peuple a connu ce temps de l'éternel présent, où il cherchait non à dominer l'univers mais à vivre en harmonie avec l'univers. Temps de la sensation, de l'instinct, de l'intuition. Temps du mystère et de l'initiation. Temps mystique ou le sacré était partout, où tout était signes et correspondances. C'est le temps des magiciens, des sorciers et des chamanes. Le temps de la parole qui était grande, parce qu'elle se respecte et se répète de génération en génération, et transmet, de siècle en siècle, des légendes aussi anciennes que les dieux. L'Afrique a fait se ressouvenir à tous les peuples de la terre qu'ils avaient partagé la même enfance. L'Afrique en a réveillé les joies simples, les bonheurs éphémères et ce besoin, ce besoin auquel je crois moi-même tant, ce besoin de croire plutôt que de comprendre, ce besoin de ressentir plutôt que de raisonner, ce besoin d'être en harmonie plutôt que d'être en conquête... ».


  2. LA CIVILISATION

    Nous allons puiser dans Wikipedia la définition de la civilisation : « Le terme civilisation — dérivé indirectement du latin civis signifiant « citoyen » par l'intermédiaire de « civil » et « civiliser » — a été utilisé de différentes manières au cours de l'histoire.
    « La civilisation, c'est d'abord l'ensemble des traits qui caractérisent l'état d'évolution d'une société donnée, tant sur le plan technique, intellectuel, politique que moral, sans porter de jugement de valeur. A ce titre, on peut parler de civilisations au pluriel et même de civilisations primitives...

    « ... Comme ceux de culture, de religion ou de société, le mot civilisation est devenu un concept clé ou un « maître-mot » pour penser le monde et l'histoire à l'époque des Lumières. Le premier à avoir employé le mot civilisation dans une acception qui relève de la signification qu'il a encore aujourd'hui est Victor Riqueti de Mirabeau, le père de Mirabeau le révolutionnaire. En 1758, dans L'Ami des Hommes, il écrit : « La religion est sans contredit le premier et le plus utile frein de l'humanité : c'est le premier ressort de la civilisation. » De façon similaire, en 1795, dans Esquisse d'un tableau des progrès de l'esprit humain de Condorcet, l'idée de civilisation désigne les progrès accomplis par l'humanité dans une nation donnée lorsqu'il fut possible de passer de l'état de barbarie à celui de citoyen, de civil ou de civilisé.

    « ... Au XIXe siècle la civilisation, alors envisagée comme un idéal à atteindre et comme un processus de transformation de la société vers cet idéal, fut la principale légitimation donnée à la colonisation impérialiste. Il s'agissait de « civiliser » les peuples du monde dans une vision hiérarchique et évolutionniste des degrés de civilisation auxquels ceux-ci avaient accédé.

    « ... Aujourd'hui les vues sur la civilisation sont plus égalitaires de sorte que le terme désigne davantage un état de fait historique et social à valeur constante qu'un processus de transformation des sociétés. L'idée a cessé de fonctionner en opposition avec celles de barbarie ou de sauvagerie, tandis qu'était affirmé le principe du « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ». Par suite, c'est dans l'égalité ou l'équivalence de ces entités supposées que peut se jouer l'affrontement, le dialogue ou l'entente des civilisations.

    « ... L'idée de civilisation reste cependant problématique car pour pouvoir désigner des civilisations, qui n'ont dans les faits ni structure précise, ni représentation institutionnelle, il faut sélectionner parmi les faits observables ceux que l'on juge aptes à définir les civilisations envisagées. Ainsi, on se fondera sur des faits linguistiques, éthiques, géographique, culturels, religieux ou politiques, mais, en procédant ainsi, il n'est pas plus aisé de savoir ce qu'est une civilisation qu'une religion ou une culture, des idées par ailleurs elles aussi assez vagues et qui sont parmi celles les plus employées pour décrire ce que sont les civilisations. Pour Bertrand Binoche « Après avoir prédit le triomphe de la civilisation, on peut bien annoncer le choc des civilisations, mais cela ne contribue pas à y voir plus clair ».

    Voilà la longue définition qui nous est fournie, avec ces diverses facettes et complications avant de nous livrer, comme baromètre, les deux groupes de classifications suivants. Selon ce baromètre, pour être qualifiée de civilisation, celle-ci doit regrouper la plupart des caractéristiques suivantes :

    1. Cinq critères primaires (organisation)

      1. Présence d'une ville (sédentarisation des populations)
      2. Spécialisation du travail à temps plein
      3. Concentration de surplus de production
      4. Structure de classe (hiérarchie)
      5. Organisation étatique (État)

    2. Cinq critères secondaires (réalisations matérielles)

      1. Travaux publics monumentaux
      2. Commerce à longue distance
      3. Réalisations artistiques monumentales
      4. Ecriture (comptabilité, registre, etc.)
      5. Connaissances scientifiques (arithmétique, géométrie, astronomie)

      On peut être d’accord sur certains points, mais sur d’autres on pourrait être dubitatif. L’existence de villes, ces jungles des magasins, des hauts buildings où les hommes pullulent dans leur solitude, se croisant comme des somnambules servent certes de baromètres, mais le baromètre de quoi ? Certes pas celui du petit enfant nègre qui ne voulait pas en faire partie, qui ne voulait pas être comme un monsieur de la ville. Pour le reste, la sédentarisation, la spécialisation du travail, la structure des classes, l’organisation étatique, le commerce – nous ne sommes pas forcé de les accepter « sur de longues distances » comme points pertinents, et ils ne nous sont pas étrangers -.

      Pour certains points, comme la construction de monuments colossaux, écriture, comptabilité, registres, nous pensons qu’ils purent exister dans certains coins du monde surtout à cause d’une certaine conception de la vie. Une conception linéaire force l’homme à vouloir laisser une trace sur terre à sa mort. Celui qui replonge dans un système cyclique de la vie pour réapparaître le long des générations n’a pas la hantise de cette disparition. Il n’est pas poussé par une peur de disparaître à jamais : « Et la mort sur la crête de l’exultation ; à l’appel irrécusable du gouffre. Mais la pirogue renaîtra par les nénuphars de l’écume, surnagera la douceur des bambous au matin transparent du monde ».

