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mercredi 3 octobre 2018

HOSTIES NOIRES - ASSASSINATS


  • ASSASSINATS

    1. « Ils sont là étendus par les routes captives, le long des routes du désastre, les sveltes peupliers, les statues des dieux sombres drapés dans leurs longs manteaux d’or, les prisonniers sénégalais ténébreusement allongés sur la terre de France. »

      Des tirailleurs sénégalais ténébreusement allongés sur la terre de France. Quelle sorte de prisonniers sont-ils ? A la guerre on ne fusille pas le prisonnier. C’est un assassinant, qui aurait été digne, de nos jours, de la cour internationale de justice. Mais le nègre n’était pas un humain. Les voilà drapés dans leurs manteaux d’or, allongés sur cette terre étrangère.

    2. « En vain ont-ils coupé ton rire, en vain la fleur plus noire de ta chair. Tu es la fleur de la beauté première parmi l’absence nue des fleurs, fleur noire et son sourire grave, diamant du temps immémorial. »

      Si Hitler s’est étonné que ce soient des hommes, le poète les relègue à l’origine même de la vie, cette race qui a tant souffert, tout subi comme celle de l’holocauste, et qui s’est toujours relevée pour défier de nouveaux obstacles. En vain le rire coupé, en vain la fleur plus noire de sa chair, mais elle se relève, le sourire grave, immuable comme un diamant éternel.

    3. « Vous êtes le limon et le plasma du printemps virile du monde. Du couple primitif vous êtes la charnure, le ventre fécond de la laitance. Vous êtes la pullulance sacrée des clairs jardins paradisiaques et la forêt incoercible, victorieuse du feu et de la foudre. »

      Le poète, par delà ses corps étendus entrevoit un monde nouveau, un nouvel ordre mondial. Jamais, devant la mort, Senghor ne s’est vu abattre et se laisser bercer par le sentiment de la fin. C’est un point ultime qui aboutit a un recommencement perpétuel : « Vous êtes le plasma du printemps virile du monde ». C’est d’emblée une race qui passe par les transitions inévitables du monde pour se hisser à un degré supérieur.

    4. « Le chant vaste de votre sang vaincra machines et canons, votre parole palpitante les sophismes et mensonges. Aucune haine votre âme sans haine, aucune ruse votre âme sans ruse. 0 Martyrs noirs race immortelle, laissez-moi dire les paroles qui pardonnent. »

      Ici, nous avons justement ce trait qui fait aimer Senghor et le pousse à mettre l’émotion au-delà de la raison hellène : « Le chant vaste de votre sang vaincra machines et canons, votre parole palpitante les sophismes et les mensonges ». Rebutés, forcés de combattre, insultés puis assassinés, leur âme est sans haine et leur âme sans ruse. Ils ont tout donné dans la droiture naïve de leur âme.

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