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dimanche 21 octobre 2018

SENEGAL 2019


  1. INTRODUCTION

    L'évangile selon Mathieu, au chapitre 7, versets 1 à 6 dit :

    1. Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés.
    2. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez.
    3. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil?
    4. Ou comment peux-tu dire à ton frère: Laisse-moi ôter une paille de ton oeil, toi qui as une poutre dans le tien?
    5. Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'oeil de ton frère.
    6. Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent.


  2. CHEMINEMENT

    Le mot d'ordre de campagne semble être : Senghor n'a rien fait. Abdou Diouf n'a rien fait. Abdoulaye Wade n'a rien fait ... mais faut lui reconnaître des infrastructures. Macky n'a rien fait à part éliminer ses rivaux en les mettant en prison et en continuant les chantiers de Wade. Aucune visison... Mais pour commencer, disons que nous ne sommes d'aucun bord, à part celui de la Nation Souveraine. Inutile donc de dire que ces lignes ne sont pas partisanes : ne cherchez aucune autre couleur que celle d'un sentiment de déception mais qui veut aller au-delà en invitant les acteurs à se mettre sur la scène et que chacun joue son rôle convenablement car, de toutes les façons pour A et Z ou bien pour B et Y, le scénario reste le SENEGAL, l'Alpha et l'Oméga de toutes les bouilloires politiques sénégalaises.

    Très facile de dire et surtout de condamner ! Et c'est malheureusement des mots qui penètrent profondément dans la cervelle d'un peuple qui s'appuie plus sur des rumeurs et n'ont pas sur des analyses dont il semble ne pas être capable dans sa majorité. Mais pour vous aussi, c'est ce que l'on risque de dire au détour du chemin, lorque vous serez escortés par une file voyeuriste trop longue de motos et de voitures aux vitres teintées, rideaux tirés, filant à cent cinquante kilomètres à l'heure le long des rues, infligeant ainsi des embouteillages et retardant les braves gens qui se rendent au travail. Ajoutez à cela la possibilité que lorsque vous direz une bêtise ou poserez un acte désinvolte, vous allez, en guise d'excuse, comme d'habitude, pointer un doigt vers un de ces quatre pour dire que lui aussi avait fait ou dit la même chose, posé le même acte que vous venez de commettre. Mais si c'est pour répéter les actes de l'autre, pourquoi l'écarter pour vous mettre à sa place ?

    1. Senghor a le mérite de nous avoir fédérés autour de la Notion de Nation. Tout jeune, pour souligner ce

      caractère et pas parce que nous aimions les grèves, un seul lycée ne se mettait pas en grêve : il était automatiquement rallié par tous les autres lycées du pays, faisant sortir cette notion de communauté, comme dans l'armée, cette notion de la cause commune, des valeurs d'un corps commun. Les travailleurs faisaient un seul front. L'université faisait un seul front. Malheureusement cette notion a disparu. Politisées ou localisées, ces structures ne peuvent plus fédérer leur ensemble : il y a une classe qui est en grève, une faculté ou sa moitié et dans la même lancée des syndicats d'emblée opportunistes s'entre-déchirent autour des questions capitales. Les écoles ont fleuri au temps de Senghor, avec un niveau très élevé qui ne posait pas de problème d'équivalence au niveau des autres au plan international; la diplomatie était au beau fixe, portant avec un flambeau haut de dignité l'étendard du Sénégal; le pays avait ses hauts fonctionnaires à tous les niveaux de la haute administration internationale et le passeport diplomatique ne se vendait pas, ne se troquait pas contre quelques secousses de perles de chapelets comme bénédiction ou bien pour une pluie de promesses de soutien aux joutes électorales futures. Les industries étaient bien rôdées : Lindiane, les phosphates de Taïba, les tapisseries de Thiès, l'Usine Bata, Chaîne d'Avion et avec ses paires, une super réussite qu'avait fait émerger de terre une vision commune pour le continent : Air Afrique. Elle est fossoyée, Chaîne d'avion, cadavérée Peyrissac, cadavérée et certaines structures rebaptisées se dressent en loques et lambeaux : le vrai problème de l'Afrique ce n'est pas qu'elle manque de choses. Le vrai problème de l'Afrique c'est que rien ne se maintient, rien ne perdure. Il n'y a pas de suivi. Il faudra voir ce que vont devenir nos autoroutes luisantes dans quelques années, comme ce fut'le sort du Pont Sénégal 93 ou bien le magnifique Hôtel Indépendance et le Building Administratif. Raison pour laquelle le poète dira, en d'autres circonstances : « ... il n'est rien que le temps ne déshonore ». Pour éclaircir un peu plus, donnons l'exemple d'IBM : de la vente du papier elle est partie pour les machines à taper puis vers les ordinateurs et s'est spécialisée ensuite dans les Main Frames comme Deep Blue, un superordinateur spécialisé dans le jeu d'échecs par adjonction de circuits spécifiques.