      La notion de la science, astronomie, mathématique, médecine, est tout à fait arbitraire. Mon propre père savait guérir des morsures de serpent et a empêché plusieurs personnes vivantes encore aujourd’hui, d’être aveugles à jamais. Le vrai problème qui se pose, jusque dans l’apport, est justement que le Nègre, depuis sa colonisation, doit donner des réponses à des questions conceptuelles qui lui sont posées sur la base d’une certaine vision du monde qui n’est pas forcément la sienne. Par exemple il est facile de penser que si c’est lui qui avait été dominateur, la polygamie comme l’excision à travers certains de ces colons, auraient pu être imposées à l’Occident colonisé - Attention, donner comme exemple l’excision ne veut pas dire qu'elle est totalitaire sur une quelconque étendue territoriale en Afrique, ecnore moins que nous la défendosns : elle n'existe pas chez nous les sérères, raison pour laquelle cette nuane de à travers quelques uns de ses colons ! -

      C'est juste pour choquer et montrer que tout au long de l'histoire, la tendance est que c'est le vainqueur qui trace et dicte les lois qui ne sont pas forcément les meilleures du monde bien qu'on est parfois forcé de faire faire avec, force oblige !
      Convenons que le système occidental tel qu'il se présente actuellement avec tout son tralala monétaire et financier n'est pas du tout le meilleur du monde et des gens nous font très peur en exposant certaines facettes de ce système, comme par exemple David Icke dans son livre, « Le plus grand secret Tome I » et « Le plus grand secret Tome II ». Revenant sur les lignes tracées pour définir ce que c'est qu'une civilisation, force est de noter que le systeme occidental actuel qui vire à la mondialisation de force n'est pas forcément le système le mieux adapté pour la gestion des choses humaines. Senghor est aussi d'avis qui dit dans « Le message » :

           «... Enfants à tête courte, que vous ont chanté les kôras ?
           Vous déclinez la rose, m’a-t-on dit, et vos ancêtres les Gaulois.
           Vous êtes docteurs en Sorbonne, bedonnants de diplômes.
           Vous amassez des feuilles de papier –
           si seulement des louis d’or à compter sous la lampe,
           comme feu ton père aux doigts tenaces !

           Faut-il vous dérouler l’ancien drame et l’épopée ?
           Allez à Mbissel à Fa’oye ;      récitez le chapelet de sanctuaires qui ont jalonné la Grande Voie.
           Refaites la Route Royale et méditez ce chemin de croix et de gloire.
           Vos Grands Prêtres vous répondront : Voix du Sang !
           Plus beaux que les rôniers sont les Morts d’Elissa ;
           minces étaient les désirs de leur ventre.
           Leur bouclier d’honneur ne les quittait jamais ni leur lance royale.
           Ils n’amassaient pas de chiffons, pas même de guinées à parer leurs poupées.
           Leurs troupeaux recouvraient leurs terres,
           telles leurs demeures à l’ombre divine des ficus,
           et craquaient leurs greniers de grains serrés d’enfants.
           Etes-vous plus heureux ?
           Quelque trompette à wa-wa-wâ et vous pleurez
           aux soirs là-bas de grands feux et de sang.»

      Voilà son propre système mis côte à côte avec la civilisation occidentale par un prince autochtone et à travers ses yeux on voit bien la pâleur de celui qu'on vuet lui imposer, d'où sa question : Etes-vous plus heureux ? - Et puis, si le doute subsiste, reconnaissons que la colonisation française est différente de la colonisation britannique à travers plusieurs de leurs facettes. A travers ses écrits, Senghor s’est longuement penché sur la civilisation nègre, comme Cheikh Anta et le professeur Ki-Zerbo.


  3. L’APPORT HISTORIQUE

    Les tentatives d’apports historiques, à travers des fouilles archéologiques et des études de recherche ne sont pas des moindres, bien qu’une tendance de justification semble dominer et pousse coûte que coûte à vouloir pointer vers un cordon ombilical reliant à une autre civilisation pour se faire accepter. Il est tout à fait naturel que fouiller l’histoire ramène, d’une façon ou d’une autre, à se rapprocher des autres civilisations qui tapissent notre planète. C’est ce que le professeur Joseph Ki-Zerbo a bien senti et c’est ce qui fait la différence de vision entre lui et le professeur Cheikh Anta Diop. Monsieur Ki-Zerbo affirme que : « l’Egypte, par sa richesse économique, agricole, commerciale et culturelle est un point attracteur énorme et un creuset pour de nombreux peuples (comme les Hébreux, les Hyksos, les Ethiopiens, les Nubiens, etc.) qui viennent se mélanger au fond originel. Plus globalement, l'Histoire de l'Afrique (1972) est ainsi un vaste panorama diachronique et circonstancié, rendu vivant par des extraits de chroniques, des grands évènements et des évolutions des peuples du continent. En cela, la forme, le fait de présenter les évolutions sociales économiques et politiques de la même manière que d'autres encyclopédies ont présenté l'Europe et l'Asie, replace de fait, dans la pratique, l'Histoire de l'Afrique au même rang que celles des autres continents. Et cela, sans avoir besoin de clamer une Afrique originelle, objectif de pureté à retrouver que proclame Cheikh Anta Diop. La présentation diachronique à l'échelle du continent souligne ainsi de fait l'évolution contiguë des différentes grandes civilisations, soulignant ainsi les points communs et l'échange des idées mais aussi le fait que les chocs qui les ont abattues ont une origine commune : l'expansion européenne et ses conséquences (expansion marocaine, turque et omanaise) ».

    Bien sûr, Cheikh Anta Diop a fait de grands efforts en ce sens, même si « ses thèses restent aujourd'hui contestées, et sont peu reprises dans la communauté scientifique. Si une grande partie de ses thèses, en particulier au sujet de l'Égypte antique, sont considérés comme dépourvus de fondements solides, Cheikh Anta Diop a toutefois eu un indéniable rôle de visionnaire en ce qui concerne la place de l'Afrique dans l'histoire. Sa vision peut en effet être interprétée comme une anticipation des découvertes archéologiques majeures des années 2000 sur le continent africain que ce soit Kerma ou, beaucoup plus ancien, Blombos ».

    L’historien anglais Basil Davidson a apporté une part qui n’est pas du tout négligeable, surtout dans son œuvre « L'Afrique avant les Blancs : découverte du passé oublié de l'Afrique », traduite de l’anglais et parue en France en 1962.


