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mardi 2 octobre 2018

CHANTS D'OMBRE - LIBERATION


LIBERATION

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Senghor est fait prisonnier, comme des milliers de tirailleurs et enfermés dans environ 22 stalags à travers le territoire français. S’il sort vivant, comme pour toute personne, de cette guerre, c’est réellement un miraculé.

  1. « Les torrents de mon sang sifflaient le long des berges de ma cellule. C’était pendant des nuits et des jours plus solitaires que la nuit »

    Seul dans sa cellule calme, si calme et la nervosité qui monte comme celle d’un fauve en cage et la solitude, des jours entiers où on n’a de compagnons que son ombre.

  2. « Sous les coups de bélier, tenaces étaient les digues et les murs d’un poids perfide. J’étais là, me cognant la tête comme le désespoir d’un enfant nerveux. »

    L’épaisseur des murs de la prison qui résiste à ses tentatives. Têtu, voila le prisonnier qui se cogne la tête comme un enfant qui boude. Mais il sait que tout effort est vain. Alors il va adopter une autre stratégie :

  3. « J’ai dit paix à mon âme sur un signe de l’Ange mon guide mais quelle lutte sans masseur, dont j’ai tout le corps moulu ! Avec une patience paysanne, j’ai travaillé à la lime des dix-sept heures d’été quand il faut serrer la récolte et que menace le temps grondant »

    C’est la stratégie du jeune Senghor paysan qui va l’emporter, cette patience paysanne au fil des longs jours, lorsqu’il faut déployer tous les efforts avant que n’arrivent les premières pluies qui détruiraient tout le reste. L’essentiel est de ne pas perdre ce que l’on a déjà. C’est une période particulière en pays sérère et le travail auquel s’adonne Senghor doit aboutir sinon arrive ce que l’on nomme « njangir », retard sur les travaux champêtres avant la tombée de la première pluie. Résigné, couvert de cette patience, le prisonnier ne compte plus :

  4. « L’autre matin – j’ai perdu la mémoire des jours et des sous-préfectures – j’ai senti sur ma joue le lait frais de la vérité »

    Et voila que la patience paye : au lieu des coups de béliers qui auraient été vains sans pour autant le faire sortir de prison, la patience a aidé et lorsque la liberté sera venue, ce sera juste comme une surprise.  

  5. « Il faisait encore nuit dehors, et pas une étoile à la ferme la plus perdue. Me baignaient l’aube peu à peu et le vert tendre du gazon mouillé d’une douceur point menteuse. »

    Pas une étoile à la ferme la plus perdue : juxtaposition : absence d’étoile dans les recoins du ciel, mais aussi de lumière dans les fermes où les paysans sont reconnus pour être des « lève-tôt »

  6. « Levant mon regard au-delà du soleil, à l’Est je vis poindre les étoiles et entendis le cantique de paix. » Juxtaposition : les étoiles c’est certainement aussi les bougies que portent la foule en procession célébrant la liberté.

  7. « Et libéré de ma prison, je regrettais déjà le pain bis et le bas flanc des insomnies. »

    L’habitude est une seconde nature. La patience adoptée a permis au prisonnier de s’adapter, de trouver un train de vie qu’il regrette déjà dès les premières minutes de liberté : le pain bis et le lit dur de la prison qui lui donnait des insomnies.

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