    2. Abdou Diouf est passé par un moment très difficile de redressement économique et de dévaluation du franc CFA. Il
      était un homme d'Etat car, il faut bien le savoir, on peut être président de la République et ne pas être un homme d'Etat. Nous pensons, et c'est gratuit, qu'Abdou Diouf a eu un problème de communication : lorsqu'on plonge dans des tournants majeurs de réajustement, il est important de communiquer, de dire à la population les tenants et les aboutiisants au fur et à mesure que l'on avance. Il faut ajouter à cela un autre fait psycho-sociologique: Abdou Diouf ne pouvait pas priser les bains de foule. Sa grande taille a certainement donné du fil a retordre à sa garde rappochée, raison pour laquelle il ne pouvait se faire le luxe de se promener comme bon lui semblait, poussant à un manque de prise de contact direct avec la population et par conséquent de communication. Aveuglé par un entourage qui se sentait lui-même éternel à son siège, Abdou fut emporté par la vaque des cartes d'électeur et surtout à cause du fait que cet entourage s'était révolté en interne à cause de luttes de clan puis avait fini par se diviser. Il fallait coûte que coûte l'abattre, quitte à tout perdre plutôt que laisser l'autre pan du clan rester à sa place ou à se fortifier. Une chose à savoir : le pas initial après l'indépendance et le redressement économique vécus respectivement par Senghor et par Abdou Diouf demandaient beaucoup de cran : plusieurs jadis candidats ou maintenant candidats auraient pu, si c'était eux, mettre le pays en feu et en sang, car c'est des tournants décisifs dans la vie d'une nation : pour le premier cas, il faut comparer le Sénégal avec les autres pays qui ont presque tous connu des coups d'Etat. Pour le redressement économique, au lendemain de l'alternance, si les rumeurs sont fondées, les caisses avaient de quoi se frotter les mains, raison de jeter les soucis à la poubelle ce qui veut dire que le pari de redressement avait été atteint.

    3. Abdoulaye Wade vint, portant l'espoir de tout un peuple. A l'avènement de son investiture, Nous avons pensé : c'est en
      réalité le premier président du Sénégal, à cause du fait qu'un Sénégal dit politiquement mûr, de sa propre initiative, venait d'élire son président en accomplissant une première alternance pure de régime. Il y avait tellement d'espoir chez les Sénégalais que durant les premières semaines l'esprit d'ordre et de soutient se lisait jusque dans les rues de la capitale sénégalaise : des chauffeurs particuliers au taximen en passant par ceux des Ndiaga Ndiaye et les Car rapides, tout le monde conduisait comme si un ange, durant la veille, avait changé la mentalité du peuple durant son sommeil. Un ordre qui donnait des frissons, tellement il était suprenant palpable. Et un peu plus tard, lorsque petit à petit commencèrent à se faire entendre des grincements de dents parce que certains s'impatientaient de voir un avancement, un changement au haut niveau, on disait : Il faut laisser le Vieux travailler. Et ainsi pendant pratiquement cinq ans, le Vieux qui était personnellement persuadé qu'il n'avançait pas, changeait ministre après ministre après ministre pour ne pas endorser le manteau de la culpabilité, de l'échec. Il fallait coûte que coûte transférer la responsabilité de l'échec sur d'autres, ne pas endosser le manteau de la responsabilité. Et ce peuple pas trop enclin à la clairvoyance réagissait : Tu vois, il est bien de ! Il veut travailler. C'est les gars choisis qui ne sont pas sérieux. Tu vois, il vient de changer un ministre. Il va les mettre tous au pas. Eh oui, il ne pouvait pas être responsable, le Vieux, grand Ndiombor de Senghor. Et lorsque le tsunami des jacasseries, mais surtout de l'arrongance étatique et gouvernementale accompagnée d'une tendance très dangereuse de prise de bord religieux touchera à son comble, une intellectuelle en la personne de Jacqueline Fatima BOCOUM au bord de l'extrême exaspération nous donna un petit enfant très mignon : Motus et bouche... décousue. Le paroxysme avait été franchi lors de la Coupe du Monde tenue en Corée, lorsque des hommes saints et innocents, qui n'ont de centres d'intérêts que leur relation avec le Très-Haut se mirent à marquer des buts à travers la bouche d'une plèbe ignorante.