  4. L’APPORT CULTUREL

    La vision culturelle de Senghor va extrêmement plus loin que notre mbalax, qui est en réalité, dans sa forme actuelle, la paresseuse part de la tâche. Ce que lui projetait, c’était de rassembler des hommes et femmes qui apprendraient « le rythme au monde défunt des machines et des canons », une race qui « pousserait le cri de joie pour réveiller morts et orphelins à l’aurore » et qui « rendrait la mémoire de vie à l’homme aux espoirs éventrés ».

    L’affirmation de la culture africaine ne pourrait s’arrêter aux tam-tams qui maintenant rythment des mesures et pèsent sur la balance gourmande et décadente du showbiz. La création du magazine « Présence Africaine » par Alioune Diop en 1947 qui rimera à la création de la maison d’éditions du même nom en 1949 et plus tard la construction du Théâtre Daniel Sorano et la mise en place d’un Ballet national regroupant toutes les ethnies du Sénégal en passant par les tapisseries de Thiès seront autant de pièces pour ériger l’édifice de la culture. A cela il adjoindra l'amour de la connaissance, du rafinement de l'idée comme toilette primordiale menant à la table de la fête de la culture de l'universel.

    Un texte que nous allons citer longuement s'est penché sur les diverses phases du mouvement de la Négritude en exposant ce qui l'occasionna avant de présenter l'échelonnement du réveil et de la résistance à travers les oeuvres littéraires qui virent le jour par la suite. Ne voulant pas réinventer la roue et convaincu que nous ne pourrions pas trouvr meilleure approche, permettez-nous de l'emprunter intégralement.


    1. LE DOMAINE LITERAIRE

      L'image de l'Afrique noire émerge dans la conscience à partir du 1750 grâce aux témoignages de nombreux écrivains philosophes et voyageurs .Néanmoins, la connaissance du monde noir reste rudimentaire, superficielle, fictive voire fragmentaire et cela pour deux raisons. D'une part peu d'explorateurs ont pénétré l'intérieur du continent, d'autre part l'africain lui-même reste absent parce que le privilège de prendre la parole lui était refusé. Ainsi la littérature coloniale dégage à la fois une image ambiguë et stéréotypée. Pour les uns, c'est un continent maudit, un repère de démons, de sorciers et d'animaux féroces. C'est l'exemple de l'écrivain Pierre Loti dans l'ouvrage « Le roman d'un Spahi » qui est le cliché de la représentation médiévale tandis pour d'autres, l'Afrique est un lieu parasidiaque.

      Par la suite, de nombreux intellectuels africains vont contribuer à modifier cette perception fallacieuse et négative que l'Occident avait du continent africain. Ainsi s'impose petit à petit l'idée selon laquelle chaque peuple, chaque civilisation, chaque culture, possède son originalité, sa spécialité, ses richesses propres.


      1. NAISSANCE LITÉRATURE NÉGRO-AFRICAINE

        La prise de conscience de la spécificité, la lutte contre l'injustice qui pèse sur le nègre, la réhabilitation de la personnalité nègre, l'appel à l'unité, à la solidarité des peuples opprimés, vont se faire sentir par la publication et le couronnement de « Batouala », du guyannais René Maran, véritable roman négre qui eut le Prix Goncours en 1921. Dans ce roman, l'auteur dénonce sans crainte les abus de l'exploitation coloniale et le traitement inhumain des Noirs en Oubangui Chari. Le livre fit scandale dans le milieu colonial et donna le signal du début de la littérature négro-africaine d'expression française qui fut engagée politiquement ou contre la colonisation.


      2. LA NÉGRO-RENAISSANCE

        Force est de reconnaître que, bien avant la publication de « Batouala », le mouvement de la négro-renaissance luttait aux USA pour l'émancipation et la dignité de l'homme noire. En somme il luttait contre l'aliénation du Noir en Amérique et dans la monde. L'illustre père de ce mouvement était le noir américain W. E. B Dubois, 1869-1963, qui fut l'auteur du livre : « Ame noire ». Il faut également noter parmi les vaillants précurseurs de cette renaissance Claude McKay, 1860-1945, fondateur du roman psycho-réaliste negro-africian. Dans ses écrits, comme « Home to Harlem », il attaque violemment le Christianisme, la raison, la technique et leur influence sur les Négres. Ainsi sa célèbre boutade : “ Vous les Noirs instruits, vous êtes une bande perdue ”. Il y avait aussi Countee Cullen, 1903-1946., qui est le plus nostalgique et le plus religieux des poètes de ce mouvement. Il chante une Afrique mystique et idéalisée et enfin Langstone Hughes, 1902-1967, auteur de l'ouvrage « Le ménage », « Avoir peur » et « Moi je suis l'Amérique ». Il dit : “ Comme créateurs de la nouvelle génération nègre, nous voulons exprimer notre personnalité noire sans honte ni crainte, si cela plaît aux Blancs, nous en sommes forts heureux; si cela ne leur plaît peut importe, nous savons que nous sommes beaux et laids aussi ”.


      3. LA NÉGRITUDE

        La Négritude est née en 1934 à Paris avec la publication de « L''etudiant noire ». C'est un néologisme qui a paru pour la première sous la plume du martiniquais Aimé Césaire .Le mot est vulgarisé par la suite avec la publication de « Cahier d'un retour natal » en 1939. Les principaux acteurs de la négrititude que sont Aimé Césaire, 1913-2008 et Léon Gontran Damas, 1912-1978, disaient : ”la négritude a été un projet, un projet spontané; elle a été la réaction d'une catégorie donnée d'individus dans un milieu donné à un moment de l'histoire ”. Pour Léopold Sédar Senghor, 1906-2001, et Lamine Diakhaté ”plus qu'un concept, la négritude est un ensemble de valeurs de définitions ”. Pour Alioune Diop : ”la négritude est née du sentiment d'avoir été frustrés au cours de l'histoire de la joie de créer et d'être considérés. En effet, la négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir et l'acceptation de de ce fait, de notre destin de noire, de notre histoire et de notre culture. Elle ne compte ni racisme, ni reniement de l'Europe, ni exclusivité mais au contraire une fraternité entre les Hommes ”.