      Bizarre que le plus diplômé du Cap au Caire et de l'Extrême Orient à la Pointe des Almadies et malgré presque vingt six ans d'oppisition, peinait à démarrer quoi que ce soit et cela pendant cinq ans. Intellectuel de surcroît, comme il le dit lui-même de lui-même, il fut un exemple pathétique de ces cas qui mettent à jour cet aspect opportuniste de nos hommes politiques qui parfois semblent ignorer les plus petites choses jusqu'aux lois qui gouvernent le processus électoral. Et pourtant, à travers les ondes, ils en parlent en experts, saupoudrant la population de leur propre égarement. Un président de la République doit être symbole des grandes valeurs et non représenter le côté le plus obscur de sa société, ce côté qu'il doit combattre et tout faire pour le redresser et s'ériger en modèle, bien que la perfection, comme demlain, soit inaccessible.

    4. Macky Sall est venu, portant un nouveau manteau d'espoir : un jeune né après les indépendances, donc le
      représentant d'une nouvelle génération devant porter une nouvelle vision du monde et surtout celle de porter le Sénégal vers d'autres degrés baptismaux. Se basant sur beaucoup de critères qui emportèrent le président Wade, les termes étaient pleins d'espoir d'une société juste qu'allaientt cadencer la résurection des valeurs : le déploiement du drapeau national dont une cérémonie officielle tous les premiers lundis du mois, la réglementation dans la distribution des passeports diplomatiques, la reconnaissance que tous sont nés égaux et que tous sont des citoyens ordinaires, une mesure quant au déploiement des talibés dans les rues... C'est qu'à un certain moment, les Sénégalais, avant même les grands projets d'infrastructures, attendaient qu'on remette de l'ordre et de la discipline dans la société surtout après la catastrophe maritime du Diola dont les causes sont à trouver dans une néligence administrative, mais aussi dans la mentalité ndogal-yallaîste des Sénégalais.

    5. Mais il y a un autre acteur qu'on a failli oublier de la liste : le colon. Pourtant son poids comme un spectre, semble ne pas être
      effacé de la conscience collective de mon peuple. Il y a eu l'Ancien colonialisme qui se termina le jour de l'indépendance et puis, le Néo-colonialisme qui lui emboîta le pas et qui, camouflé comme un génie dans le feuillage d'un tamarinier lorsque le soleil au zénith, rôde encore et enfreind nos pas vers le développement, délimite la frontière virtuelle de notre progrès, d'où les France dégage ! et les déboulonnements de statues à la ñak fayda puisqu'on n'ose piper mot sur les ponts.

      Ne vous y trompez pas. Soyez sûrs que celui-là sera votre compagnon lorsque vous serez au Fauteuil Moelleux de la Magistrature Suprême. Mais il ne sera pas le seul compagnon. Eh bien non ! Il y aura la mesure dont vous avez jugé les autres qui sera à votre porte dès la première nuit au palais, figée, droit dressée comme un grand chambellan et attendant, pas vos ordres, mais les cris de la population qui monteront de la rue et qui réclameront votre départ car la démocratie aux mains d'un peuple qui n'a pas franchi un certain niveau d'éducation est imprévisible.


    6. LE PIEGE

      Donc comme déjà dit, lorsque l'on implante la démocratie alors que le peuple n'a pas atteint un certain niveau d'éducation, et, partant, de maturité, on se retouve dans la situation décrite par le Livre d'Urantia qui nous dit : « Bien que la démocratie soit un idéal, elle est un produit de la civilisation et non de l’évolution. Allez lentement ! Choisissez soigneusement ! Car voici les dangers de la démocratie :

      1. La glorification de la médiocrité.
      2. Le choix des chefs ignorants et vils.
      3. L’incapacité de reconnaître les faits fondamentaux de l’évolution sociale.
      4. Le danger du suffrage universel aux mains de majorités frustes et indolentes.
      5. L’obéissance servile à l’opinion publique; la majorité n’a pas toujours raison ».

    A ce propos, écoutons Platon, qui est d'avis que « c'est le désir insatiable qui finit par perdre la démocratie » : « ... N’est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien qui perd cette dernière ? C'est à dire la liberté ? En effet, dans une cité démocratique, tu entendras dire que c’est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un homme né libre ne saurait habiter ailleurs que dans cette cité. (…) Lorsqu’une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons, elle s’enivre de ce vin pur au-delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie, les accusant d’être des criminels et des oligarques. Et ceux qui obéissent aux magistrats, elle les bafoue et les traite d’hommes serviles et sans caractère. Par contre, elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l’air d’être gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air d’être gouvernants. N’est-il pas inévitable que dans une pareille cité l’esprit de liberté s’étende à tout ? Qu’il pénètre dans l’intérieur des familles, et qu’à la fin, l’anarchie gagne jusqu’aux animaux ? Que le père s’accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter ses enfants, que le fils s’égale à son père et n’a ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu’il veut être libre, que le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque, et l’étranger pareillement. (…)Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu’ils rendent l’âme des citoyens tellement ombrageuse qu’à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s’indignent et se révoltent ? Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s’inquiéter des lois écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître. Eh bien ! c’est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie. (…) Ainsi, l’excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude, et dans l’individu, et dans l’État. »

    Il faut bien nous comprendre : nous ne sommes pas contre la démocratie, mais tel qu'elle est ingurgitée par nos sociétés, elle se positionne plus comme risque de notre perte que pour le salut de nos sociétés. La situation qui en découle est très visible le long de nos rues : désordfe et indiscipline se positionnent en valeurs cardinales. Et lorsque l'autorité veut mettre de l'ordre, les cartes d'électeurs sont brandies comme menace de perte de voix aux prochaines élections. Alors, devant cette opinion majoritaire frustre et indolente, l'autorité se replie dans l'obéissance à cette opinion publique non-éclairée, incapable de reconnaître les faits fondamentaux de l'évolution sociale. Ajoutez à cela les nobles grandes lignes droits-de-l'hommistes qui, dans certaines mains et consciences sont porteuses d'ivraie - il faut oser le dire. Cela fait que jamais le culte, la glorification de la médiocrité n'a connu un tel essort que maintenant.

    Et c'est cela qui devait être votre indicateur, votre éducateur primordial : après chaque départ, des gens se sont rassemblés pour essayer de faire revenir celui qui est parti à cause d'une déception profonde: des gens ont eu la nostalgie de Senghor au temps d'Abdou Diouf; des gens ont eu la nostalgie d'Abdou diouf au temps de Wade; des gens ont eu la nostalgie de Wade au temps de Macky Sall, comme ils risquent fort d'avoir la nostalgie de Macky lorsque sera venu votre temps. Comble d'échec, y en a t'il pas qui ont eu la nostalgie du colon dans le Sénégal post-colonial ? Ne décrit-on pas la majorité des dirigeants africains comme de nouveaux-colons-aux-peaux-noires ?

    La vérité est que toute personne ayant été à la tête du pays a eu ses mérites et ses défauts ou plutôt lacunes, si vous préférez adoucir. C'est que personne n'a été parfait et personne ne sera parfait. Même en observant la création divine, c'est grâce à la foi que nous nous résignons devant certains de ses aspects : il y a dans le monde la lèpre, des aveugles et des des maladies de toute sorte, des moustiques qui donnent le paludisme, donc une imperfection, à première vue, que nous reléguerons, pour les accepter, comme fruits des voies insondables du Seigneur. Néanmoins, battez-vous, une fois à la magistrature suprême, pour essayer d'accomplir autant que possible, même si vous savez que vous n'atteindrez jamais le bilan campagne-électoraliste que vous exhibez à tue-tête dans vos meetings - modestie et humilité obligent.