      4. EVOLUTION DE LA LITÉRATURE NÉGRO-AFRICAINE

        1. NEGRITUDE ET POESIE : ANNEES 1940

          L'intelligentsia noire de Paris va tenter de relever le défit colonial. Les exactions de tout genre, comme la politique de la “table rase”, visaient à l'assimilation pure et simple du noir. Les étudiants antillais lancent « Légitime défense 3 », un journal paru en 1932 et qui sera le dernier, parce que les initiateurs furent victimes de la répression coloniale. Le mouvement de la négritude voit le jour à Paris, place de la Sorbonne, dans les années 1933-1935. Les pionniers de ce mouvement lancent en 1934 un périodique intitulé « L'Etudiant noir ». L'esclavage et la colonisation constituent les étapes essentielles de la dépersonnalisation de l'africain contre laquelle tout intellectuel noire doit se lever. Pour ce faire, la négritude utilise de la poésie comme moyen d'expression pour la réhabilitation et la restauration de l'homme noire.

          Le roman de la négritude lui, se fixe comme objectif de redonner aux Noirs le goût de la vie, la fierté d'être noir, de réaffirmer sa dignité dans le monde, de défendre les valeurs culturelles du monde noir au point de prendre parfois pour source de malheur l'Occident. Nous avons, à titre d'illustration, « Pigments » 1937 de Léon Gontran Damas, « Les armes miraculeuses », 1946 de Aimé Césaire, « Hosties noires », 1948 de L. S. Senghor. Ainsi le passé africain est idéalisé, un retour à la source vive delà la tradition africaine est prôné tout en incitant le feu de la nostalgie. En 1945, Alioum Doip fonde la revue présence africaine qui permet la diffusion de la poésie négro-africaine contemporaine.


        2. LE COURANT ROMANESQUE : ANNEES 1950

          C'est une période qui va de 1950à 1960.Elle connaître une production importante d'ouvres romanesques qui met sous l'éteignoir (étouffé,caché), le mouvement de la negritude que la production poétique a fait connaître dans les années 30 et 40.Cette période connaît de grands auteurs tels que Ferdinand Oyono qui écrit « Une vie de boy »; Mongo Beti : « Le pauvre Christ de Bomba », Eza Bota : « Ville cruelle », Semben Ousmane : « Les bouts de bois de Dieu » , Bernard Belin Dadier : « Cimbier », 1966.

          Dans leurs romans, ils prennent position politiquement et se considèrent comme des militants de la libération de l'Afrique noire colonisés, un devoir qui s'impose à tout homme de lettres. L'ennemi commun à abattre est le colonisateur. Ainsi, administrateurs coloniaux, commerçants blancs et leurs alliés africains de même que les missionnaires constituent leurs cibles favorites. Ils font le procès de la colonisation. En général si le courant reste anti-colonial, il en demeure pas moins que certaines oeuvres vont ramer à contre courant de cette position. Parmi celles-ci, on peut citer « L'enfant noir » de Camara Laye. En effet dans ses oeuvres, il peint un tableau idyllique et joyeux de l'Afrique de l'Ouest avec une mère qui est toute tendresse, un père travailleur, un enfant choyé... Nulle part ailleurs on ne voit Camara Laye fustiger la colonisation. Alors sera-t-il rejeté, haï par ses pairs et connaîtra-t-il l'exil au Sénégal suite aux exactions du régime de Sékou Touré.


        3. LES ANNEES 1960

          Au lendemain des indépendances, les écrivains changent leurs fusil d'épaule : ce n'est plus le colonisateur qui est la cible mais les nouveaux maîtres de l'Afrique qui ont pris la place du colonisateur et qui perpétuent les abus, pires que ceux de la période coloniale : parti unique, dictature, le favoritisme, le tribalisme, le népotisme, le détournement deniers publics, la gabegie, la démagogie, le favoritisme... En général cette période connaît trois niveaux de courants littéraires qui sont :

          • Le courant du désenchantement

          • Le courant passette

          • >Le courant du malaise

          Le courant le plus important est toutefois le premier cité. En effet le courant du désenchantement, appelé aussi la désillusion ou la déception, montre la déception et la révolte des africains qui attendaient beaucoup de l'indépendance : la liberté, le retour au passé colonial hanté. Ils seront déçus par le comportement des nouveaux dirigeants africains, bourreaux de leurs peuples qui s'attribuent les titres les plus vagues et les plus fanfarons : Guide providentiel, Eclairé, Grand timonier, Oeil droit du peuple, Père fondateur, etc, et qui sont obsédés par des complots irréels ou supposés de tout genre afin de terroriser et écraser le peuple.

      Après avoir joué un rôle déterminant dans l'éveil de la conscience africaine face à la colonisation et à la domination coloniale et entraîné par les Européens à avoir une vision des Noirs autre que celle d'une race sauvage et sans culture, le mouvement de la négritude représente aujourd'hui un obstacle non négligeable à la libération définitive de la démarche intellectuelle des africains à l'égard des préoccupations de renaissance.

      En effet ce qui n'était au début qu'un slogan et un mot d'ordre de lutte pour l'affirmation d'une personnalité nègre, se transforma en une doctrine pseudo philosophique. Par ailleurs, dans un examen intérieur, on est tenté de croire que la culture africaine manque de conviction. En effet, la culture traditionnelle du monde noir est comme rejetée par la jeune génération à telle enseigne qu'on est conduit à se demander si l'Afrique est toujours aussi riche de ses valeurs ancestrales. On avance que l'africain vit en suspension, car il est entre une modernité qui n'attend pas et une africanité qui n'arrive pas. Il est donc dans une salle d'attente où il n'attend rien.

      Enracinés dans nos cultures, nous avons le devoir de savoir presque tout des autres cultures car c'est par rapport à elles et pas en elles que la nôtre trouve son identité. C'est justement ce point qui semble nous échapper encore : nous parlons comme si la nôtre trouvait son identité dans les autres, ce qui, pour ce festin à la table de l'universel, est terriblement faussé de nos jours à cause de la tendance à la globalisation. Ceci est le contraire de la vision de Léopold Sédar Senghor.

      En philosopie, le mot culture « désigne ce qui est différent de la nature, c'est-à-dire ce qui est de l'ordre de l'acquis et non de l'inné. La culture a longtemps été considérée comme un trait caractéristique de l'humanité, qui la distinguait des animaux. Mais des travaux récents en éthologie et en primatologie ont montré l'existence de cultures animales.

      « En sociologie, la culture est définie comme ce qui est commun à un groupe d'individus et comme ce qui le soude. Ainsi, pour une institution internationale comme l'UNESCO : « Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd'hui être considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances . Ce réservoir commun évolue dans le temps par et dans les formes des échanges. Il se constitue en manières distinctes d'être, de penser, d'agir et de communiquer... Par abus de langage, on utilise souvent le mot culture pour désigner presque exclusivement l'offre de pratiques et de services culturels dans les sociétés modernes, et en particulier dans le domaine des arts et des lettres ».