    Pour cette raison il faut accepter, mais surtout reconnaître que chacun des prédécesseurs à eu son mérite et qu'il faut accepter la réalité qu'il faut bâtir sur les briques déjà posées pour faire prendre à la nation des pas en avant. Que s'éloigne de vous la prétention d'être le Tout Premier Flambeau de la République : cela risque de vous forcer à renommer des écoles, des établissements au lieu d'en bâtir de nouveaux, ou bien des rues, poudre pimentée que l'on souffle devant les yeux du citoyen pour qu'il voie des mirages d'avancement dans vos oeuvres. Vous parlez contre Senghor mais, premier président de la République du Sénégal, auriez-vous su fédérer cette nation, lui donner les hautes valeurs de civisme, de compétence, et de diplomatie, bref de respect sur lesquelles le Sénégal fut haussé en son temps et qui vous permait aujourd'hui de vous lancer vers cette noble visée ?

    Votre campagne semble, contrairement à ce que vous pensez, retracer les mérites de celui qui est là. La raison est que vous la présentez comme une confession : pour confesser ses péchés, il faut les retracer, en faire le bilan, les décrire. En décrivant les failles et les échecs de l'autre, vous énumérez effectivement, au moins, ses chantiers entrepris. Par exemple si vous dites qu'il n'a pas assez bâti d'écoles, vous acceptez qu'il en a bâties; si vous parlez d'une couverture maladie insatisfaisante, c'est qu'au moins il est en train d'essayer d'en développer une; si vous parlez de décret ou de constitution, au moins a-t-il, selon sa vision, essayé de redresser quelque chose, cette chose pouvant avoir toutefois un but tordu. Et dans ce cas, si jamais vous venez à sa place, il faudra redresser cette constitution et en le faisant, vous toucherez à cette constitution ou à ce décret : rappelez-vous du Décret Ousmane Ngom.

    Pire encore, c'est que vos programmes semblent être des Daba-daaxe, c'est-à-dire du rafistolage des programmes existants, s'ils ne sont pas trop restreints et de trop courte vision. Gëm sa bopp ! un très bon, très beau slogan qui devrait certainement commencer par des réunions au milieu des jeunes et en leur présentant par exemple des documentaires où s'expriment des émigrés honnêtes qui accepteraient de parler de leurs déboires là où ils vivent présenterment; des ateliers pour l'identification de la nécessité de formation pour ces jeunes car, contrairement à ce que nous pensons, nous avons très peu de chômeurs : ne soyez pas choqués. Si vous l'êtes, c'est certainement à cause d'une mauvaise interprétation de la définition de chômeur qui n'est autre que celui qui a une profession, qui a suivi une formation, eu ses diplômes, une maîtrise de la chose apprise mais ne peut pas trouver du travail dans son domaine d'aptitude. Ce qui est le contraire pour la plupart de nos jeunes qui n'ont malheureusement pas d'aptitude, pas de profession, d'où la nécessité de formation professionnelle intensive à très grande échelle. Pire encore, au Sénégal on confond profession et occupation : c'est ainsi qu'à la place de profession vous pouvez trouver agent Air Afrique, une des professions au moindre ridicule parmi la très longue liste de cette mauvaise conception. Rassemblez les jeunes pour balayer les rues est certainement très bien, mais peut-être faudrait-il attaquer le problème à la racine : faire de telle sorte qu'il y ait moins de poubelles dans les rues; que les gens soient conscients de ne pas jeter des paquets de cigarettes vides, des verres jetables, des peaux de bananes, des sacs plastiques et surtout de ne pas cracher à travers les hublots en étant dans un Car Rapide ou un Ndiaga Ndiaye.