      La musique, au moins, n’a pas été dans le lot des reniements. Ils nous l’ont concédée. Senghor a terriblement soutenu la culture, l’a tellement soutenue que certains l’accusent parce que n'en ayant pas saisi toute la portée. Pourtant jusques dans les clips actuels, si l’on prêtait l’oreille attentive de l’esprit, on verrait que Senghor nous accompagne, qu’il est présent. Mais le côté le plus subtile nous échappe, ce côté de la finition qui aurait permis de participer à la précision de la technique, nous disons à la technicité. C’est la culture profonde qui peut empêcher de sombrer vers un monde où « il n'est rien que le temps ne déshonore ».

      Mais hélas, c’est tout le contraire. Le progrès, voire l’évolution qui est dans la nature de toute chose, l’ordre et la méthode de prônait Senghor, font justement défaut jusques dans nos chansons, encore pire, dans nos clips vidéo. Nés avec le rythme dans le sang - c’est que l’on dit - notre musique locale modernisée s’appauvrit de jour en jour par manque de recherche et d’application. C’est que nous ne sommes pas, au départ, partis avec toute la force des amarres de notre culture. Pensant avoir levé l’ancre, nous sommes partis avec les lambeaux de filets éparpillés sur le wharf, une faible partie de notre culture, les prenant comme lesdites amarres. Nos clips sont blafards et empreints de mauvais goût, clips dans lesquels les danseurs font les mêmes gestes vulgaires en suivant un mimétisme exécrable dans un salon, autour d’une piscine, au fond du couloir obscur d’un studio, sur la plage, décors qui, dans leur majorité, n’ont aucun sens par rapport au thème de la chanson si ce n'est dans de grosses bagnoles ou quelques pièces où le cameraman s'attarde sur des chaussures, bracelets et montres exhibitionnistes. Et la chanson elle-même ? A part deux ou trois, aucun de nos artistes ne semble maîtriser l’approche rédactionnelle de la lyrique, encore moins sa langue, ignorant totalement ques ses voyelles longues et courtes sont distinctives. Mais il y a pire : le thème existe rarement pour ne dire jamais, puisque pas soutenu du début à la fin – des hors-sujets impardonnables dans lesquels les phrases commencent par l’amour de la maman pour braquer une torche blafarde vers minarets et marabouts.

      La musique sénégalaise est actuellement sans âme. Elle s’effrite, s’arc-boute comme un corps déformé. Les voix laissent entendre le son aigu de cordes vocales bloquées et, par conséquence, ne donnant naissance à aucune vibration aux nuances colorées. Comme déjà dit, nos langues, qui connaissent des voyelles longues et courtes, sont bâclées dans une ignorance qui fait pâlir et nos organes d’alphabétisation, sources de budgets, restent pourtant muets, se présentant comme un simple coloris dans l’amas des institutions. Ailleurs, nous savons que la finition a poussé Paul Simon a chanté dans un zoulou phonétiquement impeccable dans sa performance au « South African Concert » tenu au Zimbabwe et à Shakira un « Waka waka » de pureté embaumée d’une danse de flamme légère comme les jumelles de Ndiaré le long des tanns de Djirol. Chez nous, il n’y a aucune recherche. Quand un wolof chante sérère, c’est une catastrophe, s’il ne prend la tangente de l’anglo-saxon et, pour nous servir encore pire, un président qui, pour frimer, se fait le ridicule de ne pas utiliser des interprètes et nous crucifie sur un calvaire linguistique, ignorant que le but primordial du discours est d’être compris. L’on se moque de l’amour du français de Senghor, - sa profession -, l’on se moque du fait qu’il adorait la poésie - son don divin -. Mais les vertus suprêmes de Senghor auraient du nous faire maîtriser nos propres langues et nous empêcher de débiter des «ki nga xamante ne », des « mooy kë ne » , des « maa ngi lay jaajëfal », des « yërëmal » et des « ñu ngi lay bëge » qui font pâlir.

      Le Mali nous dessert, à ce niveau, une pureté à travers des voix profondes comme l’histoire mandingue de Salif Keïta et la recherche poursuivie par Ali Farka Touré et Toumani Diabaté est sans ambigüité, comme l’Afrique du Sud à travers la force de tigresse de Brenda Fassie qui font tous une unanimité internationale.
      Alors où est l’apport du Nègre ? S’il n’est pas encore palpable sur les hautes sphères, ce n’est pourtant pas de la place et la nécessité qui manquent. Le poète a lancé son appel pour sauver l’humanité. Il a posé et pesé le poids, lancé le défi. Pourquoi nous sommes-nous lancés pour nous agripper à son côté le plus léger, fracassantes baguettes sur la peau morte des tam-tams vifs dans une musicalité endiablée qui, de jour en jour, se dénature. Mais et l’autre bout ? Le fardeau ne se soulèvera jamais sans ce côté, qui est de « rendre la mémoire de vie à l’homme aux espoirs éventrés ». Qui, nous interpelle le poète, « apprendrait le rythme au monde défunt des machines et des canons ? Qui pousserait le cri de joie pour réveiller morts et orphelins à l’aurore » ?

      Il ne faut pas s’y m’éprendre : le rythme n’est pas uniquement celui de nos danses, maintenant vulgaires ambassadrices – il y en a d’autres dans le répertoire et beaucoup plus dignes. Ce n’est pas uniquement celui des « Youza » et des « Thiakhagoune ». Il s’agit du rythme du monde, la pulsation de son âme, sa marche humaine qui doit résister à l’érosion, au réveil de la Bête, parce que nous sommes d’emblée affublés de l’œil cardinal du Serpent qui permet de ne pas sombrer « …dans la nuit de [notre] sang, car guette le silence des forêts ». C’est que, comme le poète, « [notre] force s’érige dans l’abandon,[notre] honneur dans la soumission et [notre] science dans l’instinct de ton rythme ».

      Une fois les bases intrinsèques de la Négritude posées, l’apport serait vain si, après avoir exhibé des valeurs recadrant l’identité et éclairci le contrepoids par rapport à l’Autre, aux Autres, l’on s’en arrêtait là. Il reste la face invisible de l’iceberg. Cet apport ne peut s’analyser qu’en s’appuyant sur les choses qui rendent le Nègre si solitaire, si perdu dans le système : pas du conquérant, du colonisateur, mais de celui qui vend, exhibe et force ses modèles.

      La vision de Senghor n’est ni simple, ni simpliste : « Il est temps d’arrêter le processus de désagrégation du monde moderne, et d’abord de la poésie. Il faut restituer celle-ci à ses origines, au temps qu’elle était chantée – et dansée. Comme en Grèce, en Israël, surtout dans l’Egypte des Pharaons. Comme aujourd’hui en Afrique noire. Toute maison divisée contre elle-même, tout art ne peut que périr. La poésie ne doit pas périr. Car alors, où serait l’espoir du monde ? »


  5. L’APPORT POLITIQUE

    En matière politique, des idées majeures mais surtout des relectures des grandes idées ont été formulées par des dirigeants africains. Par exemple, Ujamaa, mot swahili voulant dire ‘famille élargie’ ou ‘fraternité’, est un concept de Sir Julius Nyerere qui « forma la base de la politique de développement social et économique en Tanzanie peu après son indépendance du Royaume-Uni en 1961. En 1967, le Président Nyerere a publié son plan de développement intitulé la Déclaration d'Arusha, dans lequel il a souligné la nécessité d'un modèle africain de développement et qui a constitué la base du socialisme africain tanzanien. Ce modèle est caractérisé par quelques éléments clés, le fait par exemple qu'un individu ne se construise qu'à travers la société ou la communauté à laquelle il appartient ».

    Senghor, à travers les cinq tomes qui composent la série Liberté, fera de même, surtout dans « Liberté 2 : Nation et voie africaine du socialisme, discours, conférences, Le Seuil, 1971 » et « Liberté 4 : Socialisme et planification, discours, conférences, Le Seuil, 1983 ».

    Ici, le thème est très important, car cela concerne notre ère actuelle. Arrêtons-nous donc un moment et répondons, en âme et conscience aux questions suivantes : Tous, si nous prenions notre courage à deux mains et osions froidement regarder les choses, la réalité en face, nous saurions que notre monde est malade, gravement malade et cela depuis longtemps : « Voici que meurt l’Afrique des empires – c’est l’agonie d’une princesse pitoyable et aussi l’Europe à qui nous sommes liés par le nombril ».

    Mais pour parler de ce problème, il faudrait un dépassement surhumain. Il faut que l’Homme redescende dans l’arène pour affronter la Bête qui a repris des forces incommensurables depuis le coup de pieu et la danse de la glossalie du chant rutilant dansé. L’approche serait de refuser la dictature, prêcher l’ouverture. Mais l’ouverture ne doit pas être uniquement celle des autres. C’est une ouverture de tout le monde, surtout de ceux-là qui ont tellement chanté, tellement répété la chanson qu’ils se sentent infaillibles, et incapables, même enrhumés, de faire une fausse note. C’est là que réside le danger.

    L’on a parlé du printemps arabe, l’on est en train de démanteler un à un, parfois à juste titre, parfois peut-être à tort, toute structure qui semble ne pas suivre la vague déferlante, tsunami à l’encontre du monde. Mais nous nous demandons comment nous oserions défendre une distribution aveugle de droits, alors que justement l’expérience que nous sommes en train de vivre est la chaîne d’enfants, de citoyens pouvant descendre dans une salle de cinéma, de classe et, en face des camarades de jeux, faire sortir une mitrailleuse et les arroser de balles ? Comment oserions-nous nous dresser en symbole, lorsque la dénaturation compasse notre nation ? La démocratie est dégainée à tout bout de phrase, et cela à travers le monde, comme une hallucination de masse.

    Depuis la chute du mur de Berlin, tant de choses ont changé. C’est vrai, c’était bien le mur de la honte, mais il semble aussi avoir été le garde fou qui maintenait le monde dans une folie moindre. Il faut se ressaisir, peut-être prendre les grosses têtes et tous les patriarches du monde, les mettre en conclave pendant un mois pour qu’ils se penchent sur le monde et ressortent avec une piste nouvelle. La démocratie prônée comporte des facettes dont nulle ne fait mention, sauf le Livre d’Urantia qui ose nous dire : « Bien que la démocratie soit un idéal, elle est un produit de la civilisation et non de l’évolution. Allez lentement ! Choisissez soigneusement ! Car voici les dangers de la démocratie :

    1. La glorification de la médiocrité.

    2. Le choix des chefs ignorants et vils.

    3. L’incapacité de reconnaître les faits fondamentaux de l’évolution sociale.

    4. Le danger du suffrage universel aux mains de majorités frustes et indolentes.

    5. L’obéissance servile à l’opinion publique; la majorité n’a pas toujours raison.

    « L’opinion publique, l’opinion commune, a toujours retardé la société. Elle est néanmoins précieuse, car, tout en freinant l’évolution sociale, elle préserve la civilisation. L’éducation de l’opinion publique est la seule méthode saine et sûre pour accélérer la civilisation. La force n’est qu’un expédient temporaire, et la croissance culturelle sera d’autant plus accélérée que les balles de fusil céderont la place aux bulletins de vote. L’opinion publique (les mœurs) est l’énergie fondamentale et originelle dans l’évolution sociale et le développement de l’État ; mais, pour avoir une valeur pour l’État, il faut que son expression soit dépourvue de violence. La mesure du progrès d’une société est directement déterminée par le degré auquel l’opinion publique parvient à contrôler la conduite personnelle et les règlements d’État sans recourir à la violence. L’apparition du premier gouvernement réellement civilisé coïncida avec le moment où l’opinion publique fut investie des pouvoirs du droit de vote personnel. Les élections populaires ne décident pas toujours de la chose correcte à faire, mais elles représentent la manière juste de commettre même une erreur. L’évolution ne produit pas instantanément une perfection superlative, mais plutôt un ajustement comparatif avec des progrès pratiques. L’évolution d’une forme pratique et efficace de gouvernement représentatif comporte les dix étapes ou stades suivants :

    1. La liberté des personnes : L’esclavage, le servage et toutes les formes de servitude humaine doivent disparaître.

    2. La liberté mentale. À moins qu’une population libre ne soit éduquée — qu’on lui ait appris à penser intelligemment et à faire des projets sagement — la liberté fait généralement plus de mal que de bien.

    3. Le règne de la loi. On ne peut jouir de la liberté que si la volonté et les caprices des chefs humains sont remplacés par des actes législatifs conformes à la loi fondamentale acceptée.