    Pour cela il faut un courage politique car l'appel à une introspection n'a servi à rien. A cela il faut ajouter certaines pratiques qui ne vont pas de pair avec le civisme : on est trop enclin à barrer rues et ruelles, de façon anarchique et personne n'ose dire quoi que ce soit : oserez-vous enfin ? Avant des autoroutes à péage, le Sénégal a besoin d'un redressement des valeurs sinon celles-ci deviendront des tombeaux ouverts traversées par des vaches, où des cars tombent des ponts, des taxis se garent sur des ponts à piétons, des apprentis montent sur des camions pour dégager quelques sacs coincés à la rampe des ponts faute de hauteur excédentaire... Il faudra certainement redresser l'application de règles différentes à des situations similaires. Un petit exemple : si je vais partout, me présentant comme général, inspecteur ou commissaire de police, l'on m'interpelerait pour usurpation de fonction. Est-ce vrai pour tout le monde ? N'a-t-on pas emprisonné des gens pour les mêmes raisons ? Et si je me dressai une milice et que je la mette au pas comme un général inspectant ses troupes, me laisserait-on une seule journée assis tranquilement dans mon salon ? Pour prier Dieu, le louer, ai-je besoin de faire sortir des hauts-parleurs et inonder le voisinage d'une pluie de décibels ? Et quand vous prêterez serment, si le lendamin il y a un seul talibé dans la rue, c'est qu'à la toute première marche de votre ascension il est écrit : « Echec ». Au XXIème il est inadmissible qu'il y ait cette pratique. Vous dites bien école coranique. Qu'elles préssentent les locaux avec leurs salles de classes, les matières à enseigner : le coran, les hadiths, la théologie, les mathématiques, la géopgraphie, les sciences de la vie et de la terre, bref, toutes les matières que l'on dispense dans les autres écoles pour pouvoir enrôler un seul enfant. Si vous n'êtes pas prêts, si vous n'avez pas ce courage, alors sortez des rangs et laissez les diambars gagner le front où le déserteur n'a pas de place.

    C'est que dans notre Sénégal actuel nous avons trop perverti les grandes valeurs ou est-ce cette incapacité de reconnaître les faits fondamentaux de l’évolution sociale ? Ou bien en sommes-nous conscients, mais préférons l'utiliser juste pour nous asseoir sur le Fauteuil Suprême et faire tout pour ne pas être déranger ? C'est vrai qu'avec les Droits-de-l'Hommistes les marges de manoeuvre sont assez étroites, mais ils ont le bon sens : personne d'entre eux ne peut accepter ni fermer les yeux sur la violence virtuelle du désordre et de l'indicipline et de l'ignorance qui règnent le long de nos rues - nous osons l'espérer. Nous osons espérer qu'ils sont pour une société juste et ordonnée. Voilà ! Il y a tellement de choses à faire ! Et vos discours, les querelles de basses classes, les thèmes qui vous préoccupent nous semblent tellement maigres par rapport à la tâche :

    • l'agriculture n'est pas au beau fixe. Pas assez de pluie, désertification mais qu'une seule goutte de pluie tombe et nous crânons à l'inondation. Et depuis trop longtemps que cela perdure pour un problème dont la solution est évidente.

    • les universités qui ont des têtes bien faites se battent pour du pain. Au lieu de séminaires et des conférences pour présenter des découvertes nées de la Recherche Développement, elles s'arqueboutent sur des soirées religieuses comme si la connaissance n'étant pas au rendez-vous il faut lever les mains vers le Ciel pour en implorer.

    • les hôpitaux aussi ont de grosses têtes à leur niveau, de bons professeurs, mais comme des mains sans doigts à cause de moyens : raison pour laquelle nous autres allons nous y soigner quand vous, vos femmes et vos proches prennent l'avion pour aller à Paris, New York ou Rabbat pour se faire soigner. Dans des cas de leucémie nos professeurs sont capables de faire une transfusion de moelle épinière par exemple dans des cas de leucémie lymphocytaire mais pour cela il faut une salle particulière qui n'existe pas dans nos hôpitaux. Et pour transférer un malade dans un certain état vers la France, par exemple Hôpital Saint-Louis il faut Trois cent mille euros pour le vol médicalisé et huit cent mille euros d'office - avec possibilité qu'il en faille plus et pas une garantie de guérison
    • - Ah ! pardon, vous avez raison. C'est vrai qu'il y a des Fondations Grandes Dames, ces structures égocentriques, moderne bakk - rythme de tam-tam élégiaque, à la gloire de quelqu'un -, à la manière Samp ndënd, fëg dën. C'est que nous oublions que pour le développement d'un pays, il faut un écho qui retentira très loin dans le futur, le vrai but étant l'Eternité. Mais tel n'est pas le cas : N'y a t'il pas eu des rumeurs d'une Première Dame redemandant les clés d'une structure dans le Sénégal Oriental au lendemain de leur défaite - vrai ou faux ? Reste le fait que le champion terrasé doit seulement ramasser ses gris-gris éparpillés dans le cercle, tourner le dos au tambour major et s'en allait sans lauriers, à part ceux glanés au courant de sa carrière et qui, si son compte est bon, lui laisseront un persistant parfum dans les arènes, même quand il ne sera plus là : c'est la médaille de la bonne gouvernance, d'une gestion digne et honnête qui n'a eu comme but que le bien de la Nation Souveraine. Il faut de fortes institutions à la place du culte de la personnalité !


  3. PARLEZ-NOUS PROGRAMME

    Parlez au Sénégalais de programme, mais ne leur vendez pas des rêves à dormir debout et surtout cessez les insultes. Faites tout pour qu'il n'y ait l'équivalent d'un 1993; ce que nous vous demandons c'est ce que vous pensez faire dans les domaines suivants :

    1. Agriculture Penser atteindre une autosuffisance alimentaire mais aussi comment faire partir vos produits vers le marché international : cela veut dire quantité et qualité, surtout côté hygiénique
    2. Formation Nous sommes dans un mode d'application. Dépasser la théorie et investire dans le R&D<; cela demande un assainissement du milieu de l'éducaation. Pourvoir les facultés scientifiques de tous les instruments nécessaires.
    3. CommerceLe commerce : l'Afrique est le plus grand marché du monde. Nous ne produisons rien et avons tout :cela veut dire une importation qui doit friser les 97%. Cela est du au défaut du point duivant
    4. Industrie Une fois les universités bien munies et fournissant des têtes bien faites à travers R&D, elles deviennent une pouponnière pour l'industrie et l'industrie pour le commerce.
    5. Physique et Chimie Quels projets avez-vous pour nos étudiants qui sont dans ces sciences de pointe ? Des labos ? Ce sont eux, entre autres, qui devront aller gérer les usines pour un Sénégal se battant scientifiquement parmi les nations du monde.
    6. Astronomie - Astro-physique Beaucoup de choses se passent actuellement là-haut. Des milliers d'exoplanètes ont été découvertes, Curiosity est en train de fouiller Mars, l'astéroïde Ryugu a été visité par un satellite japonais miniaturisé. A quand un observatoire, des centres d'analyse liés à ces observatoires ? Demain une comète peut bien sonner le glas au-dessus de nos têtes. Sommes-nous concernés ? Pas du tout ? C'est trop avancé pour nous ? C'est du luxe ? Dans ce cas vous ne méritez pas le Fauteuil Suprême. Venez et je donnerai un petit lot de terrain entre Doudam et Ndiongolor ou bien entre Ndiongolor et Ndialakhar.
    7. L'environnement D'europe nous faisons débarquer de vieux frigos, des carcasses d'ordinateurs, des voitures et nous produisons nous-même une poubelle que nous éparpillons le long de nos rues et jusque dans les champs et les plages. Qu'envisagez-vous pour palier à tout cela ?


  4. CONCLUSION

    Une conclusion très courte que nous adressons plutôt au Sénégalais lamda qu'à vous, chers candidats et que nous tirerons d'un verset qui se trouve dans l'introduction de cet article : Chers compatriotes, ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent. C'est vous qui choisissez, pas pour vous-mêmes, pas pour cet instant précis, mais en tenant compte des petits-enfants de vos futurs petits-enfants. Donc choisissez soigneusement. Ne vendez pas vos âmes et consciences car lorsque l'on vend son âme et sa conscience, ce sont des générations et des générations et des générations qui vont en pâtir.

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UN RAPIDE EXEMPLE POUR LE DICtiONNAIRE

Njamala Njogoy