    4. La liberté de parole. Un gouvernement représentatif est impensable sans la possibilité pour les aspirations et opinions humaines de s’exprimer librement sous toutes les formes.

    5. La sécurité de la propriété. Nul gouvernement ne peut durer longtemps s’il ne réussit pas à assurer le droit de jouir de la propriété privée sous une forme quelconque. Les hommes ont le désir ardent d’utiliser leurs biens personnels, d’en avoir le contrôle, de les donner, de les vendre, de les louer et de les léguer.

    6. Le droit de pétition. Un gouvernement représentatif implique le droit pour les citoyens d’être entendus. Le privilège de la pétition est inhérent à la libre citoyenneté.

    7. Le droit de gouverner. Il ne suffit pas d’être entendu. Il faut que le pouvoir de pétition progresse jusqu’à la direction effective du gouvernement.

    8. Le suffrage universel. Le gouvernement représentatif présuppose un électorat intelligent, efficace et universel. Le caractère de ce gouvernement sera toujours déterminé par le caractère et l’envergure de ceux qui le composent. À mesure que la civilisation progressera, le suffrage, tout en restant universel pour les deux sexes, sera efficacement modifié, regroupé et différencié encore autrement.

    9. Le contrôle des fonctionnaires. Nul gouvernement civil ne jouera de rôle utile et efficace à moins que ses citoyens ne possèdent et n’emploient de sages techniques pour guider et contrôler les détenteurs de charges publiques et les fonctionnaires.

    10. Des représentants intelligents et formés. La survie de la démocratie dépend de la réussite des gouvernements représentatifs, et cette réussite est conditionnée par la pratique de ne nommer aux charges publiques que les individus techniquement formés, intellectuellement compétents, socialement loyaux et moralement dignes. Ces dispositions sont indispensables pour préserver le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

    Selon Platon, il y a une logique interne qui gouverne la marche des régimes. On passe de l’un à l’autre selon cette logique, c’est-à-dire que c’est inévitable. Bien entendu, cette loi n’est pas un progrès mais une dégénérescence, c'est donc une loi de corruption et de décadence : « tout ce qui naît est soumis à corruption ». Ici, l’idée essentielle est que, soumise au temps, qui est la loi du devenir, du monde sensible, l’idée de constitution parfaite ne peut que se dégrader, puis finalement s’anéantir. Ce qui est le plus intéressant pour notre propos est que la démocratie se situe à la fin du parcours. Elle est donc ce qui marque le passage à la désintégration de la constitution idéale, et de la politique elle-même, puisqu'elle donne naissance à la tyrannie.

    Mais comment est-ce possible et qu’est-ce que c’est que cette démocratie dont on nous rabâche les oreilles ? La démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et vient du grec démos qui signifie peuple et kratos qui est le pouvoir. Il ne faut pas confondre république et démocratie : ces deux concepts ne sont pas à mettre sur le même plan. La République désigne avant tout l’objet même du pouvoir politique : le bien commun, la chose publique, res publica. Par suite, bien sûr, c’est l’Etat de droit, un gouvernement légitime c’est-à-dire que le pouvoir ne s’exerce que sur des hommes libres, les lois ne sont pas répressives mais, plus précisément, limitent les libertés afin qu’elles s’accordent entre elles et au bout du compte soient mieux assurées :

    1. La démocratie est d’abord incapable de faire régner la justice dans la Cité : Le juste, pour Platon, résulte de l’harmonie qui s’établit en chaque homme entre les trois parties de l’âme ou qui s’instaure en chaque Cité entre les diverses classes de citoyens. Or, dans la démocratie, cette harmonie, par principe et par définition, fait défaut puisque seule la classe populaire entend gouverner, c’est-à-dire prendre un total ascendant sur les deux autres. Il est par conséquent essentiel à la démocratie qu’elle s’installe dans le déséquilibre.

    2. Ensuite, le peuple est par définition indigne de la politique : Elle doit ainsi, inévitablement, se transformer en anarchie : si tous en effet légifèrent et commandent, alors, personne ne détient l’autorité et nul n’obéit. Les vertus d’ordre et de discipline se perdent alors, et sont remplacées par le désordre et l’indiscipline.

    3. Démocratie et anarchie : Rappel : le peuple souverain chez les grecs n’est pas tout le monde, mais l’ensemble des citoyens (en sont exclus les femmes, les enfants, les esclaves, les métèques). Pourtant la dénonciation platonicienne de la démocratie est dénonciation du peuple, qui est capable du pire, et tyran en puissance. C’est qu’il ne prend pas le terme de ‘peuple’ en son sens positif. Quand on parle de ‘peuple’, il faut savoir distinguer entre la foule et le grand nombre (plèthos) et le peuple proprement dit (dèmos).

    4. Depuis Homère, le terme ‘plèthos’ désignait la masse des gens qui, n’étant pas beaux ni bons, forment une foule aveugle et insensée qu’entoure généralement le mépris. Par contre, dans l’Athènes du Ve siècle, le terme de ‘dèmos’ fut crédité par Périclès d’un sens plus positif : il reconnut que le peuple est capable de choix raisonnable, même si souvent il tombe dans l’irresponsabilité en cédant soit à la colère et à l’emportement, soit à l’apathie et à l’indifférence. Platon, lui, ne reconnaît pas la différence. Disons que quand il parle de peuple, il parle principalement de la plèbe. Pour lui, étant donné que la démocratie repose sur le principe de la souveraineté du peuple, l’anarchie en est la conséquence inéluctable, et c'est pour cette raison qu'elle donne naissance à la tyrannie : Au bout du compte, les discordes et les dissensions grondent. La vie de la communauté n’est plus possible. Au lieu de libérer, la liberté se retourne contre ceux qui l’invoquent et les asservit au déferlement de leurs désirs. Plus personne n’accepte de règles ou d’obligations, plus personne ne veut obéir. Bref, la Cité démocratique est en guerre avec elle-même.

    5. Démocratie et ignorance : Autre critique du peuple : à référer à la thématique centrale de la République : celle du ‘philosophe-roi’. De même que l’art de la médecine et que l’art de la navigation ne peuvent s’exercer que si le pilote et le médecin possèdent le savoir requis, l’art directif de l’homme politique est inconcevable sans la connaissance théorique des vérités humaines. Or, cette connaissance, pour être authentique, ne se laisse pas diviser entre plusieurs individus ; a fortiori ne se disperse-t-elle pas dans le ‘grand nombre’, qui est ‘prisonnier de la caverne’, donc, des apparences, des préjugés. Bref : la foule est incapable d’accéder à la science du philosophe. Elle est par conséquent incapable de gouverner (ou de se gouverner elle-même). Le bon gouvernement est celui du roi-philosophe, qui seul a accès à la vérité, au ciel des Idées.

    Nous précisons que Platon critique donc l’idée même de démocratie, les principes qui nous paraissent à nous avoir une valeur absolue : la liberté et l’égalité de tous. La Cité parfaite, le meilleur des régimes, est donc la totale antithèse de la démocratie. Faites donc attention : Platon ne dit nullement que, en théorie, la démocratie est le meilleur des régimes, mais que, dans les faits, elle est « le ‘plus’ mauvais ».

    Le livre d’Urantia, de son côté nous dit : « Les nations d’Urantia se sont déjà engagées dans la lutte gigantesque entre le militarisme nationaliste et l’industrialisme. Sous bien des rapports, ce conflit est analogue à la lutte séculaire entre les pâtres-chasseurs et les cultivateurs. Mais, si l’industrialisme doit triompher du militarisme, il doit éviter les dangers qui l’assaillent. Les périls de l’industrie naissante sur Urantia sont :

    1. La forte tendance au matérialisme, l’aveuglement spirituel.

    2. L’adoration de la puissance de la richesse, la dénaturation des valeurs.

    3. Les vices attenants au luxe, le manque de maturité culturelle.

    4. Les dangers croissants de l’indolence, l’insensibilité à l’esprit de service.

    5. L’accroissement d’une mollesse raciale indésirable, la dégénérescence biologique.

    6. La menace d’esclavage industriel standardisé, la stagnation de la personnalité.

    « Le travail ennoblit, mais les corvées fastidieuses abêtissent. Le militarisme est autocrate et cruel — voire sauvage. Il favorise l’organisation sociale parmi les conquérants, mais il désintègre les vaincus. L’industrialisme est plus civilisé et devrait être mené de manière à encourager les initiatives et l’individualisme. La société devrait favoriser l’originalité par tous les moyens. Ne commettez pas l’erreur de glorifier la guerre ; discernez plutôt ce qu’elle a fait pour la société afin de pouvoir imaginer plus exactement le rôle de ses substituts pour continuer à faire progresser la civilisation. A défaut de substituts adéquats, vous pouvez être certains que la guerre continuera encore longtemps. Les hommes n’accepteront jamais la paix, en tant que mode normal de vie, avant d’avoir été convaincus, entièrement et à maintes reprises, que la paix est ce qu’il y a de mieux pour leur bien-être matériel, et aussi avant que la société ait sagement fourni des substituts pacifiques pour satisfaire à l’une de leurs tendances inhérentes, celle de laisser périodiquement libre cours à une poussée collective destinée à libérer les sentiments et les énergies perpétuellement accumulés provenant des réactions de l’instinct humain de conservation. Mais, même en passant, la guerre devrait être honorée en tant qu’école d’expérience qui a contraint une race d’individualistes arrogants à se soumettre à une autorité hautement concentrée —un chef exécutif. La guerre à l’ancienne mode conduisait à choisir pour chefs les hommes naturellement éminents, mais la guerre moderne ne le fait plus...

    « ... Science et éthique forcent un droit de regard et d’ingérence de la société, du citoyen. La Science et la technologie ont aussi besoin du regard extérieur porté sur eux par la société à travers ses institutions juridiques et politiques, ses associations humanistes et religieuses, ses fondations, afin que soit instauré un dialogue fructueux sur les attentes de tous en matière de recherche et d’applications passées au crible d’une éthique centrée sur la dignité humaine, le respect de l’environnement, la sauvegarde de notre terre patrie ».

    Aristote de son côté nous dit : « C'est pourquoi toute cité est naturelle, puisque le sont les premières communautés qui la constituent. Car elle est leur fin, et la nature est fin : car ce que chaque chose est une fois que sa genèse est complètement achevée, nous disons que c'est la nature de cette chose, ainsi pour un homme, un cheval, une famille. De plus le « ce en vue de quoi » c'est-à-dire la fin, c'est le meilleur ; et l'autarcie est à la fois la fin et le meilleur. Nous en déduisons qu'à l'évidence la cité fait partie des choses naturelles, et que l'homme est par nature un animal politique ; si bien que celui qui vit hors cité, naturellement bien sûr et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé, soit un être surhumain : il est comme celui qu'Homère injurie en ces termes : sans lignage, sans loi, sans foyer. Car un tel homme est du même coup naturellement passionné de guerre. Il est comme une pièce isolée au jeu de trictrac.

    « ... C'est pourquoi il est évident que l'homme est un animal politique, bien plus que n'importe quelle abeille ou n'importe quel animal grégaire. Car, nous le disons souvent, la nature ne fait rien en vain. Et seul parmi les animaux l'homme est doué de parole. Certes la voix sert à signifier la douleur et le plaisir, et c'est pourquoi on la rencontre chez les autres animaux (car leur nature s'est hissée jusqu'à la faculté de percevoir douleur et plaisir et de se les signifier mutuellement). Mais la parole existe en vue de manifester l'utile et le nuisible, puis aussi, par voie de conséquence, le juste et l'injuste. C'est ce qui fait qu'il n'y a qu'une chose qui soit propre aux hommes et les sépare des autres animaux : la perception du bien et du mal, du juste et de l'injuste et d’autres notions de ce genre ; et avoir de telles notions en commun, voilà ce qui fait une famille et une cité. »


  6. CONCLUSION

    Ce n'est pas pour nous moquer de qui que ce soit, mais en guise de conclusion, nous vous présentons l'Oiseau Afrique qui a besoin de toutes ses ailes, pas juste d'une plume. Lesdites ailes sont faites de tous les pointss ci-dessus, soupe mixte de points réussis et de points faillis: de l'archéologie qui fouille la terre aux télescopes qui percent le ciel, de la poésie qui fait battre les coeurs aux maths qui font bouillir la tête en passant par les tournevis au-dessus de gadgets cuits par la pensée et la recherche scientifique

         ... Nous vous prions de continuer la liste; prière de développer les ailes pour que l'Oiseau Afrique puisse prendre les airs.

UN RAPIDE EXEMPLE POUR LE DICtiONNAIRE

Njamala Njogoy